Entretien de M. Henri de Raincourt, ministre de la coopération, avec l'Office de radiodiffusion télévision du Mali, sur les relations franco-maliennes et la situation politique au nord du Mali, à Bamako (Mali) le 9 février 2012.

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Média : Office de radiodiffusion télévision du Mali

Texte intégral

Q - Dans quel cadre se situe votre visite ici aujourd’hui et sur quoi ont porté vos discussions avec le président ?
R - La visite que j’accomplis au nom du gouvernement français est destinée à confirmer la force et la pérennité des liens qui unissent le Mali et la France.
J’ai également souhaité rappeler que la France a une position extrêmement claire, réaffirmée à plusieurs reprises par nos plus hautes autorités : l’unité, l’intégrité et les institutions du Mali doivent être préservés, c’est une des forces et un des atouts primordiaux de ce grand pays.
J’ai dit au président que la France se tient aux côtés du Mali pour trouver des solutions politiques qui permettront de sortir de la crise.
L’acceptation par tous les acteurs d’un cessez le feu immédiat sera le préalable à l’organisation d’un dialogue global et confiant. Nous appelons à l’ouverture d’un dialogue qui permettra de réunir tout le monde et de revisiter, à la lumière des accords qui ont été passés dans les années précédentes, les actions qui ont été menées, ce qui doit être modifié, éventuellement les nouvelles actions à entreprendre.
Les négociations doivent s’ouvrir dans un cadre pacifié et démocratique. Le Mali est un pays qui a vocation à vivre dans la paix et la sécurité. Et il est un acteur essentiel de la stabilité du continent tout entier.
Q - Monsieur le Ministre, la France par la voix de son ministre des Affaires étrangères a qualifié les atrocités commises au nord de succès. Est-ce que l’on peut connaître la position de la France par rapport à cela ?
R - Le ministre des Affaires étrangères ne s’est jamais exprimé de la sorte. Les atrocités qui ont été constatées sont clairement et fortement condamnées par la France, sans aucune exception. Ces atrocités sont totalement inacceptables.
Il faut resituer le propos du ministre des Affaires étrangères dans son contexte, où il a dit exactement ce que je viens d’exprimer à nouveau.
La situation militaire étant aujourd’hui ce qu’elle est, il est absolument indispensable de s’orienter vers un cessez le feu qui permettra d’engager le dialogue. Quels qu’en soient les motifs, ce recours à la force n’est pas acceptable dans une démocratie comme le Mali. Un cessez-le-feu immédiat est pour nous impératif.
Toute autre interprétation qui peut être donnée par les uns et par les autres ne correspond pas à la réalité des propos prononcés par le ministre des Affaires étrangères de la France à l’occasion d’un débat sur la politique étrangère organisée au Sénat.
Q - Monsieur le Ministre, le Mali est devant une situation récurrente qui, vous l’avez constaté, remet en cause son intégrité territoriale. Qu’est-ce vous proposez à vos partenaires maliens aujourd’hui comme solution, car il y a eu plusieurs temps de négociations et aujourd’hui il y a une escalade de la violence ?
R - La question du nord du Mali n’est pas à proprement parler une question nouvelle. Il y a déjà eu à plusieurs reprises des moments de tension qui ont donné lieu à chaque fois à des rencontres, à la mise en place d’accords nouveaux et des mesures concrètes. Donc, à chaque fois, et régulièrement, il est nécessaire de faire le point, procéder à des évaluations. C’est ce dont il s’agit en ce moment.
Il me semble que le gouvernement malien a fait les ouvertures nécessaires pour que la discussion puisse s’engager. Mais pour qu’une discussion confiante et réaliste puisse débuter, il faut déjà que les armes se taisent. On ne peut pas se parler quand le canon tonne.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 février 2012