Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Après ces 48 heures passées en Birmanie, au Myanmar, jai pu me faire une idée plus précise du changement très profond qui est en train de se produire dans ce pays. Les entretiens que jai eus tout au long de la journée avec les autorités gouvernementales, le président de la République, le président de la Chambre haute, le président de la Chambre basse, le ministre des Affaires étrangères, mont convaincu quil y avait une totale convergence de vues entre ces différentes autorités pour progresser sur le chemin de la démocratisation et de la libéralisation du régime.
De lautre côté, en rencontrant hier Aung San Suu Kyi à Rangoun, jai compris quelle était engagée dans un processus de dialogue depuis que son parti est maintenant régularisé, quelle va pouvoir se présenter aux prochaines élections partielles du 1er avril et quelle a avec le président Thein Sein une relation constructive. Les autres responsables de lopposition, ou leaders ou prisonniers juste libérés que jai rencontrés hier aussi à Rangoun, mont exprimé leur désir déviter toute confrontation avec le régime et de travailler, là aussi, dans un esprit de dialogue constructif. Ce sont donc des signes positifs.
Je crois quil faut maintenant que la France, dabord, mais aussi lUnion européenne en tirent les conséquences et envoient des signaux dencouragement à tous les responsables de ce pays pour les soutenir dans le parcours quils ont engagé.
Quels peuvent être ces signes ? Dabord être très clairs sur ce que nous attendons. À savoir des progrès sur trois points encore.
Premier point, la libération complète des prisonniers politiques. La dernière décision du président Thein Sein a été très loin, il faut encore vérifier - et cest le rôle, je crois, des différents acteurs politiques de le faire ici - quil ny ait plus de prisonniers politiques. Jai demandé aussi par ailleurs que le Comité international de la Croix Rouge puisse revenir dans les prisons pour vérifier les conditions de détention des autres détenus.
Le deuxième point important, cest de nous assurer que les élections du 1er avril, qui vont porter sur un certain nombre de sièges - 40 à la Chambre basse, 4 à la Chambre haute et 2 dans les gouvernements provinciaux, 48 au total -, se dérouleront dans des conditions transparentes et libres.
Et puis enfin, et cest sans doute le défi le plus difficile à relever, la réconciliation nationale avec les nationalités ethniques. Des accords de cessez-le-feu ont déjà été passés. Il y a de bonnes raisons de penser, daprès ce que ma indiqué le président Thein Sein, quun accord de cessez-le-feu avec les Kachin est aussi réalisable dans les semaines qui viennent. Au-delà de ces accords de cessez-le-feu, cest un dialogue politique plus inclusif quil faudra engager pour voir comment garantir à ces différentes minorités ethniques légalité des droits et des conditions de développement économique aussi égalitaires que possible là encore.
Dans ces conditions, que pouvons-nous faire pour soutenir ce mouvement qui est bien engagé ?
Tout dabord, favoriser la réintroduction de ce pays dans la communauté internationale. Il continue à avoir des relations étroites avec les Nations unies. Nous ferons en sorte de convaincre nos partenaires pour que le président Thein Sein puisse participer au prochain sommet de lASEM qui doit se tenir au mois de novembre.
Ensuite, travailler avec nos partenaires de lUnion européenne et aussi avec nos amis américains à une levée, étape par étape, des sanctions. On peut sans doute commencer par supprimer linterdiction des visas. Il faudra regarder ce qui peut être fait en matière de dégel de certains avoirs, de manière sélective bien sûr. Loctroi des préférences tarifaires généralisées ne semble pas poser problème. Nous allons donc travailler dans la perspective de la revue de la position commune des 27 à la fin du mois davril sur toutes ces questions pour avancer.
Et puis enfin, la troisième chose que nous pouvons faire, cest développer notre coopération bilatérale. Jai annoncé que la France triplerait son aide en la ciblant sur laide humanitaire, le soutien aux organisations non gouvernementales, le soutien à la société civile, le développement des relations culturelles.
Je vais également examiner, avec mes collègues du gouvernement et avec le Premier ministre, la possibilité de permettre à lAgence française de développement dintervenir sur le territoire de Myanmar dans des secteurs prioritaires comme léducation, la santé, lagriculture qui représentent ici un enjeu très important.
Voilà donc lensemble des initiatives que nous allons prendre à la suite de ce voyage.
