Texte intégral
Jai eu loccasion dintroduire le débat sur la situation dans les pays arabes et je me suis réjouis que linitiative française dénommée «Partenariat de Deauville» soit aujourdhui dans les priorités de la Présidence américaine.
Vous savez de quoi il sagit : les transitions qui sont en cours dans les pays arabes ne réussiront véritablement que si la situation économique de ces pays saméliore et sils sont capables de développer leur marché du travail et doffrir à leur jeunesse des possibilités demploi. Il est donc très important de les accompagner. Pour cela, la Présidence française, lan dernier, avait lancé ce projet du Partenariat de Deauville susceptible de mobiliser 70 milliards de dollars, dont à peu près la moitié en provenance dorganisations internationales, (FMI, la Banque mondiale et banques régionales de développement), une vingtaine de milliards de la part des pays du Golfe et une dizaine de milliards de la part des pays du G8, la France ayant elle-même annoncé sa propre participation sur la période 2011-2013.
Ce qui compte aujourdhui, cest de transformer ces engagements en plan daction. La Présidence française sy est beaucoup employée à la fin de lannée dernière et de nouveaux progrès ont été réalisés. Des premiers décaissements ont pu intervenir mais il faut aller plus loin. Jai bien insisté sur la nécessité dune conjonction de volontés, celles des pays du G8 de faire fonctionner le système et celles des pays bénéficiaires dêtre capable de formuler leur demande et de mettre au point ces fameux plans daction que je viens dévoquer.
Je voudrais bien sûr mattarder sur la Syrie qui nous a beaucoup occupés puisque nous sommes dans une période tout à fait cruciale. Vous connaissez les dernières évolutions : la mission de Kofi Annan, Envoyé spécial à la fois des Nations unies et de la Ligue arabe dans le cadre du mandat qui lui a été confié sur la base de la résolution de lAssemblée générale des Nations Unies. Nous avons dès le départ soutenu cette mission. Elle a donné lieu, aujourdhui même, à un rapport de Kofi Annan devant le Conseil de sécurité qui est un rapport en demi-teinte.
Dun côté, il relève que le régime de Damas na pas pleinement tenu les engagements quil avait pris en acceptant le plan en six points de lEnvoyé spécial. En particulier, les troupes gouvernementales nont pas été éloignées des centres urbains et elles nont pas regagné leurs casernes. Jusquà ce matin en tout cas, des violences continuent à être perpétrées en Syrie.
Hier, le ministre des Affaires étrangères syrien avait annoncé un cessez-le-feu à 06 h 00, heure de Damas. Il semble que ce cessez-le-feu ait été effectif à partir de cette heure matinale et quune certaine amélioration de la situation puisse donc être notée. Nous en avons-nous-mêmes pris note au sein du G8 et cest ce que fait également la France.
Cela dit, nous restons extrêmement vigilants. Il est très important de vérifier que ce début dapaisement sur le terrain se prolonge et que lensemble du plan en six points est effectivement respecté par les différentes parties concernées. Cest la raison pour laquelle nous soutenons à fond le projet de déploiement sur le terrain dune mission dobservateurs des Nations unies qui, dans notre esprit, doit être une mission robuste, cest-à-dire suffisamment nombreuse et équipée pour pouvoir se déplacer librement dans le pays sans être à la merci de la bonne volonté du régime de Damas.
En ce moment-même, nous déposons, avec nos amis américains et britanniques, un projet de résolution au Conseil de sécurité qui donnerait la base légale du déploiement de cette mission avec deux étapes, comme le souhaite Kofi Annan : immédiatement, une sorte déchelon avancé qui pourrait se rendre sur le terrain et puis, le plus vite possible, une mission plus étoffée dans lesprit que je viens de signaler.
Voilà où nous en sommes. Il y a peut-être un espoir de voir la situation saméliorer. Nous appelons bien sûr lopposition syrienne à respecter également ce cessez-le-feu. Mais je pense quil est encore trop tôt pour manifester une vraie satisfaction sur lévolution de la situation. Nous avons été trop habitués par le passé à des annonces de la part du gouvernement syrien non suivies deffets, nous allons donc observer très attentivement ce qui va se passer dans les prochaines heures et les prochains jours.
Jajoute que cette résolution du Conseil de sécurité insistera aussi, bien évidemment, sur la nécessité dacheminer rapidement une aide humanitaire importante puisque la situation sest beaucoup dégradée. Nous avons vu, au cours des derniers jours, augmenter très sensiblement les flux de réfugiés, notamment en direction de la Turquie. On sait que la situation, dans beaucoup de régions du pays, est extraordinairement tendue et difficile pour les populations. Il faut donc que laide humanitaire puisse être acheminée dans les meilleures conditions et le plus rapidement possible.
Je crois navoir rien oublié dessentiel sur ce dont nous avons débattu ce matin et sur tout ce qui est en train de se passer au Conseil de sécurité.
Q - Demander aux dirigeants syriens darrêter les combats, ce nest pas leur demander de sen aller ?
R - Vous connaissez le plan en six points.
