Texte intégral
Mes chers amis, merci de votre soutien, merci de votre présence si nombreuse, merci de votre engagement.
Nous sommes à quelques jours dun choix historique. La question à laquelle la France devra répondre, où souhaitons-nous aller ? Cest un choix historique ! Cest un choix qui comptera dans lhistoire de notre pays. Ce nest pas un choix politique au sens traditionnel, il ne sagira pas de choisir un camp plutôt quun autre, il ne sagira pas de voter ou dexprimer un choix selon des habitudes, selon une tradition, selon des appartenances. Il sagira de réfléchir à la seule chose qui compte, quel avenir pour notre pays ? Quel avenir pour vos enfants ? Quelle société dans laquelle nous voulons vivre ? Ce choix est historique parce que lavenir se joue maintenant, parce que nous navons pas le droit à lerreur et parce que chacun détient dans sa main une parcelle du destin de la France.
Nous sortons dune période de quatre années de crise dune violence inouïe. Pendant ces quatre années, je nai eu dautre préoccupation que celle de protéger les Français et de conduire la France. Imaginons ce quaurait donné dans cette période si violente, si troublée, si complexe à la tête des affaires de lEtat ceux qui dans le passé ont fait la retraite à 60 ans sans avoir un centime pour la payer, où les 35 heures qui ont été une faute économique, sociale et morale pour notre pays. Ils sont les champions du monde pour donner des leçons, jy reviendrai, mais partout où leurs amis ou leurs idées étaient aux responsabilités de la Grèce à lEspagne on voit la situation dans laquelle se trouvent ces pays. Pas un Français aujourdhui ne peut souhaiter pour la France la situation que les Grecs, que les Portugais, que les Irlandais ou même que les Espagnols connaissent aujourdhui dans leur pays. Ce drame, ces échecs nous les avons évités à la France. Pourquoi les avons-nous évités ? Pour deux raisons, la première c'est parce quavec François FILLON et le gouvernement nous avons pris les décisions quil fallait prendre au moment où elles devaient être prises. Même quand cétait difficile, même quand cétait complexe, même quand cétait impopulaire, il y avait des décisions à prendre, ces décisions nous ont protégés de la catastrophe. Regardez où sont aujourdhui tous ceux, tous ces pays dont les dirigeants nont pas eu le courage de prendre les décisions au moment où elles devaient être prises. A ce moment-là, ce sont les peuples qui paient la lâcheté de leurs dirigeants et qui paient dautant plus dur que les décisions ont été différées. Et il y a une deuxième raison au fait que la France a été protégée, ce sont les valeurs que nous avons défendues. Il y a deux raisons, les décisions et les valeurs. Dans le monde nouveau qui est en train de naître, alors quun monde ancien nen finit pas de mourir, dans ce monde nouveau les pays qui sen sortent sont les pays forts et il ny a pas de pays forts qui ne soient des pays qui sont convaincus que les valeurs quils défendent sont les bonnes.
La campagne que jai engagée c'est pour dire à la France dêtre fidèle à ces valeurs, la première de ces valeurs c'est le travail. Vous dans cette région, dans ce département du Pas-de-Calais, dans cette ville, dans cette région qui a souffert de tant de crises, je peux regarder tous les visages dans la salle et tous vous portez sur vos visages lhistoire de vos familles et lhistoire de vos familles c'est lhistoire dun travail personnel familial qui vous a conduits à compter dabord sur vous-mêmes avant de compter sur les autres, le travail ici cest une tradition ! Le travail, la responsabilité, ici on sait bien ce que ce mot veut dire. Chacun est responsable de soi-même, la société nest pas responsable de tout, les autres ne sont pas coupables de tout ! Dans les valeurs qui sont les nôtres, ce sont les parents qui soccupent de leurs enfants, qui en assument leurs responsabilités, et ce sont les enfants devenus adultes qui ont la responsabilité de leurs parents, ce sont les valeurs qui sont les nôtres. Ce nest pas toujours lautre, le voisin, le pays, la société, « ya quà », « faut que », « ils sont les responsables », nous défendons une idée simple, quand on est responsable on assume ses responsabilités ! Nous défendons ces valeurs, nous osons dire quaucune société ne peut fonctionner sans un minimum dautorité, que le laxisme, que la faiblesse, que la lâcheté qui consiste à accepter tout y compris à refuser de sanctionner quand il convient de sanctionner ne peut conduire quà la catastrophe, que si on ne craint pas la sanction et que si ceux dont le rôle est de lappliquer ne veulent pas le faire, alors c'est toute la société qui se désagrège, travail, responsabilité, autorité. Ici dans cette région, on sait ce que veut dire le mot « solidarité », ça veut dire que lorsque lun dentre vous met un genou à terre, quand il est frappé par la maladie, par un licenciement collectif auquel il nest pour rien ou quand la vie qui peut être cruelle lui impose une épreuve, alors c'est toute la communauté nationale qui doit être à ses côtés. Mais cette solidarité à laquelle vous êtes attachés dans le Nord-Pas-de-Calais vous fait refuser avec dautant plus de force lassistanat qui consiste à porter des gens qui ne font aucun effort pour mériter la solidarité de la société ! Elle est là la différence, oui à la solidarité, non à lassistanat parce que lassistanat est payé par le travail des Français ! Travail, responsabilité, autorité, solidarité !
Mais aussi dans nos corpus de valeurs il y a le mot « Nation » parce que si nous regardons le monde, le monde autour de nous, que tu connais si bien, chère Michèle, la Nation, quels sont les pays qui comptent ? Ce sont des pays qui défendent avec acharnement leur identité nationale. A-t-on vu la Chine refuser de défendre son identité ? Voit-on le Brésil sexcuser de son identité ? Et les Etats-Unis dAmérique, le pays soi-disant le plus libéral au monde, a-t-on vu la floraison de ses drapeaux devant chacun des maisons parce que le peuple américain profondément est fier de son pays, laime et le revendique ! Et nous nous voulons dire « nous sommes fiers de la France, nous ne supportons plus la culpabilisation de la France et nous nacceptons pas que lon attaque la France, la Nation ! » Et nous nous disons nous sommes les héritiers dune mémoire collective, nous ne sommes pas nés dans un pays qui est une page blanche, c'est la France de CHATEAUBRIAND, de Victor HUGO, cest la France de MAUPASSANT, cest la France qui a une histoire, c'est la France qui vient de loin, c'est la France qui a des racines et nous ne voulons pas quon nous empêche de dire que dans les racines de la France il y a les racines chrétiennes de la France comme il y a ce long manteau déglises et de cathédrales tout au long de nos territoires ! Et je le dis, André, je le dis devant mon ami André ROSSINOT, dire cela ce nest en rien remettre en cause la laïcité, dire cela ce nest en rien faire la promotion dune église ou dune religion, naturellement, mais que lon me comprenne bien, quand on ne sait pas doù on vient on ne peut pas prévoir où lon va, quand on renie ses origines, son histoire, sa patrie, on nest pas à même de proposer à ses enfants un avenir. Je nai pas un inventé les cathédrales et les églises, je dis simplement moi profondément Européen que lorsquil a été refusé dinscrire dans la Constitution européenne quil y avait une histoire chrétienne, une origine, des racines chrétiennes, alors il y a nombre de Français qui se sont dit que lEurope était une menace pour leur identité et ce jour-là on a fait un mauvais choix parce que lEurope, au contraire, a été construite pour protéger lidentité européenne et la civilisation européenne !
La Nation, il y a quelques années lorsquon rencontrait des dirigeants de grandes entreprises, ils vous expliquaient cette chose fausse, que lentreprise maintenant navait plus de nationalité, quelle était une entreprise monde, quelle sadressait à lunivers, quelle ne pensait quà lavenir, quelle oubliait le passé. Il a suffi de quelques semaines de crise pour que tous ces dirigeants de toutes ces grandes entreprises dans la crise et dans la tempête, pas un seul ne sest trompé de port dattache quand il a fallu rentrer à la maison et demander quon les aide, alors ce nétait plus les entreprises monde, cétait les entreprises de France parce la France quand il sagit de protéger la France a répondu présent, voilà la vérité ! Quand le vent souffle dans les voiles, quand la mer est dhuile, chacun oublie la nécessité du port dattache mais lorsquil y a de la tempête, que les vents mauvais soufflent, quil y a des difficultés, nul à travers le monde ne sest trompé dadresse pour demander de laide, les entreprises américaines ont frappé à la porte du président américain et les entreprises françaises tout dun coup nétaient pas des entreprises monde, elles étaient des entreprises dont le siège social était en France et dont il fallait que le contribuable français soccupe, protège et aide, voilà la vérité, la Nation, la Nation française !
