Texte intégral
Q - Vous demandez un cessez-le- feu mais, après les succès militaires de la rébellion, est-ce que larmée malienne na pas intérêt à tenter une contre offensive avant darrêter les combats ?
R - La France considère quil ny aura pas de solution militaire, en tout cas immédiate, et que, par conséquent, ce qui est important, cest que les hostilités cessent le plus rapidement possible.
Q - Vous voulez dire que le rapport de forces est trop inégal en faveur des rebelles et que Bamako a intérêt à signer ce cessez-le-feu ?
R - Je pense que le rapport de forces aujourdhui nest pas totalement établi puisque la stratégie des rebelles telle quon peut lanalyser et celle des autorités militaires maliennes sont plutôt une stratégie dévitement. Donc, il ny a pas eu de choc, de bataille rangée, puisque lorsque les rebelles arrivent dans un camp militaire larmée régulière la quitté quelques heures ou demi-journées avant.
Q - On sait quil y a eu des morts au combat, mais y a-t-il eu aussi des exécutions sommaires ?
R - Oui, il y a eu effectivement des violences absolument à la fois atroces et inadmissibles à Aguelhok. Il y a eu effectivement des exécutions sommaires, des soldats, des personnes. On parle dune centaine qui ont été capturés et qui ont été froidement exécutés, ce qui est absolument inqualifiable.
Q - Par qui ont-elles été exécutées ?
R - Certains prétendent que la méthode utilisée - cest assez effrayant dailleurs de sexprimer de cette façon là -, mais que la méthode utilisée pour lexécution sapparente à celle utilisée par Al-Qaïda.
Q - Elles auraient été égorgées, cest ça ?
R - Certaines victimes auraient été égorgées, dautres tuées dune balle dans la tête ; en tout cas, des méthodes barbares et expéditives.
Q - Une des causes de cette guerre est larrivée au Sahel de missiles et dorgues de Staline en provenance des arsenaux de Kadhafi. Est-ce quen bombardant la Libye, la France na pas semé la pagaille au Sahel ?
R - Les autorités que nous avons pu rencontrer sont bien déterminées, justement, à ce que, à loccasion du cessez-le-feu, la remise des armes soit une condition qui soit posée.
Q - Mais en bombardant la Libye, est-ce que la France na pas joué aux apprentis sorciers ?
R - La France a uvré en Libye pour éviter le massacre programmé de la population de Bengazi par Kadhafi.
Q - Vous appelez au dialogue mais pour les rebelles du MNLA ce dialogue doit aboutir à lindépendance de lAzawad. Est-ce que cest une solution envisageable ?
R - La France a une position très claire : lunité et lintégrité territoriales du Mali doivent être préservées. Lindépendance nest évidemment pas une solution. Parce que le MNLA ne représente pas, loin sen faut, la totalité de la population de la partie Nord du Mali. Il y a dautres organisations touaregs. Il y a des arabes. Il y a encore dautres ethnies. Dailleurs, toutes les personnes avec qui nous avons parlé nous ont dit que, si une consultation de la population était organisée, on sait pertinemment que limmense majorité ne sengagerait pas sur la voie de la séparation.
Q - Vous dites que des pays de bonne volonté pourraient aider à ce dialogue. Vous pensez à la France ou à des pays de la sous région ?
R - Nous considérons que ce sont dabord aux pays de la sous-région de se mobiliser, que ce soit le Mali évidemment, le Niger, la Mauritanie, le Burkina Faso mais aussi lAlgérie qui a fait les preuves de ses bons offices ces derniers jours en réunissant un certain nombre dacteurs à Alger. Mais la France est à la disposition, seulement si cela lui est demandé de la part des pays, pour apporter sa contribution. La France na aucune ambition dorganiser à elle seule le dialogue entre les différents acteurs. Ce nest pas à nous de le faire, cest dabord aux acteurs locaux.
Q - Dans une interview au journal Le Monde, le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz fustige les États qui narrivent pas à venir à bout dun groupe armé de 300 hommes, sous entendu le Mali. Est-ce que vous êtes daccord avec lui ?