Ce plan prévoit un premier point qui est la mise en uvre dune transition politique qui doit aboutir à des élections libres permettant au peuple syrien de choisir librement son destin. Est-ce quil choisira de soutenir le régime actuel ? Je nen suis pas sûr mais cela fait partie intégrante de notre démarche et cest un point sur lequel nous serons particulièrement vigilants.
Il y a le cessez-le-feu, il y a le retour des troupes dans les casernes, il y a laccueil de la mission des Nations unies, il y a laccès des médias internationaux au territoire syrien, la liberté de manifester et de sexprimer. Il y a aussi «an inclusive Syrian political process that addresses the legitimate aspiration of the Syrian people».
Cela fait partie intégrante du plan, il ne sagit pas de figer la situation politique et « dacter le statu quo» si je puis dire. Il y a tout un processus dynamique qui doit aller jusquau bout de cette logique.
Q - Avez-vous noté un certain rapprochement de la Russie ? À défaut dun accord, peut-être une abstention ?
R - Jai longuement discuté hier avec Serguei Lavrov sur ce point. Je ne veux pas parler à sa place ni faire preuve de trop doptimisme. Nous avons des points de convergence sur certains aspects : le soutien à la mission Kofi Annan, la prise en considération du rapport quil vient de faire au Conseil de sécurité, le soutien également à la mise en place dun mécanisme dobservation cest-à-dire dune mission dobservateurs des Nations unies. Je vois donc mal comment la Russie pourrait sopposer au projet de résolution que nous sommes en train de déposer sur le bureau du Conseil de sécurité.
Nous restons évidemment dans la divergence en ce qui concerne lanalyse de la situation. Comme je lai rappelé hier, il nest pas question pour nous de renvoyer dos à dos les deux acteurs sur le terrain. La responsabilité pèse, pour lessentiel, sur le régime qui, au début, aurait pu et aurait dû engager un vrai processus de réforme en prenant en compte les aspirations de son peuple. Il ne la pas fait. Cest lui qui, par la répression quil a exercée dès le départ, est responsable de lutilisation darmes par une partie de lopposition afin de se défendre. On ne peut en aucune manière mettre les deux choses sur le même plan et je ne souscris pas du tout à lidée selon laquelle Damas serait la malheureuse victime dune opération terroriste visant à le déstabiliser ou à le renverser.
Q - Le sénateur McCain était en Turquie il y a 48 heures. Il a appelé publiquement la communauté internationale à agir plus, notamment à armer lopposition syrienne. Quelle est votre position là-dessus ?
R - Nous sommes dans la logique que je viens de vous décrire. Cette logique, cest le soutien à la mission de Kofi Annan, la mise en uvre de son plan en six points qui ne prévoit pas de sengager dans une escalade de nature militaire. Si les choses naboutissaient pas, si on se rendait compte que les engagements de Damas nétait pas tenus alors nous serions dans une autre configuration, une autre situation.
Q - Vous avez une «deadline» en tête ?
R - Dans les jours qui viennent. Il est prévu que Kofi Annan revienne devant le Conseil de sécurité, régulièrement. Donc, au fur et à mesure de ces différents rapports, de nos observations, des informations dont nous disposons Nous avons toujours en tête aussi lidée dune réunion des amis de la Syrie au mois de mai pour essayer, là encore, de faire le bilan et éventuellement dexercer les pressions nécessaires.
Q - Sur la Corée du Nord, vous avez discuté avec les Américains ? Que fait-on en cas de lancement du satellite suivi dun essai ? Na-t-on pas été trop optimiste ?
R - Nous condamnerons vigoureusement cet essai, sil a lieu, puisquà lévidence cest un mélange des genres. Il ne sagit pas seulement dun satellite de communication, mais cest également un missile de portée balistique qui est tout à fait en contravention avec les résolutions des Nations unies.
Q - Et sur le dossier iranien ?
R - Nous avons aussi évoqué cette question. La rencontre dIstanbul se prépare, cest demain. Catherine Ashton était là et nous a rendu compte du dernier état de la préparation entre les Six. Nous avons une position tout à fait commune, nous partageons à 100 % lobjectif qui est de faire en sorte que lIran respecte ses engagements internationaux : le Traité de non prolifération que ce pays a signé, les résolutions du Conseil de sécurité, celles de lAgence internationale de lénergie atomique.
Nous sommes prêts à nous engager dans un processus de discussion qui porte sur cela et pas autre chose ; avec, évidemment, une démarche étape par étape. Mais du point de vue français, il nappartient pas aux Six de prendre les devants en faisant des ouvertures prématurées. Donc nous allons voir quels sont les engagements pris par les Iraniens et la discussion se poursuivra.
Q - Vous avez le sentiment que les Américains sont plus optimistes que dhabitude ?
R - Optimistes ? Je ne sais pas. Dans ce genre de dossier loptimisme nest pas de mise. Ils sont réalistes. On va voir, je ne peux pas vous dire ce qui sortira de la réunion de demain. On verra si les Iraniens sont enfin prêts à jouer le jeu ou si cest encore une manuvre dilatoire. On y verra plus clair demain. En tout cas, la position de la France est claire, ce nest pas à nous de faire le premier pas.
