Texte intégral
- Malgré une augmentation du nombre de députées, les femmes sont toujours minoritaires dans la nouvelle Assemblée. Comment faire progresser la mixité ?
Nous pouvons largement mieux faire. Surtout si la droite se décide à laisser leur place aux femmes. Nous souhaitons supprimer les financements publics aux partis qui ne contribuent pas à la parité à compter des prochaines élections législatives. Compte tenu des marges de manoeuvre offertes par la Constitution, une solution serait dalourdir très significativement les sanctions financières existantes, ce qui pourrait avoir comme effet de supprimer totalement les aides publiques aux partis qui font le moins defforts.
- Un homme va être élu à la présidence de lAssemblée nationale, cest une déception pour de nombreuses femmes.
Ce nest pas rendre service à la cause des femmes que de faire de la parité lunique grille de lecture, sans tenir compte du contexte. Les députés socialistes ont choisi librement entre des candidats aux compétences reconnues. Aucun na été lésé du fait de son sexe.
- La parité avance lentement
Lentement mais sûrement : au-delà des instances politiques, elle va devoir sappliquer progressivement aux instances consultatives, comme le Conseil supérieur de la Fonction publique de lÉtat ou aux autorités indépendantes, comme le Conseil supérieur de laudiovisuel. Avec les partenaires sociaux, nous voulons également avancer sur la présence des femmes dans les instances représentatives du personnel ou au sein des comités directeurs des entreprises
- Aurez-vous vraiment les moyens dagir ? Les ministres aux compétences transversales peinent souvent à peser dans les arbitrages.
Pas quand le président de la République et le Premier ministre sont eux-mêmes engagés dans la défense des droits des femmes. Quant aux moyens, je peux dores et déjà mappuyer sur le service du droit des femmes qui compte 175 personnes. Pour faciliter la collaboration au sein du gouvernement, des hauts fonctionnaires en charge de légalité vont être désignés dans chaque ministère. Ils auront aussi pour mission de veiller à son respect dans la gestion des ressources humaines. Les collectivités publiques doivent être exemplaires en la matière. Dautres outils seront mis en place : des conférences de légalité pour demander des comptes à toutes les administrations, des séminaires de travail avec les ministres sur cet enjeu, des études dimpact de chaque nouvelle politique publique pour vérifier quelle ne lèse pas les femmes. Enfin, nous ferons de la journée du 8 mars, aujourdhui trop consensuelle, un moment politique fort dévaluation des avancées en matière dégalité. Cela permettra de mettre au jour déventuels obstacles.
- Légalité professionnelle est inscrite à votre agenda. Réussirez-vous à placer ce thème au coeur de la conférence sociale des 9 et 10 juillet prochains ?
Il lest déjà puisquune table ronde sur la question de légalité va être organisée lors de cette rencontre. Lun des sujets essentiels, ce sera celui du temps partiel, plus souvent contraint que choisi et qui concerne une femme sur trois. Certaines employées à temps très partiel se voient de fait privées de droits sociaux. Depuis mon arrivée au ministère, je reçois de nombreuses lettres de ces femmes aux horaires décalés, aux vies hachées, obligées de cumuler les emplois pour joindre les deux bouts et de sacrifier leur vie de famille. Aucune mesure ne sera prise sans concertation mais nous envisageons la fixation dun seuil horaire minimal pour que ces salariées bénéficient des mêmes droits que les autres. Quant à légalité professionnelle, nul besoin dune nouvelle loi. Faisons déjà appliquer celle qui existe et qui prévoit de sanctionner financièrement les entreprises peu respectueuses de leurs obligations en matière dégalité salariale.
- Les associations réclament des avancées sur la question des violences
Elles ont raison et je les entends. La loi de 2010 sur les violences faites aux femmes est une bonne loi qui, malheureusement, nest pas bien appliquée faute de moyens mais aussi dimplication et de formation des magistrats. Cest pour moi une priorité : inciter les juridictions à avoir recours aux ordonnances de protection des victimes ; débloquer des places dhébergement ; généraliser le dispositif du téléphone portable dalerte qui a fait ses preuves en Seine-Saint-Denis.
- Comment envisagez-vous la lutte contre la prostitution ?
Mon objectif, comme celui du PS, cest de voir la prostitution disparaître. Je ne suis pas naïve, je sais que ce sera un chantier de long terme. Cette position abolitionniste est le fruit dune réflexion tirant les leçons des insuffisances des dispositifs actuels. Dans cette optique, le Parlement a adopté lan dernier une résolution qui préconise la pénalisation des clients. Tous les partis lont votée. Le ministre de lIntérieur, Manuel Valls, et moi-même ne resterons pas inactifs sur cette question. Sans aucun jugement moral, il sagit de protéger limmense majorité des prostituées, qui sont dabord des victimes de violences de la part des réseaux, des proxénètes.
- Votre proposition ne manquera pas de déclencher la polémique.
