Interview de M. David Douillet, ministre des sports dans "Le Figaro" du 22 mars 2012, sur l'avenir olympique de la France.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Emission Forum RMC Le Figaro - Le Figaro

Texte intégral


Q - La France a-t-elle encore un avenir olympique ?
R - La France est perçue comme un pays qui sait organiser, avec un vrai savoir-faire. Ce qui lui manque, c’est de savoir se vendre. La France a un avenir olympique mais c’est une décision qui doit être prise au plus haut niveau de l’État, conjointement avec le mouvement olympique.
Q - 2024 représenterait la date idéale ?
R - Effectivement. Mais le coup du centenaire des Jeux de Paris, je l’ai testé à l’étranger, ce n’est pas un argument. Des choses qui nous parlent sont perçues totalement différemment ailleurs. Il y a un décalage. On a besoin de travailler sur ça.
Q - De quelle manière ?
R - L’idée du président de la République est d’assurer le rayonnement de la France à travers l’organisation de grands événements sportifs. Nous avons procédé à un état des lieux des structures, sachant que la plupart des fédérations n’accordent les grandes organisations que lorsque les structures existent. Il faut donc construire et reconstruire de beaux équipements. Ce que nous faisons à travers le programme des stades de l’Euro 2016, des Arenas, du vélodrome de Saint-Quentin, de la base nautique de Vayres et de la piscine olympique d’Aubervilliers dont on vient enfin de boucler le financement. Et on s’appuiera sur la création d’un comité stratégique international. Parce qu’il faut qu’on arrête de perdre…
Q - Quelles seront la composition et les prérogatives de ce comité ?
R - Il sera composé d’une vingtaine de personnes et tiendra sa première réunion le 3 avril. On a lancé avec le CNOSF un audit pour tout savoir au sujet des candidatures passées. Cela composera notre matière première, nous renseignera sur les erreurs à ne pas commettre. De là, on décidera si la France doit continuer à se positionner pour une grande candidature olympique. On lance également une cellule internationale composée de permanents du ministère. Elle est physiquement introduite dans le CNDS pour accompagner les candidatures et l’organisation. Elle aura aussi pour but de positionner les Français dans les instances internationales, d’animer le réseau du sport international, d’assurer une connexion étroite avec les entreprises et de connecter le mouvement sportif et les collectivités territoriales. Cela pour éviter les dérapages du passé. Il faut comprendre, quelles que soient les opinions politiques, que c’est un travail d’équipe, que c’est la France qui compte.
Q - En cas d’alternance politique, ce dispositif risquerait de disparaître…
R - Non, il y a des choses qui sont acceptées par tout le monde. Le mouvement sportif étant le garant de ce dispositif.
Q - Le désir d’accueillir les JO est-il vraiment fort en ces temps de crise ?
R - Le mouvement sportif a très envie d’y retourner et la France, 5ème nation au monde en termes de résultats, le mérite. Mais il faut le faire de façon réfléchie et coordonnée en n’oubliant pas de se demander si la France a les moyens. C’est une discussion que j’ai eue avec Jacques Rogge, car organiser les JO dans les 15 ans à venir va être très compliqué. Le CIO dit depuis longtemps : «arrêtons le gigantisme».
Q - À propos des Jeux de Londres, quel est pour vous le porte-drapeau idéal ?
R - Ce n’est pas moi qui décide… Il y en a deux qui sortent du lot : Laura Flessel, si elle se qualifie. Elle mérite de porter le drapeau, elle a tout gagné et ce serait une superbe récompense pour ses 5èmes Jeux. Et il y a Tony Parker, qui défend si bien l’amour du maillot et du drapeau.
Q - Teddy Riner sera-t-il sacré à Londres ?
R - Je veux qu’il gagne, comme Lucie Decosse. On a besoin d’or. J’ai dit qu’il fallait doubler le nombre de médailles d’or (7 à Pékin). Et le judo, comme beaucoup d’autres sports olympiques, a besoin de leaders charismatiques pour tirer la discipline. Il se doit de gagner. Si ce n’est pas le cas, je ne comprends plus rien au judo.
(…).
source http://www.sports.gouv.fr, le 23 mars 2012