Q - Les Américains disent de plus en plus que sil ny a pas daction, «les mots, ça suffit». Est-ce votre sentiment et pensez-vous que loption militaire va arriver ?
R - Vous savez ce que nous pensons : la meilleure manière déviter une option militaire dont les conséquences pourraient être incalculables, cest de maintenir sur le régime iranien une pression forte, avec des sanctions fortes comme celles prises par lUnion européenne ; et puis sengager simultanément dans un processus de discussion dans les limites que je viens dindiquer.
Q - Sur la Corée du Nord, vous dites «on condamne». Donc, sils tirent leur satellite, vous condamnez vigoureusement, sils suivent avec un essai nucléaire vous allez au Conseil de sécurité de lONU ?
R - On verra à ce moment là.
Q - Na-t-on pas été trop optimistes sur la Corée du Nord ?
R - Il y a eu des avancées dans la négociation avec la Corée, et il y a eu des retours en arrière. Nous maintiendrons donc une position très ferme et, là encore, il est hors de question pour nous que la Corée du Nord développe une arme nucléaire ou une puissance balistique.
Q - Pour revenir sur la Syrie, où en est ce nouveau projet de résolution ? Quand pourrait-il sortir ? Est-ce une initiative française ? La France essaye-t-elle de prendre un leadership là-dessus ? On sent une proximité avec les Britanniques aussi
R - Non, ce nest pas une question de leadership. Je ne raisonne pas en ces termes. Nous avons travaillé en P3, cest-à-dire les membres permanents du Conseil de sécurité qui sont les plus proches de nous, les Américains et les Britanniques. Le texte existe, on vient de me le passer par e-mail. Il sera déposé à 15 h ; nous visons donc une approbation le plus vite possible, si possible demain.
Q - Et sur lapplication immédiatement pour le déploiement des observateurs ? Combien dobservateurs dans un premier temps ? Combien dans un second temps ?
R - Lidée de Kofi Annan est davoir une équipe avancée - qui pourrait comporter quelques dizaines dobservateurs -, qui pourrait, dans les jours qui viennent, se rendre sur le terrain pour sassurer que, effectivement, le cessez-le-feu est réel ; et ensuite, dans la foulée - cela pourrait être une question de jours - une force qui pourrait, elle, être de plusieurs centaines dobservateurs suffisamment bien équipés.
Ce qui est important pour nous, cest que la résolution prévoit bien les conditions dintervention de cette force, qui ne doit pas être dans les mains du régime de Damas. Elle doit pouvoir se déplacer librement, rencontrer qui elle veut rencontrer, et sa sécurité doit être assurée par le régime tout en préservant sa capacité dintervention et de mobilité.
Q - Une porte de sortie est-elle prévue pour Bachar ? Lui a-t-on donné des garanties ou est-ce que cest démocratie contre tribunal militaire ?
R - Cest aux Syriens den décider. Je vous ai dit que cétait un processus politique conduit à linitiative des Syriens. Ce nest pas nous qui allons nous substituer à eux. On évoque souvent le précédent yéménite qui sest accompagné dune amnistie pour les précédents dirigeants La France pour sa part, jy ai veillé, a réuni un certain nombre déléments de preuves qui permettraient, le cas échéant et le moment venu, de saisir la justice internationale parce quil y a eu des crimes contre lhumanité qui ont été commis, cest une évidence.
Q - Quel est le moteur de lincitation pour que le régime accepte de
R - Le moteur, cest tout ce que nous avons fait depuis des mois et des mois. La pression internationale, est présente. Je ne vais pas vous rappeler tout ce que lon a fait depuis des mois et des mois, de tentatives, devant le Conseil de sécurité, dobtention dune résolution devant lAssemblée générale avec 137 voix ; le lancement par la France de lidée du Groupe des amis de la Syrie ; la réunion de Tunis ; la réunion dIstanbul avec 80 participants ; les déclarations de la Présidence du Conseil de sécurité. Cest donc un processus dont on peut se dire quil est dramatiquement lent, compte tenu de la gravité de la situation. Eh bien, cest comme cela que vont les choses sur la scène internationale.
Nous avons, petit à petit, isolé le régime, fait avancer à la fois, je crois, les Chinois et les Russes ; aujourdhui il nest pas complètement exclu que la Russie puisse sassocier à ce projet de résolution au Conseil de sécurité dans les termes que je viens de dire. Cest donc cela le moteur, cest laction diplomatique que nous avons menée, cest la pression que nous avons faite dans le respect de la légalit?? internationale, puisquil ny avait pas pour linstant de mandat du Conseil de sécurité. Jai oublié de dire, évidemment la désignation de Kofi Annan et le soutien que nous lui avons apporté, le travail avec la Ligue arabe, etc., etc.
Q - Pensez-vous quun régime qui est dos au mur peut accepter les propositions internationales ?
