Extraits d'un entretien de M. Bernard Cazeneuve, ministre des affaires européennes, avec I-Télé le 18 mai 2012, notamment sur la crise de la Zone euro.

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Média : Itélé

Texte intégral


Nous avons, Laurent Fabius et moi en 2005, exprimé la volonté de voir l’Europe s’engager sur un autre chemin ; c’est aujourd’hui une nécessité compte tenu de la crise à laquelle elle est confrontée. Je suis, pour ce qui me concerne, résolument européen et très désireux, dans les semaines qui viennent, de m’engager pleinement dans les grands sujets qui sont ceux de mon ministère. On a commencé à travailler…
Q - C’est-à-dire défaire l’Europe du Traité de Lisbonne pour en faire une autre ?
R - Non. Essayer de faire en sorte que l’Europe surmonte la crise à laquelle elle est confrontée. Je me rendrai d’ailleurs, dès dimanche, à Berlin pour rencontrer mon homologue avec lequel j’ai eu deux entretiens hier.
Je suis un passionné de la question européenne et c’est précisément parce que je suis passionné de la question européenne - que je connais bien pour avoir travaillé sur de nombreux sujets, notamment tout ce qui concerne la Politique européenne de sécurité et de défense au sein de la Commission de la Défense - que je souhaite, au cours des prochaines années, mettre toute mon énergie au service de cette grande cause qu’est le sauvetage de l’Europe pour que l’Europe rencontre la croissance, l’emploi et que les pays qui sont en difficulté surmontent ces difficultés.
Q - Vous allez essayer, avec Laurent Fabius, de mettre en place le plan B qu’on évoquait au moment du référendum ?
R - Il n’y a pas de plan B. Il y a une orientation définie par le président de la République. Le président de la République a, au moment de la campagne présidentielle, défini des orientations très fortes pour sortir l’Europe de la crise à laquelle elle est confrontée. Ces orientations, c’est le rétablissement des comptes publics qui est une nécessité si l’on veut que les pays d’Europe connaissent la prospérité et, en même temps, la croissance parce qu’il n’y aura pas de rétablissement durable des comptes publics s’il n’y a pas de grandes initiatives pour la croissance. C’est d’ailleurs le sens du discours qui a été tenu par le président de la République à Berlin, aux côtés de la chancelière allemande, dès le jour de son investiture. Nous allons maintenant engager le travail pour approfondir tout cela.
Q - Il y a eu une visioconférence hier entre plusieurs dirigeants européens pour préparer le G8. Sont-ils d’accord pour cette initiative de croissance ?
R - Nous sommes au début d’un processus de discussion. Ce processus de discussion a été engagé à l’occasion de la première réunion entre le président de la République et la chancelière allemande mardi dernier. Il doit se poursuivre non seulement entre la France et l’Allemagne, qui est un moteur de l’Union européenne, mais également entre l’ensemble des pays de l’Union européenne. Le dîner informel des chefs d’État et de gouvernement du 23 mai prochain sera une occasion de faire le point sur l’état des convergences et des divergences. En même temps, l’Europe se construit dans le consensus. Il faudra donc profiter des heures utiles que nous avons devant nous pour le construire et, modestement, là où je suis, dans ma responsabilité, j’y contribuerai.
Q - Pensez-vous que la Grèce puisse sortir de l’euro sans faire tout exploser ?
R - Il n’est pas souhaitable que la Grèce sorte de l’euro. Je crois que le président de la République, comme la chancelière allemande, ont clairement indiqué mardi soir qu’ils multiplieraient les initiatives et articuleraient les efforts pour qu’il n’en soit pas ainsi.
Mais, en même temps, on voit bien que le risque pour la Grèce, par-delà les échéances du 17 juin prochain, est de ne pas créer les conditions sur son territoire de la croissance qui lui permette de sortir de ses difficultés. Il faut que nous envoyions un signe que nous sommes prêts à l’aider à cela, si nous voulons que le résultat des élections du 17 juin n’enferme pas la Grèce dans une politique qui la condamnerait.
Q - Barack Obama reçoit François Hollande ce soir. Washington espère que la France continuera jusqu’en 2014 à avoir une contribution en Afghanistan. Est-ce qu’il faut faire cette concession ?
R - Le président de la République a dit la doctrine sur ce sujet. Il l’a dit et répété après sa prise de fonction. Le Sommet de l’OTAN doit être l’occasion, sur la question de l’Afghanistan mais aussi sur d’autres sujets qui concernent le fonctionnement de l’OTAN, la place de l’Union européenne dans l’Organisation, d’évoquer ces sujets. C’est une première prise de contact et je pense que le président de la République aura l’occasion de réaffirmer ses positions à la faveur de cette première rencontre.
Q - Vous connaissez bien la Défense.
R - Oui.
Q - C’est impossible de retirer d’ici fin 2012 toutes les troupes, techniquement.
R - Il y a un travail de préparation de cette décision prise par le président de la République. Ce travail de préparation est en cours. Il y a toujours une habitude lorsqu’il s’agit de question de Défense d’expliquer que les choses sont techniquement et opérationnellement compliquées. Finalement, nos militaires sont ingénieux, loyaux, efficaces et ils s’affairent. Toujours.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 mai 2012