Interview de M. Benoît Hamon, ministre délégué à l'économie sociale et solidaire, à "RMC" le 15 juin 2012, sur les enjeux du deuxième tour des élections législatives, la situation spécifique de La Rochelle, sur le projet de loi sur l'économie sociale prévu pour être présenté fin 2012.

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Texte intégral

JEAN-JACQUES BOURDIN Nous sommes à 2 jours du second tour des législatives. Je regardais les derniers sondages qui donnent une majorité au Parti socialiste seul. Ce serait important que le Parti socialiste ait une majorité seul, sans le Front de gauche, sans les écologistes ?

BENOIT HAMON C’est important que le président de la République ait les moyens de gouverner. Plus la majorité de gauche sera large, mieux ce sera. Plus les moyens pour le Parti socialiste…

JEAN-JACQUES BOURDIN Non, mais… on gouverne mieux seul ?

BENOIT HAMON Le souhait du président de la République ce n’est pas une forme de confiscation du pouvoir, au contraire, et il l’a démontré, tant au niveau européen qu’au niveau français, il respectera tous les contrepouvoirs. Et tous les contrepouvoirs, même si demain le Parti socialiste avait la majorité seul à l’Assemblée nationale, c’est de considérer, de désirer, que le pouvoir législatif remplisse parfaitement son rôle. Son pouvoir d’initiatives, son pouvoir de contrôle, mais aussi de faire la loi, d’évaluer la loi, et de dire à l’Exécutif, ça c’est bien, ça c’est moins bien. Et je crois qu’il ne faut pas douter de cette détermination du président de la République. Il pense que gouverner seul, enfermé dans une citadelle, une tour d’ivoire, ça ne produit que des mauvais résultats. Pourquoi ? Parce que ça dessaisit tous les autres corps intermédiaires, tous les contrepouvoirs, de leur responsabilité. Et dans une période de crise, il vaut mieux avoir une responsabilité partagée, il vaut mieux se concerter, il vaut mieux négocier, d’où l’importance que nous accordons, et le Premier ministre a beaucoup insisté là-dessus à la négociation sociale, d’où l’importance que nous accordons aux autres contrepouvoirs législatifs, et d’où l’importance que nous accordons, en règle générale, au fait de faire fonctionner une démocratie la plus participative qui soit. Donc, oui, c’est un objectif d’avoir la majorité la plus large, à l’intérieur de cette majorité nous nous battons pour qu’il y ait le plus de députés socialistes, nous sommes socialistes, c’est assez logique, le plus de députés radicaux, mais aussi, là où nous avons des candidats communes, le plus de députés d’Europe Ecologie-Les Verts, le plus de députés de gauche, tout simplement.

JEAN-JACQUES BOURDIN Du Front de gauche aussi, non ? Enfin non, parce que là vous n’êtes pas en alliance avec le Front de gauche.

BENOIT HAMON Non, mais ils auront des députés. Nous espérons travailler en bonne intelligence avec eux.

JEAN-JACQUES BOURDIN Bien. Benoît HAMON, il y a une réflexion d’Olivier FALORNI, que je trouve assez sensée. Il dit, « une candidate seule c’est la démocratie qui est confisquée. » Est-ce que vous êtes d’accord avec lui ? « Un candidat seul c’est… » Dans 12 circonscriptions, en France, il n’y a qu’un candidat. C’est vrai essentiellement pour la gauche, c’est vrai aussi pour la droite, à Paris.

