Entretien de M. Jean Leonetti, ministre des affaires européennes, dans le quotidien croate "Jutarnji List" du 25 janvier 2012, sur la future adhésion de la Croatie à l'Union européenne.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Référendum pour l'adhésion à l'Union européenne, le 24 janvier 2012

Média : Jutarnji List

Texte intégral

Le résultat est sans ambigüité. Je suis très heureux que les Croates aient choisi de rejoindre l’Union européenne. Le taux de participation est convenable, proche, me semble-t-il, de celui observé pour d’autres élections dans votre pays. Je retiens surtout que la marge d’avance du «oui» est très nette. Le résultat est vraiment excellent, et ce dans toutes les régions de Croatie.
Q - Prévoyez-vous des problèmes liés à la ratification de l’adhésion croate à l’Union européenne ?
R - Nos deux assemblées, l’Assemblée nationale et le Sénat se sont engagées en faveur de la ratification rapide de votre traité d’adhésion. Une déclaration a été adoptée en ce sens par le Sénat en novembre dernier. La procédure sera lancée à l’automne prochain, quelques semaines après l’installation du nouveau parlement, afin de permettre à la France d’être un des premiers États à ratifier le traité.
Q - La France va-t-elle instantanément ouvrir aux Croates son marché du travail ?
R - Comme pour les adhésions précédentes, l’ouverture ne se fera pas instantanément. Elle sera graduelle mais certaine. L’Union européenne, c’est d’abord une union de libre circulation des hommes.
Q - Les Croates doivent-ils craindre l’adhésion à l’Union européenne ? Est-ce que le jour de son adhésion la Croatie recevra la «facture de sauvetage» de la Grèce ou de l’Irlande ?
R - Non. Ce n’est pas la première fois, dans son histoire, que l’Europe traverse des périodes de crise. L’Europe surmontera cette crise, et en sortira, comme toujours renforcée. La Croatie n’a aucune raison de craindre l’intégration dans l’Union européenne.
La solidarité qui s’est manifestée entre les membres de la zone euro par la mise en place du Fonds européen de stabilité financière, la création du Mécanisme européen de stabilité, véritable «Fonds monétaire européen» sont des éléments essentiels de l’Union européenne. Elle témoigne que l’Europe est entrée dans une nouvelle ère. Chacun en bénéficiera car l’Europe n’est pas un jeu à somme nulle. Tous les membres de l’Union sortent gagnants de chaque approfondissement de nos relations.
La Croatie n’aura pas à participer à ce fonds, puisqu’elle n’est pas membre de la zone euro. Elle bénéficiera par contre directement des mécanismes de solidarité et de convergence qu’organise l’Union européenne entre ses membres. Elle aura ainsi accès dès son adhésion à une enveloppe de 3,5 milliards d’euros. Il ne s’agit toutefois pas d’un chèque en blanc : cet argent doit être dirigé vers la croissance et l’innovation. C’est ça la nouvelle Europe que nous construisons : de la discipline et de la solidarité pour une croissance durable et commune.
Q - Pourquoi est-il important pour la France que la Croatie fasse partie de l’Union européenne ?
R - Parce que la Croatie, comme le reste des Balkans, a une vocation européenne évidente !
La Croatie a trop longtemps été séparée du reste de l’Europe par le communisme puis la guerre. Les dernières séquelles du conflit sont en train de s’effacer, grâce aux réformes qui ont été entreprises depuis quinze ans et à la perspective de l’intégration européenne. C’est l’envie d’Europe des Croates qui a permis à ce pays de faire des efforts sans précédent.
La Croatie nous apportera son expérience des Balkans occidentaux. L’adhésion de la Croatie représente d’ailleurs une garantie pour la paix dans la région.
Enfin, l’entrée de la Croatie dans l’Union européenne doit également conduire au renforcement de nos relations économiques et culturelles; à cet égard, je me réjouis tout particulièrement de la tenue d’une saison culturelle consacrée à la Croatie en France à l’automne prochain. La culture est au fondement de tout.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 janvier 2012