R - Quand vous êtes dos au mur, vous commencez à réfléchir, sauf si vous avez un goût marqué pour le suicide, mais ce nest pas peut-être quelque chose dabsolument répandu.
Q - Peut-être pas un goût marqué non plus pour les tribunaux militaires...
R - Oui, eh bien, nous exercerons la pression à ce moment-là ; il suffit de montrer quon exécute de bonne foi les engagements quon a pris. Si on ne les exécute pas, effectivement on se met dans une mauvaise position.
Q - Vous dites quil nest pas totalement exclu que la Russie sassocie à la résolution présentée, est-ce que ce serait un vote positif ou ce serait une abstention ?
R - Hier, dans mon entretien avec Serguei Lavrov, comme je lai dit, jen ai retiré lidée que la Russie était favorable, dabord à la poursuite de la mission de Kofi Annan, à la mise en uvre du plan en six points quil a préparé, et, dans cet esprit - quil a présenté -, au déploiement dune mission dobservateurs des Nations unies et de ce que Serguei Lavrov lui-même avait proposé il y a quelques semaines et quil appelait le «monitoring mecanism». Donc, sur tout cela, je pense quil y a une base daccord.
À partir de là, vous savez comment cela se passe : la rédaction de la résolution sera pesée à la virgule près, quel sera le degré de sévérité de cette résolution à lencontre du régime ? Est-ce quelle fera appel aussi à lopposition ? Tout cela va donc être négocié cet après-midi.
Jespère quon pourra arriver très vite à une prise de position, parce quil faut bien marquer, vis-à-vis du régime, que cette fois-ci ce nest pas simplement un rapport de Kofi Annan, cest une résolution du Conseil de sécurité avec une prise de position ferme et une espèce dultimatum qui est fixé à la Syrie de se conformer avec les engagements quelle a pris.
Q - Est-ce que vous trouvez les Américains assez allants sur la Syrie ? Une grille de lecture ici dit que cest aussi confortable de pouvoir se cacher derrière le dos de la Russie, de ne pas en faire trop...
R - Ah, je croyais que cétait derrière le dos de la France, qui, elle, est particulièrement allante !
Q - Non, mais, cette analyse peut valoir dailleurs pour la France qui est aussi en campagne électorale, peut-être que les...
R - Oh non je ne vais pas Les déclarations dHillary Clinton ont été dune très grande fermeté sur le dossier syrien, nous avons travaillé main dans la main, participé à toutes les réunions du Groupe des amis de la Syrie, et les entretiens que nous avons eu aujourdhui, elle et moi, ont montré une très grande convergence de vue. Je ne sens pas du tout de freinage de ce côté-là, au contraire.
Q - Résultat : les massacres continuent quand même...
R - Oui, mais cela je vous ai dit pourquoi, je sais bien que chaque fois que je parle de la Syrie on me dit «les massacres continuent». Que voulez-vous que je vous réponde à cela ? La seule façon darrêter les massacres, cela aurait été soit dobtenir une résolution du Conseil de sécurité avec une intervention militaire et vous savez très bien que cest impossible ; soit de violer la légalité internationale et de le faire sans mandat. Donc, je nai pas de réponse à votre question. Bien sûr que les massacres continuent, bien que ce soit pour nous, comme je lai dit, un immense sentiment de frustration, mais voilà on fait ce quon peut, et on fait beaucoup. On fait beaucoup et je vous ai rappelé toutes les initiatives que nous avons prises, et peut-être quaujourdhui cest en train douvrir une porte, enfin un petit coin de ciel un peu moins gris que dhabitude.
Q - Mais quest-ce qui fait changer les Russes davis alors, pourquoi les Russes...
R - Eh bien, tout le monde change davis... dabord parce quon prend conscience de la responsabilité du régime. Quand vous voyez un régime qui en est à dix mille morts, cela commence à vous faire réfléchir ; et deuxièmement quand vous avez face à face les 137 pays de lAssemblée générale des Nations unies, 80 délégations réunies à Istanbul et la pression de la communauté internationale, cela fait réfléchir. Voilà, je pense, que cest cela qui a, petit à petit, conduit les Russes là où ils en sont aujourdhui.
Q - Vous évoquez une mission robuste dobservateurs qui vont jouir de la liberté de mouvement. Pouvez-vous clarifier un petit peu comment cela se traduirait dans la préparation ?
R - Je crois que cest assez simple...
Q - Est-ce que la mission pourrait être armée ?
R - Cest une mission nombreuse dabord, cest une mission bien équipée, qui nest pas destinée à ouvrir des hostilités militaires naturellement, ce nest pas une force armée mais qui a la capacité de jouer pleinement son rôle et de ne pas, je le répète, se trouver dans la main du régime pour que ce soit le régime qui décide de lendroit où elle va, des personnes quelle rencontre et des investigations quelle mène. Il faut quelle ait sa capacité daction.
À partir de là, ce nest pas à moi de définir exactement les conditions, il y a pour cela un département des opérations de maintien de la paix aux Nations unies qui est excellemment dirigé par un Français dailleurs... qui doit y travailler.