BENOIT HAMON Non, mais ça l’arrange bien, il défendait une autre règle avant, Olivier. Je le connais bien, Olivier FALORNI, c’est un premier fédéral de Charente-Maritime, il sait, et il a toujours partagé cette position. Historiquement, jusqu’à maintenant, la position à gauche c’est quand un candidat arrive en tête, qu’il y a deux candidats au second tour, le candidat en seconde position se désiste en faveur du premier. C’est le principe du désistement à gauche, pour qu’on évite une compétition qui soit arbitrée par la droite. Ça a toujours été notre position, c’est historiquement ainsi que nous avons fonctionné, et personne n’y a trouvé à redire, jusqu’ici. Personne n’a dit c’est un déni de démocratie que le candidat de gauche arrivé en seconde position se désiste en faveur de celui qui est arrivé en tête. On considérait que les nuances, les différences, n’étaient pas si considérables, pour qu’on s’évite des batailles fratricides.

JEAN-JACQUES BOURDIN Donc vous n’êtes pas d’accord avec lui ?

BENOIT HAMON Je ne suis pas d’accord avec lui. Et je pense, d’ailleurs…

JEAN-JACQUES BOURDIN Quand il dit que la démocratie…

BENOIT HAMON Je pense d’ailleurs, dans circonscription, que les électeurs de gauche doivent se mobiliser en faveur de Ségolène ROYAL. Je leur dis…

JEAN-JACQUES BOURDIN Vous voteriez Ségolène ROYAL si vous étiez… ?

BENOIT HAMON Bien sûr que je voterai Ségolène ROYAL, elle est arrivée en tête du premier tour, elle est la représente de la majorité présidentielle. Je peux avoir de l’amitié pour Olivier FALORNI, mais je lui dis, aujourd’hui, notre responsabilité politique c’est de faire élire Ségolène ROYAL. Elle est la seule aujourd’hui qui a le soutien du président de la République, le soutien du gouvernement, le soutien du Premier ministre et le soutien de la première secrétaire du Parti socialiste.

JEAN-JACQUES BOURDIN Mais enfin, dites-moi, elle a agi en parfaite politicienne. Elle a choisi une circonscription favorable, la plus favorable possible de sa région, pour s’assurer un triomphe et lancer sa campagne pour la présidence de l’Assemblée nationale. Le calcul politique n’est-il pas clair ?

BENOIT HAMON Mais, écoutez, il y a peut-être… en tout cas il y avait un désir de sa part d’être députée de La Rochelle. Aujourd’hui elle est dans une bataille, qui est une bataille de second tour, face à un homme qui le lui conteste, il est parfaitement légitime, il a le droit de se maintenir, mais…

JEAN-JACQUES BOURDIN Il faudrait savoir.

BENOIT HAMON Non, mais il est parfaitement légitime, je veux dire, je ne vais pas l’empêcher, il n’y a pas de règle…

JEAN-JACQUES BOURDIN Non, mais Benoît HAMON…

BENOIT HAMON Mais je veux dire juste que, dans cette affaire, nous soutenons, nous, le fait qu’elle soit réélue, et nous nous battons pour. J’insiste là-dessus, moi j’appelle les électeurs, et toutes les femmes et les hommes qui sont attachés à ce que nous disposions d’une majorité, qui soit une majorité solide, à voter Ségolène ROYAL.

JEAN-JACQUES BOURDIN Dites-moi, je vous parle du déni et de la démocratie confisquée, du déni de démocratie. Je suis électeur…

BENOIT HAMON Que je conteste…

JEAN-JACQUES BOURDIN Je suis dans une circonscription, mais Benoît HAMON, il n’y a qu’un seul candidat, est-ce encourager la participation, un seul candidat au second tour ?

BENOIT HAMON Non mais attendez, il y a eu un premier tour où il y en a eu 13. Mais attendez, nous on a le droit, en tant que parti de gauche, de se fixer des principes, et ces principes ils sont connus, y compris de vous électeur, et qui sont de dire nous ne voulons pas nous livrer à des batailles fratricides, qui sont arbitrées, au bout du compte, par qui, par les appareils de l’UMP. Qui va décider, finalement, du sort de cette élection, sinon le fait que l’UMP donne une consigne de vote qui est une consigne d’élimination de Ségolène ROYAL. Pourquoi ? Parce qu’à l’UMP on n’aime pas Ségolène ROYAL. Voilà.

