Texte intégral
Nous avons, Laurent Fabius et moi en 2005, exprimé la volonté de voir lEurope sengager sur un autre chemin ; cest aujourdhui une nécessité compte tenu de la crise à laquelle elle est confrontée. Je suis, pour ce qui me concerne, résolument européen et très désireux, dans les semaines qui viennent, de mengager pleinement dans les grands sujets qui sont ceux de mon ministère. On a commencé à travailler
Q - Cest-à-dire défaire lEurope du Traité de Lisbonne pour en faire une autre ?
R - Non. Essayer de faire en sorte que lEurope surmonte la crise à laquelle elle est confrontée. Je me rendrai dailleurs, dès dimanche, à Berlin pour rencontrer mon homologue avec lequel jai eu deux entretiens hier.
Je suis un passionné de la question européenne et cest précisément parce que je suis passionné de la question européenne - que je connais bien pour avoir travaillé sur de nombreux sujets, notamment tout ce qui concerne la Politique européenne de sécurité et de défense au sein de la Commission de la Défense - que je souhaite, au cours des prochaines années, mettre toute mon énergie au service de cette grande cause quest le sauvetage de lEurope pour que lEurope rencontre la croissance, lemploi et que les pays qui sont en difficulté surmontent ces difficultés.
Q - Vous allez essayer, avec Laurent Fabius, de mettre en place le plan B quon évoquait au moment du référendum ?
R - Il ny a pas de plan B. Il y a une orientation définie par le président de la République. Le président de la République a, au moment de la campagne présidentielle, défini des orientations très fortes pour sortir lEurope de la crise à laquelle elle est confrontée. Ces orientations, cest le rétablissement des comptes publics qui est une nécessité si lon veut que les pays dEurope connaissent la prospérité et, en même temps, la croissance parce quil ny aura pas de rétablissement durable des comptes publics sil ny a pas de grandes initiatives pour la croissance. Cest dailleurs le sens du discours qui a été tenu par le président de la République à Berlin, aux côtés de la chancelière allemande, dès le jour de son investiture. Nous allons maintenant engager le travail pour approfondir tout cela.
Q - Il y a eu une visioconférence hier entre plusieurs dirigeants européens pour préparer le G8. Sont-ils daccord pour cette initiative de croissance ?
R - Nous sommes au début dun processus de discussion. Ce processus de discussion a été engagé à loccasion de la première réunion entre le président de la République et la chancelière allemande mardi dernier. Il doit se poursuivre non seulement entre la France et lAllemagne, qui est un moteur de lUnion européenne, mais également entre lensemble des pays de lUnion européenne. Le dîner informel des chefs dÉtat et de gouvernement du 23 mai prochain sera une occasion de faire le point sur létat des convergences et des divergences. En même temps, lEurope se construit dans le consensus. Il faudra donc profiter des heures utiles que nous avons devant nous pour le construire et, modestement, là où je suis, dans ma responsabilité, jy contribuerai.
Q - Pensez-vous que la Grèce puisse sortir de leuro sans faire tout exploser ?
R - Il nest pas souhaitable que la Grèce sorte de leuro. Je crois que le président de la République, comme la chancelière allemande, ont clairement indiqué mardi soir quils multiplieraient les initiatives et articuleraient les efforts pour quil nen soit pas ainsi.
Mais, en même temps, on voit bien que le risque pour la Grèce, par-delà les échéances du 17 juin prochain, est de ne pas créer les conditions sur son territoire de la croissance qui lui permette de sortir de ses difficultés. Il faut que nous envoyions un signe que nous sommes prêts à laider à cela, si nous voulons que le résultat des élections du 17 juin nenferme pas la Grèce dans une politique qui la condamnerait.
Q - Barack Obama reçoit François Hollande ce soir. Washington espère que la France continuera jusquen 2014 à avoir une contribution en Afghanistan. Est-ce quil faut faire cette concession ?
R - Le président de la République a dit la doctrine sur ce sujet. Il la dit et répété après sa prise de fonction. Le Sommet de lOTAN doit être loccasion, sur la question de lAfghanistan mais aussi sur dautres sujets qui concernent le fonctionnement de lOTAN, la place de lUnion européenne dans lOrganisation, dévoquer ces sujets. Cest une première prise de contact et je pense que le président de la République aura loccasion de réaffirmer ses positions à la faveur de cette première rencontre.
Q - Vous connaissez bien la Défense.
R - Oui.
Q - Cest impossible de retirer dici fin 2012 toutes les troupes, techniquement.
R - Il y a un travail de préparation de cette décision prise par le président de la République. Ce travail de préparation est en cours. Il y a toujours une habitude lorsquil sagit de question de Défense dexpliquer que les choses sont techniquement et opérationnellement compliquées. Finalement, nos militaires sont ingénieux, loyaux, efficaces et ils saffairent. Toujours.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 mai 2012