Extraits de l'interview de M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, au journal "Le Monde" du 15 juin 2012, sur la situation de la zone euro.

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Média : Emission la politique de la France dans le monde - Le Monde

Texte intégral

Q - Comment jugez-vous la situation dans la zone euro ?
R - S’agissant de l’Espagne, les Européens ont pris la bonne décision : ils ont agi très rapidement, très clairement et massivement. Le problème, c’est que la situation de l’Italie n’est pas bonne, qu’il y a toujours des inquiétudes en Grèce, à Chypre. Les Européens doivent le comprendre. On ne sortira de la crise que si les marchés financiers entendent un message clair : que veulent les Européens ? Où vont-ils ? Comment y vont-ils ?
Q - Angela Merkel semble en passe de conclure un accord avec le SPD sur le Traité budgétaire et le Mécanisme européen de stabilité. Cela ne risque-t-il pas de se faire sur le dos de la France ?
R - Absolument pas. Mes amis sociaux-démocrates veulent, comme nous, la maîtrise de la dette, mais ils demandent aussi, comme nous, des contreparties. L’Europe ne peut pas s’en sortir uniquement par des plans d’austérité.
Q - Pensez-vous possible de voir rapidement émerger une taxe sur les transactions financières à l’échelle de l’Europe ?
R - Le SPD en défend l’idée comme nous. Nous nous employons à convaincre les autres responsables européens. J’ai bon espoir que Mme Merkel bouge sur ce point.
Q - Et sur la croissance ?
R - Nos points de vue se rapprochent. Et nous allons nous battre pour qu’au sommet du 28 et 29 juin, le président de la République puisse obtenir que les choses bougent fortement. La France n’est pas isolée car ce sera aussi l’objet de la réunion à quatre avec les Italiens, les Espagnols et les Allemands, le 22 juin à Rome.
Q - La France n’est-elle pas tentée de construire un axe Paris, Rome, Madrid, contre Berlin ?
R - Non. Ce serait une erreur.
Q - Approuvez-vous l’idée d’union bancaire ?
R - Il faut la mettre en œuvre, cela va dans le sens d’une réduction de la dépendance aux marchés. C’est une bonne réponse à la crise.
(…).
source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 juin 2012