Texte intégral
Alors, nous y voilà ! Cest donc le moment de lexplication.
Mes chers amis, nous y voilà parce que le moment où les choses vraiment sérieuses vont commencer arrivent. Jusquà présent, ca a été le début. Leur conception de légalité, neuf contre un !
Leur conception du service public : quand on nest pas insulté, on est remercié ! Leur conception de légalité : le mensonge le matin, le midi et le soir. Leur conception du débat : on ne débat pas ; on ne parle pas ; on ninterroge pas de la même façon les uns et les autres.
Aux autres, on déroule le tapis rouge. Voilà le moment de vérité, le moment où le peuple de France va dire sa vérité et va dire à tous ceux qui voudraient parler en son nom : voilà ce que nous voulons, voilà ce que nous décidons et ce nest pas vous qui déciderez à notre place. Voilà le moment où nous sommes et vous ici, à Nice, Christian et dans cette magnifique région, vous ici, vous allez dire votre vérité. La nôtre, cest que la France est à un moment historique, cest que la France na pas le droit à lerreur, cest que la France doit choisir et elle doit choisir maintenant. Il ne sagit pas comme je lai entendu de faire peur ; il ne sagit pas de choisir un camp ; il ne sagit pas de désigner des adversaires ; il sagit de décider en fonction de lavenir que vous voulez pour votre pays, pour vos familles et pour vos enfants.
Si vous Le choix se fera en toute transparence et en toute clarté, il ny aura pas de surprise. Pour vous, pour chaque Français, il sagit de savoir ce quil veut pour lavenir, quelle est la place de la France, quelle est la société dans laquelle nous voulons vivre, les valeurs que nous portons, les décisions que nous allons être amenés à prendre et par-dessus tout, il y aura ce chacun dentre nous, nous avons au fond du cur, je vous demande de vous libérer de toute attache partisane pour ne penser quà une seule chose : quel avenir pour notre pays ? Quel choix pour notre pays ? Quel intérêt pour la France ? Quelles décisions pour la France ?
Jai entendu dautres candidats parler avec des mots tellement brutaux, tellement sévères, tellement cruels de telle ou telle personne qui ne partageait pas ses opinions. Jai entendu du manque de respect pour les personnes. Jai entendu quon était candidat pour la gauche, quon ne parlait quà la gauche, quon ne voulait voir que la gauche et je voudrais, moi rappeler quun président de la République, il est président de tous ceux qui ont voté pour lui et il est président aussi de ceux, et cétait leur droit, qui nont pas voté pour lui. Cela sappelle la tolérance, le respect, la République. Jai vu comment on traitait celles et ceux qui mont rejoint, qui mont soutenu. Jai vu les mots qui ont été prononcés. Jamais je ne prononcerai ces mots à légard de ceux, fussent-ils peu élégants à notre endroit et à mon endroit parce que je pense que quand on na pas un comportement républicain, cest soi-même que lon abaisse, pas les autres, dabord soi-même.
On ma dit . On ma dit : que pensez-vous de ceux qui à la première brise contraire sen vont ? Jai choisi de ne pas commenter, je vais vous dire pourquoi. Parce que lidée que je me fais de la France, lidée que je me fais de la politique, lidée que je me fais du projet qui nous rassemble et qui rassemblera de plus en plus de Français, cest lidée du respect, de la tolérance, de la compréhension. Cest lidée qui consiste à tirer tout le monde vers le haut et à ne ramener personne vers le bas ; cest lidée qui consiste à ne pas sabaisser. Si tel ou tel choisit la peur ou lintérêt, cest leur droit. Quils continuent leur route ! Nous, nous avons une autre route, celle de la France, celle de lintérêt général et celle des Français. Nous ne sommes pas à la même altitude.
Mes chers amis, dans cette campagne, elle est faite pour ceux qui ont du courage, qui ont des convictions, qui ont envie daller à la rencontre des Français, qui ont envie que la victoire soit belle parce quelle sera méritée, parce que lon aura parcouru toutes les routes de France, parce quon aura rencontré des centaines de milliers de Français, parce quon aura créé une dynamique, parce quon aura résisté à tout et à tous. Voilà pour qui cette campagne est faite !
Lautre jour, on ma posé la question : mais vous dites que vous voulez parler au peuple de France mais qui est le peuple de France ?
Cest eux. Le peuple de France, à tous ceux qui le découvrent au détour de cette campagne, cest celui qui lorsquil y a une épreuve dans la vie, quil faut mettre un genou à terre, ne compte que sur lui-même parce que le peuple de France, il est fier et pudique. Quand il souffre, il se bat, il travaille, il fait des efforts et il mérite ce quil a créé, obtenu, bâti.
Le peuple de France, quand il nest pas daccord, il ne descend pas dans la rue, il ne casse pas, il ninjurie pas, il ne proteste pas et il dit : au moment des élections, je serai là. Voilà le peuple de France !
Le peuple de France doù quil vienne il a, chevillée au corps, la reconnaissance pour son pays, pour sa patrie, pour la République ; il aime son pays, sa région, sa ville, le peuple de France et il ne supporte plus la mise en cause systématique de la France, de la République et des Français. Cest le peuple de France !
Le peuple de France comprend parfaitement ce que la démocratie a apporté à la France. Il accepte bien sûr que toutes les opinions puissent sexprimer ; il naurait pas compris, le peuple de France, que tel ou tel candidat ou telle ou telle candidate nait pas pu présenter sa candidature mais le peuple de France, il est choqué lorsquavec largent du contribuable, il a limpression que laudiovisuel public ne fait pas une campagne équitable.
Le peuple de France comprend parfaitement que lorsquon est président de la République, on est le réceptacle de toutes les attaques, de tous les reproches, de tous les problèmes mais le peuple de France, il considère que lorsquon injurie le président de la République, cest un peu son pays que lon injurie.
Le choix qui est le nôtre, le choix que je vous propose après quatre années de crise dune violence inouïe où il a fallu protéger les Français, où jai eu lhonneur, le plaisir et la chance de travailler avec une équipe menée par François FILLON où il a fallu protéger les Français, protéger les Français, les protéger contre les risques qui ont emporté tant de pays à nos frontières. Je me souviens très bien, jétais jeune en 1981. Deux camps sopposaient et à lépoque, on pouvait penser, lorsquon disait « la catastrophe va arriver », que cétait une prédiction, que cela faisait partie du jeu de la politique mais que ça ne correspondait pas à des réalités. Aujourdhui, mes chers compatriotes, je veux vous demander une chose : regardez simplement, simplement de lautre côté de nos frontières, juste à côté de nous, ce qui est arrivé à des pays dont les gouvernements nont pas voulu faire les choix quil fallait faire au moment où ils auraient dû les faire. Y a-t-il un Français qui souhaite pour la France la situation que connaissent aujourdhui la Grèce, le Portugal, lEspagne, lIrlande, lIslande ? Ces pays-là ont souffert parce que les gouvernements qui étaient les leurs nont pas pris au moment où il fallait les prendre les décisions quil y avait à assumer. Voilà la vérité.
Je me souviens de la campagne de 2007 où la candidate qui me faisait face navait quun seul exemple à citer qui était lexemple de lEspagne. Et je me souviens très bien, cétait il y a quelques semaines, du candidat socialiste dont le seul chef de gouvernement qui lait reçu et dont il voulait sinspirer de laction, cétait le chef du gouvernement socialiste de lEspagne, Monsieur ZAPATERO. Pourquoi Monsieur ZAPATERO a-t-il aujourdhui disparu des références du candidat socialiste ?!
Est-ce lavenir quil nous promet ? Je me souviens lorsquil y a deux ans, il a fallu faire la réforme des retraites, le gouvernement espagnol regardait la France avec ses manifestations, ses protestations, ce gouvernement et sa majorité, merci cher Jean-François COPE de nous avoir soutenus avec lensemble des parlementaires de notre famille. A ce moment-là, il nous regardait comme des gens bizarres. Il y avait des manifestations, les gens nétaient pas contents. Tous les syndicats étaient contre nous : neuf manifestations nationales. Je nai pas voulu reculer ; je nai pas voulu céder parce que cétait lintérêt général qui était en cause.
Mes chers amis, je vous demande dy réfléchir. Où en serait la France si nous navions pas fait la réforme des retraites il y a deux ans ? Nous serions dans la situation de lEspagne. Voilà la vérité. Cette vérité, chacun doit la regarder en face. En 1981, il a fallu deux ans pour que les Français payent la facture et laddition. En 2012, il faudrait deux jours pour que les Français payent laddition.
Ici dans cette ville, cher Christian, dans cette région, on a travaillé dur, on a construit sa famille, on a acquis son appartement, sa maison, on sest battu et on na quun seul rêve, cest que ses enfants puissent commencer plus haut que soi-même on a commencé. Lorsque la crise a frappé, dès 2008, et lorsque nous avons vu limpensable, deux des plus grandes banques américaines disparaître dun trait de plume, en quelques jours ! Sur les cinq plus grandes banques américaines, deux disparues, rayées de la carte ! Cest tout juste si on se souvient de leur nom et à ce moment là, je dois le dire : jamais, je naurais pu penser, imaginer que limpensable se produise, un système bancaire mondial qui sarrête, qui se paralyse, des banques centrales qui ne veulent plus prêter aux banques, des banques qui ne se font plus confiance en elles et partout entre elles-mêmes et partout dans tous les pays, des queues aux guichets pour aller retirer lépargne. A ce moment-là, cétait Toulon, cher Hubert, ce nétait pas loin dici, Toulon et jai dit : je vous promets, nous sauverons les banques, pas pour les banques mais parce quà lintérieur des banques, il y a votre épargne et je ne laisserai pas un seul épargnant français ruiné par une crise dont il nest pour rien.
Eh bien, trois ans et demi après trois ans et demi après, les choses sont claires. Trois ans et demi après, je peux venir dans cette salle immense et dire à vous mais à travers vous à tous nos compatriotes, pas un seul dentre vous na perdu un centime de son épargne parce que le gouvernement de la République a protégé lépargne des Français en sauvant les banques et le système bancaire français. Voilà la vérité !