Et puis dans les valeurs qui sont les nôtres c'est aussi la République, la République qui soppose et qui sopposera de toutes ses forces à toutes velléités et tentations de communautarisme, la République c'est le contraire du communautarisme. La République elle est accueillante mais elle dit à celui ou à celle quelle accueille « tu es accueilli dans un pays qui a une longue histoire, qui a une tradition, qui a un mode de vie, qui a des valeurs et ce pays qui est prêt à taccueillir nacceptera pas quon remette en cause ces valeurs, ces traditions et son mode de vie ! La République, la nôtre, cher Daniel, la République, celle qui dit quà Lille comme ailleurs sur le territoire de la République nous ne voulons pas de piscine municipale avec des horaires pour les femmes et des horaires pour les hommes ! Que dans nos hôpitaux nous voulons les mêmes médecins pour les femmes et pour les hommes parce que c'est la République française ! Et que dans nos écoles nous voulons les mêmes menus pour tous les enfants dune République laïque ! La République qui accueille, cher Marc-Philippe, mais la République qui dit « il y a des limites, il y a des choses que nous ne voulons pas, il y a des propos que nous ne voulons pas entendre, il y a des opinions qui à notre sens nen sont pas » Et c'est pourquoi cest la République qui interdit à certains prédicateurs de venir dans un certain congrès parce que la démocratie française naccepte pas quon fasse sur son territoire lapologie didées faisant référence à des concepts, à des valeurs qui sont le contraire des nôtres ! Et nous ne voulons pas de congrès où les hommes sont assis dun côté et les femmes de lautre ! Et nous ne voulons pas sur nos cartes didentité de visage qui soit recouvert dun voile ! Et nous ne voulons pas de femme dans le territoire de la République qui soit enfermée derrière des prisons de tissu !
Voilà les valeurs qui sont les nôtres, la République ! Ce sont nos valeurs ! Et lécole, dans nos valeurs lécole de la République c'est dabord une école qui est une école de lexcellence parce que lécole du nivellement ce nest pas la nôtre, parce que dans la conception qui est la nôtre lécole doit tirer tout le monde vers le haut et dans la conception qui est la nôtre ce nest pas en abaissant le niveau de tous quon revalorise les diplômes de chacun ! Nous ne voulons pas du nivellement ! Dans lécole, lécole de la République, il faut mériter son diplôme et son examen ! Dans lécole, lécole de la République, nous disons que le laxisme nest pas une preuve damour, c'est une preuve de faiblesse parce que quand on aime les enfants que la République vous a confié, on les tire vers le haut, on leur apprend que sans effort il ny a rien et que sans un minimum de discipline on ne peut pas progresser dans léchelle de la société, lécole de la République ! Dans lécole de la République, nous refusons de considérer que cette école, lécole de la République, soit la propriété des seuls syndicats qui parlent au nom des enseignants parce que lécole de la République c'est laffaire des familles de France, pas dun certain nombre de corporatismes !
Que lon me comprenne bien, cher Marc-Philippe, quand on parle de la question du statut des enseignants, il est parfaitement normal den discuter avec les représentants syndicaux des enseignants mais quand on parle de lécole de la Nation, on demande lavis des familles de la Nation française parce que lécole vous appartient, elle nest la propriété daucun groupe de pression quel quil soit, voilà lécole que nous souhaitons, lécole de la République ! Dans lécole de la République, on accueille tout le monde et lenfant de lavocat est à côté de lenfant de la femme de ménage et lenfant du chef dentreprise doit être à côté de lenfant de la famille dimmigrés à égalité de droits et de devoirs. Mais dans cette école de la République on a une conception de légalité qui nest pas légalitarisme, on reconnait comme un droit et comme un devoir que lenfant qui en a le plus besoin bénéficie de plus dattention. Légalité ce nest pas de donner à chacun la même chose, légalité cest de donner à chacun selon son besoin. Et il y a des enfants qui ont besoin de plus dattention parce quils se noient tout seuls dans lécole de la République ! Cest une injustice, c'est une injustice que de considérer que quand on a mis 20, 25, 30 enfants dans la même classe on peut sen laver les mains, que tous ont les mêmes droits, parce que tous ne viennent pas du même endroit, certains viennent de plus loin et ceux qui viennent de plus loin ont besoin dêtre davantage aidés, soutenus, encadrés. Dans lécole de la République que je souhaite, je veux que sur ces 750 000 enfants qui arrivent chaque année les 100 000 qui narrivent pas à suivre on sen occupe de chacun comme dun trésor parce que ce sont les enfants de la République. Quon sen occupe dès la maternelle, dès le CP, quon regarde leurs difficultés à ce moment-là parce que ces mêmes enfants dont on naura pas regardé et traité les difficultés à ce moment-là que deviendront-ils à 15 ans, à 18 ans, à 20 ans, où les retrouverons-nous ? Dans lécole de la République, on attache plus de prix à un enfant qui a du mal à suivre, nous donnerons des moyens aux directeurs et aux maires, m-a-i-r-e-s, pour soccuper de chacun de ces enfants, pour mettre autour deux tous les spécialistes, pour traiter leurs difficultés, pour les amener, pour que nul ne soit en situation déchec. Mais dans lécole de la République que nous souhaitons il est inutile de penser quon va passer du primaire au collège si on ne sait pas clairement lire, écrire, compter parce que si on ne sait pas clairement lire, écrire, compter on na aucune chance de sen sortir au collège et au lycée ! Lécole de la République !
La famille, la famille nest pas un gros mot ! Je suis pour une société qui soit ouverte, tolérante, compréhensive. Les choses ont bien changé, les couples ne sont plus les mêmes, les familles sont recomposées, jen sais quelque chose, et il y a beaucoup damour et parfois beaucoup de douleur dans lhistoire dune famille. Et après tout, cest peut-être moins dhypocrisie, plus de vérité, il ne faut juger ni nos parents ni nos enfants, la vie est ce quelle est et chacun la vit comme il le peut. Mais je veux dire une chose, ce respect du droit à la différence et aux histoires familiales personnelles ne doivent pas conduire à culpabiliser ceux qui croient dans la famille, qui se sont engagés dans la famille, qui respectent la famille et qui ont besoin de la famille ! Comprenez-moi, cest une chose la différence, cen est une autre que de contester une institution fondamentale de notre société parce que quand tout va mal, quand les choses sécroulent, quand la vie est cruelle, chacun dentre nous sait bien que sa famille c'est son trésor le plus précieux. Et moi je suis fier que la France ait une politique familiale ambitieuse et je naccepterai jamais, vous mentendez, jamais quon touche à la politique familiale de la France, voilà les convictions qui sont les nôtres !
La générosité, nous sommes les héritiers dun grand pays et je le dis dans cette région, sans doute lune des plus généreuses de France, qui a accueilli, oh, vous savez, je suis venu tant de fois dans le Nord et dans le Pas-de-Calais, jen connais quasiment toutes les villes, jai arpenté tant de fois les toutes de votre région et jai tant de fois parlé aux habitants du Nord et du Pas-de-Calais, tant de fois, tant de fois, ça ne veut pas dire que joublie les Picards qui pourraient être ici, naturellement, mais je veux dire une chose, la générosité ici vous lavez pratiquée et moi, madame le Maire de Calais, jai été peut-être, suis-je même lhomme politique qui est venu le plus souvent dans le Calaisis à lépoque où il y avait les problèmes que chacun connait. Je suis venu ici et jai vu que la générosité du Nord-Pas-de-Calais ce nétait pas simplement un proverbe, ce nétait pas simplement un mythe, quelle région aurait accepté pendant des années que des responsables politiques qui étaient à quelques kilomètres ne viennent pas mettre les pieds dans le hangar de la honte à Sangatte où je suis venu tant de fois pour régler moi-même ce problème et cette question ! Comme cest facile de parler de la générosité sans la vivre ! Tous ceux, cette gauche caviar qui aime donner des leçons à tous ceux qui souffrent et dont pas un seul navait mis les pieds dans le hangar de Sangatte, « cachez cette réalité que je ne veux pas voir ! » Mais les habitants de Sangatte, les habitants de Calais, les habitants du Calaisis, les habitants de la Côte dOpale, cette réalité ils lont supportée pendant des années sans quil y ait eu un mot, sans quil y ait eu une violence de la part dune population généreuse, accueillante, qui a souffert, qui a supporté parce quelle considérait que ceux qui étaient là souffraient encore plus que cette population, on lavait abandonnée, on laissait le problème. Jai dû moi en tant que ministre de lIntérieur venir tant de fois pour régler cette question et après tout dans les décorations que jai reçues peut-être lune de celles dont je suis le plus fier c'est dêtre citoyen dhonneur de la ville de Sangatte, titre qui ma été conféré par un maire qui nétait pas de ma famille politique ! Générosité ! Mais Lille était si loin que madame AUBRY nétait jamais venue dans le hangar de Sangatte ! Mais comme madame GUIGOU qui avait des responsabilités ministérielles nétait jamais venue dans le hangar de Sangatte, « cachez cette réalité que je ne veux pas voir ! »
Cest pareil pour ceux qui donnent des leçons pour dire il faut accueillir davantage de gens ! Ce sont ceux qui habitent dans les quartiers où ils regardent les problèmes de limmigration avec des jumelles parce que dans les quartiers où ils habitent, ça ne se pose pas et ça nexiste pas ! Ce sont ceux-là même qui mettent leurs enfants dans des écoles où il ny a pas de problèmes et ils nont aucune leçon à donner à tous ceux de nos compatriotes qui mettent leurs enfants dans des écoles ghettos, qui souffrent et qui nacceptent pas quon leur interdise le droit dexprimer cette souffrance. Générosité, cela veut dabord dire lucidité, on nest pas généreux quand on refuse la lucidité.
