Texte intégral
Monsieur le Président,
Monsieur le Député-Maire,
Mesdames et Messieurs les élus,
Cette rencontre qui nous réunit aujourdhui est particulièrement bienvenue et je souhaite donc dabord, Monsieur le Président, vous remercier de cette heureuse initiative.
Merci également de lavoir suscitée et organisée avec lAssociation des maires des grandes villes de France et merci aussi à Michel Destot de nous accueillir dans cette ville de Grenoble dont le nom est durablement associé non seulement à la redécouverte du tramway mais plus généralement à un renouveau des transports urbains.
Nous sommes en effet, Monsieur le Président, dans une période où des orientations importantes pour lavenir de nos villes se dessinent et il est essentiel que des réflexions collectives sorganisent pour accompagner ces évolutions. Il va de soi que celles qui peuvent être faites dans un tel cadre sont extrêmement précieuses pour le gouvernement, et tout particulièrement pour le ministère en charge des transports et de lurbanisme.
Cette rencontre vient donc à point et je peux vous assurer que je mefforcerait den tirer le plus grand profit.
Le thème principal que vous avez retenu -les plans de déplacements urbains- nest pas complètement nouveau pour les autorités organisatrices de transport, puisque la LOTI a institué le principe de ces plans de déplacement il y a de cela maintenant plus de quinze ans. Déjà à lépoque le législateur avait souhaité introduire dans la loi la notion de déplacement plus globale et plus structurante que celle de transport.
Aujourdhui, la dynamique des PDU -et la mobilisation corrélative des autorités organisatrices- ont été relancées par les dispositions de la loi sur lair et lutilisation rationnelle de lénergie, votée fin 96, et aussi naturellement par la volonté du gouvernement daccélérer le pas en matière de développement des transports publics urbains.
Le ministère de léquipement pour sa part sest, vous le savez, largement mobilisé sur ce thème même si, en dehors du cas de lIle-de-France, il nest pas directement en charge de lélaboration des PDU. Cette mobilisation sest manifestée, outre par un effort budgétaire accru en faveur des transports urbains, par des incitations financières puisque 30 MF de subventions daide aux études PDU conduites par les collectivités ont été mises en place depuis deux ans.
Elle sest également traduite par une contribution intellectuelle du réseau technique de lEquipement -je pense en particulier aux guides méthodologiques du CERTU-. Enfin, les directions départementales de lEquipement ont, sous lautorité des préfets, élaboré les « porter à connaissance » des objectifs et des enjeux de chaque PDU, tels quils étaient appréhendés par lEtat.
Comme vous lavez rappelé, Monsieur le Président, nous avons conjointement tenu à ce quun bilan à mi-parcours des démarches engagées soit établi afin dêtre mieux en mesure dapporter le cas échéant les inflexions et les impulsions nécessaires.
Je veux dire demblée, au terme de ce bilan à mi-parcours, que jai fait compléter par des demandes directement adressées aux Préfets concernés notamment pour mieux cerner la situation des Autorités organisatrices qui navaient pas répondu à lenquête du CERTU, que je partage votre diagnostic.
Les résultats enregistrés sont en effet encourageants et instructifs.
Encourageants dabord, parce que contrairement à un certain doute qui avait pu sinstaurer, il ressort quune large majorité dautorités organisatrices sont en passe, sinon de respecter strictement les échéances légales -la loi a prévu que les PDU devaient être approuvés avant la fin 1999- du moins de conclure leur démarche dans des délais qui sen rapprochent : à ce jour, 40 % environ selon mes services -vous avez dit un tiers, Monsieur le Président, mais les deux chiffres sont très voisins- des autorités urbaines paraissent en mesure dapprouver leur PDU dans les délais, et plus de 65 % avant la fin du 1er semestre 2000.