A lépoque, la si sympathique et si modérée Ségolène ROYAL a dit devant tous les micros : le président ment, le président utilise largent public pour sauver les banques. Trois ans et demi après, qui a menti ? Eux. Qui a pris les bonnes décisions ? Nous. Non seulement les épargnants français ont gardé leur épargne mais nous sommes le seul pays au monde où le plan de sauvetage des banques non seulement na rien coûté au contribuable mais a rapporté 2, 4 milliards deuros dintérêts que nous avons fait payer aux établissements bancaires français !
Que lon me comprenne bien. Je ne dis pas cela, je ne dis pas cela pour vanter je ne sais quel bilan. Laction que nous avons menée depuis cinq ans, elle appartient à lHistoire et lHistoire tranchera. Je dis cela pour que chaque Français puisse décider en toute connaissance de cause. Imaginez un peu dans ces successions de crises phénoménales que nous avons eu à traverser et à affronter, si la barre de la France avait à lépoque était conduite par ce triumvirat MELENCHON, JOLY et HOLLANDE !
Mes chers amis, que les choses soient claires entre nous. La crise a provoqué des souffrances et il y a tant de Français qui souffrent et qui se demandent : est-ce que lon peut avoir encore la maîtrise de notre destin ? Je le sais, je prends en charge cette souffrance, je la considère et je la respecte mais je dis à cette France qui a envie de renverser la table, qui pense que la seule liberté qui lui reste, cest de dire « non », « la barbe ! », denvoyer tout le monde balader, je lui dis : si vous faites cela, vous penserez vous faire plaisir mais cette table que vous renversez, vous ne la renverserez pas sur les responsables, vous la renverserez sur vous-même et vous le paierez de davantage de souffrance, de davantage de misère, de davantage de désespérance. Voilà la réalité telle quelle est !
Franchement, jai honte parfois pour ceux qui veulent exploiter la misère et la désespérance. Cest vrai, il y a des femmes et des hommes de France qui sont au chômage et qui ny peuvent rien. Il y a des femmes et des hommes de France qui travaillent dans des usines avec langoisse au ventre en se disant : est-ce que demain, je ne serai pas délocalisé parce que je suis tombé sur un actionnaire qui est un fonds de pensions sans cur et parfois sans morale ? Je sais cela. Je sais quil y a des femmes et des hommes de France qui souffrent parce quelles mettent leurs enfants dans des écoles qui se révèlent être des impasses, parce que malheureusement, les chances dy réussir ne sont pas les mêmes quailleurs. Je veux parler de cette France, je veux parler à ces Français et je conteste à quiconque de minterdire de le faire parce que lorsque les Républicains ne parlent pas à la France du « non » ou à la France qui souffre, il ne faut pas sétonner que cette France-là soit devenue lotage des extrémistes de gauche ou des extrémistes de droite. Cest parce que nous, les Républicains, pendant trop longtemps, nous avons eu peur daffronter cette souffrance, daffronter cette misère, daffronter ces problèmes, daffronter ces personnes. Et je veux vous raconter une anecdote. Lautre jour, jétais linvité dune radio, manifestement on ne mattendait pas. Heureusement quil y avait le CSA pour mobliger à faire une toute petite place. Oh, je préviens : je ne reviendrai pas, ce nest pas que cétait un tel plaisir mais bon Et alors, figurez-vous quon avait fait, cher Jean-François, un reportage extrêmement intéressant sur les militants de lUMP. Je me dis : tiens, je vais entendre des choses agréables ! Et on a choisi une fédération au hasard, la fédération de la Seine-Saint-Denis, le plus grand des hasards ! Et une dame a pris la parole et jai bien vu le piège mais je veux en parler devant vous car jai dit que je ferai campagne en vérité, je ne masquerai rien, je ne dissimulerai rien, et jassumerai mes choix et mes convictions. Et pour moi, la seule chose qui compte, cest de convaincre le peuple de France. Cette dame a dit une chose, des choses qui ne mengagent pas dans les mots mais qui me créent un devoir dans la réalité. Elle a dit : « on nen peut plus, on a peur. » Et alors la personne qui linterroge, bien sûr, poussant dans ses retranchements « mais peur de qui ? », « on a peur, monsieur » dit-elle. Et elle dit quelque chose dans lequel je ne me reconnais pas mais que je comprends parce que ça venait delle : « on a peur, on a peur mais ceux qui nous font peur, ils ne sont pas portugais » et le journaliste se retourne « alors ? ». Eh bien, je vais vous dire alors. Cette femme, elle naurait pas dû parler comme ça, mais je comprends sa souffrance et je conteste que qui que ce soit qui nhabite pas dans ces quartiers, qui ne met pas ses enfants dans ces écoles donne des leçons de morale à cette femme qui sest sans doute mal exprimée mais qui derrière les mots a traduit une réalité et cette réalité, mon devoir, cest dy apporter une réponse. Voilà ma réponse devant le peuple de France !
Bien sûr, le politiquement correct aurait voulu oh je le sais ! le politiquement correct aurait voulu que je me bouche le nez, que je tance cette femme, que je lui dise quelle naurait pas dû, quelle ne devrait pas, que ça ne se fait pas. Sans doute, ça ne se fait pas mais peut-être que si je vivais là où elle vit et si je ressentais la peur quelle ressent, peut-être même que jaurais parlé comme elle. Et ce nest pas en niant cette réalité-là quon répondra à cette souffrance-là ! Je veux considérer cette souffrance pour ramener cette femme vers dautres sentiments, vers dautres mots, vers dautres paroles et vers dautres réactions. Voilà ce que je pense. Alors, quand nous avons commencé la campagne et je le sais, je vois laréopage, le vôtre, ceux des élus qui me soutiennent, je vois vos différences de sensibilité, je vois vos différences de parcours, je vois ceux qui ont une ancienneté dancrage plus militant, jen vois dautres qui ont une autre sensibilité. Si je veux rassembler, il faut que chacun se retrouve dans ce discours. Jai donc choisi de ne pas évacuer les problèmes, de les traiter pour que chacun sache dans les cinq années qui viennent ce que lon va faire et je conteste lidée quon ne peut pas parler des sujets qui préoccupent les Français, quon ne devrait parler que des questions qui ne les préoccupent pas, dont on parle dans quelques cénacles où personne ne comprend rien quand on les écoute, où quand ils parlent, ils parlent entre eux, jamais à vous, toujours à eux, niant la réalité, faisant comme lon expliquait, « vous navez pas peur, vous avez limpression davoir peur. » Oui mais pour celui qui souffre, vous navez pas mal, vous avez limpression davoir mal, cest la même chose, Docteur !
Jai voulu parler de limmigration et jai voulu en parler non pas parce que ça serait une obsession. Je sais doù je viens. Je sais quelles sont mes origines et je nai aucune leçon à recevoir en la matière de personne !
Jai voulu en parler, vous savez pourquoi ? Parce que jai voulu que personne dautre nen parle à notre place. Jai voulu en parler pour que les choses soient claires entre nous. Dans les cinq ans qui viennent, jamais, vous mentendez bien, jamais, je ne proposerai la fermeture de la France. Jamais je ne vous demanderai la haine de lautre, la haine de la différence. Je me bats pour la France forte, pas pour la France faible. La France faible, elle a peur, elle déteste. Quand jai entendu hier à la télévision Jean-Marie LE PEN
je me suis, je me suis dit : voilà la confirmation de pourquoi je nai jamais voulu durant toute ma carrière politique avoir ni de près ni de loin un accord avec eux parce quil y a des choses
Quand on compare le rassemblement magnifique de la place de la Concorde à Nuremberg, jai honte pour celui qui fait cette comparaison !
Je vais même aller plus loin avec vous. Il y a des choses qui peuvent me séparer de tel ou de tel. Moi, je pense que, ici, cest la France. Ce nest pas comme dans dautres pays où avant de vous opérer, quand vous arrivez à lhôpital, on vous demande si votre carte bleue est bien fournie. Ici, ici, cest la France. Ici, cest la République. Quand quelquun est devant lhôpital quil soit français ou étranger, pauvre ou riche, on le soigne parce que cest un être humain quelle que soit sa couleur de peau, quels que soient ses engagements, quelle que soit ladresse sur son passeport. Cest la raison pour laquelle je ne toucherai pas ni à la CMU ni à laide médicale mais simplement, je dis une chose, aussi fort que je crois que la tradition de la France, cest louverture, je veux dire que ça ne peut plus durer, quon ne peut plus faire semblant de considérer que notre système dintégration fonctionne alors quil ne fonctionne plus. Il ne fonctionne plus.
Il ne fonctionne plus parce que quand vous accueillez des gens à qui vous refusez toute opportunité davoir un logement parce quon nen a pas assez, un emploi parce quon nen a pas assez ou une place à lécole parce quil y a des écoles qui sont devenues ghettos, cest de la fausse générosité, cest du faux humanisme, cest de la fausse ouverture. Dire cela, cest la vérité, que si nous voulons intégrer comme ils le méritent ceux que nous accueillons, alors prenons la peine de les recevoir dignement, dans de bonnes conditions. Et jai fixé comme règle que désormais, toute personne qui voudra venir en France et qui sera le bienvenu, devra apprendre le français et les valeurs de la République avant même que dentrer sur le territoire de la République.
Et je veux que vous compreniez quelque chose parce que ça me tient à cur. À tous les faux généreux, à tous les Tartuffe, à tous les hypocrites, à tous ceux qui donnent des leçons de morale et Dieu sait sils sont nombreux , je veux dire une chose : pensez à cet enfant dune femme immigrée qui ne parle pas un mot de français, qui est incapable de dialoguer avec linstituteur de son enfant, qui est incapable de répondre à la lettre ou au bulletin de notes de son enfant. Cette femme claquemurée dans son appartement parce quelle ne parle pas un mot de français, quon lui interdit de travailler. Cet enfant devenu grand, quelle image aura-t-il de la République française, de légalité entre les hommes et les femmes, de lautorité de ses parents et de la place de la femme dans la société si la France tolère une situation de cette nature ? Y a-t-on pensé ?
