Texte intégral
Retenue par les contraintes dun agenda particulièrement dense, je ne peux malheureusement clôturer ces deuxièmes rencontres scientifiques de la CNSA comme je lavais initialement prévu.
Cependant, jai tenu à vous adresser ce message pour vous dire tout lintérêt que je porte à ces journées.
Elles ont permis, je le sais, de croiser les regards des différents acteurs et de diffuser la connaissance au service des solutions de demain.
A toutes et à tous, je veux donc adresser ici lexpression de ma profonde gratitude pour le travail accompli.
Je noublie pas, naturellement, le rôle majeur du Conseil scientifique, qui appuie la CNSA dans ses nombreuses missions et dont la pluridisciplinarité favorise des réflexions globales et complémentaires.
« Aide à lautonomie et parcours de vie » : cette année, vous avez choisi un thème qui, en effet, est au cur de la réflexion sur laccompagnement des personnes en situation de perte dautonomie.
Les débats sur la réforme de la dépendance lont dailleurs bien montré : nous devons améliorer la coordination des intervenants autour de la personne âgée dépendante et mettre en place un parcours cohérent, global et adapté.
Réfléchir en termes de parcours, cest dabord garantir la meilleure articulation possible entre les différents acteurs.
De nombreux travaux lont montré : notre pays souffre de nombreux cloisonnements :
* cloisonnement entre le sanitaire et le médico-social ;
* cloisonnement, au sein du secteur médico-social, entre les établissements et les services.
Nous devons désormais mettre en place une logique globale dobjectifs communs et partagés sur un territoire.
Cest tout lenjeu de la loi « Hôpital, patients, santé et territoires » (HPST) que jai portée et fait voter en tant que Ministre de la santé et des sports.
Cette loi na pas, en tant que telle, créé tous les outils de cette coopération, des outils qui préexistaient je pense notamment aux contrats pluriannuels dobjectifs et de moyens ou aux groupements de coopération sociaux et médico-sociaux.
Mais linnovation majeure de la loi HPST, cest davoir mis en place un paysage institutionnel favorisant le développement de cette coopération.
Ainsi, elle a très largement élargi la palette doutils à la disposition des acteurs de terrain.
Tout dabord, la stratégie régionale est désormais pensée de façon globale et transversale, ce qui constitue un véritable changement de paradigme dans la façon dont nous menons les politiques médico-sociales au niveau territorial.
Cest dailleurs toute la philosophie qui a présidé à la création des agences régionales de santé (ARS) : faire sincarner de manière concrète lexigence de transversalité.
Car nest-ce pas, précisément, pour mieux fluidifier le parcours des personnes et permettre de transférer des places du secteur hospitalier vers le secteur médico-social que nous avons décidé de confier en une seule main lintégralité de lorganisation aux ARS ?
Aujourdhui, pour la première fois dans lhistoire de notre pays, nous sommes en mesure de mener des politiques médico-sociales à léchelle dune région, pour apporter des réponses densemble aux besoins des populations. Cest un progrès considérable. Il va permettre de décloisonner les parcours de soins et de diffuser la culture de la prévention chez tous les acteurs.
Cest tout lenjeu du projet régional de santé qui doit être effectivement porteur de décloisonnement et dune démarche globale.
Favoriser le décloisonnement grâce à la stratégie régionale donc, mais aussi grâce à dautres outils.
Je pense notamment au principe de la fongibilité des crédits du secteur sanitaire vers les secteurs médico-social, qui nen est encore quà ses débuts.
Je pourrais également évoquer le fonds dintervention régional (FIR), enveloppe transversale aux deux secteurs introduite par la loi de financement de la sécurité sociale pour 2012.
Sans oublier, à terme, car cest la logique voulue par la loi HPST, la création des objectifs régionaux dassurance maladie, les ORDAM., qui permettront de mettre les ARS en situation de responsabilité sur lensemble des crédits qui transitent aujourdhui par elles.
Raisonner en termes de parcours, cest par ailleurs cerner les besoins des perte dautonomie et identifier les moments charnières pour leur garantir le meilleur accompagnement possible.
Je pense à la transition entre le domicile ou bien lEHPAD et lhôpital, dont on sait quils peuvent être synonymes daccélération dentrée dans la dépendance.
Cest tout lenjeu de lexpérimentation inspirée par le puissant rapport du Haut conseil pour lavenir de lassurance maladie (HCAAM), qui va nous permettre de poser les fondements dune meilleure fluidité du parcours de soin des personnes fragiles.
Cest tout lenjeu également des maisons pour lautonomie et lintégration des malades dAlzheimer (MAIA), qui offrent à la personne âgée en perte dautonomie la bonne prestation, au bon moment, par le bon acteur.
Dans chaque territoire, ces MAIA permettent de faire travailler ensemble tous les acteurs sanitaires, médico-sociaux et sociaux à travers des partenariats féconds.
Sans créer de nouvelle structure, elles favorisent une action pertinente, efficace et sécurisée, sur la base dune évaluation partagée des besoins de la personne concernée.
Sils devront être consolidés, les premiers résultats font apparaître un impact important des MAIA sur le parcours des personnes : le nombre moyen dorganismes contactés par une personne avant darriver à lun des partenaires MAIA a baissé de 3,2 en 2009 à 1,3 en 2010.
Les expérimentations ont par ailleurs montré que le bénéfice des MAIA ne se limite pas aux seules personnes atteintes de la maladie dAlzheimer mais à lensemble des personnes âgées dépendantes.
Les MAIA donc, mais aussi la structuration de loffre de répit aux aidants autour de plateformes de répit autant de dynamiques nouvelles qui favorisent lintégration des différents acteurs.
Pour autant, nous devons aller encore plus loin dans cette logique dintégration des services et des acteurs.
Pour cela, il nous faut approfondir le mouvement de regroupements dans le secteur médico-social pour faire évoluer notre système vers une offre intégrée de type « plateforme de service ».
Cest le sens de la mission que jai confiée, avec Marie-Anne Montchamp, à Jean-Yves Hocquet sur le secteur des personnes handicapées.
Dans cette même perspective, lEHPAD doit constituer un pivot proposant une palette plus large daccompagnement, y compris vers le domicile.
Les travaux des ARS, en effet, ont bien mis en évidence la nécessité de développer le lien entre lhôpital, les EHPAD et les acteurs des services à domicile.
Les bénéfices dune telle organisation seront nombreux : favoriser une meilleure utilisation des dispositifs existants, éviter certaines dégradations de létat des personnes, améliorer la transmission de linformation entre les différents professionnels de santé et daccompagnement.
Encourager les coopérations et les mutualisations, cest aussi lutter contre lisolement des directeurs détablissements médico-sociaux grâce à la constitution déquipes réunissant plusieurs expertises. Jy suis très attachée.
Enfin, raisonner en termes de parcours, cest réconcilier la recherche de la meilleure prise en charge et la recherche de lefficience.
Car ne nous y trompons pas : toute rupture de parcours est à la fois préjudiciable à la personne et préjudiciable à nos finances sociales le rapport du Haut conseil pour lavenir de lassurance maladie la parfaitement montré.
Alors, je vous remercie pour vos travaux que je suis impatiente de lire.
Source http://www.solidarite.gouv.fr, le 21 février 2012