Q - Il y a un modèle auquel vous vous référez dans le passé pour cette mission ?
R - On verra.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 avril 2012
Vous savez de quoi il sagit : les transitions qui sont en cours dans les pays arabes ne réussiront véritablement que si la situation économique de ces pays saméliore et sils sont capables de développer leur marché du travail et doffrir à leur jeunesse des possibilités demploi. Il est donc très important de les accompagner. Pour cela, la Présidence française, lan dernier, avait lancé ce projet du Partenariat de Deauville susceptible de mobiliser 70 milliards de dollars, dont à peu près la moitié en provenance dorganisations internationales, (FMI, la Banque mondiale et banques régionales de développement), une vingtaine de milliards de la part des pays du Golfe et une dizaine de milliards de la part des pays du G8, la France ayant elle-même annoncé sa propre participation sur la période 2011-2013.
Ce qui compte aujourdhui, cest de transformer ces engagements en plan daction. La Présidence française sy est beaucoup employée à la fin de lannée dernière et de nouveaux progrès ont été réalisés. Des premiers décaissements ont pu intervenir mais il faut aller plus loin. Jai bien insisté sur la nécessité dune conjonction de volontés, celles des pays du G8 de faire fonctionner le système et celles des pays bénéficiaires dêtre capable de formuler leur demande et de mettre au point ces fameux plans daction que je viens dévoquer.
Je voudrais bien sûr mattarder sur la Syrie qui nous a beaucoup occupés puisque nous sommes dans une période tout à fait cruciale. Vous connaissez les dernières évolutions : la mission de Kofi Annan, Envoyé spécial à la fois des Nations unies et de la Ligue arabe dans le cadre du mandat qui lui a été confié sur la base de la résolution de lAssemblée générale des Nations Unies. Nous avons dès le départ soutenu cette mission. Elle a donné lieu, aujourdhui même, à un rapport de Kofi Annan devant le Conseil de sécurité qui est un rapport en demi-teinte.
Dun côté, il relève que le régime de Damas na pas pleinement tenu les engagements quil avait pris en acceptant le plan en six points de lEnvoyé spécial. En particulier, les troupes gouvernementales nont pas été éloignées des centres urbains et elles nont pas regagné leurs casernes. Jusquà ce matin en tout cas, des violences continuent à être perpétrées en Syrie.
Hier, le ministre des Affaires étrangères syrien avait annoncé un cessez-le-feu à 06 h 00, heure de Damas. Il semble que ce cessez-le-feu ait été effectif à partir de cette heure matinale et quune certaine amélioration de la situation puisse donc être notée. Nous en avons-nous-mêmes pris note au sein du G8 et cest ce que fait également la France.
Cela dit, nous restons extrêmement vigilants. Il est très important de vérifier que ce début dapaisement sur le terrain se prolonge et que lensemble du plan en six points est effectivement respecté par les différentes parties concernées. Cest la raison pour laquelle nous soutenons à fond le projet de déploiement sur le terrain dune mission dobservateurs des Nations unies qui, dans notre esprit, doit être une mission robuste, cest-à-dire suffisamment nombreuse et équipée pour pouvoir se déplacer librement dans le pays sans être à la merci de la bonne volonté du régime de Damas.
En ce moment-même, nous déposons, avec nos amis américains et britanniques, un projet de résolution au Conseil de sécurité qui donnerait la base légale du déploiement de cette mission avec deux étapes, comme le souhaite Kofi Annan : immédiatement, une sorte déchelon avancé qui pourrait se rendre sur le terrain et puis, le plus vite possible, une mission plus étoffée dans lesprit que je viens de signaler.
Voilà où nous en sommes. Il y a peut-être un espoir de voir la situation saméliorer. Nous appelons bien sûr lopposition syrienne à respecter également ce cessez-le-feu. Mais je pense quil est encore trop tôt pour manifester une vraie satisfaction sur lévolution de la situation. Nous avons été trop habitués par le passé à des annonces de la part du gouvernement syrien non suivies deffets, nous allons donc observer très attentivement ce qui va se passer dans les prochaines heures et les prochains jours.
Jajoute que cette résolution du Conseil de sécurité insistera aussi, bien évidemment, sur la nécessité dacheminer rapidement une aide humanitaire importante puisque la situation sest beaucoup dégradée. Nous avons vu, au cours des derniers jours, augmenter très sensiblement les flux de réfugiés, notamment en direction de la Turquie. On sait que la situation, dans beaucoup de régions du pays, est extraordinairement tendue et difficile pour les populations. Il faut donc que laide humanitaire puisse être acheminée dans les meilleures conditions et le plus rapidement possible.
Je crois navoir rien oublié dessentiel sur ce dont nous avons débattu ce matin et sur tout ce qui est en train de se passer au Conseil de sécurité.
Q - Demander aux dirigeants syriens darrêter les combats, ce nest pas leur demander de sen aller ?
R - Vous connaissez le plan en six points.