R - Effectivement, la façon dappréhender la présence dAqmi sur le terrain est notoirement différente par les chefs dÉtats des pays concernés. Il faut en prendre acte. Je crois quil y a aussi le fait quil y a des otages sur le terrain et quil est, par conséquent, assez difficile dengager directement des opérations qui seraient susceptibles de mettre en danger la vie de nos otages, parce que la vie de nos compatriotes est à préserver dabord et avant tout.
Q - Avez-vous des nouvelles récentes des six otages français ?
R - Auprès des personnes à qui nous posons cette même question, certaines dentre elles nous disent avoir des contacts plus ou moins directs avec les katibats, ces petites organisations locales sur le terrain. La situation de nos otages est précaire et détestable mais pour autant, avec beaucoup de courage, ils survivent.
Q - Si les exécutions sommaires dAguelhok portent la signature dAl-Qaïda, faut-il y voir une alliance éventuelle entre le MNLA, Al-Qaïda et Aqmi ?
R - En tout cas, elle nest pas confirmée et le MNLA a pris soin de confirmer quelle nexistait pas.
Q - À la fin de lannée dernière, des proches du MNLA ont été reçus au Quai dOrsay, à Paris ; à lordre du jour justement la lutte contre Aqmi. Le MNLA peut-il être un partenaire fiable ?
R - Écoutez, cest à lui de le prouver. Je rappelle que si la France, effectivement, a rencontré des représentants du MNLA lannée dernière, elle ne la pas fait depuis que ce dernier sest engagé dans des actions militaires. Deuxièmement, si le MNLA veut être considéré comme un acteur fiable, cest à lui de faire les avances et les démarches nécessaires. Je sais pertinemment que le MNLA a des représentants dans un certain nombre de pays de la sous-région et na donc certainement aucune difficulté pour faire connaître sa bonne volonté.
Q - Vous pensez à la Mauritanie ?
R - Oui. Je pense effectivement en particulier à la Mauritanie.
Q - La Mauritanie qui a des relations privilégiées avec le MNLA ?
R - Je ne dirais pas du tout que la Mauritanie a des relations privilégiées avec le MNLA. En revanche, tout le monde sait que les contacts peuvent être facilement établi entre le MNLA et des représentants de la Mauritanie.
Q - Monsieur le Ministre, merci.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 février 2012
R - La France considère quil ny aura pas de solution militaire, en tout cas immédiate, et que, par conséquent, ce qui est important, cest que les hostilités cessent le plus rapidement possible.
Q - Vous voulez dire que le rapport de forces est trop inégal en faveur des rebelles et que Bamako a intérêt à signer ce cessez-le-feu ?
R - Je pense que le rapport de forces aujourdhui nest pas totalement établi puisque la stratégie des rebelles telle quon peut lanalyser et celle des autorités militaires maliennes sont plutôt une stratégie dévitement. Donc, il ny a pas eu de choc, de bataille rangée, puisque lorsque les rebelles arrivent dans un camp militaire larmée régulière la quitté quelques heures ou demi-journées avant.
Q - On sait quil y a eu des morts au combat, mais y a-t-il eu aussi des exécutions sommaires ?
R - Oui, il y a eu effectivement des violences absolument à la fois atroces et inadmissibles à Aguelhok. Il y a eu effectivement des exécutions sommaires, des soldats, des personnes. On parle dune centaine qui ont été capturés et qui ont été froidement exécutés, ce qui est absolument inqualifiable.
Q - Par qui ont-elles été exécutées ?
R - Certains prétendent que la méthode utilisée - cest assez effrayant dailleurs de sexprimer de cette façon là -, mais que la méthode utilisée pour lexécution sapparente à celle utilisée par Al-Qaïda.
Q - Elles auraient été égorgées, cest ça ?
R - Certaines victimes auraient été égorgées, dautres tuées dune balle dans la tête ; en tout cas, des méthodes barbares et expéditives.
Q - Une des causes de cette guerre est larrivée au Sahel de missiles et dorgues de Staline en provenance des arsenaux de Kadhafi. Est-ce quen bombardant la Libye, la France na pas semé la pagaille au Sahel ?
R - Les autorités que nous avons pu rencontrer sont bien déterminées, justement, à ce que, à loccasion du cessez-le-feu, la remise des armes soit une condition qui soit posée.