Encourageants et instructifs, ces résultats le sont également dans la mesure où la plupart des documents en cours délaboration non seulement respectent les objectifs fixés, tels la maîtrise et la modération du recours à lusage de lautomobile, mais abordent les différentes questions dont la loi demandait quelles soient étudiées : cest dautant plus méritoire et courageux que pour un certain nombre de questions -je pense au transport de marchandises en ville ou à lévaluation des impacts environnementaux- nos connaissances et nos outils méthodologiques sont encore fragiles et, sinon à inventer, tout au moins à valider et à perfectionner.
Cela mamène à revenir brièvement sur la question des délais légaux dapprobation, question que vous avez également abordée, Monsieur le Président, dans des termes qui mont parus parfaitement recevables.
Il va être en effet nécessaire dans les mois qui viennent de préciser un peu mieux la marche à suivre, puisque la loi ne nous laisse à priori que des marges de manoeuvre assez réduites.
Nous avons engagé avec ma collègue Dominique Voynet qui, en tant que ministre de lenvironnement, est évidemment directement concernée par la mise en oeuvre de la loi sur lair, une réflexion sur ce sujet, qui débouchera dans les tout prochains mois sur une circulaire aux Préfets. Lobjet de ce document sera notamment de préciser les modalités permettant daller dans des conditions satisfaisantes au terme de lélaboration des PDU.
Sur le fond, je vous donne bien volontiers acte du caractère peu réaliste pour certaines agglomérations, des délais initialement impartis par la loi. Il reste à trouver les moyens, notamment juridiques, dapporter une réponse adaptée à ces difficultés.
Cette circulaire fera naturellement lobjet dune concertation attentive, et tout particulièrement avec le GART. Comme vous lavez vous-même précisé, Monsieur le Président, nous devons être guidés dans cette affaire par une double préoccupation : dabord éviter, par une précipitation forcée, de nuire à la qualité des démarches engagées ; ensuite, ne pas ralentir le pas, et continuer de conjuguer nos efforts, ceux des autorités organisatrices et ceux de lEtat, pour aboutir dans les meilleurs délais à ce que chaque agglomération dispose dun PDU conforme à la loi.
Les résultats de lenquête sur létat davancement des PDU montrent également quun certain nombre de questions émergent, qui doivent nous inciter à un effort dimagination et de propositions. Parmi ces questions, celle de ladéquation du périmètre de transports urbains à une agglomération urbaine et périurbaine qui le dépasse parfois largement, nous est à lévidence posée avec beaucoup de force.
Au regard des dynamiques à loeuvre qui tendent à repousser les limites des villes et à favoriser létalement et la dédensification des agglomérations, le périmètre de transports urbains est souvent jugé trop restreint.
Dans certains cas, cette situation conduit à la juxtaposition dautorités de transport urbain multiples coexistant au sein dune même agglomération, avec des questions de coordination difficiles. Ce nest évidemment pas à vous que japprendrai, Monsieur le Président, quil ny a pas de réponse simple une fois ce constat dressé et que lextension « indéfinie » du périmètre de lautorité urbaine nest pas toujours forcément la bonne réponse.
En Ile-de-France, agglomération certes très particulière du fait de sa taille et disposant dune autorité organisatrice unique, des réflexions ont été conduites, depuis déjà quelque temps, sur lintérêt dune déconcentration de certaines décisions au niveau de « bassins de déplacements », par exemple les villes nouvelles.
Pour dautres agglomérations, la prise en compte des Directives Territoriales dAménagement, lorsque celles-ci couvrent une aire urbaine, est une voie possible.
Lélaboration dune DTA permet en effet la mobilisation de nombreux intervenants autour des enjeux dun territoire. Elles font lobjet détudes approfondies et de concertation entre lEtat et les collectivités locales.
Vous avez cité à juste titre lexemple de lagglomération dAix, Marseille et celui de Nice. Dans le mandat confié au Préfet de Région figure explicitement lobjectif de rechercher une mise en cohérence des PDU en concertation avec les collectivités concernées.
