Texte intégral
Q - Alain Juppé, après la ville de Homs, cest la ville de Hama, la quatrième ville de Syrie, qui a été bombardée. Cela sest passé cette nuit. Combien de temps la communauté internationale va-t-elle continuer à laisser faire ?
R - Le temps que nous demeurerons paralysés au Conseil de sécurité par la Russie et par la Chine ; cest très clair.
Q - Vous allez essayer de faire pression sur la Russie ?
R - Bien entendu, cest ce que nous essayons de faire. Je vous rappelle que nous lavons déjà fait à plusieurs reprises. Nous lavons fait la semaine dernière ; jétais moi-même au Conseil de sécurité pour essayer de convaincre les Russes et les Chinois. Nous nous y sommes tous mis, treize voix sur quinze, ce qui veut dire que le Conseil de sécurité était presque unanime et la Russie a opposé son veto, suivie par la Chine.
Nous continuons bien sûr en soutenant la seule initiative qui est aujourdhui sur la table et qui peut permettre de sortir pacifiquement de la crise, celle de la Ligue arabe. Nous avons obtenu la concrétisation dune idée qui a été lancée par le président de la République, la réunion dun groupe des amis du peuple syrien. La Ligue arabe a saisi cette idée au bond et cette réunion aura lieu le 24 février à Tunis ; jy serai naturellement.
Lidée est de mettre la pression maximum en réunissant le plus grand nombre de pays possible, sur la Russie dun côté, et sur le régime de Bachar Al-Assad de lautre.
De notre côté, nous sommes en train de renégocier une résolution au Conseil de sécurité pour voir si on peut faire céder les Russes. Nous aurons demain un vote à lAssemblée générale.
Q - Est-ce un symbole ?
R - Cest symbolique, mais si nous avons plus de 130 ou 140 pays au monde qui disent «stop ! Le massacre, cela suffit, il faut appliquer le plan de la Ligue arabe», je pense que ce symbole aura de la force.
Q - Il y a des massacres, il y a crime contre lhumanité aujourdhui ?
R - Oui, bien sûr, je lai dit à plusieurs reprises, cependant comme la Syrie nest pas partie prenante au statut de la Cour pénale internationale, seul le Conseil de sécurité pourrait saisir cette instance. Là encore, nous sommes bloqués par les Russes.
Q - Selon vous, Alain Juppé, peut-on soutenir lopposition en armant linsurrection par exemple ou sommes-nous dans une situation totalement différente de ce qui a pu se faire par exemple en Libye ? Quelle est finalement la bonne situation, la bonne attitude à adopter vis-à-vis de lopposition syrienne ?
R - Il y a une totale différence. Vous lavez suggéré, la société syrienne est très divisée entre communautés, le risque de guerre civile est très élevé. Il faut soutenir lopposition, nous la recevons régulièrement - il y a encore quelques jours à Paris -, il faut lui demander de sorganiser.
Q - Oui, mais elle dit «stop» au discours
R - Ce que nous cherchons, cest arrêter les violences et non pas les encourager. Il faut évidemment protéger les populations et la dimension humanitaire est également très importante.
Hier, jai réuni à Paris les ONG humanitaires qui interviennent en Syrie. Jai annoncé que la France dégageait un crédit supplémentaire dun million deuros qui va sajouter à ce que fait lUnion européenne. Je pense que lidée que javais lancée, il y a quelques jours, de corridors humanitaires permettant aux ONG datteindre les zones qui font lobjet de massacres absolument scandaleux devrait être reprise au Conseil de sécurité.
Q - Un mot sur la Grèce. On a vu que la situation était totalement bloquée puisque lUnion européenne a décidé de reporter sa décision daide financière. Comment faire pour véritablement aider Athènes à sauver la Grèce ?
R - Pour sen sortir il faut poursuivre la négociation. Nous demandons aux Grecs des sacrifices extrêmement douloureux, cest vrai, et je comprends lirritation voire la révolte dune partie de la population grecque.
Il faut voir que la Grèce a fait des erreurs dans le passé. Elle a été beaucoup aidée et, malheureusement, elle na pas toujours présenté des comptes exacts ; il faut voir aussi que nous allons laider massivement. Le secteur bancaire est prêt à effacer jusquà 70 % de sa dette privée et lUnion européenne avec le FMI vont injecter 130 milliards deuros si laccord est conclu.
Q - Sil lest !