Chez nous, la femme que lon va accueillir avec ses enfants, elle sera libre, libre de marcher dans la rue sans avoir à revêtir une prison de tissu. Elle sera libre, libre de se marier avec qui bon lui semble sans que ses frères ou ses parents aient à donner leur opinion sur le choix libre dune femme libre sur le territoire libre de la République française ! Et cet enfant, qui est notre enfant parce que nous lavons accueilli quelle que soit la couleur de la peau, il aura les mêmes chances que les autres parce quil travaillera dans une école où on soccupera de lui et quil aura une famille où on comprendra le français et les valeurs de la République. Ça changera tout pour cet enfant de la République.
Je veux dire un mot du travail et de tout ce que nous avons à faire ensemble. Bien souvent, on me dit : « Est-ce que la France peut sen sortir ? Est-ce quil y a un avenir pour un pays comme le nôtre ou est-ce que nous sommes condamnés dans la compétition par des ensembles immenses (la Chine, le Brésil, lInde, les États-Unis dAmérique) ? ». La France peut sen sortir mais la France ne peut pas sexonérer du travail, de leffort, du mérite. La France ne peut pas sexonérer dun gigantesque effort de formation pour chacun dentre nous. La France ne peut pas sexonérer de comprendre la réalité du monde.
Lorsque lon est au chômage en France, nous nous enorgueillissons de notre modèle social et nous considérons quon a réglé le problème en permettant aux chômeurs non pas de vivre mais de survivre. Et au fond, avec une forme dhypocrisie, nous disons : « Mais enfin, vous avez une indemnité. Et après lindemnité, il y a le RMI devenu RSA. De quoi vous plaignez-vous ? » Ce nest pas comme ça quon traite les hommes et les femmes dans la République. Dans la République, on les traite différemment. Et voilà le changement considérable que je vous propose : désormais, chaque Français, chaque Française, quel que soit son âge, quel que soit son parcours, aura le droit à une formation professionnelle, aura le droit dapprendre un métier pour faire vivre sa famille de son travail et non pas de lassistance, aura le droit de vivre debout et non pas en tendant la main, aura le droit de vivre dignement parce quon lui reconnaîtra une compétence. Et parce quelle aura cette compétence, elle reprendra, cette personne, confiance en elle. Voilà le nouveau modèle social français que je propose, un nouveau droit.
Mais je veux dire aussi, ce droit doit partager, irriguer toute la société française. Celui qui a plus de cinquante ans et qui a perdu son emploi, si on ne laide pas, il na aucune chance quune entreprise lui fasse une place. Cette mère de famille qui a voulu élever ses enfants, sy consacrer pleinement, la société ne va quand même pas le lui reprocher. Mais après quinze ans, dix-huit ans à soccuper de ses enfants et de sa famille, quelle chance a-t-elle, si on ne laide pas, si on ne lui apprend pas une formation, si on ne lui enseigne pas un nouveau métier, quelle chance a-t-elle de retrouver une place dans la société ? Est-ce que cest la récompense de la société de dire à une femme : « Voilà, jai tout sacrifié pendant quinze ans, pendant dix-huit ans pour mes enfants et à larrivée, la société dit : il ny a plus de place pour vous. Trop vieille, trop ancienne, trop démodée, trop exclue du marché du travail. » Je naime pas cette injustice parce que cest une injustice et une injustice particulièrement violente.
Mais je pense aussi à vos enfants. Nous navons pas tous la chance davoir des bêtes à concours ah ! Je vois quil y a du vécu dans la salle , cest-à-dire des enfants qui réussissent du premier coup leur examen et qui, à bac + 18, regardent sil ny a pas encore quelques années à faire. Il ny a pas une voie de réussite dans la société dans laquelle nous voulons vivre, il y en a beaucoup de voies de réussite. Il doit y avoir une place pour chaque jeune à qui on reconnaît le droit dapprendre un métier. Je pensais notamment à tous ces jeunes passionnés par le Net ou passionnés par lordinateur et un peu moins par le bac. Faut-il vraiment, pour utiliser leurs compétences, leur volonté de sintégrer dans ce nouveau monde virtuel, les obliger à faire le même parcours que les autres ? Créons des académies avec un bac du numérique qui permettra damener des jeunes dans un secteur où il y a 70 000 offres demploi qui ne sont pas pourvues parce quil ny a pas assez de candidats. Faut-il vraiment leur faire faire le parcours du combattant dans une filière qui ne les intéresse pas pour être certain de les décourager et que lennui soit synonyme de leurs études ?
Mais ce nouveau droit que je souhaite vous réserver, je veux quil soit la contrepartie dun devoir : désormais, chacun qui aura une formation sera obligé daccepter loffre demploi quon lui proposera. Là aussi les choses ne peuvent pas durer. Tous les jours, vous me le dites ! Tous les jours ! La solidarité, cest le devoir de la société quand lun dentre vous met un genou à terre. Mais lassistanat, cest-à-dire cette situation qui laisse à penser à un certain nombre de nos compatriotes qui travaillent dur quon peut gagner plus en ne travaillant pas du tout, là est linjustice, là est le scandale, là est la situation dont nous ne voulons plus. Tout au long de cette campagne, je ferai le débat sur linjustice et sur la justice. Quest-ce qui est juste et quest-ce qui est injuste ? Il y a des choses choquantes, particulièrement choquantes : des rémunérations invraisemblables, lattitude dune certaine finance, larrogance dune certaine classe dirigeante, des bonus invraisemblables. Il y a une injustice du haut mais il y a aussi une injustice du bas. Lorsquon a le droit de se passer sa carte Vitale parce quelle nest pas biométrique, cest une injustice parce que cest avec largent des Français qui travaillent que cette fraude est organisée. Cest une injustice aussi quand celui qui na jamais cotisé, jamais travaillé peut gagner davantage que celui qui cotise et qui travaille. Cest une injustice !
Enfin, je veux terminer par deux institutions qui sont centrales à mes yeux. La première, cest lécole. On me dit souvent : « Mais pourquoi navez-vous pas été au bout de votre réforme de lécole ? » Je veux men expliquer devant vous. Jai considéré que la réforme des universités était prioritaire et je veux dailleurs remercier Valérie PÉCRESSE pour le travail et le courage dont elle a fait preuve. Oh ! Vous savez, je me souviens de toutes ces années où prononcer le mot autonomie et déjà, le gouvernement retirait le dossier. Nous avons affronté une année de mouvement sans reculer dun millimètre. Cest peut-être cela aussi qui a changé. Et nous avons changé la recherche. Dans ce prochain quinquennat, lécole de la République sera ma priorité. Mais que là encore les choses soient claires, je veux les dire sans détour, je comprends parfaitement que lorsquon parle du statut des enseignants, on discute avec les syndicats, mais je conteste lidée que lécole de la République appartiendrait aux seuls syndicats de lÉducation nationale. Je veux défendre cette idée : lécole de la République, les familles de France ont le droit et même le devoir de donner leur avis ! Quand on parle statut, il est normal quon discute avec les syndicats, mais quand on parle de lavenir, des programmes, de la discipline, de la politesse, du respect, de la drogue à lécole, ce sont les familles de France qui sont concernées au premier chef ! Et je refuse le débat entre spécialistes sans que les familles ne puissent donner leur avis.
Que se passe-t-il ? Nous avons un premier problème immense : sept cent cinquante mille enfants arrivent chaque année sur les bancs de notre école et il y en a cent mille qui se noient dans la classe, qui ny arrivent pas. Dyslexie, problèmes psychologiques, problèmes sociaux, problèmes familiaux. Il y en a cent mille de nos enfants qui ne sen sortent pas. Si on nintervient pas à cet âge charnière entre la maternelle et la primaire, aux alentours du CP, ces jeunes-là, non seulement on ne résout pas leurs problèmes mais on se prive de toute chance de les résoudre après. Et ces jeunes-là à qui on fait croire quon peut passer du primaire au collège, du collège au lycée, ces jeunes-là qui sont les enfants de la République, on prépare les drames que nous connaissons. Il faut intervenir tout de suite.
Je propose donc que la chose soit claire, quune priorité nationale soit réservée, que tous les enfants de maternelle et de primaire, on voie leurs problèmes. À ceux dont on détermine quils ont des problèmes, quon sen occupe, quun crédit de 2 000 euros soit réservé par la société pour que le directeur décole et le maire puissent suppléer la famille lorsque la famille ny arrive pas. Et même lorsque la famille y arrive, quand on confronté au problème dun enfant, parfois, même si on na pas un problème social, même si on a des grandes responsabilités, même si on a des bons revenus, on a besoin dêtre conseillé, dêtre aidé, dêtre entouré parce quil ny a pas une chose plus difficile que léducation de ses enfants, spécialement quand ses enfants ont des problèmes. Nous allons les accompagner ! Nous allons mettre les moyens pour en sortir mais je dis une chose : pas un seul de ces enfants ne sera autorisé à passer en secondaire du primaire sil ne sait pas lire, écrire et compter. Parce que, quelle réussite pour un jeune au collège ou au lycée sil ne sait pas lire, écrire et compter ?
Et puis enfin, il y a dans cette région, cher Christian, cher Jean-Claude, la question de lEurope. Je connais cette région peut-être sur le bout des doigts. Jy suis venu tant de fois. Jai parlé dans tant de vos villes. Jai arpenté tant de vos routes. Je connais les visages, je connais les réactions, je sais à qui je parle et je sais bien que lorsquon vous a posé souvent la question de lEurope, une majorité dentre vous a répondu non alors que moi-même, jai toujours répondu oui. Je veux men expliquer avec vous et je veux vous faire comprendre quelque chose, quelque chose qui est très important à mes yeux, cest que le projet européen, cest un projet humaniste. Nous lavons fait pour la paix. Nous lavons fait pour être plus forts. Et cest vrai que le projet européen sest perdu, sest perdu dans la technocratie, a perdu ses valeurs et a détourné nos compatriotes de cet idéal.
