Interview de M. Nicolas Dupont-Aignan, candidat de Debout la République à l'élection présidentielle de 2012, sur la nécessité d'un "protectionnisme intelligent", les estimations des instituts de sondages concernant sa candidature, l'organisation d'un débat télévisé réunissant les 10 candidats.

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Média : France 2

Texte intégral

ROLAND SICARD Le journal LE PARISIEN sort aujourd'hui un rapport, qui montre que l’Europe pèche par la naïveté, face à la concurrence, dans un contexte de mondialisation déloyale. C'est du pain béni pour vous.
 
NICOLAS DUPONT-AIGNAN Eh bien écoutez, ça fait un certain nombre d’années que je le dis. Je me souviens d’une réunion extravagante à l’Assemblée nationale, en commission, avec monsieur LAMY, président de l’OMC, l’Organisation mondiale du commerce, avec le gouvernement, et qui m’expliquait que j’avais tort, que je ne comprenais rien à rien, qu’il ne se passait rien, que tout allait bien, et puis petit à petit, vous voyez que le combat est utile, même parfois, au début, solitaire, peut avoir des fruits. Petit à petit, on a compris que j’avais pas tort, que j’avais raison.
 
ROLAND SICARD Mais sur quoi l’Europe...
 
NICOLAS DUPONT-AIGNAN Que cette mondialisation est déloyale. Quand vous jouez aux cartes, vous ne jouez pas avec des tricheurs, ou si vous jouez une fois...
 
ROLAND SICARD Ça arrive, ça arrive.
 
NICOLAS DUPONT-AIGNAN Ça arrive, mais enfin, quand vous jouez une fois avec un tricheur, vous ne recommencez pas. Eh bien nous, on joue avec des pays qui trichent avec toutes les règles, et on supprime nos emplois à cause de cette concurrence déloyale, dans l’industrie, dans l’automobile, dans la chimie, dans tous les domaines. Et donc, enfin, il y a un rapport qui dit que j’ai raison. Eh bien ça me fait du bien, maintenant je souhaite qu’on passe aux travaux pratiques.
 
ROLAND SICARD Alors, qu’est-ce qu’il faut faire ?
 
NICOLAS DUPONT-AIGNAN Eh bien, il faut...
 
ROLAND SICARD On dit protectionnisme ?
 
NICOLAS DUPONT-AIGNAN Protectionnisme intelligent, pas mettre des barrières immenses. Simplement, un exemple, quand un produit arrive sur le marché européen, eh bien le contrôler et vérifier qu’il respecte les normes européennes. Je vais vous donner un exemple, des petits briquets, qui sont fabriqués, je ne vais pas citer la marque, en France. Ces petits briquets sont astreints à des normes, ce qu’il fait qu’ils coûtent plus cher. Et puis arrive, dans des containers de Chine, le même briquet, qui ne respecte aucune norme, qui est dangereux, eh bien l’Union européenne nous interdit d’ouvrir les containers et de les vérifier. C'est fou ! Et donc le marché s’effondre...
 
ROLAND SICARD Autrement dit...
 
NICOLAS DUPONT-AIGNAN ... c'est du chômage, et dans tous les domaines, on a la même chose, et nous on est muet, sourd.
 
ROLAND SICARD Autrement dit, tout est la faute de Bruxelles.
 
NICOLAS DUPONT-AIGNAN Quand on abandonne son pouvoir à une autorité, qui est non élue, qui n’est pas élue, quand on abandonne la direction d’un pays à des bureaucrates, à des technocrates, qui sont parfois soumis à des intérêts, eh bien on voit le résultat au bout de quelques années. Et je suis absolument convaincu que c'est quand on est responsable devant le peuple, qu’on fait attention. C'est la responsabilité politique qui compte.
 
ROLAND SICARD Est-ce qu’il n'est pas déjà trop tard, franchement ?
 
NICOLAS DUPONT-AIGNAN Il n’est jamais trop tard, pour défendre les emplois des Français. Parce que si on continue comme ça, c'est la Sécurité sociale et ce sont les retraites qui ne pourront plus être payées, parce qu’il n’y aura pas suffisamment d’emploi dans notre pays. Alors je propose des mesures très concrètes, comme candidat, je propose que les achats publics....
 
ROLAND SICARD Alors, c'est dans votre programme.
 
NICOLAS DUPONT-AIGNAN C'est dans mon livre, ces mesures très précises, très précises. Quand on fait un achat public, moi je suis maire, quand on fait un achat public, l’Etat devrait acheter en priorité français, à qualité égale. J’ai visité une entreprise, hier, à Montpellier, qui fait faillite, parce que l’Armée de terre, va acheter au Bengladesh, pour une toute petite économie, avec un produit de moins bonne qualité, les survêtements, vous savez, de nos militaires. Eh bien on a mis au tapis 25 ouvrières. Qui va payer le chômage, qui va payer le RSA demain ? C’est l’Etat, donc c'est une mauvaise affaire. Les achats publics doivent aller aux PME et doivent aller aux PME françaises, quand il y a qualité égale, bien sûr. Et puis il faut taxer les produits fabriqués à partir de l’esclavage humain, pour inciter les entreprises, les grandes multinationales, à relocaliser en France. On peut le faire, il y a des pays qui l’ont fait. Le cinéma français, les téléspectateurs, vont au cinéma, il est protégé le cinéma français, il marche, donc on peut...
 
ROLAND SICARD Ils vont voir aussi des films américains.
 
NICOLAS DUPONT-AIGNAN Eh oui ! Ça prouve bien que le protectionnisme, c'est pas exclure l’autre, ce n'est pas se replier, c'est simplement dire à nos compatriotes : « on ne joue plus avec des pays qui trichent », c'est simple, mais on ne le fait pas. On ne le fait pas, pourquoi ? Parce que Bruxelles aujourd'hui nous l’interdit. Il faut donc reprendre notre liberté, pour pouvoir défendre nos intérêts.
 