JEAN-JACQUES BOURDIN Mais je ne vous parle pas que de Ségolène ROYAL…

BENOIT HAMON Mais moi je vous parle de ça.

JEAN-JACQUES BOURDIN Globalement, globalement. De retrouver, dans des circonscriptions, un seul candidat, n’est-ce pas antidémocratique ?

BENOIT HAMON Non, ce n’est pas antidémocratique. Il y a eu un premier tour, ce premier tour a amené un candidat à être en tête, ce candidat en tête réunit, rassemble, là où il rassemble, félicitons-nous du fait que dans un certain nombre de circonscriptions des hommes, ou des femmes, arrivés en tête, réussissent à rassembler au point que, des candidats arrivés quelques points derrière se désistent. Saluons plutôt le geste de ceux qui se désistent, qui considèrent qu’il y a là un acte politique important que de se rassembler derrière celui qui est arrivé en tête, plutôt que de dire que c’est un déni de démocratie. Je trouve, au contraire, que le fait que par exemple Razzy HAMMADI à Montreuil rassemble toute la gauche, et qu’il soit aujourd’hui le seul candidat en liste, parce que Jean-Pierre BRARD a fait ce geste, que je salue, de se désister, eh bien je trouve ça positif. Il ne faut pas voir là je ne sais quel déni de démocratie.

JEAN-JACQUES BOURDIN Benoît HAMON, vous avez entendu aussi ce que dit Jean-François COPE, qui était à votre place hier matin, là, qui nous disait « ni PS, ni Front national. »

BENOIT HAMON Vous rendez-vous compte de ce que ça veut dire ça ?

JEAN-JACQUES BOURDIN Ça veut dire quoi à vos yeux ?

BENOIT HAMON Ça veut dire que, pour le pays, le Parti socialiste, aux yeux de l’UMP, est aussi dangereux que le Front national, c’est ainsi qu’il faut l’entendre.

JEAN-JACQUES BOURDIN Non. Il dit le Parti socialiste…

BENOIT HAMON Ecoutez, excusez-moi…

JEAN-JACQUES BOURDIN Passe des accords avec le Front de gauche, l’extrême gauche, et nous, nous ne passons pas d’accord avec l’extrême droite.

BENOIT HAMON Oui, il arrange une sauce comme il l’entend. La réalité c’est quoi ? C’est que confronter un choix entre un parti qui représente la République, le Parti socialiste, et l’extrême droite, il dit, « ni l’un, ni l’autre. L’un et l’autre sont aussi dangereux », et avec tout un… des éléments de langage sur « on va commettre l’irréparable si on choisit la gauche. » L’irréparable, c’est aujourd’hui 600 milliards de dette supplémentaires, c’est un chômage qui a explosé, et Jean-François COPE arrive à avoir le toupet de dire que si la gauche est majoritaire, elle va commettre l’irréparable, quand on en est aujourd’hui à essayer de colmater les brèches de partout, tant sur le plan financier, sur le plan social, le plan économique, bref, l’urgence est partout, et c’est leur bilan. Et, son choix politique, non seulement c’est de laisser madame MORANO, monsieur LONGUET, monsieur ESTROSI, se livrer à une drague ouverte et officielle à l’égard du Front national, du Front national, et c’est de considérer que c’est kifkif, pareil. Je vais vous raconter juste une anecdote. Moi j’étais en Essonne en 2002 et je me souviens d’un vieux militant socialiste, qui avait plus de 80 ans, il était… c’était un ancien, comme on dit. Il avait voté, au second tour de l’élection présidentielle, et il avait voté Jacques CHIRAC, et il avait pleuré, après. Et on l’avait retrouvé, il pleurait parce qu’il, au terme d’une vie politique, votait pour celui qu’il avait combattu politiquement toute sa vie, le camp politique, ça avait été pour lui une vraie souffrance, mais il l’avait fait. Il l’avait fait, parce qu’en 2002, nous nous avions le regard clair, nous savions qui était la République, et qui ne l’était pas. Où était l’extrême droite, et où se situait la République. Et ce que je veux juste dire c’est que ce qui se passe aujourd’hui, cette jonction intellectuelle, idéologique, qui a été servie par le mandat de Nicolas SARKOZY, les propos de monsieur GUEANT, les politiques qu’ils ont menées, moi je sais qu’il existe une droite républicaine, démocrate, humaniste, ces femmes et ces hommes je les croise, ces élus je les croise et je les respecte, je les respecte, et je leur dis aujourd’hui, le péril est chez vous, il est au sommet de l’UMP à travers les choix politiques qui sont faits en son sein par monsieur COPE. Ce qui se prépare c’est une jonction qui va bien au-delà des simples incartades ou écarts de langage de madame MORANO, monsieur ESTROSI ou monsieur LONGUET. Il se prépare une jonction qui nous, nous pose problème, qui nous inquiète, et je le dis en tant que démocrate, républicain…

