Texte intégral
GUILLAUME DURAND Il y a beaucoup de sujets. Il y a évidemment le ministère dont vous avez la responsabilité, lécologie. Il y a la situation politique ; on va démarrer un petit peu par ça. Cest vrai que les sondages de ce matin, notamment le nôtre, sont assez contradictoires dune radio à lautre, car certains donnent ici par exemple avec Radio Classique la majorité absolue aux socialistes ; dautres comme chez nos confrères de RTL donnent la majorité aux socialistes et aux Verts. Alors quelle analyse vous tirez de ces sondages ? Est-ce quil faut en tirer une dailleurs dès ce matin ? Et puis ça change un peu la donne parce que si effectivement cest une majorité avec les Verts, après lépisode DUFLOT, on se demande si léquipage gouvernemental risque de tanguer ou pas. Mais commençons par lappréciation des sondages : est-ce que vous leur accordez une grande importance ?
NICOLE BRICQ Ils sont contradictoires, ce qui ne métonne pas parce que cest très difficile de prédire le sort des législatives. Il y a des centaines de situations locales, il y a aussi le fait que les législatives arrivant à un mois des présidentielles
GUILLAUME DURAND Il y a une certaine forme de désintérêt.
NICOLE BRICQ Oui. On le voit bien, la campagne se passe bien, les salles sont pleines, les candidats vont vers les gens, ils sont plutôt bien accueillis. Jétais encore hier soir dans mon département, dans la circonscription actuellement détenue par Jean-François COPE : je vois bien quil y a un élan qui vise à terminer la séquence de la présidentielle. Et je crois queffectivement, ce qui va compter cest le nombre de sièges que le Parti socialiste aura in fine et avec quelle majorité solide François HOLLANDE peut faire son programme.
GUILLAUME DURAND Je suppose que vous souhaitez comme ministre du gouvernement, comme ça a été répété par Jean-Marc AYRAULT en meeting hier et par François HOLLANDE lui-même, avoir une majorité à vous seuls.
NICOLE BRICQ Ce nest pas ce que je les ai entendus dire. Ils veulent une majorité solide et cohérente. Donc ça veut dire quand on parle de cohérence, quon peut ne pas avoir la majorité absolue mais quà partir du moment où le Premier ministre aura présenté son programme de gouvernement dans son discours de politique générale, tous ceux qui se reconnaîtront dans cette majorité seront là pour appliquer ce programme.
MICHAEL SZAMES Vous avez travaillé avec les Verts au Sénat il ny a pas si longtemps que ça. Est-ce que cest difficile de travailler avec eux ?
NICOLE BRICQ Non. Je mentends très bien avec tout le monde et je lai vu quand il sest agi de la loi de finance pour 2012, où la majorité sénatoriale nest pas si large que ça, donc il faut discuter avec les partenaires de cette majorité, tant avec ceux du Parti communiste quavec ceux issus des Verts. On y arrive à partir du moment où on prend le temps de discuter.
GUILLAUME DURAND Alors lépisode DUFLOT est un épisode isolé. Parce quévidemment il y a beaucoup de gens qui anticipent, qui disent : « Au fond, si on commence à sétriper sur le cannabis, quest-ce que ça va être quand on va parler des grands sujets, et notamment quand on va parler du nucléaire ou quand on va arriver au sommet de Rio dans quelques jours. »
NICOLE BRICQ Pour le nucléaire, la feuille de route est tracée. On va y revenir. Mais pour ce qui concerne les déclarations de tel ou tel, moi je crois que ça illustre la difficulté dêtre à la fois chef de parti et ministre. Je pense que cet épisode va se terminer et que tout rentrera dans lordre. Et cela étant, moi jai lexpérience. Jétais parlementaire lorsque Lionel JOSPIN était Premier ministre et nous avions une majorité plurielle. Il y avait des moments où cétait
GUILLAUME DURAND Ça tanguait.
NICOLE BRICQ Cétait difficile mais on y arrivait toujours. Et je pense que Jean-Marc AYRAULT a vraiment il était là, il était déjà le président du groupe et il a beaucoup oeuvré pour que cette majorité tienne le coup. Elle a tenu le coup et là, je pense quelle tiendra le coup.