Je ne peux pas me résoudre et je le dis devant les plus Européens dentre nous à ce quà chaque fois quon interroge le peuple français ou les peuples dEurope sur lEurope, ils répondent non alors que cest un projet de paix, de développement et de culture. Quelles erreurs ont-elles été commises pour en arriver là ? Et je veux prendre ma part de ces erreurs ! Mais en énonçant ces erreurs, je veux vous dire quil y a une solution. Lune des premières erreurs, ça a été, me semble-t-il, quand lEurope sest regardée avec inquiétude. Elle sest interrogée sur le fait de savoir si elle avait des racines chrétiennes. Et lEurope a répondu : nous navons pas de racines chrétiennes. Et en faisant cette réponse, lEurope a donné le sentiment a tant de nos compatriotes que lEurope nétait pas un projet pour conforter la civilisation européenne mais pour la nier et pour la détruire. Ce fut une erreur profonde.
Que les choses soient claires entre nous, je crois aux racines chrétiennes de la France et de lEurope. Ça ne veut pas dire que je fasse la propagande dune église. Ça ne veut pas dire que joublie que la République est laïque. Il suffit de regarder ce long manteau de cathédrales et déglise pour comprendre doù vient la France, qui a fait la France, comment sest bâtie la France. Dire cela, chère Rama, ça ne veut pas dire que je nie que la France ait eu dautres apports. Je nai pas dit que la France avait des origines exclusivement chrétiennes, je dis que la France a des racines chrétiennes et je dis quun pays qui nest pas capable de savoir doù il vient est incapable de définir où il doit aller. Ce fut une erreur majeure. Mais il y a une deuxième erreur, François, que tu avais vue sans doute avant moi. Cette deuxième erreur majeure, elle est dans la suppression de notre vocabulaire de mots fondateurs que sont les mots frontière et les mots nation. Je sais que cest bizarre que je vous parle de ça et pourtant, je lai tellement au fond de lâme. Je pense tellement que ce fut une erreur. La frontière. La frontière est présentée par tous ceux qui ny ont pas réfléchi comme une barrière. Moi, je pense que la frontière rassure, que la frontière apaise, que la frontière conforte et quun pays, une société rassurée, confortée, confiante, cest une société ouverte, quun pays qui est inquiet, cest une société fermée.
Pourquoi avez-vous tant de plaisir à recevoir vos voisins et vos amis dans lappartement que vous louez ou dans la maison que vous possédez ? Parce quil y a le cadastre, parce que vous savez quavec le bail et avec le cadastre, personne ne vous contestera la propriété de votre logement ou la résidence de votre bail de location. Rassurés que vous êtes, vous pouvez tendre la main de lautre côté de la frontière pour dire à lautre : « Tu es le bienvenu chez moi. » Imaginez la même situation où aucun dentre vous ne serait assuré de la propriété de sa maison ou de la réalité de son titre de location. Comment attendrez-vous lautre ? Vous lattendrez alors comme celui qui est une menace, qui est une menace pour vous et pour votre famille. La frontière rassure. La frontière protège. La frontière permet de défendre une identité. Cest la frontière qui permet dêtre heureux et en paix avec ses voisins. Voilà la vérité !
Eh bien si nous avons choisi de faire Schengen avec nos partenaires européens, cest pour que nos frontières soient mieux défendues, pas pour quelles soient détruites. Et je dis que si, dans un an, lEurope na pas changé et quil y a encore un trou béant entre la Turquie et la Grèce de cent quinze kilomètres de frontières européennes où il ny a pas un douanier, pas un contrôle, pas une barrière, eh bien la France reprendra les contrôles ciblés à ses frontières, pas pour la fermeture mais pour lEurope forte que nous voulons !
La nation. On a tout confondu dans un débat politique et médiatique où ceux qui ont la parole sont, en général, ceux qui parlent le plus fort pour dire le moins de choses. La nation nest pas le nationalisme. Lattachement à sa patrie nest pas une marque de bellicisme. Lattachement à sa nation, à sa patrie, cest simplement la référence à une identité. Parce quon est sûr de son identité, on accepte la rencontre avec dautres identités. Si on conteste sa propre identité, si on nen est pas sûr, si on ne sait pas qui lon est, doù lon vient, où on habite, je ne vois pas comment on peut être dans la logique de louverture qui est la tradition française ! Regardez les grands pays du monde ! Regardez-les ! Regardez la Chine ! Avez-vous vu beaucoup de Chinois qui renoncent à leur identité ? Regardez ce pays magnifique, les États-Unis dAmérique, où lorsque je my rends, je suis toujours ému par le fait quune maison sur deux a un drapeau américain pour manifester ladhésion et lattachement à ce pays ! Regardez ce pays extraordinaire quest le Brésil et la fierté de la culture brésilienne ! Oui, je suis fier de lidentité française, de la langue française, de la culture française et de la nation française !
La nation nest pas lopposé de lEurope, cher Gérard ! LEurope se construit sur des nations et cest libres et souveraines que ces nations, qui ne doutent pas delles-mêmes, décident dassocier leurs destins dans une ambition commune ! Cest parce que nous sommes souverains, cest parce que nous sommes sûrs de nous que nous pouvons nous additionner aux autres. Imaginez que nous nayons plus de langue, plus de culture, plus de cinéastes, plus décrivains, plus de chanteurs. Oui, je vous le dis, nous sommes les héritiers dun pays où lon peut parler sur la place de la Concorde de PÉGUY, de Victor HUGO, de CHATEAUBRIAND. Nous sommes les héritiers dun pays où nous nous reconnaissons dans Jeanne dARC, dans BONAPARTE, dans de GAULLE. Nous ne venons pas de nulle part ! Nous ne sommes pas des étrangers avec notre propre histoire ! La France est fière de cette culture !
Donner le sentiment que nous avions peur de défendre nos frontières, peur dassumer notre nation, ce fut une erreur parce que cela a été vécu comme une forme de lâcheté. Et je veux dailleurs dire, dans cette région si chère à mon cur, que si jai voulu que la France moi qui naime pas la repentance, qui naccuserai jamais la France de maux dont elle nest pas responsable , si jai voulu, moi, aller, premier président de la République, à Rivesaltes dans un camp de harkis, cest parce que je pense quil ny a quun pays fort qui est capable de regarder son histoire et que des hommes, qui avaient choisi la France, ont été trahis dans leur amour de la France. Jai voulu leur rendre hommage, ils le méritent. Et jai voulu, au travers des harkis, dire dailleurs à ceux quon appelait les pieds-noirs je sais, ça ne me gêne pas den parler , jai voulu leur dire une chose : il y a un sens de lhistoire collective et le sens de lhistoire collective, cest que chaque pays a le droit dêtre indépendant et personne ne me fera renoncer à ce principe. Et que sans doute, si javais été de lautre côté, sans doute que jaurais eu la même aspiration que nos amis de lautre côté de la Méditerranée à lindépendance. Mais le tort qui fut le nôtre, cest de ne pas comprendre quune histoire collective, qui va dans le sens de lindépendance, a pu briser des histoires familiales et des histoires personnelles qui devaient être protégées, qui devaient être rassurées, qui devaient être indemnisées.
Moi, je ne veux pas choisir. Nos amis algériens, nos amis marocains, nos amis tunisiens ont le droit à lindépendance. Il ne sagit nullement de faire reproche qui que cela soit, il sagit de sinterroger sur ce quest la République. Quand lhistoire collective brise des destins individuels, la République shonore de reconnaître cette souffrance et den tirer les conséquences. Cela na pas été fait sur le territoire de la République française. Cest pourquoi jai fait ce déplacement à Perpignan et à Rivesaltes.
Voilà, mes chers amis. Alors, maintenant, je vais vous dire une dernière chose plus personnelle. Si jai décidé de me battre comme je bats, ce nest pas pour moi, cest pour vous, cest pour notre pays. Je vous demande de me croire. Ce ne sont pas des grands mots, cest lexpression de ce que jai au plus profond de mon cur. Jai ressenti la chance de présider aux destinées de notre pays pendant cinq ans comme un immense honneur. Cet honneur moblige. Moi aussi, jai des droits mais jai beaucoup de devoirs. Et dans le devoir qui est le mien, jai le devoir de mengager dans cette campagne avec une force que je nai jamais mise, avec une volonté que je nai jamais exprimée, avec une soif de gagner pour la France que je nai jamais reconnue comme telle, avec une volonté absolument inébranlable parce que nous navons pas le choix. Pour notre pays, il faut gagner !
Si jai décidé de mengager, cest parce que lessentiel est en jeu. Alors je vous appelle au rassemblement et je veux dire pour moi que dans cet appel au rassemblement, la présence de Bernadette CHIRAC, ça me fait plaisir. Oui, Bernadette, par votre présence, vous faites taire les mensonges et les menteurs ! Par votre présence, cest toute la famille qui est réunie ! Je veux dire aussi mon amitié au président de lAssemblée nationale, Bernard ACCOYER. Jai dis à Jean-François et François ce que jen pensais et je voudrais faire un petit clin dil, cher Christian tu me le permettras à deux jeunes femmes qui sont ici, qui me font dont la présence me fait très plaisir. La première, cest ma si courageuse et indomptable porte-parole, Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET. Et la deuxième, cest Rama YADE dont la présence me fait très plaisir, voilà.
Oh ! Je sais ce quon va dire ! Que je suis sentimental. Mais je vais vous dire une chose, cest vrai, la présidence ne ma pas transformé, je ne suis pas devenu une momie. Je suis un être humain qui aime profondément son pays, sa patrie, ses concitoyens. Et cest en être humain, en Français engagé totalement dans lavenir de notre pays que je suis venu ici, à Nice ! Rassemblez-vous ! Mobilisez-vous ! Défendez-vous ! Prenez la parole ! Ne vous laissez pas priver de parole ! Imposez votre victoire ! Venez en masse dimanche porter votre bulletin parce que chaque bulletin construira notre victoire, parce que nous avons besoin de tout le monde, parce que les forces qui sont rassemblées contre nous sont si grandes que seul le peuple français pourra dire : « Voilà le choix que nous faisons, cest celui de la France forte. » ! Vive la République et vive la France ! Et quil me soit permis de dire à Carla quelle fait honneur à la France, lItalienne devenue Française.