Ce plan prévoit un premier point qui est la mise en uvre dune transition politique qui doit aboutir à des élections libres permettant au peuple syrien de choisir librement son destin. Est-ce quil choisira de soutenir le régime actuel ? Je nen suis pas sûr mais cela fait partie intégrante de notre démarche et cest un point sur lequel nous serons particulièrement vigilants.
Il y a le cessez-le-feu, il y a le retour des troupes dans les casernes, il y a laccueil de la mission des Nations unies, il y a laccès des médias internationaux au territoire syrien, la liberté de manifester et de sexprimer. Il y a aussi «an inclusive Syrian political process that addresses the legitimate aspiration of the Syrian people».
Cela fait partie intégrante du plan, il ne sagit pas de figer la situation politique et « dacter le statu quo» si je puis dire. Il y a tout un processus dynamique qui doit aller jusquau bout de cette logique.
Q - Avez-vous noté un certain rapprochement de la Russie ? À défaut dun accord, peut-être une abstention ?
R - Jai longuement discuté hier avec Serguei Lavrov sur ce point. Je ne veux pas parler à sa place ni faire preuve de trop doptimisme. Nous avons des points de convergence sur certains aspects : le soutien à la mission Kofi Annan, la prise en considération du rapport quil vient de faire au Conseil de sécurité, le soutien également à la mise en place dun mécanisme dobservation cest-à-dire dune mission dobservateurs des Nations unies. Je vois donc mal comment la Russie pourrait sopposer au projet de résolution que nous sommes en train de déposer sur le bureau du Conseil de sécurité.
Nous restons évidemment dans la divergence en ce qui concerne lanalyse de la situation. Comme je lai rappelé hier, il nest pas question pour nous de renvoyer dos à dos les deux acteurs sur le terrain. La responsabilité pèse, pour lessentiel, sur le régime qui, au début, aurait pu et aurait dû engager un vrai processus de réforme en prenant en compte les aspirations de son peuple. Il ne la pas fait. Cest lui qui, par la répression quil a exercée dès le départ, est responsable de lutilisation darmes par une partie de lopposition afin de se défendre. On ne peut en aucune manière mettre les deux choses sur le même plan et je ne souscris pas du tout à lidée selon laquelle Damas serait la malheureuse victime dune opération terroriste visant à le déstabiliser ou à le renverser.
Q - Le sénateur McCain était en Turquie il y a 48 heures. Il a appelé publiquement la communauté internationale à agir plus, notamment à armer lopposition syrienne. Quelle est votre position là-dessus ?
R - Nous sommes dans la logique que je viens de vous décrire. Cette logique, cest le soutien à la mission de Kofi Annan, la mise en uvre de son plan en six points qui ne prévoit pas de sengager dans une escalade de nature militaire. Si les choses naboutissaient pas, si on se rendait compte que les engagements de Damas nétait pas tenus alors nous serions dans une autre configuration, une autre situation.
Q - Vous avez une «deadline» en tête ?
R - Dans les jours qui viennent. Il est prévu que Kofi Annan revienne devant le Conseil de sécurité, régulièrement. Donc, au fur et à mesure de ces différents rapports, de nos observations, des informations dont nous disposons Nous avons toujours en tête aussi lidée dune réunion des amis de la Syrie au mois de mai pour essayer, là encore, de faire le bilan et éventuellement dexercer les pressions nécessaires.
Q - Sur la Corée du Nord, vous avez discuté avec les Américains ? Que fait-on en cas de lancement du satellite suivi dun essai ? Na-t-on pas été trop optimiste ?
R - Nous condamnerons vigoureusement cet essai, sil a lieu, puisquà lévidence cest un mélange des genres. Il ne sagit pas seulement dun satellite de communication, mais cest également un missile de portée balistique qui est tout à fait en contravention avec les résolutions des Nations unies.
Q - Et sur le dossier iranien ?
R - Nous avons aussi évoqué cette question. La rencontre dIstanbul se prépare, cest demain. Catherine Ashton était là et nous a rendu compte du dernier état de la préparation entre les Six. Nous avons une position tout à fait commune, nous partageons à 100 % lobjectif qui est de faire en sorte que lIran respecte ses engagements internationaux : le Traité de non prolifération que ce pays a signé, les résolutions du Conseil de sécurité, celles de lAgence internationale de lénergie atomique.
Nous sommes prêts à nous engager dans un processus de discussion qui porte sur cela et pas autre chose ; avec, évidemment, une démarche étape par étape. Mais du point de vue français, il nappartient pas aux Six de prendre les devants en faisant des ouvertures prématurées. Donc nous allons voir quels sont les engagements pris par les Iraniens et la discussion se poursuivra.
Q - Vous avez le sentiment que les Américains sont plus optimistes que dhabitude ?
R - Optimistes ? Je ne sais pas. Dans ce genre de dossier loptimisme nest pas de mise. Ils sont réalistes. On va voir, je ne peux pas vous dire ce qui sortira de la réunion de demain. On verra si les Iraniens sont enfin prêts à jouer le jeu ou si cest encore une manuvre dilatoire. On y verra plus clair demain. En tout cas, la position de la France est claire, ce nest pas à nous de faire le premier pas.