Je pense aussi que la coopération culturelle est un champ qui doit être approfondi. Nous avons la chance davoir un très bel Institut à Rangoun, un autre à Mandalay. Jai pu visiter hier celui de Rangoun et voir quil faisait du bon travail, non seulement dans lenseignement de la langue française mais aussi dans lorganisation de rencontres culturelles dans de nombreux domaines. Cest un des principaux points de lactivité culturelle de la ville et je crois que là aussi cest aussi un facteur dinfluence important pour la France.
Voilà, le voyage a été court, je le répète, mais particulièrement dense et je crois quil pourra être tout à fait utile. Il a aussi comporté une partie émotionnelle forte. Je dois dire quhier, quand jai accroché la cravate de commandeur de la Légion dHonneur autour du cou dAung San Suu Kyi, connaissant lhistoire de cette femme exceptionnelle, jai senti mon cur battre un peu plus vite que dhabitude.
Q - Au regard des entretiens du jour et globalement de votre séjour en Birmanie, quel est globalement votre compréhension, votre analyse du positionnement de larmée et de ses autorités, de ses chefs sur lévolution en cours ?
R - Je nai pas observé quil y avait de conflit aujourdhui. Il y a un gouvernement civil qui est composé de ministres dont beaucoup sont danciens militaires, cest vrai, mais - et le président Thein Sein a insisté sur ce point tout à lheure -, cest un gouvernement civil. Cest lui, en liaison avec le Parlement qui a été élu, qui dirige le pays et je nai pas observé que larmée aujourdhui avait une stratégie de blocage de ces évolutions. Le président de la Chambre basse ma même indiqué quil souhaitait développer le débat budgétaire et faire du Parlement un véritable lieu de décision et pas simplement denregistrement.
Q - Vous pensez donc quil y a encore un risque de coup militaire qui pourrait bloquer ce processus ?
R - Écoutez, je ne veux pas me lancer aujourdhui dans ce genre de spéculations. Vous dire que tout est parfait, tout est facile, tout va bien se passer, non. Bien entendu, tout processus de démocratisation, après une aussi longue période de régime autoritaire, peut se heurter à des difficultés. Mais je naperçois pas aujourdhui de raisons de pessimisme.
Q - Est-ce que le président Thein Sein vous a paru aujourdhui quelquun douvert ?
R - Certes.
Q - Et est-ce que vous emploieriez le mot de président réformateur ?
R - Ce nest pas une impression, cest une certitude, puisquil suffit de voir ce quil a fait déjà depuis plusieurs mois, avec toute une série de nouvelles lois qui garantissent le droit de grève, le droit de manifestation, le droit dassociation. Il a des projets. La législation de ce pays, comme lindiquait M. lAmbassadeur, remonte parfois au temps de la colonisation. Il y a donc un très grand travail de modernisation à faire et je suis sûr quil va sy employer - il me la indiqué -, notamment pour mettre en conformité les règles de droit interne au pays avec les grandes conventions des Nations unies ou de lOrganisation internationale du Travail. Donc, vraiment, jai senti face à moi un homme sage, totalement déterminé et engagé dans ce processus.
Q - Sur la libération des prisonniers, est-ce quil sest engagé sur un calendrier pour tous les prisonniers politiques ?
R - La thèse officielle, aujourdhui, cest quil ny en a plus et que la dernière vague de libération de 651 détenus, parmi lesquels beaucoup de prisonniers politiques, a épuisé la question. Cest un point qui fait encore interrogation et nous souhaitons donc quil y ait un dialogue entre le gouvernement et les partis politiques dopposition ou les personnalités de lopposition pour bien clarifier cette question. Mais enfin, apparemment, avec toutes les mesures successives qui ont été prises, qui portent au total sur près dun millier de prisonniers, je pense que le problème est en grande partie aujourdhui résolu.
Q - Vous avez évoqué la situation des nationalités comme étant une des trois conditions majeures. Sachant que cela va fatalement prendre du temps, parce que cest compliqué, quest-ce que vous attendez concrètement comme geste ? Quest-ce qui pourrait convaincre lUnion européenne et la France que le pays va dans le bon sens sans pour autant demander la paix immédiate et le développement immédiat ?