GUILLAUME DURAND Michael va prolonger sa question tout à l'heure mais sur lépisode DUFLOT puisque vous avez expliqué tout à l'heure justement à Michael que vous aviez une grande habitude de la gestion des affaires publiques avec les Verts, je reviens à la question. C'est-à-dire est-ce que vous avez limpression que cest une affaire isolée ou est-ce que les tendances, ou la tendance générale qui pourrait être celle des Verts, c'est-à-dire à remettre en question un certain nombre de choses, même si ça a été prévu différemment, est-ce que vous pariez que tout ça va se calmer ou quau contraire, leur nature profonde va continuer à sexprimer ?
NICOLE BRICQ Moi je ne connais pas leur nature profonde
GUILLAUME DURAND Bouillonnante, différente !
NICOLE BRICQ Oui, oui. Mais vous savez, au PS ce nest pas mal non plus. Je crois quon na pas trop de leçons à donner. On est divers et quelquefois il y a des arbitrages qui ne sont pas toujours faciles. On va le voir.
GUILLAUME DURAND Donc isolé cet épisode, ou pas ?
NICOLE BRICQ Non ; je pense quil y a aussi la mise en jambe. Quand on participe à un gouvernement pour la première fois, quand on a un parti un peu turbulent à manager, ça ne me paraît pas le fait du siècle. Bon, cela étant, moi je pense que sagissant du portefeuille dont jai la fonction dêtre lanimatrice, il y aura des moments où il y aura des vents contraires.
GUILLAUME DURAND Ça va tanguer.
MICHAEL SZAMES Quelques mots sur votre ministère : on aurait pu sattendre à ce que ce soit un Vert qui occupe ce poste du ministre de lEcologie. Est-ce que vous diriez que lécologie est une chose trop importante pour le laisser aux seuls écologistes ?
NICOLE BRICQ Lécologie, cest fondamental dans la période de crise que lon vit. Cest vraiment le moment où jamais où il faut avoir des nouveaux schémas dans la tête et des nouveaux modes daction. Donc je pense que le travail que jai à faire, pas toute seule bien sûr, et puis pas en cinq ans mais au moins bien le commencer, cest la transition écologique. Et dans cette transition écologique, elle pose le problème de la transition énergétique et on sait quil y a des enjeux majeurs. Le travail que jai à faire, et jespère le faire avec tous les partenaires de la majorité présidentielle, cest dengager un nouveau modèle de développement. Alors vous voyez, il ny en a pas pour cinq ans.
MICHAEL SZAMES Mettre du social dans lécologie, mettre de lécologie dans le social.
NICOLE BRICQ Oh bien cest évident. Moi je le dis tout le temps : jai une méthode - la démocratie, le pluralisme, le débat et jai un objectif le social et lécologie. Et je lai toujours dit : lécologie, ça ne peut pas être au détriment des pauvres et des modestes.
MICHAEL SZAMES Nicole BRICQ, ce ministère est aussi connu pour être un ministère assez dépensier. Vous êtes connue aussi pour votre maîtrise du budget, des questions économiques. Est-ce que vous allez faire un ministère économe ?
NICOLE BRICQ Jespère, jespère. Jai déjà commencé à le faire parce que, dans des détails C'est-à-dire que javais constaté en arrivant dans ce ministère quil ny avait même pas de poubelles pour trier les papiers, les bouteilles et le reste. Donc, vous voyez, jai déjà commencé à verdir le ministère. Non mais plus sérieusement, je sais quon est dans une contrainte financière lourde et je sais bien que loeil vigilant de mon collègue CAHUZAC va frapper mais on a une nécessité. On a pris un engagement européen qui est de sauter la marche lannée prochaine des 3 % de déficit et je lai dit quand jétais rapporteur général du budget au Sénat : la marche est très haute donc il va falloir que tout le monde sy mette, mon ministère comme les autres mais jai un grand ministère.
GUILLAUME DURAND Mais la transition écologique dont vous parlez on a parlé pendant la campagne des 600 000 emplois qui pourraient être crées tout ça ce sont des mots et cest peut-être une nécessité pour un pays mais en même temps, vous connaissez politiquement ce dossier, madame BRICQ. C'est-à-dire que ces dernières années, on a limpression quaprès une poussée vers lécologie, une sorte de rétropédalage est entrée dans la vie politique, c'est-à-dire que ça nintéresse plus personne. Cest vrai que les Français nont pas exprimé un besoin décologie considérable dans la campagne et depuis le retoquage de la taxe carbone, on a limpression que finalement cest un débat qui sest effondré.