Q - Les Américains disent de plus en plus que sil ny a pas daction, «les mots, ça suffit». Est-ce votre sentiment et pensez-vous que loption militaire va arriver ?
R - Vous savez ce que nous pensons : la meilleure manière déviter une option militaire dont les conséquences pourraient être incalculables, cest de maintenir sur le régime iranien une pression forte, avec des sanctions fortes comme celles prises par lUnion européenne ; et puis sengager simultanément dans un processus de discussion dans les limites que je viens dindiquer.
Q - Sur la Corée du Nord, vous dites «on condamne». Donc, sils tirent leur satellite, vous condamnez vigoureusement, sils suivent avec un essai nucléaire vous allez au Conseil de sécurité de lONU ?
R - On verra à ce moment là.
Q - Na-t-on pas été trop optimistes sur la Corée du Nord ?
R - Il y a eu des avancées dans la négociation avec la Corée, et il y a eu des retours en arrière. Nous maintiendrons donc une position très ferme et, là encore, il est hors de question pour nous que la Corée du Nord développe une arme nucléaire ou une puissance balistique.
Q - Pour revenir sur la Syrie, où en est ce nouveau projet de résolution ? Quand pourrait-il sortir ? Est-ce une initiative française ? La France essaye-t-elle de prendre un leadership là-dessus ? On sent une proximité avec les Britanniques aussi
R - Non, ce nest pas une question de leadership. Je ne raisonne pas en ces termes. Nous avons travaillé en P3, cest-à-dire les membres permanents du Conseil de sécurité qui sont les plus proches de nous, les Américains et les Britanniques. Le texte existe, on vient de me le passer par e-mail. Il sera déposé à 15 h ; nous visons donc une approbation le plus vite possible, si possible demain.
Q - Et sur lapplication immédiatement pour le déploiement des observateurs ? Combien dobservateurs dans un premier temps ? Combien dans un second temps ?
R - Lidée de Kofi Annan est davoir une équipe avancée - qui pourrait comporter quelques dizaines dobservateurs -, qui pourrait, dans les jours qui viennent, se rendre sur le terrain pour sassurer que, effectivement, le cessez-le-feu est réel ; et ensuite, dans la foulée - cela pourrait être une question de jours - une force qui pourrait, elle, être de plusieurs centaines dobservateurs suffisamment bien équipés.
Ce qui est important pour nous, cest que la résolution prévoit bien les conditions dintervention de cette force, qui ne doit pas être dans les mains du régime de Damas. Elle doit pouvoir se déplacer librement, rencontrer qui elle veut rencontrer, et sa sécurité doit être assurée par le régime tout en préservant sa capacité dintervention et de mobilité.
Q - Une porte de sortie est-elle prévue pour Bachar ? Lui a-t-on donné des garanties ou est-ce que cest démocratie contre tribunal militaire ?
R - Cest aux Syriens den décider. Je vous ai dit que cétait un processus politique conduit à linitiative des Syriens. Ce nest pas nous qui allons nous substituer à eux. On évoque souvent le précédent yéménite qui sest accompagné dune amnistie pour les précédents dirigeants La France pour sa part, jy ai veillé, a réuni un certain nombre déléments de preuves qui permettraient, le cas échéant et le moment venu, de saisir la justice internationale parce quil y a eu des crimes contre lhumanité qui ont été commis, cest une évidence.
Q - Quel est le moteur de lincitation pour que le régime accepte de
R - Le moteur, cest tout ce que nous avons fait depuis des mois et des mois. La pression internationale, est présente. Je ne vais pas vous rappeler tout ce que lon a fait depuis des mois et des mois, de tentatives, devant le Conseil de sécurité, dobtention dune résolution devant lAssemblée générale avec 137 voix ; le lancement par la France de lidée du Groupe des amis de la Syrie ; la réunion de Tunis ; la réunion dIstanbul avec 80 participants ; les déclarations de la Présidence du Conseil de sécurité. Cest donc un processus dont on peut se dire quil est dramatiquement lent, compte tenu de la gravité de la situation. Eh bien, cest comme cela que vont les choses sur la scène internationale.
Nous avons, petit à petit, isolé le régime, fait avancer à la fois, je crois, les Chinois et les Russes ; aujourdhui il nest pas complètement exclu que la Russie puisse sassocier à ce projet de résolution au Conseil de sécurité dans les termes que je viens de dire. Cest donc cela le moteur, cest laction diplomatique que nous avons menée, cest la pression que nous avons faite dans le respect de la légalit?? internationale, puisquil ny avait pas pour linstant de mandat du Conseil de sécurité. Jai oublié de dire, évidemment la désignation de Kofi Annan et le soutien que nous lui avons apporté, le travail avec la Ligue arabe, etc., etc.
Q - Pensez-vous quun régime qui est dos au mur peut accepter les propositions internationales ?
R - Quand vous êtes dos au mur, vous commencez à réfléchir, sauf si vous avez un goût marqué pour le suicide, mais ce nest pas peut-être quelque chose dabsolument répandu.