On peut aussi imaginer des dispositions législatives qui permettraient aux autorités de transport urbain dune même agglomération de se coordonner avec le département et la Région, pour organiser les déplacements entre les différents périmètres de transport urbain.
Toutes ces réflexions nous amènent aussi, et je vous remercie den avoir parlé comme vous lavez fait dans votre introduction, monsieur le Président, au débat que jai lancé et qui va se dérouler au cours des mois davril et mai, sur le thème « habiter, se déplacer en ville ».
Je note dailleurs que votre rencontre daujourdhui sintitule elle-même « plans de déplacements urbains : des villes à vivre ». Cela prouve, si besoin était, que la question davoir une réflexion globale sur les problèmes de transport et durbanisme, et sur la cohérence des démarches et des outils de planification dont nous disposons simpose à tous, aux élus et aux décideurs que nous sommes, mais aussi plus largement, à nos concitoyens.
Je mempresse de dire que la nécessité de cette réflexion approfondie nobère en rien le travail qui est en cours quil faut naturellement poursuivre et, sil y a lieu, accélérer, autour des PDU. Il sagit bien au contraire de le compléter et de le prolonger.
Pour cela, jai souhaité que le débat qui sengage soit un débat citoyen. Ainsi, dans les six villes qui ont été retenues pour lorganisation des débats régionaux, ce sont non seulement les associations qui sont consultées, mais les habitants qui sont directement interrogés et qui débattent. Les « experts » de mon ministère en ont parfois été un peu frustrés au début, mais ils constatent aujourdhui toute la richesse de ce qui commence à « remonter » de ces débats.
Ce dont il est question, cest bien sûr de lorganisation des déplacements et de la place respective de la voiture et des transports collectifs dans la ville. Cest aussi du problème de létalement urbain, des fractures urbaines et des ségrégations spatiales et sociales dont vous avez souligné à juste titre quelles se superposaient trop souvent. Et cest aussi des difficultés de construction du logement social, quand par exemple nous ne sommes plus en capacité de consommer tous les crédits dégagés en loi de finances, alors même que le besoin de logements est souvent criant... Naturellement, lobjet de ce débat nest pas de vendre à la fin un produit clé en main, ni même dimposer je ne sais trop quel modèle uniforme de développement urbain. Cest plutôt de rechercher à la fois un cadre pour une politique nationale, et des outils nouveaux pour permettre aux collectivités territoriales, aux villes principalement, de mieux opérer leurs choix et de mieux maîtriser leur avenir.
A titre indicatif, jai déjà décliné trois orientations qui me semblent pouvoir être retenues, mais qui demandent naturellement à être précisées et approfondies :
* la première, cest de franchir une nouvelle étape pour le développement des transports collectifs, par la recherche dune véritable neutralité économique pour les usagers entre automobile et transport collectif, alors que ces dernières années, le coût dusage de la voiture diminuait, et celui des transports collectifs augmentait...
* la deuxième, cest de redéfinir la place du logement social, en veillant à la fois à la relance de la construction et à la requalification en profondeur de certains quartiers, pour en faire des parties intégrantes de nos villes ;
* la troisième, cest ce quavec Louis Besson, le Secrétaire dEtat au logement et à lurbanisme, nous appelons « reconstruire la ville sur la ville ». Si en effet certains besoins poussent au desserrement urbain, il convient de résister à la tentation douvrir de nouveaux espaces, et sans conduire le travail nécessaire de renouvellement, de régénérescence, de la ville.
Vos réflexions, monsieur le Président, se situent clairement dans le cadre de ce débat, et je vous en remercie vivement. Vous ne men voudrez pas si à ce stade, je ne vous apporte pas de réponse précise. Soyez assuré que jai bien noté leur pertinence. Elles rejoignent dailleurs toute une série de réflexions précieuses qui sont ressorties du groupe de travail animé voici quelques mois par la Direction des transports terrestres et auquel le GART, lUTP et la FNAUT ont assidûment participé.
