Déclaration de M. Alain Juppé, ministre des affaires étrangères et européennes, en réponse à une question d'actualité à l'Assemblée nationale sur le veto de la Russie et de la Chine au projet de résolution sur la Syrie, Paris le 8 février 2012.

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Circonstance : Réponse d'Alain Juppé à une question d'actualité à l'Assemblée nationale, à Paris le 8 février 2012

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Monsieur le Député,
La semaine dernière, je disais en réponse à Jean-Christophe Lagarde que des lueurs d’espoir étaient apparues au Conseil de sécurité où je m’étais rendu. Malheureusement, quelques jours plus tard, la Russie, suivie par la Chine, opposait son veto au projet de résolution que nous avions préparé.
Je voudrais souligner que les treize autres membres du Conseil de sécurité, y compris l’Inde, le Pakistan et l’Afrique du Sud, ont approuvé ce projet de résolution. Je crois qu’il y a très peu de choses à attendre de la visite qui a lieu actuellement à Damas, visite du ministre russe des Affaires étrangères. Il est probable que Bachar Al-Assad fera des promesses qu’il ne tiendra pas.
Que pouvons-nous faire ? On nous parle d’intervention militaire en Syrie comme nous l’avons fait en Libye. Les circonstances sont radicalement différentes. Nous n’obtiendrons pas de mandat du Conseil de sécurité et, par ailleurs, le risque de guerre civile dans un pays qui est divisé entre communautés antagonistes serait tout à fait maximal.
Notre diplomatie se déploie, donc, selon trois axes. Premièrement, nous allons réunir les amis du peuple syrien, les treize membres du Conseil de sécurité qui ont voté la résolution, les partenaires de l’Union européenne, les grands pays émergents, comme la Turquie, pour accentuer nos pressions, d’une part sur ce qui bloque la situation et, d’autre part, sur Bachar Al-Assad lui-même.
Deuxièmement, à Bruxelles, nous allons à nouveau alourdir les sanctions, notamment celles qui pèsent sur la Banque centrale de Syrie.
Troisièmement, nous soutenons l’opposition syrienne. J’ai encore rencontré hier le président du Conseil national syrien, M. Ghalioun, pour l’assurer de notre soutien et voir comment, avec lui, nous pouvons l’aider à organiser et à ouvrir le Conseil national syrien.
Le peuple syrien est martyrisé depuis des mois. Son supplice restera une tache morale sur l’image du Conseil de sécurité des Nations unies. La France, elle, ne renonce pas à aider ce peuple ami, courageux et martyrisé.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 février 2012