Q - Peut-être pas un goût marqué non plus pour les tribunaux militaires...
R - Oui, eh bien, nous exercerons la pression à ce moment-là ; il suffit de montrer quon exécute de bonne foi les engagements quon a pris. Si on ne les exécute pas, effectivement on se met dans une mauvaise position.
Q - Vous dites quil nest pas totalement exclu que la Russie sassocie à la résolution présentée, est-ce que ce serait un vote positif ou ce serait une abstention ?
R - Hier, dans mon entretien avec Serguei Lavrov, comme je lai dit, jen ai retiré lidée que la Russie était favorable, dabord à la poursuite de la mission de Kofi Annan, à la mise en uvre du plan en six points quil a préparé, et, dans cet esprit - quil a présenté -, au déploiement dune mission dobservateurs des Nations unies et de ce que Serguei Lavrov lui-même avait proposé il y a quelques semaines et quil appelait le «monitoring mecanism». Donc, sur tout cela, je pense quil y a une base daccord.
À partir de là, vous savez comment cela se passe : la rédaction de la résolution sera pesée à la virgule près, quel sera le degré de sévérité de cette résolution à lencontre du régime ? Est-ce quelle fera appel aussi à lopposition ? Tout cela va donc être négocié cet après-midi.
Jespère quon pourra arriver très vite à une prise de position, parce quil faut bien marquer, vis-à-vis du régime, que cette fois-ci ce nest pas simplement un rapport de Kofi Annan, cest une résolution du Conseil de sécurité avec une prise de position ferme et une espèce dultimatum qui est fixé à la Syrie de se conformer avec les engagements quelle a pris.
Q - Est-ce que vous trouvez les Américains assez allants sur la Syrie ? Une grille de lecture ici dit que cest aussi confortable de pouvoir se cacher derrière le dos de la Russie, de ne pas en faire trop...
R - Ah, je croyais que cétait derrière le dos de la France, qui, elle, est particulièrement allante !
Q - Non, mais, cette analyse peut valoir dailleurs pour la France qui est aussi en campagne électorale, peut-être que les...
R - Oh non je ne vais pas Les déclarations dHillary Clinton ont été dune très grande fermeté sur le dossier syrien, nous avons travaillé main dans la main, participé à toutes les réunions du Groupe des amis de la Syrie, et les entretiens que nous avons eu aujourdhui, elle et moi, ont montré une très grande convergence de vue. Je ne sens pas du tout de freinage de ce côté-là, au contraire.
Q - Résultat : les massacres continuent quand même...
R - Oui, mais cela je vous ai dit pourquoi, je sais bien que chaque fois que je parle de la Syrie on me dit «les massacres continuent». Que voulez-vous que je vous réponde à cela ? La seule façon darrêter les massacres, cela aurait été soit dobtenir une résolution du Conseil de sécurité avec une intervention militaire et vous savez très bien que cest impossible ; soit de violer la légalité internationale et de le faire sans mandat. Donc, je nai pas de réponse à votre question. Bien sûr que les massacres continuent, bien que ce soit pour nous, comme je lai dit, un immense sentiment de frustration, mais voilà on fait ce quon peut, et on fait beaucoup. On fait beaucoup et je vous ai rappelé toutes les initiatives que nous avons prises, et peut-être quaujourdhui cest en train douvrir une porte, enfin un petit coin de ciel un peu moins gris que dhabitude.
Q - Mais quest-ce qui fait changer les Russes davis alors, pourquoi les Russes...
R - Eh bien, tout le monde change davis... dabord parce quon prend conscience de la responsabilité du régime. Quand vous voyez un régime qui en est à dix mille morts, cela commence à vous faire réfléchir ; et deuxièmement quand vous avez face à face les 137 pays de lAssemblée générale des Nations unies, 80 délégations réunies à Istanbul et la pression de la communauté internationale, cela fait réfléchir. Voilà, je pense, que cest cela qui a, petit à petit, conduit les Russes là où ils en sont aujourdhui.
Q - Vous évoquez une mission robuste dobservateurs qui vont jouir de la liberté de mouvement. Pouvez-vous clarifier un petit peu comment cela se traduirait dans la préparation ?
R - Je crois que cest assez simple...
Q - Est-ce que la mission pourrait être armée ?
R - Cest une mission nombreuse dabord, cest une mission bien équipée, qui nest pas destinée à ouvrir des hostilités militaires naturellement, ce nest pas une force armée mais qui a la capacité de jouer pleinement son rôle et de ne pas, je le répète, se trouver dans la main du régime pour que ce soit le régime qui décide de lendroit où elle va, des personnes quelle rencontre et des investigations quelle mène. Il faut quelle ait sa capacité daction.
À partir de là, ce nest pas à moi de définir exactement les conditions, il y a pour cela un département des opérations de maintien de la paix aux Nations unies qui est excellemment dirigé par un Français dailleurs... qui doit y travailler.
Q - Il y a un modèle auquel vous vous référez dans le passé pour cette mission ?
R - On verra.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 avril 2012