La lucidité moblige à dire que si la France est un pays ouvert, je noublie pas doù je viens, je sais doù je viens. La France sest construite en accueillant, pas en se refermant. Moi, je me bats pour la France forte, pas pour la France faible. La France forte est une France ouverte, ce nest pas une France fermée. La France forte, cest une France qui aime, qui accueille, qui reçoit. Jamais vous ne mentendrez vous monter contre les uns ou contre les autres. Jamais vous ne mentendrez pratiquer, si peu que ce soit, cette attitude détestable de lamalgame. Mais je veux avec la même force dire aujourdhui, ici, dans votre région, regardons la situation, le système dintégration à la française ne fonctionne plus. Il ne fonctionne plus parce quon na pas assez demplois, parce quon na pas assez de logements, parce quon na pas assez décoles. Sil ne fonctionne plus, cest parce quà peine a-t-on accueilli des gens, quon en accueille dautres et quon ne peut pas se préoccuper dintégrer ceux quon a déjà accueillis parce quon en a trop accueilli, voilà la vérité que je veux défendre devant les Français !
Jaffirme devant tous mes amis, Jean-René, tous ceux qui sont ici, quelles que soient vos origines politiques, quels que soient vos engagements, jaffirme que ce que je dis fait la synthèse de ce que nous pensons tous, que ce que je dis est profondément humaniste, profondément républicain. Parce que ce nest pas républicain de contester la réalité, parce que ce nest pas être humaniste de ne pas voir les souffrances. Parce que les premiers à souffrir de cette situation sont les enfants détrangers que lon accueille et quon laisse dans des ghettos parce quon na pas demploi, parce quon na pas de logement et parce quon na pas décole pour les accueillir, voilà la vérité, elle est là la vérité !
Jai pris un engagement, dans les cinq années qui viennent, je diviserai par deux le nombre de personnes que nous accueillerons. Parce que je veux faire repartir la machine à intégrer. Parce que je ne peux pas dire aux Français, il y a des déficits, faites des sacrifices, et que je ne peux pas tolérer dans lidée que je me fais de la France que lon puisse accepter une forme dimmigration qui ne viendrait en France que pour la seule raison que nos prestations sociales y sont plus généreuses quailleurs ! Oui, Jacques, moi, je joue cartes sur table, je dis les choses ! Je vais même dire autre chose, ce fut une grande erreur de la part des républicains, aux confins des années 80, de refuser de parler de ces questions que ressentaient les Français, dont souffraient les Français. Parce que cest une chose de ne pas avoir tous les moyens de résoudre les questions et les problèmes, cela en est une autre de contester lexpression même de la souffrance.
Lautre jour, jétais lautre matin à la radio, une radio où manifestement spontanément, ce nétait pas moi quils attendaient ! Il fallait quand même maccueillir ! Parce que la conception que nous avons de légalité, cest neuf contre un ! Et quil faut quand même pousser un petit peu les murs pour me faire de la place ! Jarrive donc, dans la joie, lallégresse, jétais ravi, je me dis, tiens, je commence bien ma journée ! Parfois, on se sent stimulé ! Il y avait un reportage qui était fait, moi, je viens dans cette campagne en vérité, personne ne me fera taire, personne ne me fera renoncer à défendre mes idées. Personne. Donc, il y a un reportage qui est fait sur les militants qui me soutiennent je les en remercie on choisit, cette radio choisit au hasard la Seine-Saint-Denis et on entend une femme qui dit : « Nous, on nen peut plus, on nen peut plus ! » Alors, on lui pose des questions, des questions, elle dit une chose quelle naurait pas dû dire cette dame, elle dit : « Ceux qui nous rendent la vie impossible ne sont pas de telle nationalité, elle parlait des Portugais. » On me demande de réagir. Je dis une chose : Cette dame na pas lhabitude des micros. Pardon, elle ne participe pas au cirque médiatique où on veut tout dire sans rien dire et où ça marche très bien dailleurs, on ne dit rien. Cette dame, elle a, à sa manière, avec ses mots, qui nétaient pas les bons, exprimé une souffrance.
Je voudrais quand même quon comprenne que si cette dame, je ne suis pas engagé par ses mots, m-o-t-s, je suis engagé par sa souffrance. Cest à elle que je veux parler et pas à celui qui lui a tendu un micro. Je veux que vous me compreniez, si moi je ne parle pas à cette femme, alors, un jour, elle ne votera plus ou, un jour, elle votera pour les extrêmes. Je veux vous dire une chose, le vote pour Jean-Marie LE PEN, ça a bien servi François MITTERRAND pendant deux septennats. Le vote pour Marine LE PEN, ça servira François HOLLANDE, voilà ce dont je ne veux pas !
Alors, bien sûr, Daniel, le politiquement correct ou la pensée unique aurait dû me conduire à dire : « Mais comment, vous ny pensez pas, mon image ! Cette femme a tort, cette femme est coupable. » Je ne dirai pas ça. Parce que je pense que le peuple de France na pas tort quand il exprime sa colère et sa souffrance. Parce que je pense que la responsabilité de républicains que nous sommes, cest de ramener vers nous ces femmes et ces hommes qui ont désespéré des républicains parce quils ont le sentiment quon les a abandonnés. Cest pour eux que je veux me battre, cest à eux que je veux parler et cest eux que je veux ramener vers nous. Parce que le vote pour les extrêmes, cest le vote pour des solutions qui sont des mensonges et que le mensonge na jamais répondu à la souffrance de ceux qui souffrent sincèrement. On ne répond pas à une souffrance sincère par un mensonge. On répond à la souffrance sincère par la vérité.
Je veux donc dire que ces objectifs, je ne veux pas quil y ait de surprise, je veux mengager devant vous. On me dit : « Mais comment allez-vous y arriver ? » En faisant respecter des règles très simples. Dabord, je pense que nous ne devons plus accepter sur notre territoire qui que cela soit qui nait pris la peine, avant dentrer sur notre territoire, dapprendre le français et de retenir les valeurs de la République. Je vais mexpliquer. Imaginez, imaginez quelle peut être la vision dun enfant de famille immigrée dans notre école, dont la mère est enfermée au domicile, parce quelle ne parle pas un mot de français, parce que son mari disons les choses comme elles sont lempêche de sortir, la claquemure dans lappartement, les rares fois où elle peut sortir de lappartement, la claquemure derrière une prison de tissu. Cet enfant-là, dont la maman, la mère nest pas capable de lire le mot ou la lettre de linstituteur ou du professeur, nest pas capable de soutenir une conversation avec le professeur de son enfant, quelle image ce jeune enfant aura-t-il, devenu grand, de la société française, de sa mère, de lautorité de sa mère et de ses parents ? Quelle image ? Naturellement, il ne sagira pas, Jean-René, de faire apprendre le français à des gosses de quatre ans ! Mais je pense quà partir de seize ans, lapprentissage du français et un examen passé dans nos consulats avant de rentrer sur le sol de la République française, cest la garantie dune intégration réussie dans la République française.
Lautre jour, il y a quelquun qui minterrogeait de façon aimable, parfois, jai le sentiment davoir droit à un régime particulier ! Mais ça me maintient en forme ! Il me dit : « Mais vous vous rendez compte, vous avez dit la même chose que Marine LE PEN ! » Je ne sais pas ce que javais dû dire, mais quelque chose doriginal comme je préfère le beau temps à la pluie ! Je veux mattarder sur cette remarque. La question nest pas de voir la comparaison entre des propositions, la question, cest le raisonnement qui conduit à apporter une réponse. Le raisonnement, ça compte. Les valeurs, ça compte. Parfois, on peut se dire, avec monsieur HOLLANDE ou avec madame LE PEN ou avec qui vous voulez, quil y a une réponse qui est commune. Mais cest le raisonnement qui compte derrière, cest les valeurs quon y met. Quand on y met la peur, quand on y met la haine, quand on y met le rejet, quand on y met la détestation de lautre, alors, on se trompe parce quon nest pas dans les valeurs de la République. Quand on y met la volonté de refaire partir la machine à intégrer, la volonté quaucun gamin sur le sol de la République française ne se trouve perdu dans son école ou dans sa famille ou nait à ressentir la moindre honte pour sa mère parce quelle est exclue de la société dans laquelle cet enfant veut se faire sa place, à ce moment-là, on nest pas généreux, on na rien compris à lesprit de la République française.
Je veux parler en vérité et dans les mots, m-o-t-s, que jai choisis pour mon intervention de ce soir avec vous, il y en a un sur lequel je veux mexpliquer plus particulièrement, cest le mot frontière. Un mot qui a été banni de nos discours. Je veux faire comprendre que la frontière, cest un élément qui nous réunit, ce nest pas un élément qui nous sépare. Imaginez, lorsque vous êtes chez vous, si vous aimez à recevoir le voisin ou inviter le voisin de palier ou le voisin de pavillon, cest parce que vous êtes sûr dêtre chez vous et que le cadastre protège votre propriété. Si demain, il ny a plus de cadastre, plus de propriété, plus de titre de bail de location, vous tous, dans la même maison, le même appartement, vous vous sentirez en instabilité, vous serez profondément inquiet. A ce moment-là, vous développerez une agressivité à lendroit de toute personne qui sera susceptible de pouvoir contester votre identité, votre demeure, votre famille, votre foyer. La frontière protège, la frontière rassure. Cest parce quon est rassuré par son pays et la frontière de son pays quon tend la main de lautre côté de la frontière pour inviter lami qui est le voisin, voilà la réalité !
