Conférence de presse de M. Henri de Raincourt, ministre de la coopération, sur la situation politique au Mali, à Nouakchott (Mauritanie) le 10 février 2012.

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Circonstance : Déplacement en Mauritanie-entretien avec le Président de la République islamique de Mauritanie, Mohamed Ould Abdelaziz, le 10 février 2012

Texte intégral

Le gouvernement français a souhaité que des contacts directs puissent être pris avec les responsables des pays du Sahel. Je suis donc allé au Mali, au Niger et en Mauritanie à Nouakchott, où le Président Aziz a bien voulu me recevoir.
L’objet de cet entretien, c’est la situation dans le nord du Mali et son évolution dans le Sahel en général.
Je pense que chacun peut comprendre et admettre que la France suive l’évolution de cette situation avec beaucoup d’acuité, beaucoup de soins, beaucoup d’inquiétude aussi, dans la mesure où, personne ne l’aura oublié, certains de nos compatriotes ont été enlevés et sont morts, et d’autres ont été enlevés et sont toujours détenus en otage.
Donc, pour nous, à l’évidence, nous devons surveiller ce qui se passe jour après jour dans la région, et tout faire pour tenter de trouver des solutions à cette situation, qui s’est dégradée assez rapidement depuis le 17 janvier.
Avec le président de Mauritanie, nous avons fait le tour de la question. Je suis venu dire quel était le sentiment du gouvernement français et quelle était notre vision des choses. Pour nous, c’est assez simple : l’unité, l’intégrité du Mali doivent être absolument préservées, les institutions du Mali, qui est un vieux pays démocratique, doivent aussi être préservées et même renforcées.
C’est la raison pour laquelle nous considérons que le processus électoral qui est engagé pour l’élection présidentielle au Mali à la fin du mois d’avril doit absolument se dérouler tel qu’il a été initialement envisagé, au risque sinon de fragiliser le fonctionnement des institutions.
Troisièmement, nous considérons maintenant qu’il est important que la situation ne s’enlise pas, qu’un cessez-le-feu soit annoncé et que l’on puisse poser sur la table l’ensemble des questions - à la fois des questions d’actualité, mais aussi des questions structurelles - qui surgissent parce qu’elles existaient depuis longtemps et qu’elles n’ont pas trouvé la résolution qui convenait.
L’ensemble des acteurs, avec le concours de tous les pays de bonne volonté qui le peuvent et qui le souhaitent, doivent se retrouvent autour d’une table pour établir la paix des braves, au Mali bien sûr d’abord, mais aussi dans les pays du secteur. Car la situation au Mali a des répercussions dans tous les pays riverains.
Je pense que chacun comprend que la paix et la sécurité sont des préalables de toute politique de développement. Or nous souhaitons le développement de tous les pays d’Afrique pour le bien-être des habitants.
Q - Monsieur le Ministre, certains journaux maliens, proches du gouvernement, accusent la France de soutenir les rebelles touaregs. D’autres accusent la Mauritanie d’exécuter les instructions de la France en soutenant ces rébellions… Quel est votre commentaire ?
R - Le gouvernement français en aucune manière ne soutient une rébellion quelle qu’elle soit. Ce n’est pas dans les habitudes du gouvernement français, parce que nous sommes un pays de droit et par conséquent nous sommes attachés au respect et au fonctionnement des institutions. Pour autant, cela ne nous empêche certainement pas d’appeler tous les acteurs concernés à se retrouver autour d’un projet commun pour s’entendre et permettre à chacun d’avoir des perspectives d’épanouissement et de promotion.
Mais je ne peux pas laisser dire, c’est totalement inexact, que le gouvernement français soutient tel ou tel. Le gouvernement français soutient le droit, rien que le droit, toujours le droit.
Q - (inaudible)
R - Pour ce qui concerne la question qui regarde directement l’action de la Mauritanie, je pense qu’il est préférable de s’adresser à des responsables mauritaniens pour avoir des réponses qui soient appropriées.
En revanche, sur la première partie de votre question, il faut bien comprendre l’esprit dans lequel la France aborde cette problématique. On n’est pas là pour donner la leçon à qui que ce soit. Nous arrivons, parce que nous sommes aussi amis de longue date aussi bien avec la Mauritanie, le Niger que le Mali, et qu’ensuite nous avons des compatriotes qui aujourd’hui sont retenus en otage et c’est extrêmement grave pour nous, c’est une inquiétude de tous les instants. Nous devons absolument tout faire pour ramener nos compatriotes à la maison le plus rapidement possible.
Troisièmement, ce que je veux dire, c’est que toutes les bonnes volontés, quelles qu’elles soient, sont les bienvenues. La Mauritanie, le Niger, mais également d’autres pays aussi peuvent certainement, sous des formes qui doivent rester à définir et en concertation les uns avec les autres, apporter beaucoup à cette recherche effrénée de la paix. Car nous avons un seul et même but : la paix.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 février 2012