Je profite de cette occasion pour indiquer que les associations délus seront aussi naturellement sollicitées pour participer au débat en cours, et que ce débat trouvera son point dorgue le 19 mai à Paris, par une journée de synthèse au cours de laquelle le Premier ministre présentera les orientations et les choix sur la base desquels des décisions de différents ordres, législatifs et financiers notamment, pourront ensuite être retenues.
Permettez-moi de conclure en revenant sur un point que jai évoqué tout à lheure, lorsque jai parlé des périmètres de transport urbain. Si en effet, il faut mobiliser notre réflexion et nos énergies pour contenir, dans la mesure du possible, un développement incontrôlé des zones périurbaines, il nous faut aussi apporter des réponses adaptées, en termes de services publics, à des situations existantes.
Je souhaite notamment quun effort particulier puisse être fait, dans le cadre des futurs contrats de plan et dagglomération, pour le transport collectif dans ces secteurs périurbains. Certaines améliorations relèvent sans doute dun effort dorganisation et de la mise en place de modes de transport légers adaptés aux zones moins denses. Mais aussi, dans certains secteurs, il y a la possibilité de mettre en place de véritables transports collectifs périurbains ferroviaires en utilisant des infrastructures existantes et sous-utilisées, parfois assez facilement adaptables, pour répondre à des besoins avérés.
LEtat encouragera résolument les initiatives en ce sens qui pourront se nouer au plan local. Jai dailleurs récemment demandé aux directeurs régionaux de léquipement de me préciser les projets quil leur paraîtrait possible de réaliser au cours de la période à venir.
Je finirai sur cet « appel à projet », mais je crois quil est en fait, en rapport direct avec cette question des « villes à vivre » dont vous débattrez tout au cours de cette journée.
Je vous remercie encore une fois de votre accueil et de votre attention. Merci aussi de la contribution si importante qui est la vôtre à notre réflexion commune, et soyez assuré que je me tiendrais informé avec le plus grand intérêt de vos débats daujourdhui et des conclusions auxquelles vous parviendrez.
Monsieur le Député-Maire,
Mesdames et Messieurs les élus,
Cette rencontre qui nous réunit aujourdhui est particulièrement bienvenue et je souhaite donc dabord, Monsieur le Président, vous remercier de cette heureuse initiative.
Merci également de lavoir suscitée et organisée avec lAssociation des maires des grandes villes de France et merci aussi à Michel Destot de nous accueillir dans cette ville de Grenoble dont le nom est durablement associé non seulement à la redécouverte du tramway mais plus généralement à un renouveau des transports urbains.
Nous sommes en effet, Monsieur le Président, dans une période où des orientations importantes pour lavenir de nos villes se dessinent et il est essentiel que des réflexions collectives sorganisent pour accompagner ces évolutions. Il va de soi que celles qui peuvent être faites dans un tel cadre sont extrêmement précieuses pour le gouvernement, et tout particulièrement pour le ministère en charge des transports et de lurbanisme.
Cette rencontre vient donc à point et je peux vous assurer que je mefforcerait den tirer le plus grand profit.
Le thème principal que vous avez retenu -les plans de déplacements urbains- nest pas complètement nouveau pour les autorités organisatrices de transport, puisque la LOTI a institué le principe de ces plans de déplacement il y a de cela maintenant plus de quinze ans. Déjà à lépoque le législateur avait souhaité introduire dans la loi la notion de déplacement plus globale et plus structurante que celle de transport.
Aujourdhui, la dynamique des PDU -et la mobilisation corrélative des autorités organisatrices- ont été relancées par les dispositions de la loi sur lair et lutilisation rationnelle de lénergie, votée fin 96, et aussi naturellement par la volonté du gouvernement daccélérer le pas en matière de développement des transports publics urbains.