La frontière nest pas un obstacle. Regardez lhistoire de lhumanité, lorsquil ny avait aucune frontière, aucun pays, cest le premier arrivé ! Le premier arrivé navait pour faire respecter son endroit, son foyer et sa famille que se battre, que la force ! Le cadastre, la frontière est un élément dapaisement. Si nous avons voulu construire lEurope, cette région qui a tant souffert, tant souffert, cest pour faire lamitié avec nos voisins et notamment avec les Allemands. Mais nous avons voulu lEurope pour être plus forts, parce que nous pensions que, ensemble, nous défendrions mieux nos frontières. Nous ne voulons pas dune Europe passoire, nous ne voulons pas quentre la Grèce et la Turquie, il y ait 115 kilomètres de frontières européennes qui ne soient défendues, contrôlées et gérées par personne ! Ce nest pas pour cela que nous avons fait lEurope ! LEurope, nous lavons faite pour être plus forts. Je dis donc que si, au bout dun an, lEurope na pas mis bon ordre dans Schengen, une direction politique de Schengen, des sanctions pour un Etat qui ne respecterait pas la garde des frontières européennes, à ce moment-là, la France se réserve le droit de suspendre lapplication de Schengen et de rétablir des contrôles ponctuels à ses frontières ! Je me sens parfaitement fidèle, Jacques, à mon idéal européen !
Il en va ainsi pour la réciprocité, il est normal quon impose à nos industriels des règles environnementales, chère Nathalie, à nos éleveurs des règles de traçabilité, à nos producteurs et à nos agriculteurs des règles pour la maîtrise des pesticides. Mais il est inacceptable que dans le même temps où on impose à nos producteurs, à nos agriculteurs, à nos entrepreneurs des règles, on continue à importer en Europe des produits venant de pays qui ne respectent aucune des règles que lon impose à nos producteurs, à nos agriculteurs et à nos éleveurs ! Je dis que si nous nobtenons pas dans un an la réciprocité, la France veillera à ce que les marchés publics des élus communaux, des élus départementaux, des élus régionaux et de lEtat, je dis que ces marchés publics seront réservés exclusivement aux entreprises qui produiront et qui fabriqueront en Europe, à lexclusion des autres !
Dailleurs, cest une erreur de fonder toute la stratégie européenne ou nationale sur la seule question du consommateur. Parce que le jour où le consommateur a perdu son emploi, je me demande bien ce quil peut consommer ! Nous devons penser au travailleur, au producteur, au chercheur, à lagriculteur et pas simplement au consommateur. Cest la raison pour laquelle je souhaite que dans un délai dun an, lensemble des élus et des marchés publics nationaux, communaux, départementaux, régionaux puissent avoir 20 % des marchés publics réservés à nos PME. Parce que je naccepte pas la règle systématique du moins disant, parce que cest toujours le plus gros, le plus fort qui ramasse le marché, au prix le plus faible, qui fait disparaître le petit et le jour où le petit est disparu, alors, les prix peuvent remonter tranquillement ! Nous ne voulons pas de cette société !
Alors, mes chers amis, on me dit : « Mais est-ce que cest possible ? Est-ce que la politique peut encore changer les choses ? » Jai appris beaucoup durant ces cinq années à la tête de notre pays. Jai appris notamment quil y avait des souffrances pour lesquelles on ne pouvait pas apporter de réponses. La souffrance de la victime ou de la famille de la victime, à qui on ne peut pas rendre la vie. La souffrance des familles de soldats devant le drapeau tricolore et le cercueil. La souffrance insondable de cette femme admirable qui avait vu son mari abattu par le forcené, le monstre de Montauban et de Toulouse, son mari dans une mare de sang et deux de ses enfants abattus parce que juifs. Cette femme qui avait la petite dernière avec elle, cette femme, elle tenait debout. Jai appris dans mes fonctions de chef de lEtat quil y avait des souffrances qui étaient tellement grandes que, quelle que soit ma volonté de faire, je ne pouvais pas faire.
Je veux vous dire une chose, je ne my suis jamais habitué. Parce que président de la République, je revendique dêtre resté un être humain, pas une momie, un acteur, pas un spectateur, un acteur pour faire, pas un acteur pour faire semblant. Cest vrai que chaque fois que jai vu ces situations, je me suis senti profondément interpellé, bouleversé, dabord dans ma responsabilité de chef de lEtat, notamment pour nos soldats, mais en même temps rien jamais ne ma fait renoncer à tout tenter, tout essayer. Convaincu que je suis que les Français sont lucides, quils savent bien quon ne peut pas tout réussir, que tout nest pas possible. Mais quest-ce quils attendent de nous ? Quau moins, on essaye. Quon se batte jusquà la dernière minute. Quon entreprenne. Javais été marqué par la déclaration de monsieur JOSPIN au moment de Vilvoorde : « On ny peut rien ! » Mais si vous ny pouvez rien, quest-ce que vous faites comme Premier ministre de la France ? Si on ny peut rien, quest-ce quon fait à être candidat à la présidence de la République ? Justement, si on vote pour nous, cest parce quon espère quon y pourra quelque chose !
Dans cette campagne électorale, on a essayé de me mettre bien des obstacles, notamment, tour à tour, les dossiers de ces entreprises qui souffraient de problèmes, PHOTOWATT, LEJABY, PETROPLUS, les FONDERIES DU POITOU, que sais-je encore ! Chaque fois, jai répondu présent. Chaque fois, je me suis acharné sur le dossier et, chaque fois, on a trouvé une solution. Quand je trouvais une solution, on disait : « Ah, il a trouvé une solution ! Oui, certes ! Mais cétait pour la campagne électorale ! » Et alors ! Cétait parce que cest la campagne électorale quil faut laisser ces gens mourir, quil faut laisser ces gens sans travail, quil faut ne pas leur apporter une réponse, quil ne faut pas se battre pour eux comme je me suis battu à lépoque pour sauver ALSTOM, qui produit notamment dans votre région ? Parce que, quoi quil arrive, quelles que soient les difficultés, je me sens engagé, je ne suis pas un technocrate, jessaye toujours de toutes mes forces dapporter une solution parce que cest mon devoir, parce que cest ma nature, parce que cest mon tempérament ! Bien sûr, parce que cest comme ça quil faut faire !
Alors, mes chers amis, cette campagne passionnante, cest une campagne pour des femmes et des hommes comme vous, courageux, peu impressionnables. Vous êtes ce peuple de France auquel je veux parler. On me disait lautre jour : « Mais enfin, qui est ce peuple de France ? » Cest eux. Mais eux, cest qui ? Alors, laissez-moi vous dire, pour leur expliquer à eux, qui vous êtes. Eux, cest des gens quon nentendra jamais dans les média parce que dans les média, cest en général celui qui crie le plus fort et qui a le moins de choses intéressantes à dire à qui on tend le plus spontanément le micro. Ce nest pas eux. Eux, eux, cest les familles qui ont tous des histoires où il y a eu des moments sacrément difficiles. Quand il y a eu des moments sacrément difficiles, vous savez ce quils ont fait, eux ? Ils ont serré les dents parce que, eux, ils ont une fierté et une pudeur que tout le monde na pas. Parce que la caractéristique du peuple de France, cest dêtre fier et cest dêtre pudique. Et puis, eux, eux, le peuple de France, je veux vous dire, à vous, ce quils ont. Quand ils ne sont pas daccord, ils ne sortent pas dans la rue pour casser, pour protester et pour manifester. Ils attendent tranquillement le soir de lélection et le soir de lélection, ils disent qui ils veulent et ce quils veulent, voilà le peuple de France !
Eux, jai une dernière chose à dire à eux, eux, il y a autre chose, eux, on ne leur raconte pas nimporte quoi. Eux, ils écoutent. Lautre jour, on ma dit : « Mais tu devrais les laisser applaudir plus ! » Jai dit : Ça me fait plaisir quand vous applaudissez. Mais si vous saviez comme ça me fait plaisir quand vous mécoutez et quand on partage ensemble ce qui nous rassemble. Eux, on ne leur raconte pas nimporte quoi. Eux, ils ont pu être en désaccord avec moi sur telle ou telle chose, mais eux, ils savent bien que pendant cinq ans, jai mouillé la chemise pour les défendre, les protéger et les aimer. Voilà le peuple de France ! Alors, oui, ne vous laissez pas voler cette élection, ne vous laissez pas kidnapper votre vote ! Vous voulez gagner, ça ne dépend que dune seule chose, de vous, de votre mobilisation, de votre volonté de faire la plus grande surprise qui ait jamais été réservée dimanche prochain ! Cest vous, cest vous ici qui allez leur réserver cette surprise ! Mes chers amis, vive la République et vive la France !
(Hymne national)
Nicolas SARKOZY
Merci à Philippe RAPENEAU, à Daniel FASQUELLE, à Bernard GERARD, à Marc-Philippe, à toi, à tous ceux qui sont ici, merci, merci et merci !