ROLAND SICARD Alors, autre sujet. Vous attendiez beaucoup de l’égalité des temps de parole dans la campagne, on y est, et vous restez scotché à 1 % dans les sondages. Déception ?
 
NICOLAS DUPONT-AIGNAN D’abord... non, attendez. Les sondages, on les fera à la fin, le 22 avril, et le meilleur sondage, vous savez ce que c'est ? C’est le vote des Français. C’est eux qui ont le pouvoir. Alors, moi je dis aux Français qui nous regardent...
 
ROLAND SICARD Oui, mais enfin, 1 %, c'est pas encourageant, franchement.
 
NICOLAS DUPONT-AIGNAN Attendez, il y a eu beaucoup d’élections où les sondages me mettaient très bas et où j’ai fait de très bons scores. Donc, je dis aux Français : ne vous laissez pas manipuler par des sondages, qui ont des marges d’erreur de 4 %, qui sont faits sur 600 personnes qui répondent, précisément, parce que sur les 1 000, quand on questionne 1 000 personnes, il y en a 400 qui disent « je ne sais pas ». Donc, les sondages sont faits, pour culpabiliser les Français, de voter pour des gens comme moi, différents, pour que les deux qui sont au pouvoir depuis 30 ans, n’aient pas de concurrence. Ils aiment la concurrence dans tous les domaines, notamment de Chine, mais pas en politique, ça, jamais de concurrence. Alors, c'est les Français qui décident, mais sur l’égalité du temps de parole, l’égalité fondamentale, justement, pour que les Français puissent avoir le choix, mais ce que je regrette, c'est qu’il n’y ait plus de débat.
 
ROLAND SICARD Alors, justement, vous réclamez un débat.
 
NICOLAS DUPONT-AIGNAN Eh bien écoutez, primaire socialiste. Primaire socialiste.
 
ROLAND SICARD Il aura lieu ou pas ?
 
NICOLAS DUPONT-AIGNAN Attendez, je n’en sais rien. Primaire socialiste, une élection privée, d’un parti politique. Quand même. On a eu, d'ailleurs sur votre chaine, je crois, deux débats à 20h30. C’était intéressant, mais c’était quand même la primaire du parti socialiste. Est-ce que le premier tour de l’élection présidentielle, sans doute la plus importante, depuis 58, le futur président de la République aura besoin d’avoir une légitimité, parce que ça va être rude, mais pourquoi...
 
ROLAND SICARD Mais qui a intérêt à ce que le débat n’ait pas lieu ?
 
NICOLAS DUPONT-AIGNAN Eh bien les deux « grands candidats ». Pourquoi ? Parce qu’ils ne veulent pas être confrontés à leurs contradictions. Monsieur HOLLANDE, qui est dans le vide sidéral, qui ne dit rien sur rien, on a un candidat socialiste qui est favori, qui ne dit rien sur aucun sujet. Il ne veut pas être confronté à monsieur MELENCHON, à moi-même, à monsieur BAYROU ou à Nicolas SARKOZY, mais Nicolas SARKOZY ne veut pas de débat non plus ; parce que lui non plus, il ne veut pas être confronté aux autres. Mais comment on peut avoir un scrutin sincère, si les Français n’ont pas la possibilité de voir les candidats se répondre, échanger, discuter ? Ça veut dire quoi ? Alors, cet après midi, je vais envoyer, c’est simple, neuf lettres, aux neuf candidats, pour leur dire : « oui ou non, est-ce que vous voulez débattre ? ». Alors, j’ai déjà deux réponses positives, je le sais, c'est BAYROU et MELENCHON, parce que, eux, ils n’ont pas peur du débat. Mais on va voir si les autres sont des peureux ou des courageux. Et a sera aux Français de juger. Et puis j’espère que ça sera une chaine, courageuse aussi, qui invitera les dix candidats, je crois que FRANCE 2 souhaite les inviter...
 
ROLAND SICARD C'est vrai.
 
NICOLAS DUPONT-AIGNAN ... et s’il y en a un ou deux qui ne veulent pas participer, eh bien qu’ils restent chez eux ! Et on fera le débat sans eux, et vous verrez qu’ils vont venir, le soir, à 20 heures moins une, ils vont rappliquer.
 
ROLAND SICARD Sujet très différent. Ce matin, il y a eu une vingtaine d’interpellations dans les milieux islamistes, ça montre quoi d’après vous ?
 
NICOLAS DUPONT-AIGNAN Eh bien ça montre que quand on cherche, il me semble que l’on puisse trouver. Ça montre que s’il y avait la volonté politique, on pourrait se débarrasser de fanatiques, qui ont fait tant de mal à Toulouse, et qui peuvent peut-être en faire d’autre. Donc, moi je dis que quand l’Etat veut, et quand il donne des moyens à nos policiers, à nos gendarmes, eh bien il y a des résultats. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire, et c'est un de mes engagements de campagne, qu’il faut renforcer les moyens de la police et de la gendarmerie. On a voté, souvenez-vous, beaucoup de lois, je les ai votées, les lois du gouvernement, et pourtant je suis souvent critiqué, je les ai votées, mais elles ne sont pas appliquées, parce qu’on a enlevé 12 000 policiers et gendarmes de France. Il faut, il faut remplacer les policiers et les gendarmes qui partent en retraite, il faut contrôler nos frontières pour le trafic d’armes. C'est inacceptable que l’on puisse trouver des armes en vente libre. Et si l’Etat s’y met, je peux vous dire qu’on y arrivera.
 
Source : Premier ministre, Service d’Information du Gouvernement, le 2 avril 2012