Interview de M. Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture et de l'agroalimentaire, à "France Info" le 11 juin 2012, sur les résultats électoraux du premier tour aux élections législatives, sur la situation particulière à La Rochelle.

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Média : France Info

Texte intégral

JEAN LEYMARIE Vous êtes candidat dans la 4ème circonscription de la Sarthe, l’ancienne circonscription de François FILLON, et ce matin, Stéphane LE FOLL, vous êtes largement en tête, 46% des voix au premier tour. Etes-vous sûr d’être élu dimanche prochain ?
 
STEPHANE LE FOLL On n’est jamais sûr de rien, mais en tout cas c’est un premier tour qui marque, comme vous l’avez dit, un score net en ma faveur, et qui doit maintenant être confirmé dimanche prochain. C’est en tout cas ce que je vais faire cette semaine, m’atteler encore à faire campagne, mais ce score me donne à la fois la confiance nécessaire et puis aussi une base solide pour pouvoir espérer l’emporter dimanche.
 
JEAN LEYMARIE Votre circonscription, cette circonscription de la Sarthe, est à droite depuis plus de 50 ans, Stéphane LE FOLL.
 
STEPHANE LE FOLL Oui, absolument, depuis 1958, elle a toujours été à droite, et même avant d’ailleurs, si on regarde un peu l’histoire…
 
JEAN LEYMARIE Qu’est-ce qui se passe, chez vous, dans la Sarthe ?
 
STEPHANE LE FOLL Qu’est-ce qui se passe ? D’abord, il y a une poussée, et une présence du Parti socialiste, partout, maintenant. Cette circonscription avait déjà donné des signes d’évolution vers la gauche, je pense en particulier en 2004 au moment de la victoire de Jacques AUXIETTE aux régionales, contre François FILLON déjà à l’époque, et cette dynamique elle s’est confirmée cette fois-ci. Je pense que c’est lié à trois éléments essentiels. D’abord, l’ancrage qui est le mien, il faut savoir que j’ai été candidat et élu conseiller municipal dans un petit village du canton de Loué en 1983, que je me suis présenté en 2002, que je me suis présenté en 2007, certes, j’ai été battu, mais j’ai progressé à chaque fois. Ça c’est un élément qui me paraît déterminant. Et puis ensuite il y a un contexte, c’est la victoire de François HOLLANDE à la présidentielle, le départ, certes, de François FILLON, ma nomination comme ministre, le tout a donné un excellent résultat au premier tour, des résultats que je n’attendais pas en tout cas.
 
JEAN LEYMARIE Vous êtes serein ce matin. Chez vous c’est assez simple, dans d’autres circonscriptions c’est plus compliqué, je pense à la Charente-Maritime et à la situation de Ségolène ROYAL, le dissident socialiste Olivier FALORNI confirme qu’il va se maintenir. Est-ce que vous le comprenez ?
 
STEPHANE LE FOLL Ecoutez, moi j’avais essayé, il y a déjà pas mal de temps maintenant, d’éviter qu’il y ait cette confrontation dès le départ, je pensais qu’il aurait été plus simple d’essayer de trouver un accord au début. Ça n’a pas été possible, je l’ai regretté, je le regrette encore plus aujourd’hui. Je comprends, oui, en même temps faire le pari d’être celui qui pourrait battre Ségolène ROYAL, ne me paraît pas être politiquement quelque chose qui porte en soi à la fois un message positif et un message d’avenir, donc je l’ai dit, je le redis, mais je pense qu’il faut que Ségolène, qui a été la candidate des socialistes en 2007, puisse être élue à l’Assemblée nationale. C’est une voix qui est une voix des socialistes, une voix de la gauche, je crois qu’elle est utile. Elle a été utile pendant la présidentielle, soutenant de manière très loyale la candidature de François HOLLANDE, donc je pense qu’il faut, pour tous les électeurs de gauche, faire un choix qui permette à Ségolène de poursuivre.
 
JEAN LEYMARIE Mais pour Olivier FALORNI c’est une question de principe, il voit dans la candidature de Ségolène ROYAL, une candidature parachutée.
 
STEPHANE LE FOLL Ecoutez c’est vrai que… il était, lui, à La Rochelle, mais Ségolène est la présidente de la Région, ce n’est pas un parachutage, elle est là depuis de nombreuses années…
 
JEAN LEYMARIE Mais pour vous c’est une bonne manière de faire de la politique ?
 
STEPHANE LE FOLL C'est-à-dire ?
 
JEAN LEYMARIE Lui dénonce, encore une fois, une candidature parachutée, il explique qu’il était l’homme de la situation dans cette circonscription.
 