JEAN-JACQUES BOURDIN Mais qui vous sert aussi, électoralement.

BENOIT HAMON Je préfère… je peux vous assurer que, d’abord il n’y a pas de… le scénario des triangulaires a été écarté, moi je préfère…

JEAN-JACQUES BOURDIN BENOIT HAMON … avoir une droite forte, claire sur ses principes, qu’une droite aujourd’hui aux abois, qui court vers l’abyme, et qui se livre à une surenchère électorale avec le Front national. La blague qui a été faite à madame MORANO par un humoriste, monsieur DAHAN, qui l’a piégée, je ne sais plus sur quelle radio, peu importe…

JEAN-JACQUES BOURDIN SUD RADIO.

BENOIT HAMON Est tellement… bon, c’est qu’une blague, on peut dire, sauf que l’entendre, dans le privé, parler de la manière dont elle parle, du droit de vote des étrangers, c’est choquant, vraiment choquant. Alors après, je vous dis, ça ne m’empêche pas de reconnaître qu’il y a une droite respectable, républicaine, et que je respecte profondément d’ailleurs, puisqu’elle joue tout son rôle dans la démocratie française. [08h50]

JEAN-JACQUES BOURDIN Benoit HAMON, est-ce qu’il ne faut pas être vraiment clair, on parle des législatives, je prends le cas de Sylvie ANDRIEUX, dans les Bouches du Rhône. Voilà que le PS a retiré son investiture à la députée, mais elle se retrouve face au Front national au second tour, et voilà que le PS la soutient maintenant.

BENOIT HAMON Ecoutez, il y aura une …

JEAN-JACQUES BOURDIN Elle est poursuivie par la justice…

BENOIT HAMON Vous voulez… Attendez, j’ai bien entendu, nous avons pris nous nos responsabilités par rapport à madame ANDRIEUX, elle est aujourd’hui dans une élection, les électeurs ont tranché, la justice fera son travail et elle le fera dans la plus totale indépendance, et elle dira, elle donnera ses décisions. Cela étant dit, dans cette configuration là, nous n’avons-nous évidemment pas d’état d’âme à considérer qu’elle doit être soutenue par nous. Mais ce qui ne veut pas dire qu’on mélange les genres. Ensuite la justice dira ce qu’il en est sur l’affaire qui la concerne et voilà …s’il y a deux processus qui sont parallèles.

JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce que vous avez vu, je change de sujet complètement, une agence de notation américaine, Egan-Jones, a abaissé la note de la France, de la dette de la France à BBB, 3B. Vous avez vu ça non ?

BENOIT HAMON Non, vous me m’apprenez.

JEAN-JACQUES BOURDIN Non, je vous l’apprends. Tout le monde s’inquiète de l’Etat des finances en France.