Source http://www.lafranceforte.fr, le 20 avril 2012
Nous sommes à quelques jours dun choix historique. La question à laquelle la France devra répondre, où souhaitons-nous aller ? Cest un choix historique ! Cest un choix qui comptera dans lhistoire de notre pays. Ce nest pas un choix politique au sens traditionnel, il ne sagira pas de choisir un camp plutôt quun autre, il ne sagira pas de voter ou dexprimer un choix selon des habitudes, selon une tradition, selon des appartenances. Il sagira de réfléchir à la seule chose qui compte, quel avenir pour notre pays ? Quel avenir pour vos enfants ? Quelle société dans laquelle nous voulons vivre ? Ce choix est historique parce que lavenir se joue maintenant, parce que nous navons pas le droit à lerreur et parce que chacun détient dans sa main une parcelle du destin de la France.
Nous sortons dune période de quatre années de crise dune violence inouïe. Pendant ces quatre années, je nai eu dautre préoccupation que celle de protéger les Français et de conduire la France. Imaginons ce quaurait donné dans cette période si violente, si troublée, si complexe à la tête des affaires de lEtat ceux qui dans le passé ont fait la retraite à 60 ans sans avoir un centime pour la payer, où les 35 heures qui ont été une faute économique, sociale et morale pour notre pays. Ils sont les champions du monde pour donner des leçons, jy reviendrai, mais partout où leurs amis ou leurs idées étaient aux responsabilités de la Grèce à lEspagne on voit la situation dans laquelle se trouvent ces pays. Pas un Français aujourdhui ne peut souhaiter pour la France la situation que les Grecs, que les Portugais, que les Irlandais ou même que les Espagnols connaissent aujourdhui dans leur pays. Ce drame, ces échecs nous les avons évités à la France. Pourquoi les avons-nous évités ? Pour deux raisons, la première c'est parce quavec François FILLON et le gouvernement nous avons pris les décisions quil fallait prendre au moment où elles devaient être prises. Même quand cétait difficile, même quand cétait complexe, même quand cétait impopulaire, il y avait des décisions à prendre, ces décisions nous ont protégés de la catastrophe. Regardez où sont aujourdhui tous ceux, tous ces pays dont les dirigeants nont pas eu le courage de prendre les décisions au moment où elles devaient être prises. A ce moment-là, ce sont les peuples qui paient la lâcheté de leurs dirigeants et qui paient dautant plus dur que les décisions ont été différées. Et il y a une deuxième raison au fait que la France a été protégée, ce sont les valeurs que nous avons défendues. Il y a deux raisons, les décisions et les valeurs. Dans le monde nouveau qui est en train de naître, alors quun monde ancien nen finit pas de mourir, dans ce monde nouveau les pays qui sen sortent sont les pays forts et il ny a pas de pays forts qui ne soient des pays qui sont convaincus que les valeurs quils défendent sont les bonnes.
La campagne que jai engagée c'est pour dire à la France dêtre fidèle à ces valeurs, la première de ces valeurs c'est le travail. Vous dans cette région, dans ce département du Pas-de-Calais, dans cette ville, dans cette région qui a souffert de tant de crises, je peux regarder tous les visages dans la salle et tous vous portez sur vos visages lhistoire de vos familles et lhistoire de vos familles c'est lhistoire dun travail personnel familial qui vous a conduits à compter dabord sur vous-mêmes avant de compter sur les autres, le travail ici cest une tradition ! Le travail, la responsabilité, ici on sait bien ce que ce mot veut dire. Chacun est responsable de soi-même, la société nest pas responsable de tout, les autres ne sont pas coupables de tout ! Dans les valeurs qui sont les nôtres, ce sont les parents qui soccupent de leurs enfants, qui en assument leurs responsabilités, et ce sont les enfants devenus adultes qui ont la responsabilité de leurs parents, ce sont les valeurs qui sont les nôtres. Ce nest pas toujours lautre, le voisin, le pays, la société, « ya quà », « faut que », « ils sont les responsables », nous défendons une idée simple, quand on est responsable on assume ses responsabilités ! Nous défendons ces valeurs, nous osons dire quaucune société ne peut fonctionner sans un minimum dautorité, que le laxisme, que la faiblesse, que la lâcheté qui consiste à accepter tout y compris à refuser de sanctionner quand il convient de sanctionner ne peut conduire quà la catastrophe, que si on ne craint pas la sanction et que si ceux dont le rôle est de lappliquer ne veulent pas le faire, alors c'est toute la société qui se désagrège, travail, responsabilité, autorité. Ici dans cette région, on sait ce que veut dire le mot « solidarité », ça veut dire que lorsque lun dentre vous met un genou à terre, quand il est frappé par la maladie, par un licenciement collectif auquel il nest pour rien ou quand la vie qui peut être cruelle lui impose une épreuve, alors c'est toute la communauté nationale qui doit être à ses côtés. Mais cette solidarité à laquelle vous êtes attachés dans le Nord-Pas-de-Calais vous fait refuser avec dautant plus de force lassistanat qui consiste à porter des gens qui ne font aucun effort pour mériter la solidarité de la société ! Elle est là la différence, oui à la solidarité, non à lassistanat parce que lassistanat est payé par le travail des Français ! Travail, responsabilité, autorité, solidarité !
Mais aussi dans nos corpus de valeurs il y a le mot « Nation » parce que si nous regardons le monde, le monde autour de nous, que tu connais si bien, chère Michèle, la Nation, quels sont les pays qui comptent ? Ce sont des pays qui défendent avec acharnement leur identité nationale. A-t-on vu la Chine refuser de défendre son identité ? Voit-on le Brésil sexcuser de son identité ? Et les Etats-Unis dAmérique, le pays soi-disant le plus libéral au monde, a-t-on vu la floraison de ses drapeaux devant chacun des maisons parce que le peuple américain profondément est fier de son pays, laime et le revendique ! Et nous nous voulons dire « nous sommes fiers de la France, nous ne supportons plus la culpabilisation de la France et nous nacceptons pas que lon attaque la France, la Nation ! » Et nous nous disons nous sommes les héritiers dune mémoire collective, nous ne sommes pas nés dans un pays qui est une page blanche, c'est la France de CHATEAUBRIAND, de Victor HUGO, cest la France de MAUPASSANT, cest la France qui a une histoire, c'est la France qui vient de loin, c'est la France qui a des racines et nous ne voulons pas quon nous empêche de dire que dans les racines de la France il y a les racines chrétiennes de la France comme il y a ce long manteau déglises et de cathédrales tout au long de nos territoires ! Et je le dis, André, je le dis devant mon ami André ROSSINOT, dire cela ce nest en rien remettre en cause la laïcité, dire cela ce nest en rien faire la promotion dune église ou dune religion, naturellement, mais que lon me comprenne bien, quand on ne sait pas doù on vient on ne peut pas prévoir où lon va, quand on renie ses origines, son histoire, sa patrie, on nest pas à même de proposer à ses enfants un avenir. Je nai pas un inventé les cathédrales et les églises, je dis simplement moi profondément Européen que lorsquil a été refusé dinscrire dans la Constitution européenne quil y avait une histoire chrétienne, une origine, des racines chrétiennes, alors il y a nombre de Français qui se sont dit que lEurope était une menace pour leur identité et ce jour-là on a fait un mauvais choix parce que lEurope, au contraire, a été construite pour protéger lidentité européenne et la civilisation européenne !
La Nation, il y a quelques années lorsquon rencontrait des dirigeants de grandes entreprises, ils vous expliquaient cette chose fausse, que lentreprise maintenant navait plus de nationalité, quelle était une entreprise monde, quelle sadressait à lunivers, quelle ne pensait quà lavenir, quelle oubliait le passé. Il a suffi de quelques semaines de crise pour que tous ces dirigeants de toutes ces grandes entreprises dans la crise et dans la tempête, pas un seul ne sest trompé de port dattache quand il a fallu rentrer à la maison et demander quon les aide, alors ce nétait plus les entreprises monde, cétait les entreprises de France parce la France quand il sagit de protéger la France a répondu présent, voilà la vérité ! Quand le vent souffle dans les voiles, quand la mer est dhuile, chacun oublie la nécessité du port dattache mais lorsquil y a de la tempête, que les vents mauvais soufflent, quil y a des difficultés, nul à travers le monde ne sest trompé dadresse pour demander de laide, les entreprises américaines ont frappé à la porte du président américain et les entreprises françaises tout dun coup nétaient pas des entreprises monde, elles étaient des entreprises dont le siège social était en France et dont il fallait que le contribuable français soccupe, protège et aide, voilà la vérité, la Nation, la Nation française !