STEPHANE LE FOLL Je pense qu’il peut le considérer, lui, mais je pense aussi qu’après il faut regarder quel est l’enjeu par rapport à cette circonscription, et par rapport à Ségolène ROYAL. Elle est arrivée en tête avec 32%, Olivier FALORNI est arrivé en seconde position avec 28 ou 29%, et puis ensuite il y a la droite à 19%, donc on a un choix, en général, qui consiste à toujours dire que le candidat de gauche arrivé en tête au premier tour, eh bien c’est celui qu’on soutient au deuxième tour.
 
JEAN LEYMARIE Est-ce que le Parti socialiste aura la majorité absolue dimanche, Stéphane LE FOLL ?
 
STEPHANE LE FOLL Je l’espère, je pense que les conditions sont plutôt bonnes, et que la perspective est atteignable, en tout cas c’est ce que souhaitait François HOLLANDE, et je pense que cette demande était à la fois une demande pour assurer une majorité, mais en même temps pour pouvoir mettre en oeuvre la politique qu’il souhaite mettre en oeuvre, et que nous souhaitons mettre en oeuvre, pour répondre quand même aux attentes des Français, parce que c’est ça qui est l’enjeu maintenant, c’est d’avoir une majorité forte et cohérente, ça j’insiste, comme l’a dit le président de la République, forte et cohérente, pour aller vite. Aller vite dans les réformes, faire en sorte qu’on redresse ce pays dans la justice.
 
JEAN LEYMARIE Quelle sera la place du Front de gauche dans la nouvelle Assemblée ?
 
STEPHANE LE FOLL Eh bien écoutez, la place du Front de gauche dans l’Assemblée sera fonction des résultats qu’ils obtiendront, mais…
 
JEAN LEYMARIE C’est un allié pour vous, potentiel ?
 
STEPHANE LE FOLL Mais ça a toujours… il y a le Front de gauche, avec le Parti communiste, le Parti de gauche, avec le Parti communiste, ancrés à gauche, je pense qu’ils seront là, comme nous, pour faire changer les choses, faire en sorte que…
 
JEAN LEYMARIE Pierre LAURENT ce matin sur FRANCE INFO estime qu’il est impensable que le Front de gauche n’ait pas de groupe à l’Assemblée.
 
STEPHANE LE FOLL Eh bien écoutez, je n’ai pas regardé les résultats en détail, je ne sais pas où en sont les candidats du Front de gauche et du Parti communiste, je pense que ça doit être possible, et donc, à partir de là, on aura à travailler pour faire en sorte que la gauche, les écologistes, puissent faire avancer le pays tout entier.
 
JEAN LEYMARIE Eventuellement en modifiant le règlement à l’Assemblée nationale pour que le Front de gauche ait un groupe, comme il le souhaite ?
 
STEPHANE LE FOLL Mais ça on verra, parce que moi je ne peux pas vous dire, là, ce matin, exactement quels sont les résultats, et quelles sont les perspectives.
 
JEAN LEYMARIE Mais s’ils n’obtiennent pas les 15 députés nécessaires, c’est une possibilité ?
 
STEPHANE LE FOLL Ecoutez, ça sera une discussion qui sera engagée à l’Assemblée nationale. Je ne connais pas encore très bien les règlements ou les règles, je sais qu’on peut les modifier, ça sera une discussion qui devra avoir lieu, mais je ne pense pas qu’on en soit là ce matin. Je crois que le Front de gauche, comme la gauche, et le PS en particulier, ont une capacité à pouvoir obtenir cette majorité. Moi, ce que je souhaite, comme le président de la République, c’est que la cohérence et la force de cette majorité permettent de changer les choses, le plus rapidement possible, pour redresser notre pays.
 
JEAN LEYMARIE Le président, l’avez-vous eu au téléphone depuis hier soir, Stéphane LE FOLL ?
 
STEPHANE LE FOLL Je l’ai eu hier soir.
 
JEAN LEYMARIE Que vous dit-il de ces résultats ?
 
STEPHANE LE FOLL D’abord il m’a félicité pour mon résultat, puisque c’est un bon, un résultat dont je suis très fier, et je remercie tous les électeurs qui ont voté pour ma candidature et celle de Sylvie TOLMONT, dans la 4ème circonscription…
 
JEAN LEYMARIE Il est serein, comme vous ?
 
STEPHANE LE FOLL Et puis après on a discuté, bien sûr, du contexte général, global, pour savoir où on en était. Alors hier soir on n’avait pas encore tous les éléments, mais la gauche, aujourd’hui, autour de 46%, c’est un bon résultat, ça doit nous permettre d’avoir une majorité qui correspondra à ce que souhaitait le président de la République, et surtout qui permettra de changer.
 
Source : Premier ministre, Service d’Information du Gouvernement, le 28 juin 2012