R - Je vous ai dit ce que nous attendions. Cest dabord le règlement définitif de la question des prisonniers politiques ; je pense que cest en bonne voie. Cest ensuite - et nous aurons loccasion den juger le 1er avril prochain - des élections libres et totalement transparente. Et cest enfin une avancée dans cette question des minorités ethniques. Je vous lai dit tout à lheure : dabord des cessez-le-feu - ils ont été conclus un peu partout. Il nen reste plus quun à conclure, avec lethnie Kachin, et le président ma indiqué quil y travaillait. Donc, si nous avions dans les semaines qui viennent un signal positif sur ce plan, ce serait évidemment une avancée très significative. Mais cela népuisera pas la question parce que, comme me lont dit ces représentants des minorités que jai rencontrés hier, au-delà du cessez-le-feu, cest un dialogue politique global quils attendent pour voir comment le pays va sorganiser afin de garantir légalité des droits et du développement avec vraisemblablement une révision de la Constitution. Ce sera donc un processus assez long.
Q - Justement, la réforme de la Constitution a-t-elle été évoquée ?
R - Oui, mais là-dessus je nai pas obtenu de calendrier. Vous savez, notre rôle cest de maintenir notre pression. Cest la raison pour laquelle il me semble plus sage davoir un processus de levée des sanctions progressif, aligné, si je puis dire, sur les progrès réguliers qui vont être faits ici. Mais il faut bien comprendre aussi que ce processus a commencé au cours des derniers mois, et je pense que les pas qui ont été franchis sont déjà considérables. Il faut en tenir compte, maintenir bien sûr un discours ferme mais sans exiger davantage que ce quun processus raisonnable peut donner.
Q - Est-ce que, à propos de ces minorités, le trafic de stupéfiants fait partie des discussions du jour ?
R - Oui, bien sûr. Lutter contre ce trafic est lune des priorités, et cest au gouvernement quil importe de prendre les mesures en ce sens.
Q - Quelles sont vos impressions sur le nouveau gouvernement du Myanmar ?
R - Jai le sentiment que le président, les représentants de la Chambre haute et de la Chambre basse, ainsi que mon collègue, le ministre des Affaires étrangères, sont tous sur la même ligne. Ils veulent poursuivre dans la voie de la démocratie et de la liberté. Je pense que nous devons les encourager à progresser dans cette direction.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 janvier 2012
Après ces 48 heures passées en Birmanie, au Myanmar, jai pu me faire une idée plus précise du changement très profond qui est en train de se produire dans ce pays. Les entretiens que jai eus tout au long de la journée avec les autorités gouvernementales, le président de la République, le président de la Chambre haute, le président de la Chambre basse, le ministre des Affaires étrangères, mont convaincu quil y avait une totale convergence de vues entre ces différentes autorités pour progresser sur le chemin de la démocratisation et de la libéralisation du régime.
De lautre côté, en rencontrant hier Aung San Suu Kyi à Rangoun, jai compris quelle était engagée dans un processus de dialogue depuis que son parti est maintenant régularisé, quelle va pouvoir se présenter aux prochaines élections partielles du 1er avril et quelle a avec le président Thein Sein une relation constructive. Les autres responsables de lopposition, ou leaders ou prisonniers juste libérés que jai rencontrés hier aussi à Rangoun, mont exprimé leur désir déviter toute confrontation avec le régime et de travailler, là aussi, dans un esprit de dialogue constructif. Ce sont donc des signes positifs.
Je crois quil faut maintenant que la France, dabord, mais aussi lUnion européenne en tirent les conséquences et envoient des signaux dencouragement à tous les responsables de ce pays pour les soutenir dans le parcours quils ont engagé.
Quels peuvent être ces signes ? Dabord être très clairs sur ce que nous attendons. À savoir des progrès sur trois points encore.
Premier point, la libération complète des prisonniers politiques. La dernière décision du président Thein Sein a été très loin, il faut encore vérifier - et cest le rôle, je crois, des différents acteurs politiques de le faire ici - quil ny ait plus de prisonniers politiques. Jai demandé aussi par ailleurs que le Comité international de la Croix Rouge puisse revenir dans les prisons pour vérifier les conditions de détention des autres détenus.
Le deuxième point important, cest de nous assurer que les élections du 1er avril, qui vont porter sur un certain nombre de sièges - 40 à la Chambre basse, 4 à la Chambre haute et 2 dans les gouvernements provinciaux, 48 au total -, se dérouleront dans des conditions transparentes et libres.