Et puis dans les valeurs qui sont les nôtres c'est aussi la République, la République qui soppose et qui sopposera de toutes ses forces à toutes velléités et tentations de communautarisme, la République c'est le contraire du communautarisme. La République elle est accueillante mais elle dit à celui ou à celle quelle accueille « tu es accueilli dans un pays qui a une longue histoire, qui a une tradition, qui a un mode de vie, qui a des valeurs et ce pays qui est prêt à taccueillir nacceptera pas quon remette en cause ces valeurs, ces traditions et son mode de vie ! La République, la nôtre, cher Daniel, la République, celle qui dit quà Lille comme ailleurs sur le territoire de la République nous ne voulons pas de piscine municipale avec des horaires pour les femmes et des horaires pour les hommes ! Que dans nos hôpitaux nous voulons les mêmes médecins pour les femmes et pour les hommes parce que c'est la République française ! Et que dans nos écoles nous voulons les mêmes menus pour tous les enfants dune République laïque ! La République qui accueille, cher Marc-Philippe, mais la République qui dit « il y a des limites, il y a des choses que nous ne voulons pas, il y a des propos que nous ne voulons pas entendre, il y a des opinions qui à notre sens nen sont pas » Et c'est pourquoi cest la République qui interdit à certains prédicateurs de venir dans un certain congrès parce que la démocratie française naccepte pas quon fasse sur son territoire lapologie didées faisant référence à des concepts, à des valeurs qui sont le contraire des nôtres ! Et nous ne voulons pas de congrès où les hommes sont assis dun côté et les femmes de lautre ! Et nous ne voulons pas sur nos cartes didentité de visage qui soit recouvert dun voile ! Et nous ne voulons pas de femme dans le territoire de la République qui soit enfermée derrière des prisons de tissu !
Voilà les valeurs qui sont les nôtres, la République ! Ce sont nos valeurs ! Et lécole, dans nos valeurs lécole de la République c'est dabord une école qui est une école de lexcellence parce que lécole du nivellement ce nest pas la nôtre, parce que dans la conception qui est la nôtre lécole doit tirer tout le monde vers le haut et dans la conception qui est la nôtre ce nest pas en abaissant le niveau de tous quon revalorise les diplômes de chacun ! Nous ne voulons pas du nivellement ! Dans lécole, lécole de la République, il faut mériter son diplôme et son examen ! Dans lécole, lécole de la République, nous disons que le laxisme nest pas une preuve damour, c'est une preuve de faiblesse parce que quand on aime les enfants que la République vous a confié, on les tire vers le haut, on leur apprend que sans effort il ny a rien et que sans un minimum de discipline on ne peut pas progresser dans léchelle de la société, lécole de la République ! Dans lécole de la République, nous refusons de considérer que cette école, lécole de la République, soit la propriété des seuls syndicats qui parlent au nom des enseignants parce que lécole de la République c'est laffaire des familles de France, pas dun certain nombre de corporatismes !
Que lon me comprenne bien, cher Marc-Philippe, quand on parle de la question du statut des enseignants, il est parfaitement normal den discuter avec les représentants syndicaux des enseignants mais quand on parle de lécole de la Nation, on demande lavis des familles de la Nation française parce que lécole vous appartient, elle nest la propriété daucun groupe de pression quel quil soit, voilà lécole que nous souhaitons, lécole de la République ! Dans lécole de la République, on accueille tout le monde et lenfant de lavocat est à côté de lenfant de la femme de ménage et lenfant du chef dentreprise doit être à côté de lenfant de la famille dimmigrés à égalité de droits et de devoirs. Mais dans cette école de la République on a une conception de légalité qui nest pas légalitarisme, on reconnait comme un droit et comme un devoir que lenfant qui en a le plus besoin bénéficie de plus dattention. Légalité ce nest pas de donner à chacun la même chose, légalité cest de donner à chacun selon son besoin. Et il y a des enfants qui ont besoin de plus dattention parce quils se noient tout seuls dans lécole de la République ! Cest une injustice, c'est une injustice que de considérer que quand on a mis 20, 25, 30 enfants dans la même classe on peut sen laver les mains, que tous ont les mêmes droits, parce que tous ne viennent pas du même endroit, certains viennent de plus loin et ceux qui viennent de plus loin ont besoin dêtre davantage aidés, soutenus, encadrés. Dans lécole de la République que je souhaite, je veux que sur ces 750 000 enfants qui arrivent chaque année les 100 000 qui narrivent pas à suivre on sen occupe de chacun comme dun trésor parce que ce sont les enfants de la République. Quon sen occupe dès la maternelle, dès le CP, quon regarde leurs difficultés à ce moment-là parce que ces mêmes enfants dont on naura pas regardé et traité les difficultés à ce moment-là que deviendront-ils à 15 ans, à 18 ans, à 20 ans, où les retrouverons-nous ? Dans lécole de la République, on attache plus de prix à un enfant qui a du mal à suivre, nous donnerons des moyens aux directeurs et aux maires, m-a-i-r-e-s, pour soccuper de chacun de ces enfants, pour mettre autour deux tous les spécialistes, pour traiter leurs difficultés, pour les amener, pour que nul ne soit en situation déchec. Mais dans lécole de la République que nous souhaitons il est inutile de penser quon va passer du primaire au collège si on ne sait pas clairement lire, écrire, compter parce que si on ne sait pas clairement lire, écrire, compter on na aucune chance de sen sortir au collège et au lycée ! Lécole de la République !
La famille, la famille nest pas un gros mot ! Je suis pour une société qui soit ouverte, tolérante, compréhensive. Les choses ont bien changé, les couples ne sont plus les mêmes, les familles sont recomposées, jen sais quelque chose, et il y a beaucoup damour et parfois beaucoup de douleur dans lhistoire dune famille. Et après tout, cest peut-être moins dhypocrisie, plus de vérité, il ne faut juger ni nos parents ni nos enfants, la vie est ce quelle est et chacun la vit comme il le peut. Mais je veux dire une chose, ce respect du droit à la différence et aux histoires familiales personnelles ne doivent pas conduire à culpabiliser ceux qui croient dans la famille, qui se sont engagés dans la famille, qui respectent la famille et qui ont besoin de la famille ! Comprenez-moi, cest une chose la différence, cen est une autre que de contester une institution fondamentale de notre société parce que quand tout va mal, quand les choses sécroulent, quand la vie est cruelle, chacun dentre nous sait bien que sa famille c'est son trésor le plus précieux. Et moi je suis fier que la France ait une politique familiale ambitieuse et je naccepterai jamais, vous mentendez, jamais quon touche à la politique familiale de la France, voilà les convictions qui sont les nôtres !
La générosité, nous sommes les héritiers dun grand pays et je le dis dans cette région, sans doute lune des plus généreuses de France, qui a accueilli, oh, vous savez, je suis venu tant de fois dans le Nord et dans le Pas-de-Calais, jen connais quasiment toutes les villes, jai arpenté tant de fois les toutes de votre région et jai tant de fois parlé aux habitants du Nord et du Pas-de-Calais, tant de fois, tant de fois, ça ne veut pas dire que joublie les Picards qui pourraient être ici, naturellement, mais je veux dire une chose, la générosité ici vous lavez pratiquée et moi, madame le Maire de Calais, jai été peut-être, suis-je même lhomme politique qui est venu le plus souvent dans le Calaisis à lépoque où il y avait les problèmes que chacun connait. Je suis venu ici et jai vu que la générosité du Nord-Pas-de-Calais ce nétait pas simplement un proverbe, ce nétait pas simplement un mythe, quelle région aurait accepté pendant des années que des responsables politiques qui étaient à quelques kilomètres ne viennent pas mettre les pieds dans le hangar de la honte à Sangatte où je suis venu tant de fois pour régler moi-même ce problème et cette question ! Comme cest facile de parler de la générosité sans la vivre ! Tous ceux, cette gauche caviar qui aime donner des leçons à tous ceux qui souffrent et dont pas un seul navait mis les pieds dans le hangar de Sangatte, « cachez cette réalité que je ne veux pas voir ! » Mais les habitants de Sangatte, les habitants de Calais, les habitants du Calaisis, les habitants de la Côte dOpale, cette réalité ils lont supportée pendant des années sans quil y ait eu un mot, sans quil y ait eu une violence de la part dune population généreuse, accueillante, qui a souffert, qui a supporté parce quelle considérait que ceux qui étaient là souffraient encore plus que cette population, on lavait abandonnée, on laissait le problème. Jai dû moi en tant que ministre de lIntérieur venir tant de fois pour régler cette question et après tout dans les décorations que jai reçues peut-être lune de celles dont je suis le plus fier c'est dêtre citoyen dhonneur de la ville de Sangatte, titre qui ma été conféré par un maire qui nétait pas de ma famille politique ! Générosité ! Mais Lille était si loin que madame AUBRY nétait jamais venue dans le hangar de Sangatte ! Mais comme madame GUIGOU qui avait des responsabilités ministérielles nétait jamais venue dans le hangar de Sangatte, « cachez cette réalité que je ne veux pas voir ! »
Cest pareil pour ceux qui donnent des leçons pour dire il faut accueillir davantage de gens ! Ce sont ceux qui habitent dans les quartiers où ils regardent les problèmes de limmigration avec des jumelles parce que dans les quartiers où ils habitent, ça ne se pose pas et ça nexiste pas ! Ce sont ceux-là même qui mettent leurs enfants dans des écoles où il ny a pas de problèmes et ils nont aucune leçon à donner à tous ceux de nos compatriotes qui mettent leurs enfants dans des écoles ghettos, qui souffrent et qui nacceptent pas quon leur interdise le droit dexprimer cette souffrance. Générosité, cela veut dabord dire lucidité, on nest pas généreux quand on refuse la lucidité.