Source http://www.lafranceforte.fr, le 23 avril 2012
Mes chers amis, nous y voilà parce que le moment où les choses vraiment sérieuses vont commencer arrivent. Jusquà présent, ca a été le début. Leur conception de légalité, neuf contre un !
Leur conception du service public : quand on nest pas insulté, on est remercié ! Leur conception de légalité : le mensonge le matin, le midi et le soir. Leur conception du débat : on ne débat pas ; on ne parle pas ; on ninterroge pas de la même façon les uns et les autres.
Aux autres, on déroule le tapis rouge. Voilà le moment de vérité, le moment où le peuple de France va dire sa vérité et va dire à tous ceux qui voudraient parler en son nom : voilà ce que nous voulons, voilà ce que nous décidons et ce nest pas vous qui déciderez à notre place. Voilà le moment où nous sommes et vous ici, à Nice, Christian et dans cette magnifique région, vous ici, vous allez dire votre vérité. La nôtre, cest que la France est à un moment historique, cest que la France na pas le droit à lerreur, cest que la France doit choisir et elle doit choisir maintenant. Il ne sagit pas comme je lai entendu de faire peur ; il ne sagit pas de choisir un camp ; il ne sagit pas de désigner des adversaires ; il sagit de décider en fonction de lavenir que vous voulez pour votre pays, pour vos familles et pour vos enfants.
Si vous Le choix se fera en toute transparence et en toute clarté, il ny aura pas de surprise. Pour vous, pour chaque Français, il sagit de savoir ce quil veut pour lavenir, quelle est la place de la France, quelle est la société dans laquelle nous voulons vivre, les valeurs que nous portons, les décisions que nous allons être amenés à prendre et par-dessus tout, il y aura ce chacun dentre nous, nous avons au fond du cur, je vous demande de vous libérer de toute attache partisane pour ne penser quà une seule chose : quel avenir pour notre pays ? Quel choix pour notre pays ? Quel intérêt pour la France ? Quelles décisions pour la France ?
Jai entendu dautres candidats parler avec des mots tellement brutaux, tellement sévères, tellement cruels de telle ou telle personne qui ne partageait pas ses opinions. Jai entendu du manque de respect pour les personnes. Jai entendu quon était candidat pour la gauche, quon ne parlait quà la gauche, quon ne voulait voir que la gauche et je voudrais, moi rappeler quun président de la République, il est président de tous ceux qui ont voté pour lui et il est président aussi de ceux, et cétait leur droit, qui nont pas voté pour lui. Cela sappelle la tolérance, le respect, la République. Jai vu comment on traitait celles et ceux qui mont rejoint, qui mont soutenu. Jai vu les mots qui ont été prononcés. Jamais je ne prononcerai ces mots à légard de ceux, fussent-ils peu élégants à notre endroit et à mon endroit parce que je pense que quand on na pas un comportement républicain, cest soi-même que lon abaisse, pas les autres, dabord soi-même.
On ma dit . On ma dit : que pensez-vous de ceux qui à la première brise contraire sen vont ? Jai choisi de ne pas commenter, je vais vous dire pourquoi. Parce que lidée que je me fais de la France, lidée que je me fais de la politique, lidée que je me fais du projet qui nous rassemble et qui rassemblera de plus en plus de Français, cest lidée du respect, de la tolérance, de la compréhension. Cest lidée qui consiste à tirer tout le monde vers le haut et à ne ramener personne vers le bas ; cest lidée qui consiste à ne pas sabaisser. Si tel ou tel choisit la peur ou lintérêt, cest leur droit. Quils continuent leur route ! Nous, nous avons une autre route, celle de la France, celle de lintérêt général et celle des Français. Nous ne sommes pas à la même altitude.
Mes chers amis, dans cette campagne, elle est faite pour ceux qui ont du courage, qui ont des convictions, qui ont envie daller à la rencontre des Français, qui ont envie que la victoire soit belle parce quelle sera méritée, parce que lon aura parcouru toutes les routes de France, parce quon aura rencontré des centaines de milliers de Français, parce quon aura créé une dynamique, parce quon aura résisté à tout et à tous. Voilà pour qui cette campagne est faite !
Lautre jour, on ma posé la question : mais vous dites que vous voulez parler au peuple de France mais qui est le peuple de France ?
Cest eux. Le peuple de France, à tous ceux qui le découvrent au détour de cette campagne, cest celui qui lorsquil y a une épreuve dans la vie, quil faut mettre un genou à terre, ne compte que sur lui-même parce que le peuple de France, il est fier et pudique. Quand il souffre, il se bat, il travaille, il fait des efforts et il mérite ce quil a créé, obtenu, bâti.
Le peuple de France, quand il nest pas daccord, il ne descend pas dans la rue, il ne casse pas, il ninjurie pas, il ne proteste pas et il dit : au moment des élections, je serai là. Voilà le peuple de France !
Le peuple de France doù quil vienne il a, chevillée au corps, la reconnaissance pour son pays, pour sa patrie, pour la République ; il aime son pays, sa région, sa ville, le peuple de France et il ne supporte plus la mise en cause systématique de la France, de la République et des Français. Cest le peuple de France !
Le peuple de France comprend parfaitement ce que la démocratie a apporté à la France. Il accepte bien sûr que toutes les opinions puissent sexprimer ; il naurait pas compris, le peuple de France, que tel ou tel candidat ou telle ou telle candidate nait pas pu présenter sa candidature mais le peuple de France, il est choqué lorsquavec largent du contribuable, il a limpression que laudiovisuel public ne fait pas une campagne équitable.
Le peuple de France comprend parfaitement que lorsquon est président de la République, on est le réceptacle de toutes les attaques, de tous les reproches, de tous les problèmes mais le peuple de France, il considère que lorsquon injurie le président de la République, cest un peu son pays que lon injurie.
Le choix qui est le nôtre, le choix que je vous propose après quatre années de crise dune violence inouïe où il a fallu protéger les Français, où jai eu lhonneur, le plaisir et la chance de travailler avec une équipe menée par François FILLON où il a fallu protéger les Français, protéger les Français, les protéger contre les risques qui ont emporté tant de pays à nos frontières. Je me souviens très bien, jétais jeune en 1981. Deux camps sopposaient et à lépoque, on pouvait penser, lorsquon disait « la catastrophe va arriver », que cétait une prédiction, que cela faisait partie du jeu de la politique mais que ça ne correspondait pas à des réalités. Aujourdhui, mes chers compatriotes, je veux vous demander une chose : regardez simplement, simplement de lautre côté de nos frontières, juste à côté de nous, ce qui est arrivé à des pays dont les gouvernements nont pas voulu faire les choix quil fallait faire au moment où ils auraient dû les faire. Y a-t-il un Français qui souhaite pour la France la situation que connaissent aujourdhui la Grèce, le Portugal, lEspagne, lIrlande, lIslande ? Ces pays-là ont souffert parce que les gouvernements qui étaient les leurs nont pas pris au moment où il fallait les prendre les décisions quil y avait à assumer. Voilà la vérité.
Je me souviens de la campagne de 2007 où la candidate qui me faisait face navait quun seul exemple à citer qui était lexemple de lEspagne. Et je me souviens très bien, cétait il y a quelques semaines, du candidat socialiste dont le seul chef de gouvernement qui lait reçu et dont il voulait sinspirer de laction, cétait le chef du gouvernement socialiste de lEspagne, Monsieur ZAPATERO. Pourquoi Monsieur ZAPATERO a-t-il aujourdhui disparu des références du candidat socialiste ?!
Est-ce lavenir quil nous promet ? Je me souviens lorsquil y a deux ans, il a fallu faire la réforme des retraites, le gouvernement espagnol regardait la France avec ses manifestations, ses protestations, ce gouvernement et sa majorité, merci cher Jean-François COPE de nous avoir soutenus avec lensemble des parlementaires de notre famille. A ce moment-là, il nous regardait comme des gens bizarres. Il y avait des manifestations, les gens nétaient pas contents. Tous les syndicats étaient contre nous : neuf manifestations nationales. Je nai pas voulu reculer ; je nai pas voulu céder parce que cétait lintérêt général qui était en cause.
Mes chers amis, je vous demande dy réfléchir. Où en serait la France si nous navions pas fait la réforme des retraites il y a deux ans ? Nous serions dans la situation de lEspagne. Voilà la vérité. Cette vérité, chacun doit la regarder en face. En 1981, il a fallu deux ans pour que les Français payent la facture et laddition. En 2012, il faudrait deux jours pour que les Français payent laddition.
Ici dans cette ville, cher Christian, dans cette région, on a travaillé dur, on a construit sa famille, on a acquis son appartement, sa maison, on sest battu et on na quun seul rêve, cest que ses enfants puissent commencer plus haut que soi-même on a commencé. Lorsque la crise a frappé, dès 2008, et lorsque nous avons vu limpensable, deux des plus grandes banques américaines disparaître dun trait de plume, en quelques jours ! Sur les cinq plus grandes banques américaines, deux disparues, rayées de la carte ! Cest tout juste si on se souvient de leur nom et à ce moment là, je dois le dire : jamais, je naurais pu penser, imaginer que limpensable se produise, un système bancaire mondial qui sarrête, qui se paralyse, des banques centrales qui ne veulent plus prêter aux banques, des banques qui ne se font plus confiance en elles et partout entre elles-mêmes et partout dans tous les pays, des queues aux guichets pour aller retirer lépargne. A ce moment-là, cétait Toulon, cher Hubert, ce nétait pas loin dici, Toulon et jai dit : je vous promets, nous sauverons les banques, pas pour les banques mais parce quà lintérieur des banques, il y a votre épargne et je ne laisserai pas un seul épargnant français ruiné par une crise dont il nest pour rien.
Eh bien, trois ans et demi après trois ans et demi après, les choses sont claires. Trois ans et demi après, je peux venir dans cette salle immense et dire à vous mais à travers vous à tous nos compatriotes, pas un seul dentre vous na perdu un centime de son épargne parce que le gouvernement de la République a protégé lépargne des Français en sauvant les banques et le système bancaire français. Voilà la vérité !
