Extraits d'une tribune de M. Henri de Raincourt, ministre de la coopération, dans "Libération" du 1er mars 2012, sur la taxe sur les transactions financières, intitulée "Taxe "Robin des Bois", ceux qui en parlent et ceux qui la font".

Prononcé le 1er mars 2012

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Média : Emission Forum RMC Libération - Libération

Texte intégral

Il y a quelques jours, un collectif d’ONG s’inquiétait dans ces colonnes de l’affectation de la future taxe «Robin des Bois», ou taxe sur les transactions financières (…). Qu’il me soit ici permis d’apporter ma contribution à ce débat.
Premièrement, (…) la France se bat depuis 2006 pour que ces nouveaux types de ressources soient mis en œuvre pour le développement, au nom de la solidarité internationale. C’est Jacques Chirac qui a créé le premier outil du genre, en instaurant une taxe sur les billets d’avion. Avec quatre autres pays, il a lancé Unitaid afin de financer la lutte contre les grandes pandémies, le sida en particulier.
Cette taxe est désormais appliquée par de nombreux pays. (…) Grâce aux fonds collectés, 260 millions d’enfants ont été vaccinés.
(…) Une large partie d’entre eux est consacrée au développement, à la santé en particulier.
Deuxièmement, (…) une taxe sur les transactions financières - qui n’a plus rien à voir avec l’impôt de Bourse vient d’être soumise au vote des députés mardi. Car nous devons montrer l’exemple. Et nous espérons que, comme pour Unitaid et l’Iffim, d’autres pays nous emboîteront le pas.
Parallèlement, nous poursuivons nos efforts pour qu’une taxe similaire soit instituée au niveau européen, basée sur une assiette plus large. Comme l’a montré la Commission européenne, sa mise en place au niveau européen permettrait de récolter des montants très significatifs.
Au G20 de Cannes, la Présidence française a associé les pays émergents au débat et fait avancer l’idée que le monde de la finance devait lui aussi participer au financement de la lutte contre la pauvreté et de la protection de l’environnement. Bill Gates, dans un rapport commandé à l’initiative de la France - on l’a trop peu souligné -, a confirmé qu’une telle contribution était économiquement rationnelle. Sans compter qu’elle est juste sur un plan éthique. Résultat : elle a suscité l’intérêt de nos partenaires du G20, dont une moitié a indiqué vouloir aller de l’avant en la matière.
Aujourd’hui, ce sont 9 pays en Europe, 13 pays en Afrique, et au total 24 pays dans le monde, qui se sont ralliés à l’idée de cette nouvelle forme de solidarité internationale.
Notre ambition à terme est de créer une taxe mondiale. Nous avons fait un travail de plaidoyer de fond et gagné l’aval de nombreux partenaires. C’est en très large partie à l’engagement sans faille du président, de son gouvernement et de la société civile de notre pays que nous le devons.
Troisièmement, je confirme ici qu’une partie des recettes provenant des financements innovants ira bien aux pays les plus démunis pour couvrir de nouveaux besoins. En 2012, l’objectif est de créer cette taxe et de rallier un nombre grandissant de pays.
À compter du 1er janvier 2013, chaque année, une partie croissante des recettes de cette taxe sur les transactions financières devra être affectée au développement des pays les plus pauvres et à la protection des biens publics mondiaux, en particulier à la lutte contre le changement climatique.
Je suis convaincu que la France doit continuer à faire preuve de générosité. Elle a tenu son rang tout au long des dernières années. Elle consacre près de 10 milliards d’euros par an, soit 0,5% de sa richesse nationale, à l’aide au développement. Ce qui fait d’elle l’un des quatre principaux bailleurs au monde.
Cet élan fait écho à l’attente d’une majorité de nos concitoyens qui estiment que cette politique est juste et utile. Elle se traduit par des choix budgétaires courageux qui recueillent un large assentiment. J’en veux pour seule preuve que les crédits de notre aide au développement, que j’ai présentés aux parlementaires fin 2011, ont été votés de façon quasiment unanime par l’Assemblée nationale et le Sénat.
Aujourd’hui, les ONG nous interpellent sur l’ampleur des défis à relever. Elles soulignent l’urgence qui s’attache à leur trouver une solution. Elles ont raison ! Nous ne pouvons pas rester inactifs ou nous contenter de promesses.
C’est pourquoi le président de la République et son gouvernement se sont mobilisés sans relâche sur la taxe sur les transactions financières. (…)
Il s’agit d’un combat de longue haleine. Pour le gagner, la mobilisation de tous, et en particulier des ONG, est indispensable.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 mars 2012