NICOLE BRICQ Je crois que la majorité sortante est responsable de cette affaire. Quand le président de la République, après avoir laissé jouer dans la cour de récréation le débat au travers du Grenelle, déclare : « Lenvironnement, ça commence à bien faire », cest un signal très négatif alors que précisément moi je crois que la société française a compris. Il me semble que même elle est quelquefois plus avancée que les politiques.
GUILLAUME DURAND Reconnaissez avec moi que pendant la campagne, on na pas entendu les Français pousser des hurlements en disant : « Lécologie ! Lécologie ! »
NICOLE BRICQ Oui. Sauf que, bon, moi je sais ce qua annoncé le président de la République quand il était candidat. Au travers du nucléaire, il a fixé un cap. Il a abondamment parlé de la nécessité de cette transition. Le problème de la transition pour nous, de gauche, cest quelle ne doit pas laisser sur le bord les plus fragilisés et cest particulièrement le cas dans un dossier qui va sillustrer très vite : les prix de lénergie - notamment lélectricité, le gaz. Les prix monteront parce quil y a dénormes investissements à faire derrière mais il faut quen même temps que les prix de lénergie se répercutent sur la vie sociale, il faut assurer justement, cest ça le travail dun ministre assurer que la précarité énergétique recule et quon trouve des modes de calcul qui pénalisent beaucoup moins ceux qui consomment moins.
MICHAEL SZAMES Donc vous nous confirmez ce matin quau 1er juillet, les prix du gaz vont augmenter ?
NICOLE BRICQ Je ne confirme pas. Je nai pas encore regardé et fait les arbitrages. Mais je sais quil y a une tendance profonde qui est que les coûts de lénergie montent. Cest une tendance profonde. Et sagissant de lénergie fossile, on sait très bien que même si on trouve des nouveaux gisements, elle sera plus chère. Et sagissant de lélectricité, il y a dénormes investissements à faire, énormes, pour assurer la qualité des réseaux, pour assurer la distribution de lénergie partout et à tout le monde. Mais en même temps, il faut quon lutte contre la précarité énergétique, quon fasse en sorte et justement avec madame DUFLOT, on a un grand plan. Le président sest engagé là-dessus, de basses thermiques dans le logement. On a une feuille de route très, très ambitieuse de manière à ce que les logements ne soient plus des passoires et notamment les logements les plus
GUILLAUME DURAND Question précise, madame. Justement, jévoquais les chiffres avancés notamment par les Verts pendant la campagne. Est-ce quon peut avoir la moindre garantie justement que cette transition va créer des emplois dans une situation sociale qui est tendue ? Tout le monde est sceptique là-dessus.
NICOLE BRICQ Oui, mais on na jamais de garanties mais je sais que si on est capable et cest avec mon collègue Arnaud MONTEBOURG quon y a réfléchi si on est capable de dégager des priorités de filières, notamment dans tout ce quon appelle léconomie verte, et cest le thème de Rio qui va souvrir tout à l'heure pour ce qui nous concerne
GUILLAUME DURAND Avec une réunion.
NICOLE BRICQ Avec le club France où le président de la République vient sexprimer à la Villette, on est tout à fait capable didentifier ce quon appelle des ressorts de croissance et on renvoie aussi à une logique européenne si possible.
GUILLAUME DURAND Mais avec un chiffre. Avec un chiffre, un objectif ?
NICOLE BRICQ On peut en trouver. Ça va être aussi mon travail. Il y a trois semaines que je suis là mais ça va être mon travail
GUILLAUME DURAND C'est-à-dire ?
NICOLE BRICQ De lexprimer justement, rationnellement, en chiffres et en objectifs.
GUILLAUME DURAND Et on le saura quand, ça ?
NICOLE BRICQ Ecoutez
GUILLAUME DURAND Parce quon est impatient, avec Michael.
NICOLE BRICQ Mais vous avez raison dêtre impatients. Moi aussi mais il faut régler aussi des tas de problèmes. Je suis dans une séquence européenne lourde. Jétais hier au conseil européen des ministres des Transports, parce que jai les transports aussi dans le portefeuille. Je serai demain matin à Copenhague avec la présidence danoise pour essayer de trouver des solutions conjointes avec les collègues allemands et anglais sur les problèmes de climat.
MICHAEL SZAMES Justement, ce ne sera pas très simple avec les Allemands. On le voit aujourd'hui sur le problème de lEspagne.
GUILLAUME DURAND Dernière question de Michael.
MICHAEL SZAMES Est-ce que vous ressentez aussi, vous dans votre domaine, les tensions avec lAllemagne ?