BENOIT HAMON Oui bon alors…

JEAN-JACQUES BOURDIN La grande question qui revient, on en parlera surement après les législatives, Benoit HAMON, c’est l’augmentation des impôts. Les impôts vont augmenter ?

BENOIT HAMON Mais pour quelque uns !! Mais nous l’avons toujours dit. Je veux dire… Ceux qui ont bénéficié des principales réductions d’impôts… Vous savez qu’une grande partie des déficits ont été liés au fait qu’on a augmenté la dépense fiscale. La dépense fiscale c'est quoi ? C’est que des recettes qui auraient du normalement rentrer dans les caisses de l’Etat n’y sont pas rentrées, parce qu’il y a eu des choix politiques qui étaient d’abaisser les impôts des plus riches, pour commencer : Bouclier fiscal, impôt sur la fortune, etc, etc. De la même manière aujourd’hui, quand on regarde la structure de la fiscalité des entreprises, qui paye le plus ? Ce sont les TPE et les PME ; qui paye le moins ? Ce sont les grands groupes du CAC 40. Nous voulons avoir une fiscalité plus juste, plus progressive. Nous l’avons dit. Et si ça doit amener à augmenter le rendement de l’impôt de ceux qui peuvent le plus, ça augmentera le rendement de l’impôt parce qu’avec ces recettes nouvelles nous financerons les politiques publiques pour lesquelles nous avons pris des engagements. Ca a ??té l’engagement du président de la République que de dire que toutes dépenses nouvelles seraient gagées ou par une recette nouvelle, ou par une économie équivalente. C’est ce que nous faisons. C’est ainsi que nous avons financé le décret qui permet aux salariés de partir à la retraite à 60 ans quand ils ont commencé avant 20 ans, c’est ainsi que nous finançons l’augmentation de 80 euros par enfant de l’allocation de rentrée scolaire. J’ai vu que ça choquait à droite, c’est quand même…Qu’aujourd’hui on puisse être choqué par le fait qu’on augmente pour les familles les plus modestes de 80 euros par enfant pour améliorer les fournitures scolaires, les conditions de la rentrée, la situation de ces familles quand on n’a pas été choqué par le bouclier fiscal où tous les ans on faisait un chèque de dizaines, voire de centaines de milliers d’euros aux contribuables les plus riches, il faut vraiment avoir la tête ailleurs pour être choqué par cela. Mais systématiquement nous l’avons financé par une économie équivalente ou une recette nouvelle.

JEAN-JACQUES BOURDIN Vous êtes ministre de l’Economie solidaire, sociale en fait, sociale et solidaire. Ca représente … on ne soupçonne pas ce que ça peut représenter dans l’économie française.

BENOIT HAMON C’est 2,3 millions d’emplois.

JEAN-JACQUES BOURDIN 2 millions 300 000 emplois. Qu’est-ce que vous pouvez faire pour l’encourager ? Quelle mesure pouvez-vous prendre et quelle mesure allez-vous annoncer pour l’encourager ?

BENOIT HAMON Le programme « emploi d’avenir » qui va concerner le secteur associatif…

JEAN-JACQUES BOURDIN C’est pour quand ça ?

BENOIT HAMON Ca on y travaille en ce moment même avec Michel SAPIN…

JEAN-JACQUES BOURDIN Projet de loi…

BENOIT HAMON Je laisserai le Premier ministre et le ministre de l’Emploi annoncer les délais…

JEAN-JACQUES BOURDIN Vous n’êtes pas comme Vincent PEILLON qui se dépêche d’annoncer ….

BENOIT HAMON C’est pas qu’il… il met des propositions, il dit…

JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce que Jean-Marc AYRAULT a eu raison d’ailleurs de le rappeler un peu à l’ordre ?