A lépoque, la si sympathique et si modérée Ségolène ROYAL a dit devant tous les micros : le président ment, le président utilise largent public pour sauver les banques. Trois ans et demi après, qui a menti ? Eux. Qui a pris les bonnes décisions ? Nous. Non seulement les épargnants français ont gardé leur épargne mais nous sommes le seul pays au monde où le plan de sauvetage des banques non seulement na rien coûté au contribuable mais a rapporté 2, 4 milliards deuros dintérêts que nous avons fait payer aux établissements bancaires français !
Que lon me comprenne bien. Je ne dis pas cela, je ne dis pas cela pour vanter je ne sais quel bilan. Laction que nous avons menée depuis cinq ans, elle appartient à lHistoire et lHistoire tranchera. Je dis cela pour que chaque Français puisse décider en toute connaissance de cause. Imaginez un peu dans ces successions de crises phénoménales que nous avons eu à traverser et à affronter, si la barre de la France avait à lépoque était conduite par ce triumvirat MELENCHON, JOLY et HOLLANDE !
Mes chers amis, que les choses soient claires entre nous. La crise a provoqué des souffrances et il y a tant de Français qui souffrent et qui se demandent : est-ce que lon peut avoir encore la maîtrise de notre destin ? Je le sais, je prends en charge cette souffrance, je la considère et je la respecte mais je dis à cette France qui a envie de renverser la table, qui pense que la seule liberté qui lui reste, cest de dire « non », « la barbe ! », denvoyer tout le monde balader, je lui dis : si vous faites cela, vous penserez vous faire plaisir mais cette table que vous renversez, vous ne la renverserez pas sur les responsables, vous la renverserez sur vous-même et vous le paierez de davantage de souffrance, de davantage de misère, de davantage de désespérance. Voilà la réalité telle quelle est !
Franchement, jai honte parfois pour ceux qui veulent exploiter la misère et la désespérance. Cest vrai, il y a des femmes et des hommes de France qui sont au chômage et qui ny peuvent rien. Il y a des femmes et des hommes de France qui travaillent dans des usines avec langoisse au ventre en se disant : est-ce que demain, je ne serai pas délocalisé parce que je suis tombé sur un actionnaire qui est un fonds de pensions sans cur et parfois sans morale ? Je sais cela. Je sais quil y a des femmes et des hommes de France qui souffrent parce quelles mettent leurs enfants dans des écoles qui se révèlent être des impasses, parce que malheureusement, les chances dy réussir ne sont pas les mêmes quailleurs. Je veux parler de cette France, je veux parler à ces Français et je conteste à quiconque de minterdire de le faire parce que lorsque les Républicains ne parlent pas à la France du « non » ou à la France qui souffre, il ne faut pas sétonner que cette France-là soit devenue lotage des extrémistes de gauche ou des extrémistes de droite. Cest parce que nous, les Républicains, pendant trop longtemps, nous avons eu peur daffronter cette souffrance, daffronter cette misère, daffronter ces problèmes, daffronter ces personnes. Et je veux vous raconter une anecdote. Lautre jour, jétais linvité dune radio, manifestement on ne mattendait pas. Heureusement quil y avait le CSA pour mobliger à faire une toute petite place. Oh, je préviens : je ne reviendrai pas, ce nest pas que cétait un tel plaisir mais bon Et alors, figurez-vous quon avait fait, cher Jean-François, un reportage extrêmement intéressant sur les militants de lUMP. Je me dis : tiens, je vais entendre des choses agréables ! Et on a choisi une fédération au hasard, la fédération de la Seine-Saint-Denis, le plus grand des hasards ! Et une dame a pris la parole et jai bien vu le piège mais je veux en parler devant vous car jai dit que je ferai campagne en vérité, je ne masquerai rien, je ne dissimulerai rien, et jassumerai mes choix et mes convictions. Et pour moi, la seule chose qui compte, cest de convaincre le peuple de France. Cette dame a dit une chose, des choses qui ne mengagent pas dans les mots mais qui me créent un devoir dans la réalité. Elle a dit : « on nen peut plus, on a peur. » Et alors la personne qui linterroge, bien sûr, poussant dans ses retranchements « mais peur de qui ? », « on a peur, monsieur » dit-elle. Et elle dit quelque chose dans lequel je ne me reconnais pas mais que je comprends parce que ça venait delle : « on a peur, on a peur mais ceux qui nous font peur, ils ne sont pas portugais » et le journaliste se retourne « alors ? ». Eh bien, je vais vous dire alors. Cette femme, elle naurait pas dû parler comme ça, mais je comprends sa souffrance et je conteste que qui que ce soit qui nhabite pas dans ces quartiers, qui ne met pas ses enfants dans ces écoles donne des leçons de morale à cette femme qui sest sans doute mal exprimée mais qui derrière les mots a traduit une réalité et cette réalité, mon devoir, cest dy apporter une réponse. Voilà ma réponse devant le peuple de France !
Bien sûr, le politiquement correct aurait voulu oh je le sais ! le politiquement correct aurait voulu que je me bouche le nez, que je tance cette femme, que je lui dise quelle naurait pas dû, quelle ne devrait pas, que ça ne se fait pas. Sans doute, ça ne se fait pas mais peut-être que si je vivais là où elle vit et si je ressentais la peur quelle ressent, peut-être même que jaurais parlé comme elle. Et ce nest pas en niant cette réalité-là quon répondra à cette souffrance-là ! Je veux considérer cette souffrance pour ramener cette femme vers dautres sentiments, vers dautres mots, vers dautres paroles et vers dautres réactions. Voilà ce que je pense. Alors, quand nous avons commencé la campagne et je le sais, je vois laréopage, le vôtre, ceux des élus qui me soutiennent, je vois vos différences de sensibilité, je vois vos différences de parcours, je vois ceux qui ont une ancienneté dancrage plus militant, jen vois dautres qui ont une autre sensibilité. Si je veux rassembler, il faut que chacun se retrouve dans ce discours. Jai donc choisi de ne pas évacuer les problèmes, de les traiter pour que chacun sache dans les cinq années qui viennent ce que lon va faire et je conteste lidée quon ne peut pas parler des sujets qui préoccupent les Français, quon ne devrait parler que des questions qui ne les préoccupent pas, dont on parle dans quelques cénacles où personne ne comprend rien quand on les écoute, où quand ils parlent, ils parlent entre eux, jamais à vous, toujours à eux, niant la réalité, faisant comme lon expliquait, « vous navez pas peur, vous avez limpression davoir peur. » Oui mais pour celui qui souffre, vous navez pas mal, vous avez limpression davoir mal, cest la même chose, Docteur !
Jai voulu parler de limmigration et jai voulu en parler non pas parce que ça serait une obsession. Je sais doù je viens. Je sais quelles sont mes origines et je nai aucune leçon à recevoir en la matière de personne !
Jai voulu en parler, vous savez pourquoi ? Parce que jai voulu que personne dautre nen parle à notre place. Jai voulu en parler pour que les choses soient claires entre nous. Dans les cinq ans qui viennent, jamais, vous mentendez bien, jamais, je ne proposerai la fermeture de la France. Jamais je ne vous demanderai la haine de lautre, la haine de la différence. Je me bats pour la France forte, pas pour la France faible. La France faible, elle a peur, elle déteste. Quand jai entendu hier à la télévision Jean-Marie LE PEN
je me suis, je me suis dit : voilà la confirmation de pourquoi je nai jamais voulu durant toute ma carrière politique avoir ni de près ni de loin un accord avec eux parce quil y a des choses
Quand on compare le rassemblement magnifique de la place de la Concorde à Nuremberg, jai honte pour celui qui fait cette comparaison !
Je vais même aller plus loin avec vous. Il y a des choses qui peuvent me séparer de tel ou de tel. Moi, je pense que, ici, cest la France. Ce nest pas comme dans dautres pays où avant de vous opérer, quand vous arrivez à lhôpital, on vous demande si votre carte bleue est bien fournie. Ici, ici, cest la France. Ici, cest la République. Quand quelquun est devant lhôpital quil soit français ou étranger, pauvre ou riche, on le soigne parce que cest un être humain quelle que soit sa couleur de peau, quels que soient ses engagements, quelle que soit ladresse sur son passeport. Cest la raison pour laquelle je ne toucherai pas ni à la CMU ni à laide médicale mais simplement, je dis une chose, aussi fort que je crois que la tradition de la France, cest louverture, je veux dire que ça ne peut plus durer, quon ne peut plus faire semblant de considérer que notre système dintégration fonctionne alors quil ne fonctionne plus. Il ne fonctionne plus.
Il ne fonctionne plus parce que quand vous accueillez des gens à qui vous refusez toute opportunité davoir un logement parce quon nen a pas assez, un emploi parce quon nen a pas assez ou une place à lécole parce quil y a des écoles qui sont devenues ghettos, cest de la fausse générosité, cest du faux humanisme, cest de la fausse ouverture. Dire cela, cest la vérité, que si nous voulons intégrer comme ils le méritent ceux que nous accueillons, alors prenons la peine de les recevoir dignement, dans de bonnes conditions. Et jai fixé comme règle que désormais, toute personne qui voudra venir en France et qui sera le bienvenu, devra apprendre le français et les valeurs de la République avant même que dentrer sur le territoire de la République.
Et je veux que vous compreniez quelque chose parce que ça me tient à cur. À tous les faux généreux, à tous les Tartuffe, à tous les hypocrites, à tous ceux qui donnent des leçons de morale et Dieu sait sils sont nombreux , je veux dire une chose : pensez à cet enfant dune femme immigrée qui ne parle pas un mot de français, qui est incapable de dialoguer avec linstituteur de son enfant, qui est incapable de répondre à la lettre ou au bulletin de notes de son enfant. Cette femme claquemurée dans son appartement parce quelle ne parle pas un mot de français, quon lui interdit de travailler. Cet enfant devenu grand, quelle image aura-t-il de la République française, de légalité entre les hommes et les femmes, de lautorité de ses parents et de la place de la femme dans la société si la France tolère une situation de cette nature ? Y a-t-on pensé ?