NICOLE BRICQ Oui. Oui parce que, je lavoue, jai été assez surprise et stupéfaite quand jai vu que lindustrie allemande, puissante, voulait se garder certaines marges sagissant des quotas de CO2. Et je trouve étonnant que la Commission européenne qui est toujours à nous surveiller à 1 000 euros près au travers des aides dEtat accepte que lindustrie allemande se forge un petit avantage compétitif par rapport à des engagements européens de diminuer leffet de serre. Je suis étonnée.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 22 juin 2012
NICOLE BRICQ Ils sont contradictoires, ce qui ne métonne pas parce que cest très difficile de prédire le sort des législatives. Il y a des centaines de situations locales, il y a aussi le fait que les législatives arrivant à un mois des présidentielles
GUILLAUME DURAND Il y a une certaine forme de désintérêt.
NICOLE BRICQ Oui. On le voit bien, la campagne se passe bien, les salles sont pleines, les candidats vont vers les gens, ils sont plutôt bien accueillis. Jétais encore hier soir dans mon département, dans la circonscription actuellement détenue par Jean-François COPE : je vois bien quil y a un élan qui vise à terminer la séquence de la présidentielle. Et je crois queffectivement, ce qui va compter cest le nombre de sièges que le Parti socialiste aura in fine et avec quelle majorité solide François HOLLANDE peut faire son programme.
GUILLAUME DURAND Je suppose que vous souhaitez comme ministre du gouvernement, comme ça a été répété par Jean-Marc AYRAULT en meeting hier et par François HOLLANDE lui-même, avoir une majorité à vous seuls.
NICOLE BRICQ Ce nest pas ce que je les ai entendus dire. Ils veulent une majorité solide et cohérente. Donc ça veut dire quand on parle de cohérence, quon peut ne pas avoir la majorité absolue mais quà partir du moment où le Premier ministre aura présenté son programme de gouvernement dans son discours de politique générale, tous ceux qui se reconnaîtront dans cette majorité seront là pour appliquer ce programme.
MICHAEL SZAMES Vous avez travaillé avec les Verts au Sénat il ny a pas si longtemps que ça. Est-ce que cest difficile de travailler avec eux ?
NICOLE BRICQ Non. Je mentends très bien avec tout le monde et je lai vu quand il sest agi de la loi de finance pour 2012, où la majorité sénatoriale nest pas si large que ça, donc il faut discuter avec les partenaires de cette majorité, tant avec ceux du Parti communiste quavec ceux issus des Verts. On y arrive à partir du moment où on prend le temps de discuter.
GUILLAUME DURAND Alors lépisode DUFLOT est un épisode isolé. Parce quévidemment il y a beaucoup de gens qui anticipent, qui disent : « Au fond, si on commence à sétriper sur le cannabis, quest-ce que ça va être quand on va parler des grands sujets, et notamment quand on va parler du nucléaire ou quand on va arriver au sommet de Rio dans quelques jours. »
NICOLE BRICQ Pour le nucléaire, la feuille de route est tracée. On va y revenir. Mais pour ce qui concerne les déclarations de tel ou tel, moi je crois que ça illustre la difficulté dêtre à la fois chef de parti et ministre. Je pense que cet épisode va se terminer et que tout rentrera dans lordre. Et cela étant, moi jai lexpérience. Jétais parlementaire lorsque Lionel JOSPIN était Premier ministre et nous avions une majorité plurielle. Il y avait des moments où cétait
GUILLAUME DURAND Ça tanguait.
NICOLE BRICQ Cétait difficile mais on y arrivait toujours. Et je pense que Jean-Marc AYRAULT a vraiment il était là, il était déjà le président du groupe et il a beaucoup oeuvré pour que cette majorité tienne le coup. Elle a tenu le coup et là, je pense quelle tiendra le coup.
GUILLAUME DURAND Michael va prolonger sa question tout à l'heure mais sur lépisode DUFLOT puisque vous avez expliqué tout à l'heure justement à Michael que vous aviez une grande habitude de la gestion des affaires publiques avec les Verts, je reviens à la question. C'est-à-dire est-ce que vous avez limpression que cest une affaire isolée ou est-ce que les tendances, ou la tendance générale qui pourrait être celle des Verts, c'est-à-dire à remettre en question un certain nombre de choses, même si ça a été prévu différemment, est-ce que vous pariez que tout ça va se calmer ou quau contraire, leur nature profonde va continuer à sexprimer ?
NICOLE BRICQ Moi je ne connais pas leur nature profonde
GUILLAUME DURAND Bouillonnante, différente !