Et puis enfin, et cest sans doute le défi le plus difficile à relever, la réconciliation nationale avec les nationalités ethniques. Des accords de cessez-le-feu ont déjà été passés. Il y a de bonnes raisons de penser, daprès ce que ma indiqué le président Thein Sein, quun accord de cessez-le-feu avec les Kachin est aussi réalisable dans les semaines qui viennent. Au-delà de ces accords de cessez-le-feu, cest un dialogue politique plus inclusif quil faudra engager pour voir comment garantir à ces différentes minorités ethniques légalité des droits et des conditions de développement économique aussi égalitaires que possible là encore.
Dans ces conditions, que pouvons-nous faire pour soutenir ce mouvement qui est bien engagé ?
Tout dabord, favoriser la réintroduction de ce pays dans la communauté internationale. Il continue à avoir des relations étroites avec les Nations unies. Nous ferons en sorte de convaincre nos partenaires pour que le président Thein Sein puisse participer au prochain sommet de lASEM qui doit se tenir au mois de novembre.
Ensuite, travailler avec nos partenaires de lUnion européenne et aussi avec nos amis américains à une levée, étape par étape, des sanctions. On peut sans doute commencer par supprimer linterdiction des visas. Il faudra regarder ce qui peut être fait en matière de dégel de certains avoirs, de manière sélective bien sûr. Loctroi des préférences tarifaires généralisées ne semble pas poser problème. Nous allons donc travailler dans la perspective de la revue de la position commune des 27 à la fin du mois davril sur toutes ces questions pour avancer.
Et puis enfin, la troisième chose que nous pouvons faire, cest développer notre coopération bilatérale. Jai annoncé que la France triplerait son aide en la ciblant sur laide humanitaire, le soutien aux organisations non gouvernementales, le soutien à la société civile, le développement des relations culturelles.
Je vais également examiner, avec mes collègues du gouvernement et avec le Premier ministre, la possibilité de permettre à lAgence française de développement dintervenir sur le territoire de Myanmar dans des secteurs prioritaires comme léducation, la santé, lagriculture qui représentent ici un enjeu très important.
Voilà donc lensemble des initiatives que nous allons prendre à la suite de ce voyage.
Je pense aussi que la coopération culturelle est un champ qui doit être approfondi. Nous avons la chance davoir un très bel Institut à Rangoun, un autre à Mandalay. Jai pu visiter hier celui de Rangoun et voir quil faisait du bon travail, non seulement dans lenseignement de la langue française mais aussi dans lorganisation de rencontres culturelles dans de nombreux domaines. Cest un des principaux points de lactivité culturelle de la ville et je crois que là aussi cest aussi un facteur dinfluence important pour la France.
Voilà, le voyage a été court, je le répète, mais particulièrement dense et je crois quil pourra être tout à fait utile. Il a aussi comporté une partie émotionnelle forte. Je dois dire quhier, quand jai accroché la cravate de commandeur de la Légion dHonneur autour du cou dAung San Suu Kyi, connaissant lhistoire de cette femme exceptionnelle, jai senti mon cur battre un peu plus vite que dhabitude.
Q - Au regard des entretiens du jour et globalement de votre séjour en Birmanie, quel est globalement votre compréhension, votre analyse du positionnement de larmée et de ses autorités, de ses chefs sur lévolution en cours ?
R - Je nai pas observé quil y avait de conflit aujourdhui. Il y a un gouvernement civil qui est composé de ministres dont beaucoup sont danciens militaires, cest vrai, mais - et le président Thein Sein a insisté sur ce point tout à lheure -, cest un gouvernement civil. Cest lui, en liaison avec le Parlement qui a été élu, qui dirige le pays et je nai pas observé que larmée aujourdhui avait une stratégie de blocage de ces évolutions. Le président de la Chambre basse ma même indiqué quil souhaitait développer le débat budgétaire et faire du Parlement un véritable lieu de décision et pas simplement denregistrement.
Q - Vous pensez donc quil y a encore un risque de coup militaire qui pourrait bloquer ce processus ?
R - Écoutez, je ne veux pas me lancer aujourdhui dans ce genre de spéculations. Vous dire que tout est parfait, tout est facile, tout va bien se passer, non. Bien entendu, tout processus de démocratisation, après une aussi longue période de régime autoritaire, peut se heurter à des difficultés. Mais je naperçois pas aujourdhui de raisons de pessimisme.
