Déclaration de M. Henri de Raincourt, ministre de la coopération, sur la coopération franco-américaine, à Paris le 7 février 2012.

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Circonstance : Rencontres parlementaires sur les relations France-Etats-Unis-table ronde "La coopération décentralisée : un moteur de développement des territoires", à Paris le 7 février 2012

Texte intégral

Monsieur le Député, Président du Groupe d’amitié France-États-Unis,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Monsieur l’Ambassadeur,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux d’être parmi vous aujourd’hui. J’ai tenu à venir afin de souligner tout l’intérêt de cette importante journée consacrée à la coopération entre la France et les États-Unis, à travers ces trois piliers complémentaires que sont la coopération territoriale, la coopération éducative et la coopération universitaire. Je félicite Louis Giscard d’Estaing pour l’organisation de cette manifestation qui réunit tous celles et ceux qui sont les acteurs essentiels de cette coopération.
Cette réunion est aussi une occasion de célébrer l’amitié franco-américaine. Tout a déjà été dit, croit-on, sur la force de la relation entre nos deux pays et l’amitié entre nos deux peuples. Et pourtant, cette proximité des esprits et des cœurs est un fait diplomatique majeur, qui se vérifie tout les jours sur un nombre infini de sujets. Et au moment où nous entrons dans une nouvelle phase de l’histoire de la mondialisation, celle où les populations de nombreux pays en développement n’aspirent plus seulement à gagner leur prospérité mais aussi à conquérir leur liberté, nos deux grandes démocraties, les États-Unis et la France, sont plus que jamais attendues. Notre responsabilité partagée n’est pas d’être un modèle pour les autres, même si 1776 et 1789 sont des dates qui appartiennent à l’histoire universelle et qui restent une source d’inspiration pour les jeunes générations de par le monde. Il nous revient plutôt en cette période de recomposition d’œuvrer, avec modestie, responsabilité mais ambition, à faire émerger un monde plus équitable qui permette à chaque individu de croire en son destin, et de tracer lui-même son chemin vers le progrès économique et politique.
C’est parce que nous partageons la foi dans les mêmes valeurs que la France et les États-Unis se retrouvent côte à côte sur les grands sujets de coopération. Cela se vérifie au sein des enceintes internationales, et je pense en particulier aux avancées remarquables que nous avons su atteindre ensemble en 2011 au sein du G8 et du G20, qu’il s’agisse du partenariat de Deauville pour les pays du printemps arabes ou la création d’une filière du G20 consacrée aux questions de développement. Cela est vrai aussi sur les sujets thématiques, ce que l’on appelle les grands enjeux globaux, et je salue par exemple l’étroite coopération que nous menons sur les questions de santé.
À ce titre, la coopération internationale américaine a ceci de particulier qu’elle est probablement en avance par le rôle éminent qui revient désormais aux acteurs non gouvernementaux, notamment les grandes fondations privées. Celles-ci sont devenues en quelques années des acteurs majeurs de la coopération et du développement, et la France mène de nombreuses actions en étroit partenariat avec elles.
Cette peinture d’une relation très étroite entre le France la France et les États-Unis sur les sujets de coopération internationale déborde très largement les strictes relations de gouvernement à gouvernement. Elle s’applique donc parfaitement aux thèmes qui ont été choisis pour la réunion d’aujourd’hui. En effet, qu’il s’agisse de la coopération territoriale, scolaire ou universitaire, tout l’enjeu est d’associer, de mettre en relation et de faire travailler ensemble des acteurs non étatiques autonomes, dont l’action doit venir renforcer et démultiplier les initiatives prises par les gouvernements.
S’agissant de la coopération décentralisée, le bilan qui a été présenté ce matin est, je le crois, particulièrement flatteur. Il témoigne des nombreux succès qui ont été obtenus. Les liens entre nos deux pays au niveau local sont à la fois riches et anciens. On peut citer ainsi les jumelages entre Boston et Strasbourg, New Haven et Avignon ou Bordeaux et Los Angeles, qui datent des années 1950-1960 et concernent des grands centres universitaires. Mais il faut se réjouir qu’aujourd’hui les collectivités aient pris le tournant des nouvelles technologies, et que d’innombrables projets de coopération décentralisée portent sur des secteurs de pointe. Cette orientation est fortement encouragée par le ministère des Affaires étrangères et européennes. Je ne mentionnerais, par exemple, que le soutien qui est apporté par notre consulat général à Atlanta aux projets de coopération menés entre l’université Georgia Tech et de nombreuses collectivités françaises.
S’agissant de la coopération scolaire et universitaire, chacun peut voir qu’il s’agit là d’un domaine déterminant aujourd’hui pour l’influence et le poids des nations. Tous les jours nous sommes engagés dans une compétition, heureusement pacifique et stimulante, pour faire partager nos idées, promouvoir notre culture, notre langue et nos valeurs, en un mot rayonner et peser dans le débat mondial. Il s’agit d’une caractéristique essentielle de notre rang, qui fait que notre pays est écouté sur le plan politique. Il s’agit aussi d’un facteur clé de notre attractivité, avec, à la clé, notre croissance et nos emplois. Nos pays sont convaincus, à juste titre, de disposer de systèmes de formation académique et de recherche qui font référence, chacun avec ses spécificités. Mais la mondialisation ne permet pas de se reposer sur des lauriers que bien d’autres convoitent. C’est pourquoi la France et les États-Unis ont tout à gagner à développer leur coopération universitaire et scientifique.
D’ores et déjà, les États-Unis sont le principal partenaire de la France et de l’Europe sur ces questions. Chaque année, ce sont ainsi des milliers d’articles scientifiques qui sont publiés ensemble par des équipes de chercheurs français et américains. Les échanges d’étudiants se sont développés à un rythme spectaculaire ces dernières années. Et là encore, la coopération passe par des partenariats larges, aux configurations parfois innovantes, au moins pour les Français. C’est ce dont témoigne, par exemple, la mise en place de plusieurs fonds spécialisés, qui vous seront présentés en détail cet après-midi, qu’il s’agisse du Partner University Fund, du programme Alliance, qui regroupe la Sorbonne, Polytechnique, Sciences-Po et Columbia, ou des fonds franco-américains auprès des grandes universités américaines, que soutient le ministère des Affaires étrangères et européennes.
Cette journée, hélas trop courte pour résumer la richesse de la coopération entre la France et les États-Unis, permettra d’illustrer la multiplicité des projets que nous menons ensemble et notre conviction partagée que le succès passe par l’association de l’ensemble des acteurs, nationaux et locaux, publics et privés. Je salue l’enthousiasme de tous ceux qui contribuent à cette belle ambition, et qui sont convaincus que l’amitié entre la France et les États-Unis peut porter des fruits profitables pour nos deux pays, mais peut-être aussi contribuer à un monde meilleur.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 février 2012