NICOLE BRICQ Oui, oui. Mais vous savez, au PS ce nest pas mal non plus. Je crois quon na pas trop de leçons à donner. On est divers et quelquefois il y a des arbitrages qui ne sont pas toujours faciles. On va le voir.
GUILLAUME DURAND Donc isolé cet épisode, ou pas ?
NICOLE BRICQ Non ; je pense quil y a aussi la mise en jambe. Quand on participe à un gouvernement pour la première fois, quand on a un parti un peu turbulent à manager, ça ne me paraît pas le fait du siècle. Bon, cela étant, moi je pense que sagissant du portefeuille dont jai la fonction dêtre lanimatrice, il y aura des moments où il y aura des vents contraires.
GUILLAUME DURAND Ça va tanguer.
MICHAEL SZAMES Quelques mots sur votre ministère : on aurait pu sattendre à ce que ce soit un Vert qui occupe ce poste du ministre de lEcologie. Est-ce que vous diriez que lécologie est une chose trop importante pour le laisser aux seuls écologistes ?
NICOLE BRICQ Lécologie, cest fondamental dans la période de crise que lon vit. Cest vraiment le moment où jamais où il faut avoir des nouveaux schémas dans la tête et des nouveaux modes daction. Donc je pense que le travail que jai à faire, pas toute seule bien sûr, et puis pas en cinq ans mais au moins bien le commencer, cest la transition écologique. Et dans cette transition écologique, elle pose le problème de la transition énergétique et on sait quil y a des enjeux majeurs. Le travail que jai à faire, et jespère le faire avec tous les partenaires de la majorité présidentielle, cest dengager un nouveau modèle de développement. Alors vous voyez, il ny en a pas pour cinq ans.
MICHAEL SZAMES Mettre du social dans lécologie, mettre de lécologie dans le social.
NICOLE BRICQ Oh bien cest évident. Moi je le dis tout le temps : jai une méthode - la démocratie, le pluralisme, le débat et jai un objectif le social et lécologie. Et je lai toujours dit : lécologie, ça ne peut pas être au détriment des pauvres et des modestes.
MICHAEL SZAMES Nicole BRICQ, ce ministère est aussi connu pour être un ministère assez dépensier. Vous êtes connue aussi pour votre maîtrise du budget, des questions économiques. Est-ce que vous allez faire un ministère économe ?
NICOLE BRICQ Jespère, jespère. Jai déjà commencé à le faire parce que, dans des détails C'est-à-dire que javais constaté en arrivant dans ce ministère quil ny avait même pas de poubelles pour trier les papiers, les bouteilles et le reste. Donc, vous voyez, jai déjà commencé à verdir le ministère. Non mais plus sérieusement, je sais quon est dans une contrainte financière lourde et je sais bien que loeil vigilant de mon collègue CAHUZAC va frapper mais on a une nécessité. On a pris un engagement européen qui est de sauter la marche lannée prochaine des 3 % de déficit et je lai dit quand jétais rapporteur général du budget au Sénat : la marche est très haute donc il va falloir que tout le monde sy mette, mon ministère comme les autres mais jai un grand ministère.
GUILLAUME DURAND Mais la transition écologique dont vous parlez on a parlé pendant la campagne des 600 000 emplois qui pourraient être crées tout ça ce sont des mots et cest peut-être une nécessité pour un pays mais en même temps, vous connaissez politiquement ce dossier, madame BRICQ. C'est-à-dire que ces dernières années, on a limpression quaprès une poussée vers lécologie, une sorte de rétropédalage est entrée dans la vie politique, c'est-à-dire que ça nintéresse plus personne. Cest vrai que les Français nont pas exprimé un besoin décologie considérable dans la campagne et depuis le retoquage de la taxe carbone, on a limpression que finalement cest un débat qui sest effondré.
NICOLE BRICQ Je crois que la majorité sortante est responsable de cette affaire. Quand le président de la République, après avoir laissé jouer dans la cour de récréation le débat au travers du Grenelle, déclare : « Lenvironnement, ça commence à bien faire », cest un signal très négatif alors que précisément moi je crois que la société française a compris. Il me semble que même elle est quelquefois plus avancée que les politiques.