Q - Est-ce que le président Thein Sein vous a paru aujourdhui quelquun douvert ?
R - Certes.
Q - Et est-ce que vous emploieriez le mot de président réformateur ?
R - Ce nest pas une impression, cest une certitude, puisquil suffit de voir ce quil a fait déjà depuis plusieurs mois, avec toute une série de nouvelles lois qui garantissent le droit de grève, le droit de manifestation, le droit dassociation. Il a des projets. La législation de ce pays, comme lindiquait M. lAmbassadeur, remonte parfois au temps de la colonisation. Il y a donc un très grand travail de modernisation à faire et je suis sûr quil va sy employer - il me la indiqué -, notamment pour mettre en conformité les règles de droit interne au pays avec les grandes conventions des Nations unies ou de lOrganisation internationale du Travail. Donc, vraiment, jai senti face à moi un homme sage, totalement déterminé et engagé dans ce processus.
Q - Sur la libération des prisonniers, est-ce quil sest engagé sur un calendrier pour tous les prisonniers politiques ?
R - La thèse officielle, aujourdhui, cest quil ny en a plus et que la dernière vague de libération de 651 détenus, parmi lesquels beaucoup de prisonniers politiques, a épuisé la question. Cest un point qui fait encore interrogation et nous souhaitons donc quil y ait un dialogue entre le gouvernement et les partis politiques dopposition ou les personnalités de lopposition pour bien clarifier cette question. Mais enfin, apparemment, avec toutes les mesures successives qui ont été prises, qui portent au total sur près dun millier de prisonniers, je pense que le problème est en grande partie aujourdhui résolu.
Q - Vous avez évoqué la situation des nationalités comme étant une des trois conditions majeures. Sachant que cela va fatalement prendre du temps, parce que cest compliqué, quest-ce que vous attendez concrètement comme geste ? Quest-ce qui pourrait convaincre lUnion européenne et la France que le pays va dans le bon sens sans pour autant demander la paix immédiate et le développement immédiat ?
R - Je vous ai dit ce que nous attendions. Cest dabord le règlement définitif de la question des prisonniers politiques ; je pense que cest en bonne voie. Cest ensuite - et nous aurons loccasion den juger le 1er avril prochain - des élections libres et totalement transparente. Et cest enfin une avancée dans cette question des minorités ethniques. Je vous lai dit tout à lheure : dabord des cessez-le-feu - ils ont été conclus un peu partout. Il nen reste plus quun à conclure, avec lethnie Kachin, et le président ma indiqué quil y travaillait. Donc, si nous avions dans les semaines qui viennent un signal positif sur ce plan, ce serait évidemment une avancée très significative. Mais cela népuisera pas la question parce que, comme me lont dit ces représentants des minorités que jai rencontrés hier, au-delà du cessez-le-feu, cest un dialogue politique global quils attendent pour voir comment le pays va sorganiser afin de garantir légalité des droits et du développement avec vraisemblablement une révision de la Constitution. Ce sera donc un processus assez long.
Q - Justement, la réforme de la Constitution a-t-elle été évoquée ?
R - Oui, mais là-dessus je nai pas obtenu de calendrier. Vous savez, notre rôle cest de maintenir notre pression. Cest la raison pour laquelle il me semble plus sage davoir un processus de levée des sanctions progressif, aligné, si je puis dire, sur les progrès réguliers qui vont être faits ici. Mais il faut bien comprendre aussi que ce processus a commencé au cours des derniers mois, et je pense que les pas qui ont été franchis sont déjà considérables. Il faut en tenir compte, maintenir bien sûr un discours ferme mais sans exiger davantage que ce quun processus raisonnable peut donner.
Q - Est-ce que, à propos de ces minorités, le trafic de stupéfiants fait partie des discussions du jour ?
R - Oui, bien sûr. Lutter contre ce trafic est lune des priorités, et cest au gouvernement quil importe de prendre les mesures en ce sens.
Q - Quelles sont vos impressions sur le nouveau gouvernement du Myanmar ?
R - Jai le sentiment que le président, les représentants de la Chambre haute et de la Chambre basse, ainsi que mon collègue, le ministre des Affaires étrangères, sont tous sur la même ligne. Ils veulent poursuivre dans la voie de la démocratie et de la liberté. Je pense que nous devons les encourager à progresser dans cette direction.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 janvier 2012