Chez nous, la femme que lon va accueillir avec ses enfants, elle sera libre, libre de marcher dans la rue sans avoir à revêtir une prison de tissu. Elle sera libre, libre de se marier avec qui bon lui semble sans que ses frères ou ses parents aient à donner leur opinion sur le choix libre dune femme libre sur le territoire libre de la République française ! Et cet enfant, qui est notre enfant parce que nous lavons accueilli quelle que soit la couleur de la peau, il aura les mêmes chances que les autres parce quil travaillera dans une école où on soccupera de lui et quil aura une famille où on comprendra le français et les valeurs de la République. Ça changera tout pour cet enfant de la République.
Je veux dire un mot du travail et de tout ce que nous avons à faire ensemble. Bien souvent, on me dit : « Est-ce que la France peut sen sortir ? Est-ce quil y a un avenir pour un pays comme le nôtre ou est-ce que nous sommes condamnés dans la compétition par des ensembles immenses (la Chine, le Brésil, lInde, les États-Unis dAmérique) ? ». La France peut sen sortir mais la France ne peut pas sexonérer du travail, de leffort, du mérite. La France ne peut pas sexonérer dun gigantesque effort de formation pour chacun dentre nous. La France ne peut pas sexonérer de comprendre la réalité du monde.
Lorsque lon est au chômage en France, nous nous enorgueillissons de notre modèle social et nous considérons quon a réglé le problème en permettant aux chômeurs non pas de vivre mais de survivre. Et au fond, avec une forme dhypocrisie, nous disons : « Mais enfin, vous avez une indemnité. Et après lindemnité, il y a le RMI devenu RSA. De quoi vous plaignez-vous ? » Ce nest pas comme ça quon traite les hommes et les femmes dans la République. Dans la République, on les traite différemment. Et voilà le changement considérable que je vous propose : désormais, chaque Français, chaque Française, quel que soit son âge, quel que soit son parcours, aura le droit à une formation professionnelle, aura le droit dapprendre un métier pour faire vivre sa famille de son travail et non pas de lassistance, aura le droit de vivre debout et non pas en tendant la main, aura le droit de vivre dignement parce quon lui reconnaîtra une compétence. Et parce quelle aura cette compétence, elle reprendra, cette personne, confiance en elle. Voilà le nouveau modèle social français que je propose, un nouveau droit.
Mais je veux dire aussi, ce droit doit partager, irriguer toute la société française. Celui qui a plus de cinquante ans et qui a perdu son emploi, si on ne laide pas, il na aucune chance quune entreprise lui fasse une place. Cette mère de famille qui a voulu élever ses enfants, sy consacrer pleinement, la société ne va quand même pas le lui reprocher. Mais après quinze ans, dix-huit ans à soccuper de ses enfants et de sa famille, quelle chance a-t-elle, si on ne laide pas, si on ne lui apprend pas une formation, si on ne lui enseigne pas un nouveau métier, quelle chance a-t-elle de retrouver une place dans la société ? Est-ce que cest la récompense de la société de dire à une femme : « Voilà, jai tout sacrifié pendant quinze ans, pendant dix-huit ans pour mes enfants et à larrivée, la société dit : il ny a plus de place pour vous. Trop vieille, trop ancienne, trop démodée, trop exclue du marché du travail. » Je naime pas cette injustice parce que cest une injustice et une injustice particulièrement violente.
Mais je pense aussi à vos enfants. Nous navons pas tous la chance davoir des bêtes à concours ah ! Je vois quil y a du vécu dans la salle , cest-à-dire des enfants qui réussissent du premier coup leur examen et qui, à bac + 18, regardent sil ny a pas encore quelques années à faire. Il ny a pas une voie de réussite dans la société dans laquelle nous voulons vivre, il y en a beaucoup de voies de réussite. Il doit y avoir une place pour chaque jeune à qui on reconnaît le droit dapprendre un métier. Je pensais notamment à tous ces jeunes passionnés par le Net ou passionnés par lordinateur et un peu moins par le bac. Faut-il vraiment, pour utiliser leurs compétences, leur volonté de sintégrer dans ce nouveau monde virtuel, les obliger à faire le même parcours que les autres ? Créons des académies avec un bac du numérique qui permettra damener des jeunes dans un secteur où il y a 70 000 offres demploi qui ne sont pas pourvues parce quil ny a pas assez de candidats. Faut-il vraiment leur faire faire le parcours du combattant dans une filière qui ne les intéresse pas pour être certain de les décourager et que lennui soit synonyme de leurs études ?
Mais ce nouveau droit que je souhaite vous réserver, je veux quil soit la contrepartie dun devoir : désormais, chacun qui aura une formation sera obligé daccepter loffre demploi quon lui proposera. Là aussi les choses ne peuvent pas durer. Tous les jours, vous me le dites ! Tous les jours ! La solidarité, cest le devoir de la société quand lun dentre vous met un genou à terre. Mais lassistanat, cest-à-dire cette situation qui laisse à penser à un certain nombre de nos compatriotes qui travaillent dur quon peut gagner plus en ne travaillant pas du tout, là est linjustice, là est le scandale, là est la situation dont nous ne voulons plus. Tout au long de cette campagne, je ferai le débat sur linjustice et sur la justice. Quest-ce qui est juste et quest-ce qui est injuste ? Il y a des choses choquantes, particulièrement choquantes : des rémunérations invraisemblables, lattitude dune certaine finance, larrogance dune certaine classe dirigeante, des bonus invraisemblables. Il y a une injustice du haut mais il y a aussi une injustice du bas. Lorsquon a le droit de se passer sa carte Vitale parce quelle nest pas biométrique, cest une injustice parce que cest avec largent des Français qui travaillent que cette fraude est organisée. Cest une injustice aussi quand celui qui na jamais cotisé, jamais travaillé peut gagner davantage que celui qui cotise et qui travaille. Cest une injustice !
Enfin, je veux terminer par deux institutions qui sont centrales à mes yeux. La première, cest lécole. On me dit souvent : « Mais pourquoi navez-vous pas été au bout de votre réforme de lécole ? » Je veux men expliquer devant vous. Jai considéré que la réforme des universités était prioritaire et je veux dailleurs remercier Valérie PÉCRESSE pour le travail et le courage dont elle a fait preuve. Oh ! Vous savez, je me souviens de toutes ces années où prononcer le mot autonomie et déjà, le gouvernement retirait le dossier. Nous avons affronté une année de mouvement sans reculer dun millimètre. Cest peut-être cela aussi qui a changé. Et nous avons changé la recherche. Dans ce prochain quinquennat, lécole de la République sera ma priorité. Mais que là encore les choses soient claires, je veux les dire sans détour, je comprends parfaitement que lorsquon parle du statut des enseignants, on discute avec les syndicats, mais je conteste lidée que lécole de la République appartiendrait aux seuls syndicats de lÉducation nationale. Je veux défendre cette idée : lécole de la République, les familles de France ont le droit et même le devoir de donner leur avis ! Quand on parle statut, il est normal quon discute avec les syndicats, mais quand on parle de lavenir, des programmes, de la discipline, de la politesse, du respect, de la drogue à lécole, ce sont les familles de France qui sont concernées au premier chef ! Et je refuse le débat entre spécialistes sans que les familles ne puissent donner leur avis.
Que se passe-t-il ? Nous avons un premier problème immense : sept cent cinquante mille enfants arrivent chaque année sur les bancs de notre école et il y en a cent mille qui se noient dans la classe, qui ny arrivent pas. Dyslexie, problèmes psychologiques, problèmes sociaux, problèmes familiaux. Il y en a cent mille de nos enfants qui ne sen sortent pas. Si on nintervient pas à cet âge charnière entre la maternelle et la primaire, aux alentours du CP, ces jeunes-là, non seulement on ne résout pas leurs problèmes mais on se prive de toute chance de les résoudre après. Et ces jeunes-là à qui on fait croire quon peut passer du primaire au collège, du collège au lycée, ces jeunes-là qui sont les enfants de la République, on prépare les drames que nous connaissons. Il faut intervenir tout de suite.
Je propose donc que la chose soit claire, quune priorité nationale soit réservée, que tous les enfants de maternelle et de primaire, on voie leurs problèmes. À ceux dont on détermine quils ont des problèmes, quon sen occupe, quun crédit de 2 000 euros soit réservé par la société pour que le directeur décole et le maire puissent suppléer la famille lorsque la famille ny arrive pas. Et même lorsque la famille y arrive, quand on confronté au problème dun enfant, parfois, même si on na pas un problème social, même si on a des grandes responsabilités, même si on a des bons revenus, on a besoin dêtre conseillé, dêtre aidé, dêtre entouré parce quil ny a pas une chose plus difficile que léducation de ses enfants, spécialement quand ses enfants ont des problèmes. Nous allons les accompagner ! Nous allons mettre les moyens pour en sortir mais je dis une chose : pas un seul de ces enfants ne sera autorisé à passer en secondaire du primaire sil ne sait pas lire, écrire et compter. Parce que, quelle réussite pour un jeune au collège ou au lycée sil ne sait pas lire, écrire et compter ?
Et puis enfin, il y a dans cette région, cher Christian, cher Jean-Claude, la question de lEurope. Je connais cette région peut-être sur le bout des doigts. Jy suis venu tant de fois. Jai parlé dans tant de vos villes. Jai arpenté tant de vos routes. Je connais les visages, je connais les réactions, je sais à qui je parle et je sais bien que lorsquon vous a posé souvent la question de lEurope, une majorité dentre vous a répondu non alors que moi-même, jai toujours répondu oui. Je veux men expliquer avec vous et je veux vous faire comprendre quelque chose, quelque chose qui est très important à mes yeux, cest que le projet européen, cest un projet humaniste. Nous lavons fait pour la paix. Nous lavons fait pour être plus forts. Et cest vrai que le projet européen sest perdu, sest perdu dans la technocratie, a perdu ses valeurs et a détourné nos compatriotes de cet idéal.
