Lettre de M. Alain Juppé, ministre des affaires étrangères et européennes, adressée à M. Martin Schulz, pour son élection à la présidence du Parlement européen, Paris le 18 janvier 2012.

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Texte intégral

Monsieur le Président,
Au nom du gouvernement et en mon nom personnel, je vous adresse mes chaleureuses félicitations pour votre élection à la présidence du Parlement européen. Je connais votre engagement européen et l’action que vous menez au sein de cette institution : je me réjouis de notre collaboration future, à titre bilatéral et en tant que membre du Conseil.
Comme vous l’avez vous-même relevé lors de votre discours inaugural, votre élection intervient à un moment critique pour l’avenir de l’Europe. Votre rôle et celui de l’Assemblée strasbourgeoise, acteur européen incontournable, seront déterminants pour surmonter la crise que nous traversons et qui affecte le quotidien des citoyens européens.
Ma conviction est que nous devons unir nos forces, dans le respect des compétences dévolues à chacune des institutions européennes, pour faire avancer les importants chantiers européens qui nous attendent. J’en identifie quatre qui, sans aucun doute, nécessiteront une collaboration étroite entre nos institutions :
- apporter une réponse globale à la crise économique et financière en renforçant l’intégration et la gouvernance européenne. L’Union s’est dotée d’instruments novateurs de solidarité (Fonds européen de stabilité financière et futur Mécanisme européen de stabilité) et de responsabilité (paquet sur la gouvernance économique). Nous devons les mettre en œuvre rapidement et veiller à les accompagner d’un véritable volet de croissance Nous comptons sur le soutien de votre institution, afin que l’esprit de responsabilité et de compromis, qui a prévalu sur la supervision financière et la gouvernance économique, se retrouve dans les travaux qui s’engagent sur la surveillance budgétaire accrue ;
- renforcer au service de la croissance, la dimension sociale du marché intérieur, qui ne saurait se résumer à son volet économique. Je sais que ce sujet vous tient à cœur, tant il est essentiel pour susciter la pleine adhésion des citoyens et renforcer leur confiance dans le marché intérieur. La France accorde en particulier une grande importance à la préservation des services d’intérêt général, dans le cadre de la stratégie EUROPE 2020, à plus forte raison en temps de crise ;
- favoriser l’enracinement de la liberté et de la démocratie autour de la Méditerranée, dans le contexte des événements historiques qui se jouent au Maghreb et au Moyen-Orient. Je veux à cet égard saluer l’action du Parlement européen mais également votre engagement personnel en faveur de la démocratie et des droits de l’Homme. L’attribution récente du Prix Sakharov à cinq acteurs des révolutions de Tunisie, d’Égypte, de Libye et de Syrie est un formidable signal lancé en direction de tous ceux qui, à travers le monde, se battent pour la liberté et la démocratie ;
- Enfin, l’Union doit pouvoir être en mesure de développer une action extérieure cohérente et efficace, de promouvoir ses intérêts et ses valeurs, et de s’affirmer ainsi sur la scène internationale aux côtés de ses grands partenaires stratégiques. Je souhaite en particulier que nous puissions avancer concrètement sur la Politique de sécurité et de défense commune (opérations, mutualisations autour des projets de l’Agence européenne de Défense), ainsi que sur la politique commerciale (principe de réciprocité et de concurrence loyale dans les échanges).
Je me rendrai à Strasbourg le 15 février prochain, pour m’exprimer devant la commission des Affaires étrangères. Je serai heureux de pouvoir m’entretenir avec vous à cette occasion.
Je tiens à vous assurer de mon entière disponibilité à travailler avec votre institution. Tout comme vous, je crois en «l’idée européenne».
Je vous prie de croire, Monsieur le Président, en l’assurance de ma haute considération.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 janvier 2012