Le ministère de léquipement pour sa part sest, vous le savez, largement mobilisé sur ce thème même si, en dehors du cas de lIle-de-France, il nest pas directement en charge de lélaboration des PDU. Cette mobilisation sest manifestée, outre par un effort budgétaire accru en faveur des transports urbains, par des incitations financières puisque 30 MF de subventions daide aux études PDU conduites par les collectivités ont été mises en place depuis deux ans.
Elle sest également traduite par une contribution intellectuelle du réseau technique de lEquipement -je pense en particulier aux guides méthodologiques du CERTU-. Enfin, les directions départementales de lEquipement ont, sous lautorité des préfets, élaboré les « porter à connaissance » des objectifs et des enjeux de chaque PDU, tels quils étaient appréhendés par lEtat.
Comme vous lavez rappelé, Monsieur le Président, nous avons conjointement tenu à ce quun bilan à mi-parcours des démarches engagées soit établi afin dêtre mieux en mesure dapporter le cas échéant les inflexions et les impulsions nécessaires.
Je veux dire demblée, au terme de ce bilan à mi-parcours, que jai fait compléter par des demandes directement adressées aux Préfets concernés notamment pour mieux cerner la situation des Autorités organisatrices qui navaient pas répondu à lenquête du CERTU, que je partage votre diagnostic.
Les résultats enregistrés sont en effet encourageants et instructifs.
Encourageants dabord, parce que contrairement à un certain doute qui avait pu sinstaurer, il ressort quune large majorité dautorités organisatrices sont en passe, sinon de respecter strictement les échéances légales -la loi a prévu que les PDU devaient être approuvés avant la fin 1999- du moins de conclure leur démarche dans des délais qui sen rapprochent : à ce jour, 40 % environ selon mes services -vous avez dit un tiers, Monsieur le Président, mais les deux chiffres sont très voisins- des autorités urbaines paraissent en mesure dapprouver leur PDU dans les délais, et plus de 65 % avant la fin du 1er semestre 2000.
Encourageants et instructifs, ces résultats le sont également dans la mesure où la plupart des documents en cours délaboration non seulement respectent les objectifs fixés, tels la maîtrise et la modération du recours à lusage de lautomobile, mais abordent les différentes questions dont la loi demandait quelles soient étudiées : cest dautant plus méritoire et courageux que pour un certain nombre de questions -je pense au transport de marchandises en ville ou à lévaluation des impacts environnementaux- nos connaissances et nos outils méthodologiques sont encore fragiles et, sinon à inventer, tout au moins à valider et à perfectionner.
Cela mamène à revenir brièvement sur la question des délais légaux dapprobation, question que vous avez également abordée, Monsieur le Président, dans des termes qui mont parus parfaitement recevables.
Il va être en effet nécessaire dans les mois qui viennent de préciser un peu mieux la marche à suivre, puisque la loi ne nous laisse à priori que des marges de manoeuvre assez réduites.
Nous avons engagé avec ma collègue Dominique Voynet qui, en tant que ministre de lenvironnement, est évidemment directement concernée par la mise en oeuvre de la loi sur lair, une réflexion sur ce sujet, qui débouchera dans les tout prochains mois sur une circulaire aux Préfets. Lobjet de ce document sera notamment de préciser les modalités permettant daller dans des conditions satisfaisantes au terme de lélaboration des PDU.
Sur le fond, je vous donne bien volontiers acte du caractère peu réaliste pour certaines agglomérations, des délais initialement impartis par la loi. Il reste à trouver les moyens, notamment juridiques, dapporter une réponse adaptée à ces difficultés.
Cette circulaire fera naturellement lobjet dune concertation attentive, et tout particulièrement avec le GART. Comme vous lavez vous-même précisé, Monsieur le Président, nous devons être guidés dans cette affaire par une double préoccupation : dabord éviter, par une précipitation forcée, de nuire à la qualité des démarches engagées ; ensuite, ne pas ralentir le pas, et continuer de conjuguer nos efforts, ceux des autorités organisatrices et ceux de lEtat, pour aboutir dans les meilleurs délais à ce que chaque agglomération dispose dun PDU conforme à la loi.
