Déclaration de M. François Baroin, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, sur le projet de taxe sur les transactions financières, à l'Assemblée nationale le 1er février 2012.

Prononcé le 1er février 2012

Intervenant(s) : 

Circonstance : Séance de questions d'actualité à l'Assemblée nationale, le 1er février 2012

Texte intégral

Monsieur le Député, vous avez raison de rappeler que la France a été aux avant-postes de ce débat dans le concert international, sur une contribution du secteur de l’industrie financière à la réparation de la crise mondiale que nous traversons depuis 2009.
La France a été aux avant-postes dans le cadre de la présidence du G20. Nous avons fait bouger les lignes, nous avons obtenu un mouvement des chancelleries sur cette question, et nous avançons dans la bonne direction.
Le même esprit a animé la France sous l’énergique impulsion du président de la République, aux côtés de la chancelière allemande, pour qu’il y ait une taxe sur les transactions financières à l’échelle de la zone euro, voire plus, à l’exception singulière des Britanniques. Leur position, que je qualifierai presque d’idéologique, s’appuie sur une industrie financière qui constitue l’essentiel de leur activité économique.
Vous posez deux questions essentielles. Tout d’abord, comment cette taxe va-t-elle éviter les délocalisations ? Justement par le choix que nous faisons de taxer les entreprises cotées, et non pas les titres. Si nous avions taxé les titres cotés sur la place de Paris, alors nous aurions provoqué des délocalisations. Mais, puisque nous choisissons de taxer les entreprises cotées quel que soit le lieu de l’échange de titres, nous préservons les emplois et leur localisation. D’une certaine manière, ce système s’inspire du modèle actuellement en vigueur en Grande-Bretagne, le «stamp duty». Il ne sera donc pas contesté de l’autre coté de la Manche.
Ensuite, en quoi ce système diffère-t-il de l’impôt de bourse ? Tout d’abord, son assiette est plus large et il n’y a pas de plafond ; il rapportera ainsi quatre fois plus. Mais nous avons également veillé à ce qu’il n’y ait pas d’impact sur la relance de l’activité économique, et c’est l’une des raisons pour laquelle nous avons exclu la taxation des obligations «corporate», ainsi, naturellement, que celle des obligations d’État, pour éviter de pénaliser les investisseurs institutionnels qui soutiennent nos dettes.
Nous avons en revanche décidé de taxer les dérivés très spéculatifs et la finance à haute fréquence. En ce sens, cette taxe préfigurera la taxe européenne.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 février 2012