Q - Mais en bombardant la Libye, est-ce que la France na pas joué aux apprentis sorciers ?
R - La France a uvré en Libye pour éviter le massacre programmé de la population de Bengazi par Kadhafi.
Q - Vous appelez au dialogue mais pour les rebelles du MNLA ce dialogue doit aboutir à lindépendance de lAzawad. Est-ce que cest une solution envisageable ?
R - La France a une position très claire : lunité et lintégrité territoriales du Mali doivent être préservées. Lindépendance nest évidemment pas une solution. Parce que le MNLA ne représente pas, loin sen faut, la totalité de la population de la partie Nord du Mali. Il y a dautres organisations touaregs. Il y a des arabes. Il y a encore dautres ethnies. Dailleurs, toutes les personnes avec qui nous avons parlé nous ont dit que, si une consultation de la population était organisée, on sait pertinemment que limmense majorité ne sengagerait pas sur la voie de la séparation.
Q - Vous dites que des pays de bonne volonté pourraient aider à ce dialogue. Vous pensez à la France ou à des pays de la sous région ?
R - Nous considérons que ce sont dabord aux pays de la sous-région de se mobiliser, que ce soit le Mali évidemment, le Niger, la Mauritanie, le Burkina Faso mais aussi lAlgérie qui a fait les preuves de ses bons offices ces derniers jours en réunissant un certain nombre dacteurs à Alger. Mais la France est à la disposition, seulement si cela lui est demandé de la part des pays, pour apporter sa contribution. La France na aucune ambition dorganiser à elle seule le dialogue entre les différents acteurs. Ce nest pas à nous de le faire, cest dabord aux acteurs locaux.
Q - Dans une interview au journal Le Monde, le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz fustige les États qui narrivent pas à venir à bout dun groupe armé de 300 hommes, sous entendu le Mali. Est-ce que vous êtes daccord avec lui ?
R - Effectivement, la façon dappréhender la présence dAqmi sur le terrain est notoirement différente par les chefs dÉtats des pays concernés. Il faut en prendre acte. Je crois quil y a aussi le fait quil y a des otages sur le terrain et quil est, par conséquent, assez difficile dengager directement des opérations qui seraient susceptibles de mettre en danger la vie de nos otages, parce que la vie de nos compatriotes est à préserver dabord et avant tout.
Q - Avez-vous des nouvelles récentes des six otages français ?
R - Auprès des personnes à qui nous posons cette même question, certaines dentre elles nous disent avoir des contacts plus ou moins directs avec les katibats, ces petites organisations locales sur le terrain. La situation de nos otages est précaire et détestable mais pour autant, avec beaucoup de courage, ils survivent.
Q - Si les exécutions sommaires dAguelhok portent la signature dAl-Qaïda, faut-il y voir une alliance éventuelle entre le MNLA, Al-Qaïda et Aqmi ?
R - En tout cas, elle nest pas confirmée et le MNLA a pris soin de confirmer quelle nexistait pas.
Q - À la fin de lannée dernière, des proches du MNLA ont été reçus au Quai dOrsay, à Paris ; à lordre du jour justement la lutte contre Aqmi. Le MNLA peut-il être un partenaire fiable ?
R - Écoutez, cest à lui de le prouver. Je rappelle que si la France, effectivement, a rencontré des représentants du MNLA lannée dernière, elle ne la pas fait depuis que ce dernier sest engagé dans des actions militaires. Deuxièmement, si le MNLA veut être considéré comme un acteur fiable, cest à lui de faire les avances et les démarches nécessaires. Je sais pertinemment que le MNLA a des représentants dans un certain nombre de pays de la sous-région et na donc certainement aucune difficulté pour faire connaître sa bonne volonté.
Q - Vous pensez à la Mauritanie ?
R - Oui. Je pense effectivement en particulier à la Mauritanie.
Q - La Mauritanie qui a des relations privilégiées avec le MNLA ?
R - Je ne dirais pas du tout que la Mauritanie a des relations privilégiées avec le MNLA. En revanche, tout le monde sait que les contacts peuvent être facilement établi entre le MNLA et des représentants de la Mauritanie.
Q - Monsieur le Ministre, merci.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 février 2012