Les résultats de lenquête sur létat davancement des PDU montrent également quun certain nombre de questions émergent, qui doivent nous inciter à un effort dimagination et de propositions. Parmi ces questions, celle de ladéquation du périmètre de transports urbains à une agglomération urbaine et périurbaine qui le dépasse parfois largement, nous est à lévidence posée avec beaucoup de force.
Au regard des dynamiques à loeuvre qui tendent à repousser les limites des villes et à favoriser létalement et la dédensification des agglomérations, le périmètre de transports urbains est souvent jugé trop restreint.
Dans certains cas, cette situation conduit à la juxtaposition dautorités de transport urbain multiples coexistant au sein dune même agglomération, avec des questions de coordination difficiles. Ce nest évidemment pas à vous que japprendrai, Monsieur le Président, quil ny a pas de réponse simple une fois ce constat dressé et que lextension « indéfinie » du périmètre de lautorité urbaine nest pas toujours forcément la bonne réponse.
En Ile-de-France, agglomération certes très particulière du fait de sa taille et disposant dune autorité organisatrice unique, des réflexions ont été conduites, depuis déjà quelque temps, sur lintérêt dune déconcentration de certaines décisions au niveau de « bassins de déplacements », par exemple les villes nouvelles.
Pour dautres agglomérations, la prise en compte des Directives Territoriales dAménagement, lorsque celles-ci couvrent une aire urbaine, est une voie possible.
Lélaboration dune DTA permet en effet la mobilisation de nombreux intervenants autour des enjeux dun territoire. Elles font lobjet détudes approfondies et de concertation entre lEtat et les collectivités locales.
Vous avez cité à juste titre lexemple de lagglomération dAix, Marseille et celui de Nice. Dans le mandat confié au Préfet de Région figure explicitement lobjectif de rechercher une mise en cohérence des PDU en concertation avec les collectivités concernées.
On peut aussi imaginer des dispositions législatives qui permettraient aux autorités de transport urbain dune même agglomération de se coordonner avec le département et la Région, pour organiser les déplacements entre les différents périmètres de transport urbain.
Toutes ces réflexions nous amènent aussi, et je vous remercie den avoir parlé comme vous lavez fait dans votre introduction, monsieur le Président, au débat que jai lancé et qui va se dérouler au cours des mois davril et mai, sur le thème « habiter, se déplacer en ville ».
Je note dailleurs que votre rencontre daujourdhui sintitule elle-même « plans de déplacements urbains : des villes à vivre ». Cela prouve, si besoin était, que la question davoir une réflexion globale sur les problèmes de transport et durbanisme, et sur la cohérence des démarches et des outils de planification dont nous disposons simpose à tous, aux élus et aux décideurs que nous sommes, mais aussi plus largement, à nos concitoyens.
Je mempresse de dire que la nécessité de cette réflexion approfondie nobère en rien le travail qui est en cours quil faut naturellement poursuivre et, sil y a lieu, accélérer, autour des PDU. Il sagit bien au contraire de le compléter et de le prolonger.
Pour cela, jai souhaité que le débat qui sengage soit un débat citoyen. Ainsi, dans les six villes qui ont été retenues pour lorganisation des débats régionaux, ce sont non seulement les associations qui sont consultées, mais les habitants qui sont directement interrogés et qui débattent. Les « experts » de mon ministère en ont parfois été un peu frustrés au début, mais ils constatent aujourdhui toute la richesse de ce qui commence à « remonter » de ces débats.
Ce dont il est question, cest bien sûr de lorganisation des déplacements et de la place respective de la voiture et des transports collectifs dans la ville. Cest aussi du problème de létalement urbain, des fractures urbaines et des ségrégations spatiales et sociales dont vous avez souligné à juste titre quelles se superposaient trop souvent. Et cest aussi des difficultés de construction du logement social, quand par exemple nous ne sommes plus en capacité de consommer tous les crédits dégagés en loi de finances, alors même que le besoin de logements est souvent criant... Naturellement, lobjet de ce débat nest pas de vendre à la fin un produit clé en main, ni même dimposer je ne sais trop quel modèle uniforme de développement urbain. Cest plutôt de rechercher à la fois un cadre pour une politique nationale, et des outils nouveaux pour permettre aux collectivités territoriales, aux villes principalement, de mieux opérer leurs choix et de mieux maîtriser leur avenir.