La lucidité moblige à dire que si la France est un pays ouvert, je noublie pas doù je viens, je sais doù je viens. La France sest construite en accueillant, pas en se refermant. Moi, je me bats pour la France forte, pas pour la France faible. La France forte est une France ouverte, ce nest pas une France fermée. La France forte, cest une France qui aime, qui accueille, qui reçoit. Jamais vous ne mentendrez vous monter contre les uns ou contre les autres. Jamais vous ne mentendrez pratiquer, si peu que ce soit, cette attitude détestable de lamalgame. Mais je veux avec la même force dire aujourdhui, ici, dans votre région, regardons la situation, le système dintégration à la française ne fonctionne plus. Il ne fonctionne plus parce quon na pas assez demplois, parce quon na pas assez de logements, parce quon na pas assez décoles. Sil ne fonctionne plus, cest parce quà peine a-t-on accueilli des gens, quon en accueille dautres et quon ne peut pas se préoccuper dintégrer ceux quon a déjà accueillis parce quon en a trop accueilli, voilà la vérité que je veux défendre devant les Français !
Jaffirme devant tous mes amis, Jean-René, tous ceux qui sont ici, quelles que soient vos origines politiques, quels que soient vos engagements, jaffirme que ce que je dis fait la synthèse de ce que nous pensons tous, que ce que je dis est profondément humaniste, profondément républicain. Parce que ce nest pas républicain de contester la réalité, parce que ce nest pas être humaniste de ne pas voir les souffrances. Parce que les premiers à souffrir de cette situation sont les enfants détrangers que lon accueille et quon laisse dans des ghettos parce quon na pas demploi, parce quon na pas de logement et parce quon na pas décole pour les accueillir, voilà la vérité, elle est là la vérité !
Jai pris un engagement, dans les cinq années qui viennent, je diviserai par deux le nombre de personnes que nous accueillerons. Parce que je veux faire repartir la machine à intégrer. Parce que je ne peux pas dire aux Français, il y a des déficits, faites des sacrifices, et que je ne peux pas tolérer dans lidée que je me fais de la France que lon puisse accepter une forme dimmigration qui ne viendrait en France que pour la seule raison que nos prestations sociales y sont plus généreuses quailleurs ! Oui, Jacques, moi, je joue cartes sur table, je dis les choses ! Je vais même dire autre chose, ce fut une grande erreur de la part des républicains, aux confins des années 80, de refuser de parler de ces questions que ressentaient les Français, dont souffraient les Français. Parce que cest une chose de ne pas avoir tous les moyens de résoudre les questions et les problèmes, cela en est une autre de contester lexpression même de la souffrance.
Lautre jour, jétais lautre matin à la radio, une radio où manifestement spontanément, ce nétait pas moi quils attendaient ! Il fallait quand même maccueillir ! Parce que la conception que nous avons de légalité, cest neuf contre un ! Et quil faut quand même pousser un petit peu les murs pour me faire de la place ! Jarrive donc, dans la joie, lallégresse, jétais ravi, je me dis, tiens, je commence bien ma journée ! Parfois, on se sent stimulé ! Il y avait un reportage qui était fait, moi, je viens dans cette campagne en vérité, personne ne me fera taire, personne ne me fera renoncer à défendre mes idées. Personne. Donc, il y a un reportage qui est fait sur les militants qui me soutiennent je les en remercie on choisit, cette radio choisit au hasard la Seine-Saint-Denis et on entend une femme qui dit : « Nous, on nen peut plus, on nen peut plus ! » Alors, on lui pose des questions, des questions, elle dit une chose quelle naurait pas dû dire cette dame, elle dit : « Ceux qui nous rendent la vie impossible ne sont pas de telle nationalité, elle parlait des Portugais. » On me demande de réagir. Je dis une chose : Cette dame na pas lhabitude des micros. Pardon, elle ne participe pas au cirque médiatique où on veut tout dire sans rien dire et où ça marche très bien dailleurs, on ne dit rien. Cette dame, elle a, à sa manière, avec ses mots, qui nétaient pas les bons, exprimé une souffrance.
Je voudrais quand même quon comprenne que si cette dame, je ne suis pas engagé par ses mots, m-o-t-s, je suis engagé par sa souffrance. Cest à elle que je veux parler et pas à celui qui lui a tendu un micro. Je veux que vous me compreniez, si moi je ne parle pas à cette femme, alors, un jour, elle ne votera plus ou, un jour, elle votera pour les extrêmes. Je veux vous dire une chose, le vote pour Jean-Marie LE PEN, ça a bien servi François MITTERRAND pendant deux septennats. Le vote pour Marine LE PEN, ça servira François HOLLANDE, voilà ce dont je ne veux pas !
Alors, bien sûr, Daniel, le politiquement correct ou la pensée unique aurait dû me conduire à dire : « Mais comment, vous ny pensez pas, mon image ! Cette femme a tort, cette femme est coupable. » Je ne dirai pas ça. Parce que je pense que le peuple de France na pas tort quand il exprime sa colère et sa souffrance. Parce que je pense que la responsabilité de républicains que nous sommes, cest de ramener vers nous ces femmes et ces hommes qui ont désespéré des républicains parce quils ont le sentiment quon les a abandonnés. Cest pour eux que je veux me battre, cest à eux que je veux parler et cest eux que je veux ramener vers nous. Parce que le vote pour les extrêmes, cest le vote pour des solutions qui sont des mensonges et que le mensonge na jamais répondu à la souffrance de ceux qui souffrent sincèrement. On ne répond pas à une souffrance sincère par un mensonge. On répond à la souffrance sincère par la vérité.
Je veux donc dire que ces objectifs, je ne veux pas quil y ait de surprise, je veux mengager devant vous. On me dit : « Mais comment allez-vous y arriver ? » En faisant respecter des règles très simples. Dabord, je pense que nous ne devons plus accepter sur notre territoire qui que cela soit qui nait pris la peine, avant dentrer sur notre territoire, dapprendre le français et de retenir les valeurs de la République. Je vais mexpliquer. Imaginez, imaginez quelle peut être la vision dun enfant de famille immigrée dans notre école, dont la mère est enfermée au domicile, parce quelle ne parle pas un mot de français, parce que son mari disons les choses comme elles sont lempêche de sortir, la claquemure dans lappartement, les rares fois où elle peut sortir de lappartement, la claquemure derrière une prison de tissu. Cet enfant-là, dont la maman, la mère nest pas capable de lire le mot ou la lettre de linstituteur ou du professeur, nest pas capable de soutenir une conversation avec le professeur de son enfant, quelle image ce jeune enfant aura-t-il, devenu grand, de la société française, de sa mère, de lautorité de sa mère et de ses parents ? Quelle image ? Naturellement, il ne sagira pas, Jean-René, de faire apprendre le français à des gosses de quatre ans ! Mais je pense quà partir de seize ans, lapprentissage du français et un examen passé dans nos consulats avant de rentrer sur le sol de la République française, cest la garantie dune intégration réussie dans la République française.
Lautre jour, il y a quelquun qui minterrogeait de façon aimable, parfois, jai le sentiment davoir droit à un régime particulier ! Mais ça me maintient en forme ! Il me dit : « Mais vous vous rendez compte, vous avez dit la même chose que Marine LE PEN ! » Je ne sais pas ce que javais dû dire, mais quelque chose doriginal comme je préfère le beau temps à la pluie ! Je veux mattarder sur cette remarque. La question nest pas de voir la comparaison entre des propositions, la question, cest le raisonnement qui conduit à apporter une réponse. Le raisonnement, ça compte. Les valeurs, ça compte. Parfois, on peut se dire, avec monsieur HOLLANDE ou avec madame LE PEN ou avec qui vous voulez, quil y a une réponse qui est commune. Mais cest le raisonnement qui compte derrière, cest les valeurs quon y met. Quand on y met la peur, quand on y met la haine, quand on y met le rejet, quand on y met la détestation de lautre, alors, on se trompe parce quon nest pas dans les valeurs de la République. Quand on y met la volonté de refaire partir la machine à intégrer, la volonté quaucun gamin sur le sol de la République française ne se trouve perdu dans son école ou dans sa famille ou nait à ressentir la moindre honte pour sa mère parce quelle est exclue de la société dans laquelle cet enfant veut se faire sa place, à ce moment-là, on nest pas généreux, on na rien compris à lesprit de la République française.
Je veux parler en vérité et dans les mots, m-o-t-s, que jai choisis pour mon intervention de ce soir avec vous, il y en a un sur lequel je veux mexpliquer plus particulièrement, cest le mot frontière. Un mot qui a été banni de nos discours. Je veux faire comprendre que la frontière, cest un élément qui nous réunit, ce nest pas un élément qui nous sépare. Imaginez, lorsque vous êtes chez vous, si vous aimez à recevoir le voisin ou inviter le voisin de palier ou le voisin de pavillon, cest parce que vous êtes sûr dêtre chez vous et que le cadastre protège votre propriété. Si demain, il ny a plus de cadastre, plus de propriété, plus de titre de bail de location, vous tous, dans la même maison, le même appartement, vous vous sentirez en instabilité, vous serez profondément inquiet. A ce moment-là, vous développerez une agressivité à lendroit de toute personne qui sera susceptible de pouvoir contester votre identité, votre demeure, votre famille, votre foyer. La frontière protège, la frontière rassure. Cest parce quon est rassuré par son pays et la frontière de son pays quon tend la main de lautre côté de la frontière pour inviter lami qui est le voisin, voilà la réalité !