Je ne peux pas me résoudre et je le dis devant les plus Européens dentre nous à ce quà chaque fois quon interroge le peuple français ou les peuples dEurope sur lEurope, ils répondent non alors que cest un projet de paix, de développement et de culture. Quelles erreurs ont-elles été commises pour en arriver là ? Et je veux prendre ma part de ces erreurs ! Mais en énonçant ces erreurs, je veux vous dire quil y a une solution. Lune des premières erreurs, ça a été, me semble-t-il, quand lEurope sest regardée avec inquiétude. Elle sest interrogée sur le fait de savoir si elle avait des racines chrétiennes. Et lEurope a répondu : nous navons pas de racines chrétiennes. Et en faisant cette réponse, lEurope a donné le sentiment a tant de nos compatriotes que lEurope nétait pas un projet pour conforter la civilisation européenne mais pour la nier et pour la détruire. Ce fut une erreur profonde.
Que les choses soient claires entre nous, je crois aux racines chrétiennes de la France et de lEurope. Ça ne veut pas dire que je fasse la propagande dune église. Ça ne veut pas dire que joublie que la République est laïque. Il suffit de regarder ce long manteau de cathédrales et déglise pour comprendre doù vient la France, qui a fait la France, comment sest bâtie la France. Dire cela, chère Rama, ça ne veut pas dire que je nie que la France ait eu dautres apports. Je nai pas dit que la France avait des origines exclusivement chrétiennes, je dis que la France a des racines chrétiennes et je dis quun pays qui nest pas capable de savoir doù il vient est incapable de définir où il doit aller. Ce fut une erreur majeure. Mais il y a une deuxième erreur, François, que tu avais vue sans doute avant moi. Cette deuxième erreur majeure, elle est dans la suppression de notre vocabulaire de mots fondateurs que sont les mots frontière et les mots nation. Je sais que cest bizarre que je vous parle de ça et pourtant, je lai tellement au fond de lâme. Je pense tellement que ce fut une erreur. La frontière. La frontière est présentée par tous ceux qui ny ont pas réfléchi comme une barrière. Moi, je pense que la frontière rassure, que la frontière apaise, que la frontière conforte et quun pays, une société rassurée, confortée, confiante, cest une société ouverte, quun pays qui est inquiet, cest une société fermée.
Pourquoi avez-vous tant de plaisir à recevoir vos voisins et vos amis dans lappartement que vous louez ou dans la maison que vous possédez ? Parce quil y a le cadastre, parce que vous savez quavec le bail et avec le cadastre, personne ne vous contestera la propriété de votre logement ou la résidence de votre bail de location. Rassurés que vous êtes, vous pouvez tendre la main de lautre côté de la frontière pour dire à lautre : « Tu es le bienvenu chez moi. » Imaginez la même situation où aucun dentre vous ne serait assuré de la propriété de sa maison ou de la réalité de son titre de location. Comment attendrez-vous lautre ? Vous lattendrez alors comme celui qui est une menace, qui est une menace pour vous et pour votre famille. La frontière rassure. La frontière protège. La frontière permet de défendre une identité. Cest la frontière qui permet dêtre heureux et en paix avec ses voisins. Voilà la vérité !
Eh bien si nous avons choisi de faire Schengen avec nos partenaires européens, cest pour que nos frontières soient mieux défendues, pas pour quelles soient détruites. Et je dis que si, dans un an, lEurope na pas changé et quil y a encore un trou béant entre la Turquie et la Grèce de cent quinze kilomètres de frontières européennes où il ny a pas un douanier, pas un contrôle, pas une barrière, eh bien la France reprendra les contrôles ciblés à ses frontières, pas pour la fermeture mais pour lEurope forte que nous voulons !
La nation. On a tout confondu dans un débat politique et médiatique où ceux qui ont la parole sont, en général, ceux qui parlent le plus fort pour dire le moins de choses. La nation nest pas le nationalisme. Lattachement à sa patrie nest pas une marque de bellicisme. Lattachement à sa nation, à sa patrie, cest simplement la référence à une identité. Parce quon est sûr de son identité, on accepte la rencontre avec dautres identités. Si on conteste sa propre identité, si on nen est pas sûr, si on ne sait pas qui lon est, doù lon vient, où on habite, je ne vois pas comment on peut être dans la logique de louverture qui est la tradition française ! Regardez les grands pays du monde ! Regardez-les ! Regardez la Chine ! Avez-vous vu beaucoup de Chinois qui renoncent à leur identité ? Regardez ce pays magnifique, les États-Unis dAmérique, où lorsque je my rends, je suis toujours ému par le fait quune maison sur deux a un drapeau américain pour manifester ladhésion et lattachement à ce pays ! Regardez ce pays extraordinaire quest le Brésil et la fierté de la culture brésilienne ! Oui, je suis fier de lidentité française, de la langue française, de la culture française et de la nation française !
La nation nest pas lopposé de lEurope, cher Gérard ! LEurope se construit sur des nations et cest libres et souveraines que ces nations, qui ne doutent pas delles-mêmes, décident dassocier leurs destins dans une ambition commune ! Cest parce que nous sommes souverains, cest parce que nous sommes sûrs de nous que nous pouvons nous additionner aux autres. Imaginez que nous nayons plus de langue, plus de culture, plus de cinéastes, plus décrivains, plus de chanteurs. Oui, je vous le dis, nous sommes les héritiers dun pays où lon peut parler sur la place de la Concorde de PÉGUY, de Victor HUGO, de CHATEAUBRIAND. Nous sommes les héritiers dun pays où nous nous reconnaissons dans Jeanne dARC, dans BONAPARTE, dans de GAULLE. Nous ne venons pas de nulle part ! Nous ne sommes pas des étrangers avec notre propre histoire ! La France est fière de cette culture !
Donner le sentiment que nous avions peur de défendre nos frontières, peur dassumer notre nation, ce fut une erreur parce que cela a été vécu comme une forme de lâcheté. Et je veux dailleurs dire, dans cette région si chère à mon cur, que si jai voulu que la France moi qui naime pas la repentance, qui naccuserai jamais la France de maux dont elle nest pas responsable , si jai voulu, moi, aller, premier président de la République, à Rivesaltes dans un camp de harkis, cest parce que je pense quil ny a quun pays fort qui est capable de regarder son histoire et que des hommes, qui avaient choisi la France, ont été trahis dans leur amour de la France. Jai voulu leur rendre hommage, ils le méritent. Et jai voulu, au travers des harkis, dire dailleurs à ceux quon appelait les pieds-noirs je sais, ça ne me gêne pas den parler , jai voulu leur dire une chose : il y a un sens de lhistoire collective et le sens de lhistoire collective, cest que chaque pays a le droit dêtre indépendant et personne ne me fera renoncer à ce principe. Et que sans doute, si javais été de lautre côté, sans doute que jaurais eu la même aspiration que nos amis de lautre côté de la Méditerranée à lindépendance. Mais le tort qui fut le nôtre, cest de ne pas comprendre quune histoire collective, qui va dans le sens de lindépendance, a pu briser des histoires familiales et des histoires personnelles qui devaient être protégées, qui devaient être rassurées, qui devaient être indemnisées.
Moi, je ne veux pas choisir. Nos amis algériens, nos amis marocains, nos amis tunisiens ont le droit à lindépendance. Il ne sagit nullement de faire reproche qui que cela soit, il sagit de sinterroger sur ce quest la République. Quand lhistoire collective brise des destins individuels, la République shonore de reconnaître cette souffrance et den tirer les conséquences. Cela na pas été fait sur le territoire de la République française. Cest pourquoi jai fait ce déplacement à Perpignan et à Rivesaltes.
Voilà, mes chers amis. Alors, maintenant, je vais vous dire une dernière chose plus personnelle. Si jai décidé de me battre comme je bats, ce nest pas pour moi, cest pour vous, cest pour notre pays. Je vous demande de me croire. Ce ne sont pas des grands mots, cest lexpression de ce que jai au plus profond de mon cur. Jai ressenti la chance de présider aux destinées de notre pays pendant cinq ans comme un immense honneur. Cet honneur moblige. Moi aussi, jai des droits mais jai beaucoup de devoirs. Et dans le devoir qui est le mien, jai le devoir de mengager dans cette campagne avec une force que je nai jamais mise, avec une volonté que je nai jamais exprimée, avec une soif de gagner pour la France que je nai jamais reconnue comme telle, avec une volonté absolument inébranlable parce que nous navons pas le choix. Pour notre pays, il faut gagner !
Si jai décidé de mengager, cest parce que lessentiel est en jeu. Alors je vous appelle au rassemblement et je veux dire pour moi que dans cet appel au rassemblement, la présence de Bernadette CHIRAC, ça me fait plaisir. Oui, Bernadette, par votre présence, vous faites taire les mensonges et les menteurs ! Par votre présence, cest toute la famille qui est réunie ! Je veux dire aussi mon amitié au président de lAssemblée nationale, Bernard ACCOYER. Jai dis à Jean-François et François ce que jen pensais et je voudrais faire un petit clin dil, cher Christian tu me le permettras à deux jeunes femmes qui sont ici, qui me font dont la présence me fait très plaisir. La première, cest ma si courageuse et indomptable porte-parole, Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET. Et la deuxième, cest Rama YADE dont la présence me fait très plaisir, voilà.
Oh ! Je sais ce quon va dire ! Que je suis sentimental. Mais je vais vous dire une chose, cest vrai, la présidence ne ma pas transformé, je ne suis pas devenu une momie. Je suis un être humain qui aime profondément son pays, sa patrie, ses concitoyens. Et cest en être humain, en Français engagé totalement dans lavenir de notre pays que je suis venu ici, à Nice ! Rassemblez-vous ! Mobilisez-vous ! Défendez-vous ! Prenez la parole ! Ne vous laissez pas priver de parole ! Imposez votre victoire ! Venez en masse dimanche porter votre bulletin parce que chaque bulletin construira notre victoire, parce que nous avons besoin de tout le monde, parce que les forces qui sont rassemblées contre nous sont si grandes que seul le peuple français pourra dire : « Voilà le choix que nous faisons, cest celui de la France forte. » ! Vive la République et vive la France ! Et quil me soit permis de dire à Carla quelle fait honneur à la France, lItalienne devenue Française.
Source http://www.lafranceforte.fr, le 23 avril 2012