R - Il va être conclu. Vous savez comment cela se passe, les négociations sont toujours très dures jusquau dernier moment. Il faut quil soit conclu parce que si la Grèce faisait faillite et sortait de la zone euro, ce serait une très mauvaise nouvelle et je pense que le chaos serait encore plus terrible pour le peuple grec.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 février 2012
R - Le temps que nous demeurerons paralysés au Conseil de sécurité par la Russie et par la Chine ; cest très clair.
Q - Vous allez essayer de faire pression sur la Russie ?
R - Bien entendu, cest ce que nous essayons de faire. Je vous rappelle que nous lavons déjà fait à plusieurs reprises. Nous lavons fait la semaine dernière ; jétais moi-même au Conseil de sécurité pour essayer de convaincre les Russes et les Chinois. Nous nous y sommes tous mis, treize voix sur quinze, ce qui veut dire que le Conseil de sécurité était presque unanime et la Russie a opposé son veto, suivie par la Chine.
Nous continuons bien sûr en soutenant la seule initiative qui est aujourdhui sur la table et qui peut permettre de sortir pacifiquement de la crise, celle de la Ligue arabe. Nous avons obtenu la concrétisation dune idée qui a été lancée par le président de la République, la réunion dun groupe des amis du peuple syrien. La Ligue arabe a saisi cette idée au bond et cette réunion aura lieu le 24 février à Tunis ; jy serai naturellement.
Lidée est de mettre la pression maximum en réunissant le plus grand nombre de pays possible, sur la Russie dun côté, et sur le régime de Bachar Al-Assad de lautre.
De notre côté, nous sommes en train de renégocier une résolution au Conseil de sécurité pour voir si on peut faire céder les Russes. Nous aurons demain un vote à lAssemblée générale.
Q - Est-ce un symbole ?
R - Cest symbolique, mais si nous avons plus de 130 ou 140 pays au monde qui disent «stop ! Le massacre, cela suffit, il faut appliquer le plan de la Ligue arabe», je pense que ce symbole aura de la force.
Q - Il y a des massacres, il y a crime contre lhumanité aujourdhui ?
R - Oui, bien sûr, je lai dit à plusieurs reprises, cependant comme la Syrie nest pas partie prenante au statut de la Cour pénale internationale, seul le Conseil de sécurité pourrait saisir cette instance. Là encore, nous sommes bloqués par les Russes.
Q - Selon vous, Alain Juppé, peut-on soutenir lopposition en armant linsurrection par exemple ou sommes-nous dans une situation totalement différente de ce qui a pu se faire par exemple en Libye ? Quelle est finalement la bonne situation, la bonne attitude à adopter vis-à-vis de lopposition syrienne ?
R - Il y a une totale différence. Vous lavez suggéré, la société syrienne est très divisée entre communautés, le risque de guerre civile est très élevé. Il faut soutenir lopposition, nous la recevons régulièrement - il y a encore quelques jours à Paris -, il faut lui demander de sorganiser.
Q - Oui, mais elle dit «stop» au discours
R - Ce que nous cherchons, cest arrêter les violences et non pas les encourager. Il faut évidemment protéger les populations et la dimension humanitaire est également très importante.
Hier, jai réuni à Paris les ONG humanitaires qui interviennent en Syrie. Jai annoncé que la France dégageait un crédit supplémentaire dun million deuros qui va sajouter à ce que fait lUnion européenne. Je pense que lidée que javais lancée, il y a quelques jours, de corridors humanitaires permettant aux ONG datteindre les zones qui font lobjet de massacres absolument scandaleux devrait être reprise au Conseil de sécurité.
Q - Un mot sur la Grèce. On a vu que la situation était totalement bloquée puisque lUnion européenne a décidé de reporter sa décision daide financière. Comment faire pour véritablement aider Athènes à sauver la Grèce ?
R - Pour sen sortir il faut poursuivre la négociation. Nous demandons aux Grecs des sacrifices extrêmement douloureux, cest vrai, et je comprends lirritation voire la révolte dune partie de la population grecque.
Il faut voir que la Grèce a fait des erreurs dans le passé. Elle a été beaucoup aidée et, malheureusement, elle na pas toujours présenté des comptes exacts ; il faut voir aussi que nous allons laider massivement. Le secteur bancaire est prêt à effacer jusquà 70 % de sa dette privée et lUnion européenne avec le FMI vont injecter 130 milliards deuros si laccord est conclu.
Q - Sil lest !
R - Il va être conclu. Vous savez comment cela se passe, les négociations sont toujours très dures jusquau dernier moment. Il faut quil soit conclu parce que si la Grèce faisait faillite et sortait de la zone euro, ce serait une très mauvaise nouvelle et je pense que le chaos serait encore plus terrible pour le peuple grec.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 février 2012