La frontière nest pas un obstacle. Regardez lhistoire de lhumanité, lorsquil ny avait aucune frontière, aucun pays, cest le premier arrivé ! Le premier arrivé navait pour faire respecter son endroit, son foyer et sa famille que se battre, que la force ! Le cadastre, la frontière est un élément dapaisement. Si nous avons voulu construire lEurope, cette région qui a tant souffert, tant souffert, cest pour faire lamitié avec nos voisins et notamment avec les Allemands. Mais nous avons voulu lEurope pour être plus forts, parce que nous pensions que, ensemble, nous défendrions mieux nos frontières. Nous ne voulons pas dune Europe passoire, nous ne voulons pas quentre la Grèce et la Turquie, il y ait 115 kilomètres de frontières européennes qui ne soient défendues, contrôlées et gérées par personne ! Ce nest pas pour cela que nous avons fait lEurope ! LEurope, nous lavons faite pour être plus forts. Je dis donc que si, au bout dun an, lEurope na pas mis bon ordre dans Schengen, une direction politique de Schengen, des sanctions pour un Etat qui ne respecterait pas la garde des frontières européennes, à ce moment-là, la France se réserve le droit de suspendre lapplication de Schengen et de rétablir des contrôles ponctuels à ses frontières ! Je me sens parfaitement fidèle, Jacques, à mon idéal européen !
Il en va ainsi pour la réciprocité, il est normal quon impose à nos industriels des règles environnementales, chère Nathalie, à nos éleveurs des règles de traçabilité, à nos producteurs et à nos agriculteurs des règles pour la maîtrise des pesticides. Mais il est inacceptable que dans le même temps où on impose à nos producteurs, à nos agriculteurs, à nos entrepreneurs des règles, on continue à importer en Europe des produits venant de pays qui ne respectent aucune des règles que lon impose à nos producteurs, à nos agriculteurs et à nos éleveurs ! Je dis que si nous nobtenons pas dans un an la réciprocité, la France veillera à ce que les marchés publics des élus communaux, des élus départementaux, des élus régionaux et de lEtat, je dis que ces marchés publics seront réservés exclusivement aux entreprises qui produiront et qui fabriqueront en Europe, à lexclusion des autres !
Dailleurs, cest une erreur de fonder toute la stratégie européenne ou nationale sur la seule question du consommateur. Parce que le jour où le consommateur a perdu son emploi, je me demande bien ce quil peut consommer ! Nous devons penser au travailleur, au producteur, au chercheur, à lagriculteur et pas simplement au consommateur. Cest la raison pour laquelle je souhaite que dans un délai dun an, lensemble des élus et des marchés publics nationaux, communaux, départementaux, régionaux puissent avoir 20 % des marchés publics réservés à nos PME. Parce que je naccepte pas la règle systématique du moins disant, parce que cest toujours le plus gros, le plus fort qui ramasse le marché, au prix le plus faible, qui fait disparaître le petit et le jour où le petit est disparu, alors, les prix peuvent remonter tranquillement ! Nous ne voulons pas de cette société !
Alors, mes chers amis, on me dit : « Mais est-ce que cest possible ? Est-ce que la politique peut encore changer les choses ? » Jai appris beaucoup durant ces cinq années à la tête de notre pays. Jai appris notamment quil y avait des souffrances pour lesquelles on ne pouvait pas apporter de réponses. La souffrance de la victime ou de la famille de la victime, à qui on ne peut pas rendre la vie. La souffrance des familles de soldats devant le drapeau tricolore et le cercueil. La souffrance insondable de cette femme admirable qui avait vu son mari abattu par le forcené, le monstre de Montauban et de Toulouse, son mari dans une mare de sang et deux de ses enfants abattus parce que juifs. Cette femme qui avait la petite dernière avec elle, cette femme, elle tenait debout. Jai appris dans mes fonctions de chef de lEtat quil y avait des souffrances qui étaient tellement grandes que, quelle que soit ma volonté de faire, je ne pouvais pas faire.
Je veux vous dire une chose, je ne my suis jamais habitué. Parce que président de la République, je revendique dêtre resté un être humain, pas une momie, un acteur, pas un spectateur, un acteur pour faire, pas un acteur pour faire semblant. Cest vrai que chaque fois que jai vu ces situations, je me suis senti profondément interpellé, bouleversé, dabord dans ma responsabilité de chef de lEtat, notamment pour nos soldats, mais en même temps rien jamais ne ma fait renoncer à tout tenter, tout essayer. Convaincu que je suis que les Français sont lucides, quils savent bien quon ne peut pas tout réussir, que tout nest pas possible. Mais quest-ce quils attendent de nous ? Quau moins, on essaye. Quon se batte jusquà la dernière minute. Quon entreprenne. Javais été marqué par la déclaration de monsieur JOSPIN au moment de Vilvoorde : « On ny peut rien ! » Mais si vous ny pouvez rien, quest-ce que vous faites comme Premier ministre de la France ? Si on ny peut rien, quest-ce quon fait à être candidat à la présidence de la République ? Justement, si on vote pour nous, cest parce quon espère quon y pourra quelque chose !
Dans cette campagne électorale, on a essayé de me mettre bien des obstacles, notamment, tour à tour, les dossiers de ces entreprises qui souffraient de problèmes, PHOTOWATT, LEJABY, PETROPLUS, les FONDERIES DU POITOU, que sais-je encore ! Chaque fois, jai répondu présent. Chaque fois, je me suis acharné sur le dossier et, chaque fois, on a trouvé une solution. Quand je trouvais une solution, on disait : « Ah, il a trouvé une solution ! Oui, certes ! Mais cétait pour la campagne électorale ! » Et alors ! Cétait parce que cest la campagne électorale quil faut laisser ces gens mourir, quil faut laisser ces gens sans travail, quil faut ne pas leur apporter une réponse, quil ne faut pas se battre pour eux comme je me suis battu à lépoque pour sauver ALSTOM, qui produit notamment dans votre région ? Parce que, quoi quil arrive, quelles que soient les difficultés, je me sens engagé, je ne suis pas un technocrate, jessaye toujours de toutes mes forces dapporter une solution parce que cest mon devoir, parce que cest ma nature, parce que cest mon tempérament ! Bien sûr, parce que cest comme ça quil faut faire !
Alors, mes chers amis, cette campagne passionnante, cest une campagne pour des femmes et des hommes comme vous, courageux, peu impressionnables. Vous êtes ce peuple de France auquel je veux parler. On me disait lautre jour : « Mais enfin, qui est ce peuple de France ? » Cest eux. Mais eux, cest qui ? Alors, laissez-moi vous dire, pour leur expliquer à eux, qui vous êtes. Eux, cest des gens quon nentendra jamais dans les média parce que dans les média, cest en général celui qui crie le plus fort et qui a le moins de choses intéressantes à dire à qui on tend le plus spontanément le micro. Ce nest pas eux. Eux, eux, cest les familles qui ont tous des histoires où il y a eu des moments sacrément difficiles. Quand il y a eu des moments sacrément difficiles, vous savez ce quils ont fait, eux ? Ils ont serré les dents parce que, eux, ils ont une fierté et une pudeur que tout le monde na pas. Parce que la caractéristique du peuple de France, cest dêtre fier et cest dêtre pudique. Et puis, eux, eux, le peuple de France, je veux vous dire, à vous, ce quils ont. Quand ils ne sont pas daccord, ils ne sortent pas dans la rue pour casser, pour protester et pour manifester. Ils attendent tranquillement le soir de lélection et le soir de lélection, ils disent qui ils veulent et ce quils veulent, voilà le peuple de France !
Eux, jai une dernière chose à dire à eux, eux, il y a autre chose, eux, on ne leur raconte pas nimporte quoi. Eux, ils écoutent. Lautre jour, on ma dit : « Mais tu devrais les laisser applaudir plus ! » Jai dit : Ça me fait plaisir quand vous applaudissez. Mais si vous saviez comme ça me fait plaisir quand vous mécoutez et quand on partage ensemble ce qui nous rassemble. Eux, on ne leur raconte pas nimporte quoi. Eux, ils ont pu être en désaccord avec moi sur telle ou telle chose, mais eux, ils savent bien que pendant cinq ans, jai mouillé la chemise pour les défendre, les protéger et les aimer. Voilà le peuple de France ! Alors, oui, ne vous laissez pas voler cette élection, ne vous laissez pas kidnapper votre vote ! Vous voulez gagner, ça ne dépend que dune seule chose, de vous, de votre mobilisation, de votre volonté de faire la plus grande surprise qui ait jamais été réservée dimanche prochain ! Cest vous, cest vous ici qui allez leur réserver cette surprise ! Mes chers amis, vive la République et vive la France !
(Hymne national)
Nicolas SARKOZY
Merci à Philippe RAPENEAU, à Daniel FASQUELLE, à Bernard GERARD, à Marc-Philippe, à toi, à tous ceux qui sont ici, merci, merci et merci !
Source http://www.lafranceforte.fr, le 20 avril 2012