Nous ne cherchons pas à polémiquer mais à convaincre. Pour tirer toutes les conséquences de la résolution de lAssemblée nationale, nous organiserons une conférence de consensus. La question nest pas de savoir si nous voulons abolir la prostitution - la réponse est oui - mais de nous donner les moyens de le faire.Source http://www.femmes-egalite.gouv.fr, le 25 juin 2012
Nous pouvons largement mieux faire. Surtout si la droite se décide à laisser leur place aux femmes. Nous souhaitons supprimer les financements publics aux partis qui ne contribuent pas à la parité à compter des prochaines élections législatives. Compte tenu des marges de manoeuvre offertes par la Constitution, une solution serait dalourdir très significativement les sanctions financières existantes, ce qui pourrait avoir comme effet de supprimer totalement les aides publiques aux partis qui font le moins defforts.
- Un homme va être élu à la présidence de lAssemblée nationale, cest une déception pour de nombreuses femmes.
Ce nest pas rendre service à la cause des femmes que de faire de la parité lunique grille de lecture, sans tenir compte du contexte. Les députés socialistes ont choisi librement entre des candidats aux compétences reconnues. Aucun na été lésé du fait de son sexe.
- La parité avance lentement
Lentement mais sûrement : au-delà des instances politiques, elle va devoir sappliquer progressivement aux instances consultatives, comme le Conseil supérieur de la Fonction publique de lÉtat ou aux autorités indépendantes, comme le Conseil supérieur de laudiovisuel. Avec les partenaires sociaux, nous voulons également avancer sur la présence des femmes dans les instances représentatives du personnel ou au sein des comités directeurs des entreprises
- Aurez-vous vraiment les moyens dagir ? Les ministres aux compétences transversales peinent souvent à peser dans les arbitrages.
Pas quand le président de la République et le Premier ministre sont eux-mêmes engagés dans la défense des droits des femmes. Quant aux moyens, je peux dores et déjà mappuyer sur le service du droit des femmes qui compte 175 personnes. Pour faciliter la collaboration au sein du gouvernement, des hauts fonctionnaires en charge de légalité vont être désignés dans chaque ministère. Ils auront aussi pour mission de veiller à son respect dans la gestion des ressources humaines. Les collectivités publiques doivent être exemplaires en la matière. Dautres outils seront mis en place : des conférences de légalité pour demander des comptes à toutes les administrations, des séminaires de travail avec les ministres sur cet enjeu, des études dimpact de chaque nouvelle politique publique pour vérifier quelle ne lèse pas les femmes. Enfin, nous ferons de la journée du 8 mars, aujourdhui trop consensuelle, un moment politique fort dévaluation des avancées en matière dégalité. Cela permettra de mettre au jour déventuels obstacles.
- Légalité professionnelle est inscrite à votre agenda. Réussirez-vous à placer ce thème au coeur de la conférence sociale des 9 et 10 juillet prochains ?
Il lest déjà puisquune table ronde sur la question de légalité va être organisée lors de cette rencontre. Lun des sujets essentiels, ce sera celui du temps partiel, plus souvent contraint que choisi et qui concerne une femme sur trois. Certaines employées à temps très partiel se voient de fait privées de droits sociaux. Depuis mon arrivée au ministère, je reçois de nombreuses lettres de ces femmes aux horaires décalés, aux vies hachées, obligées de cumuler les emplois pour joindre les deux bouts et de sacrifier leur vie de famille. Aucune mesure ne sera prise sans concertation mais nous envisageons la fixation dun seuil horaire minimal pour que ces salariées bénéficient des mêmes droits que les autres. Quant à légalité professionnelle, nul besoin dune nouvelle loi. Faisons déjà appliquer celle qui existe et qui prévoit de sanctionner financièrement les entreprises peu respectueuses de leurs obligations en matière dégalité salariale.
- Les associations réclament des avancées sur la question des violences
Elles ont raison et je les entends. La loi de 2010 sur les violences faites aux femmes est une bonne loi qui, malheureusement, nest pas bien appliquée faute de moyens mais aussi dimplication et de formation des magistrats. Cest pour moi une priorité : inciter les juridictions à avoir recours aux ordonnances de protection des victimes ; débloquer des places dhébergement ; généraliser le dispositif du téléphone portable dalerte qui a fait ses preuves en Seine-Saint-Denis.
- Comment envisagez-vous la lutte contre la prostitution ?
Mon objectif, comme celui du PS, cest de voir la prostitution disparaître. Je ne suis pas naïve, je sais que ce sera un chantier de long terme. Cette position abolitionniste est le fruit dune réflexion tirant les leçons des insuffisances des dispositifs actuels. Dans cette optique, le Parlement a adopté lan dernier une résolution qui préconise la pénalisation des clients. Tous les partis lont votée. Le ministre de lIntérieur, Manuel Valls, et moi-même ne resterons pas inactifs sur cette question. Sans aucun jugement moral, il sagit de protéger limmense majorité des prostituées, qui sont dabord des victimes de violences de la part des réseaux, des proxénètes.
- Votre proposition ne manquera pas de déclencher la polémique.
Nous ne cherchons pas à polémiquer mais à convaincre. Pour tirer toutes les conséquences de la résolution de lAssemblée nationale, nous organiserons une conférence de consensus. La question nest pas de savoir si nous voulons abolir la prostitution - la réponse est oui - mais de nous donner les moyens de le faire.Source http://www.femmes-egalite.gouv.fr, le 25 juin 2012