BENOIT HAMON Il n’y a pas de recadrage, il y a le ministre de l’Education qui avance sur des sujets et qui est assez légitime de dire ce qu’est sa conviction comme ministre de l’Education, une négociation et une concertation à la demande du Premier ministre qui s’organise, et qui amènera à ce que sur les rythmes scolaires les enfants aujourd’hui sont français, sont ceux qui sont soumis par jour au plus d’exigence, d’intensité en terme de transmission des savoirs, à la fin ils sont rincés, crevés à la fin de leur journée, il est normal qu’on pose cette question des rythmes scolaires.

JEAN-JACQUES BOURDIN Il va falloir raccourcir les vacances scolaires, vous pensez ? Les grandes vacances ?

BENOIT HAMON Je ne crois pas que ce soit aujourd’hui à l’ordre du jour, mais ce sera discuté, surtout avec ceux qui le souhaitent. Je reviens … mais si vous le voulez bien, il faudra organiser du coup …. Autour de la réforme des rythmes scolaires, le périscolaire. Qui jouera un rôle ? Le secteur associatif, dont tous les robinets de subvention ont été fermés depuis longtemps.

JEAN-JACQUES BOURDIN Alors vous allez ouvrir les robinets ?

BENOIT HAMON Non, pas ouvrir les robinets. Nous allons réfléchir à une démarche en termes de création d’activité nouvelle avec une utilité sociale. A bien des égards le tissu associatif remplit une mission d’intérêt général presque de service public. Eh bien nous voulons avoir vis-à-vis de ce secteur une politique qui à la fois favorise l’insertion des jeunes sur le marché du travail, et permette de remplir des missions…

JEAN-JACQUES BOURDIN On peut créer de l’emploi ?

BENOIT HAMON Mais ce n’est même pas qu’on peut en créer, c’est le secteur de l’économie sociale et solidaire, dans les dix dernières années a vu son nombre d’emplois augmenter de 23 % que le secteur privé n’a augmenté que de 7 %. Ce n’est pas de l’économie de réparation et de l’économie subventionnée l’économie sociale et solidaire !

JEAN-JACQUES BOURDIN Un exemple d’économie sociale ?

BENOIT HAMON ACOME, une coopérative qui fait du câblage éclectique, 425 millions de chiffre d’affaires et qui fait le câblage du métro à Doubaï ; C’est la CROIX ROUGE, vous connaissez, un milliard de budget ; c’est la MACIF, vos assurances, vos mutuelles ; c’est le CREDIT AGRICOLE, secteur bancaire coopératif ; c’est tout ça. Ca va de la petite association qui emploie deux salariés, jusqu’au grand groupe qui est dans le secteur concurrentiel.

JEAN-JACQUES BOURDIN Vous allez déposer un projet de loi avant la fin de l’année 2012 sur …

BENOIT HAMON Il y a un projet de loi de programmation sur l’économie sociale et solidaire qui est prévu pour …

JEAN-JACQUES BOURDIN Quelle sera la principale mesure ?

BENOIT HAMON On va avoir dans ce secteur-là, qui a besoin de reconnaissance… on connait l’économie sociale et solidaire, on ne la reconnait pas aujourd’hui, nous voulons nous en faire un axe de la stratégie de croissance française. Donc nous faciliterons les moyens de reprise par les salariés de leur entreprise. Savez-vous que chaque année il y a 210 000 emplois qui sont supprimés par une entreprise saine ne trouve pas de repreneur.

JEAN-JACQUES BOURDIN Vous allez faciliter les moyens de reprise par les salariés de leur entreprise ?

BENOIT HAMON Absolument.

EAN-JACQUES BOURDIN Comment ?

BENOIT HAMON Sur les modèles coopératifs s’il le faut, en permettant qu’à offre identique il y ait une préférence donnée à l’offre de reprise par les salariés.

JEAN-JACQUES BOURDIN Préférence donnée à l’offre de reprise par les salariés…

BENOIT HAMON Oui, c’est un engagement du président de la République, et nous voulons aller en ce sens. Voilà. der.

Source : Premier ministre, Service d’Information du Gouvernement, le 15 juin 2012