Déclaration de M. Henri de Raincourt, ministre de la coopération, sur le réseau de l'Alliance française, à Paris le 30 janvier 2012.

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Circonstance : 34ème rencontre du Réseau des alliances françaises, à Paris le 30 janvier 2012

Texte intégral

Monsieur le Président de la Fondation de l’Alliance Française,
Mesdames et Messieurs les Membres du Conseil d’Administration,
Mesdames et Messieurs les Présidents des Comités,
Monsieur le Secrétaire général,
Chers Amis,
Alain Juppé avait prévu d’être avec vous ce soir. Des contraintes d’agenda ne lui ont pas permis.
Il me revient donc le privilège de vous accueillir au Quai d’Orsay.
La diplomatie culturelle est une dimension essentielle de l’action extérieure de la France.
Elle en est, à certains égards, l’une des originalités et nous entendons, en dépit des contraintes budgétaires fortes, lui consacrer des moyens adaptés et substantiels.
Naturellement, la plupart des autres grands pays ont développé, chacun à sa manière et suivant son génie propre, des modalités de rayonnement intellectuel, culturel et linguistique.
Il y a là un enjeu majeur que recouvre le terme «d’influence», concept moderne aux contours à préciser mais dont chacun mesure l’importance politique.
La particularité de la présence française sur ce terrain tient d’abord à son ancienneté et à l’engagement de l’État. Que de chemin parcouru en effet entre «le service des œuvres», créé il y a un peu moins d’un siècle et dirigé à ses débuts par Jean Giraudoux et la Direction générale de la mondialisation du ministère des Affaires étrangères et européennes !
La seconde singularité de cette présence tient au rôle de «l’Alliance française» dont le dynamisme et la capacité d’adaptation actuels répondent à l’ambition de ses illustres fondateurs.
Permettez-moi de pensez que Paul Cambon, Ferdinand de Lesseps, Louis Pasteur, Jules Verne ou Armand Colin, qui firent partie du comité de constitutif de votre Alliance, se seraient reconnus dans l’esprit qui anime votre action au quotidien de Lima à New Delhi et d’Essaouira à Canton.
Le réseau de l’Alliance française n’a pas d’équivalent.
Depuis 1883, il tire sa spécificité d’une énergie renouvelable tout à fait étonnante et remarquable : la passion pour la langue et la culture françaises. Avec le recul du temps, il est admirable de constater que le rayonnement du Français dans le monde repose en grande partie sur des initiatives privées prises aux quatre coins de la planète.
Ce sont des associations, des groupes d’individus, des personnalités locales qui, un peu partout, font vivre depuis tant d’années chacune des Alliances françaises.
En disant cela, je ne vous apprends certes rien. Mais il est particulièrement satisfaisant de voir que ce militantisme de la culture et de la langue françaises portées par des étrangers se poursuit avec autant de vigueur.
La liberté est votre «marque de fabrique». Vos statuts la consacrent, votre action en témoigne. C’est un atout décisif.
Soyez assurés qu’elle n’est en rien menacée. C’est dans cet esprit qu’il faut comprendre la réforme de la présence culturelle de la France dans le monde. Son objet, on le sait, est d’en favoriser la visibilité et d’en renforcer la cohérence.
La mise en œuvre de cette réforme se poursuit de façon progressive et pragmatique. L’approche retenue n’est pas dogmatique.
Il s’agit au contraire de privilégier le meilleur fonctionnement possible dans une logique de complémentarité entre Alliances françaises et Institut français.
Dans cette démarche, je sais votre implication personnelle. Elle est déterminante.
Depuis plus d’un an, des résultats appréciables ont été obtenus. Ils vont dans le sens d’une plus grande rationalité et d’une synergie plus étroite entre Alliances françaises et Instituts français.
La plupart des doublons entre le réseau public et votre réseau associatif ont été éliminés.
Votre label précieux n’a été accordé qu’à des établissements économiquement viables ce qui constitue une garantie pérenne de sérieux et de bonne gestion.
Les moyens consacrés à l’action culturelle sont répartis avec le souci de l’équité et de l’efficacité entre les Alliances et les Instituts français. Cette ventilation des crédits s’effectue sous le contrôle attentif de nos ambassadeurs.
Par ailleurs, la démonstration est faite de votre capacité à assurer un niveau élevé d’autofinancement. C’est un gage de vitalité.
C’est notamment à cette aune que se mesure votre ancrage dans les pays où vous êtes installés de même que l’intérêt que de vastes publics portent à la connaissance de la langue française.
L’enseignement du français comme langue étrangère s’inscrit dans un contexte très concurrentiel. Disons-le tout net, il s’agit bien d’un marché. Il faut en conséquence nous donner les moyens d’y demeurer compétitifs.
Il nous faut pour cela développer une offre innovante et de qualité afin d’attirer de nouveaux étudiants. Valoriser la maîtrise du Français comme avantage professionnel, en faire un capital culturel et technique auprès des salariés des grandes entreprises, des cadres des institutions publiques, sont des défis à relever ensemble.
L’Alliance française est taillée pour y répondre.
Vieille de 130 ans, elle demeure un opérateur d’une grande jeunesse. Dès sa création, elle était en avance sur son temps. Son statut associatif, son fonctionnement souple, l’engagement bénévole des partenaires étrangers et sa capacité à diffuser les valeurs des lumières lui conféraient les qualités requises pour affronter les enjeux du XXIème.
D’une certaine manière, l’Alliance française était un acteur de la mondialisation avant l’heure.
Vous êtes des amis de notre culture établis sur les cinq continents, dans vos pays respectifs. Votre but est désintéressé. Par votre action, vous contribuez à la diversité du monde en faisant rayonner une langue qui, à l’origine, n’était pas nécessairement la vôtre.
Par essence vous plongez dans la réalité de sociétés et d’environnements culturels multiples que vous connaissez de manière intime.
Le réseau qui vous rassemble, les solidarités que vous avez tissées, les volontés qui s’expriment là où vous êtes, sont une très grande chance pour la langue française.
C’est un gage d’expansion et de rayonnement.
C’est à vous que nous le devons.
Soyez-en remerciés.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 février 2012