A titre indicatif, jai déjà décliné trois orientations qui me semblent pouvoir être retenues, mais qui demandent naturellement à être précisées et approfondies :
* la première, cest de franchir une nouvelle étape pour le développement des transports collectifs, par la recherche dune véritable neutralité économique pour les usagers entre automobile et transport collectif, alors que ces dernières années, le coût dusage de la voiture diminuait, et celui des transports collectifs augmentait...
* la deuxième, cest de redéfinir la place du logement social, en veillant à la fois à la relance de la construction et à la requalification en profondeur de certains quartiers, pour en faire des parties intégrantes de nos villes ;
* la troisième, cest ce quavec Louis Besson, le Secrétaire dEtat au logement et à lurbanisme, nous appelons « reconstruire la ville sur la ville ». Si en effet certains besoins poussent au desserrement urbain, il convient de résister à la tentation douvrir de nouveaux espaces, et sans conduire le travail nécessaire de renouvellement, de régénérescence, de la ville.
Vos réflexions, monsieur le Président, se situent clairement dans le cadre de ce débat, et je vous en remercie vivement. Vous ne men voudrez pas si à ce stade, je ne vous apporte pas de réponse précise. Soyez assuré que jai bien noté leur pertinence. Elles rejoignent dailleurs toute une série de réflexions précieuses qui sont ressorties du groupe de travail animé voici quelques mois par la Direction des transports terrestres et auquel le GART, lUTP et la FNAUT ont assidûment participé.
Je profite de cette occasion pour indiquer que les associations délus seront aussi naturellement sollicitées pour participer au débat en cours, et que ce débat trouvera son point dorgue le 19 mai à Paris, par une journée de synthèse au cours de laquelle le Premier ministre présentera les orientations et les choix sur la base desquels des décisions de différents ordres, législatifs et financiers notamment, pourront ensuite être retenues.
Permettez-moi de conclure en revenant sur un point que jai évoqué tout à lheure, lorsque jai parlé des périmètres de transport urbain. Si en effet, il faut mobiliser notre réflexion et nos énergies pour contenir, dans la mesure du possible, un développement incontrôlé des zones périurbaines, il nous faut aussi apporter des réponses adaptées, en termes de services publics, à des situations existantes.
Je souhaite notamment quun effort particulier puisse être fait, dans le cadre des futurs contrats de plan et dagglomération, pour le transport collectif dans ces secteurs périurbains. Certaines améliorations relèvent sans doute dun effort dorganisation et de la mise en place de modes de transport légers adaptés aux zones moins denses. Mais aussi, dans certains secteurs, il y a la possibilité de mettre en place de véritables transports collectifs périurbains ferroviaires en utilisant des infrastructures existantes et sous-utilisées, parfois assez facilement adaptables, pour répondre à des besoins avérés.
LEtat encouragera résolument les initiatives en ce sens qui pourront se nouer au plan local. Jai dailleurs récemment demandé aux directeurs régionaux de léquipement de me préciser les projets quil leur paraîtrait possible de réaliser au cours de la période à venir.
Je finirai sur cet « appel à projet », mais je crois quil est en fait, en rapport direct avec cette question des « villes à vivre » dont vous débattrez tout au cours de cette journée.
Je vous remercie encore une fois de votre accueil et de votre attention. Merci aussi de la contribution si importante qui est la vôtre à notre réflexion commune, et soyez assuré que je me tiendrais informé avec le plus grand intérêt de vos débats daujourdhui et des conclusions auxquelles vous parviendrez.