Entretien de Mme Yamina Benguigui, ministre des Français de l'étranger et de la Francophonie, avec TV5 Monde le 30 mai 2012, sur le vote des Français de l'étranger à l'occasion des élections législatives.

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Intervenant(s) : 
  • Yamina Benguigui - Ministre des Français de l'étranger et de la Francophonie

Média : TV5

Texte intégral

Q - Madame Benguigui, merci d’être des nôtres. C’est un événement politique important, c’est la première fois que ces Français établis hors de France, expatriés comme l’on dit, vont participer à la consultation. Pour la ministre que vous êtes, une personne qui ne vient pas de la vie politique, vous êtes réalisatrice, documentariste, qu’avez-vous envie de leur dire à ces Français ?
R - J’ai aussi été maire adjointe de Paris.

Q - C’est vrai.
R - C’est une grande nouveauté parce que l’on va déjà pouvoir voter de façon électronique puisqu’il y a à peu près 800 bureaux de vote dans le monde mais on sait que, parfois, il y a des distances énormes pour aller voter. Et pouvoir utiliser ce vote - et voilà, il y a déjà 130.000 personnes qui ont voté de manière électronique -, c’est une grande évolution. C’est aussi un signe fort envers ces Français qui ont parfois la sensation d’être immensément seuls.

Q - Ils sont mal connus. Voici la carte de ces onze circonscriptions, certaines d’entre elles sont immenses, on verra cela avec nos amis du «Petit journal.com» dans un moment. Pour le premier tour, ils ont déjà voté de façon électronique puisque 15 % de ces Français inscrits se sont exprimés par Internet. Ils peuvent encore, ce samedi, voter pour le bloc des Amériques et dimanche, dans le reste du monde. Donc, vous attendez une mobilisation plus forte, 40% d’entre eux seulement ont voté à la présidentielle, c’est relativement peu par rapport au 80 % de ceux qui ont voté en France.
R - Oui, mais c’est exactement. Les bureaux de vote sont vraiment très éloignés de nos compatriotes. Il y a aussi dans certains pays, comme le Mali, le Yémen, des grosses difficultés de sécurité. Ils ne peuvent pas aller voter aux urnes. C’est la première fois, c’est pionnier. Je trouve que c’est une grande avancée, 130.000, c’est pas mal.

Q - Qu’attendez-vous de ces Français qui vont s’exprimer et de leurs onze députés ? On sait qu’il y a douze sénateurs français des Français établis hors de France. Est-ce un groupe, un club pour changer une façon d’être en rapport avec ces expatriés ?
R - Oui, c’est une grande avancée car pour la première fois, on va élire onze députés. J’aurai la chance de les rencontrer et de pouvoir avancer sur des questions très importantes et d’actualité.

Q - Par exemple, il y a l’éducation, la sécurité, travaillez-vous sur ces dossiers ?
R - Absolument, surtout l’éducation et la sécurité. La sécurité est en numéro un actuellement, je crois qu’il faut absolument rassurer. On a toujours imaginé le Français à l’étranger comme une grande personnalité etc. Non, il y a la bibliothécaire, il y a l’instituteur, il y a aussi les familles qui ont suivi un chef de famille pour aller travailler. Il y a aussi parfois cette France qui est très loin. L’idée est de montrer que nous faisons tous partie de la même nation et que nous sommes assez proches.

Q - Au-delà du politique, parce qu’effectivement toutes les formations politiques envoient leur candidat, il y a quelque chose de républicain que vous vouliez souligner dans cette élection ?
R - Oui, je voudrais déjà souligner le côté humain. Ces Français, on en parlait tout à l’heure, pour avoir travaillé beaucoup sur le déracinement, sur ce qu’est l’immigration, sur ce qu’est le pays d’accueil, ce qu’est le pays d’origine, comment on se détache.

Q - Mais là, c’est presque le négatif, l’opposé.
R - Exactement. Moi, je me retrouve à représenter les Français à l’étranger et je pense - on vient de le voir dans ce reportage - qu’on a besoin de savoir ce qui se passe, on a besoin de leur écoute. Ils ont des difficultés, ils se sentent de plus en plus isolés sur certains continents. Aujourd’hui, on va avoir cette France qui est éloignée mais, aussi, on va la sentir très proche.

Q - Et donc, vous allez travailler avec ces parlementaires qui seront élus, je le rappelle, on vote une semaine en avance pour le premier tour de cette élection et pour le second tour, nous aurons l’occasion de présenter ces onze nouveaux députés qui seront élus.
R - Je veux juste rappeler qu’il faut aller voter, c’est l’un de mes slogans. On a vu il y a des décennies comment les gens se sont battus pour pouvoir voter, c’est quelque part leur redonner ce droit. Voter, c’est exister et donc, leur donner cette possibilité-là, même si c’est une première, avec le vote électronique, il faut aller voter. Je crois que c’est capital.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 juin 2012