GUILLAUME DURAND Reconnaissez avec moi que pendant la campagne, on na pas entendu les Français pousser des hurlements en disant : « Lécologie ! Lécologie ! »
NICOLE BRICQ Oui. Sauf que, bon, moi je sais ce qua annoncé le président de la République quand il était candidat. Au travers du nucléaire, il a fixé un cap. Il a abondamment parlé de la nécessité de cette transition. Le problème de la transition pour nous, de gauche, cest quelle ne doit pas laisser sur le bord les plus fragilisés et cest particulièrement le cas dans un dossier qui va sillustrer très vite : les prix de lénergie - notamment lélectricité, le gaz. Les prix monteront parce quil y a dénormes investissements à faire derrière mais il faut quen même temps que les prix de lénergie se répercutent sur la vie sociale, il faut assurer justement, cest ça le travail dun ministre assurer que la précarité énergétique recule et quon trouve des modes de calcul qui pénalisent beaucoup moins ceux qui consomment moins.
MICHAEL SZAMES Donc vous nous confirmez ce matin quau 1er juillet, les prix du gaz vont augmenter ?
NICOLE BRICQ Je ne confirme pas. Je nai pas encore regardé et fait les arbitrages. Mais je sais quil y a une tendance profonde qui est que les coûts de lénergie montent. Cest une tendance profonde. Et sagissant de lénergie fossile, on sait très bien que même si on trouve des nouveaux gisements, elle sera plus chère. Et sagissant de lélectricité, il y a dénormes investissements à faire, énormes, pour assurer la qualité des réseaux, pour assurer la distribution de lénergie partout et à tout le monde. Mais en même temps, il faut quon lutte contre la précarité énergétique, quon fasse en sorte et justement avec madame DUFLOT, on a un grand plan. Le président sest engagé là-dessus, de basses thermiques dans le logement. On a une feuille de route très, très ambitieuse de manière à ce que les logements ne soient plus des passoires et notamment les logements les plus
GUILLAUME DURAND Question précise, madame. Justement, jévoquais les chiffres avancés notamment par les Verts pendant la campagne. Est-ce quon peut avoir la moindre garantie justement que cette transition va créer des emplois dans une situation sociale qui est tendue ? Tout le monde est sceptique là-dessus.
NICOLE BRICQ Oui, mais on na jamais de garanties mais je sais que si on est capable et cest avec mon collègue Arnaud MONTEBOURG quon y a réfléchi si on est capable de dégager des priorités de filières, notamment dans tout ce quon appelle léconomie verte, et cest le thème de Rio qui va souvrir tout à l'heure pour ce qui nous concerne
GUILLAUME DURAND Avec une réunion.
NICOLE BRICQ Avec le club France où le président de la République vient sexprimer à la Villette, on est tout à fait capable didentifier ce quon appelle des ressorts de croissance et on renvoie aussi à une logique européenne si possible.
GUILLAUME DURAND Mais avec un chiffre. Avec un chiffre, un objectif ?
NICOLE BRICQ On peut en trouver. Ça va être aussi mon travail. Il y a trois semaines que je suis là mais ça va être mon travail
GUILLAUME DURAND C'est-à-dire ?
NICOLE BRICQ De lexprimer justement, rationnellement, en chiffres et en objectifs.
GUILLAUME DURAND Et on le saura quand, ça ?
NICOLE BRICQ Ecoutez
GUILLAUME DURAND Parce quon est impatient, avec Michael.
NICOLE BRICQ Mais vous avez raison dêtre impatients. Moi aussi mais il faut régler aussi des tas de problèmes. Je suis dans une séquence européenne lourde. Jétais hier au conseil européen des ministres des Transports, parce que jai les transports aussi dans le portefeuille. Je serai demain matin à Copenhague avec la présidence danoise pour essayer de trouver des solutions conjointes avec les collègues allemands et anglais sur les problèmes de climat.
MICHAEL SZAMES Justement, ce ne sera pas très simple avec les Allemands. On le voit aujourd'hui sur le problème de lEspagne.
GUILLAUME DURAND Dernière question de Michael.
MICHAEL SZAMES Est-ce que vous ressentez aussi, vous dans votre domaine, les tensions avec lAllemagne ?
NICOLE BRICQ Oui. Oui parce que, je lavoue, jai été assez surprise et stupéfaite quand jai vu que lindustrie allemande, puissante, voulait se garder certaines marges sagissant des quotas de CO2. Et je trouve étonnant que la Commission européenne qui est toujours à nous surveiller à 1 000 euros près au travers des aides dEtat accepte que lindustrie allemande se forge un petit avantage compétitif par rapport à des engagements européens de diminuer leffet de serre. Je suis étonnée.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 22 juin 2012