Extraits d'un entretien de Mme Hélène Conway-Mouret, ministre des Français de l'étranger, avec RFI le 25 juin 2012, sur la politique du gouvernement en faveur des Français de l'étranger.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Radio France Internationale

Texte intégral


Q - (…) Vous allez avoir une lettre de mission ou vous l’avez déjà, enfin en tout cas à quoi va servir votre ministère ?
R - Écoutez, il va servir à trois choses essentiellement, ce qui intéresse les Français de l’étranger c’est la scolarité de leurs enfants, les problèmes de sécurité qu’ils peuvent avoir dans certaines parties du monde et la santé. C’est ce qui préoccupe les familles en France et c’est aussi au cœur de leurs attentes à l’étranger, de la même façon.
J’ai la chance bien sûr de connaître parfaitement certains dossiers, donc je vais m’en saisir très vite.
Q - Puisque vous avez été sénatrice des Français de l’étranger pendant des années.
R - Absolument, et je conçois ce ministère en fait comme un ministère technique, qui pourra conseiller le ministère des Affaires étrangères, et vraiment donner une vraie place aux Français de l’étranger.
(…)
Q - Alors la situation des expatriés français peut parfois être préoccupante quand ils vivent dans des régions, dans des pays en proie à la violence, aux conflits, voire à la guerre. Quels sont pour vous les dossiers les plus urgents à traiter ?
R - La situation dans certains pays génère des inquiétudes, comme au Mali ou en République Centrafricaine ; nous sommes très vigilants quant à la situation des Français là-bas. Nous avons mis en place une cellule de crise qui fonctionne merveilleusement bien, elle m’intéresse aussi beaucoup parce qu’elle a besoin de certains moyens qu’elle n’a pas aujourd’hui pour répondre aux besoins.
Q - Et comment allez-vous travailler concrètement sur ces dossiers, qu’est-ce que vous pouvez faire pour les Français qui sont dans des pays en situation précaire, instable ?
R - La première chose à faire, c’est de savoir où ils se trouvent, donc d’avoir un système qui permette au niveau du poste, c’est-à-dire du consulat, d’avoir la liste complète de nos résidents, de savoir où ils se trouvent en cas de besoin, d’avoir aussi les moyens de les contacter et d’avoir localement - et cela existe déjà - des comités de sécurité qui fonctionnent parfaitement.
Q - Avec l’augmentation des impôts en France - et notamment la tranche de 75 % au-dessus d’1 million d’euros de revenus par an, est-ce que vous ne craignez pas de devenir aussi la ministre des «Exilés fiscaux» ?
R - Il faut arrêter avec le cliché selon lequel les Français à l’étranger vivraient tous sous les Cocotiers…
Q - À Londres il n’y a pas beaucoup de cocotiers mais enfin…
R - En Suisse non plus. Alors c’est vrai que nous avons dans certains pays certaines personnes qui ont décidé - après avoir gagné bien largement leur vie en France - d’aller dépenser leur argent à l’étranger sans s’acquitter de l’impôt que l’on peut penser normal, enfin un geste de solidarité vis-à-vis du pays dans lequel on gagne sa vie. Il y a en effet un certain nombre d’exilés fiscaux, ils sont très peu nombreux, nous avons besoin de peut-être renégocier - cela avait déjà été annoncé plusieurs fois - des conventions fiscales avec certains pays, mais tout ça va prendre du temps. Alors pour l’instant, nous nous occupons de la santé, de la sécurité et de la scolarité des Français de l’étranger, ce sont mes dossiers prioritaires.
Q - Nicolas Sarkozy, pendant la campagne présidentielle, avait proposé de faire payer aux exilés fiscaux la différence entre ce qu’ils paient là où ils vivent et ce qu’ils auraient payé s’ils vivaient en France. Est-ce que cette idée peut être reprise par le gouvernement ?
R - Elle peut être reprise mais encore faut-il avoir les moyens de la mettre en place, enfin cela va demander des moyens considérables pour quelques centaines de personnes. Il faut voir si finalement, l’équilibre entre ce que nous allons dépenser et les efforts fournis sont à la hauteur des rentrées d’argent en retour.
Q - Mais vous considérez que ce serait une mesure juste ?
R - Absolument, bien sûr que ce serait une mesure juste, mais là aussi il faut savoir ce que nous allons faire et comment nous allons le mettre en place.
Q - François Hollande a fait de l’éducation l’une des priorités de son action. Nicolas Sarkozy avait promis la gratuité de la scolarité pour les Français de l’étranger, pour les enfants de Français vivant à l’étranger, est-ce que vous allez reprendre cette idée ?
R - Non, nous avons annoncé depuis très longtemps que nous allons supprimer la prise en charge, enfin qui s’appelait gratuité, mais le vocabulaire a évolué parce que de gratuité finalement, on s’est retrouvés avec des familles qui contribuaient quand même à la scolarité de leurs enfants.
C’est une priorité pour nous, je rencontre cet après-midi M. Vincent Peillon parce que je crois que nous avons besoin du soutien de l’Éducation nationale, pour que notre réseau continue à bénéficier de l’excellence…c’est sa réputation jusqu’à présent, en tout cas quand on regarde les résultats au baccalauréat par exemple, donc j’ai besoin du soutien de mes collègues ministres.
Q - Merci Hélène Conway-Mouret.
R - Je vous remercie.
Q - Bonne journée.
R - Merci beaucoup.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 juin 2012