Texte intégral
Mesdames et Messieurs, merci de venir si tôt. Cet horaire est rendu nécessaire par le fait que, comme vous le savez, il y a dans quelques minutes la déclaration de politique générale du Premier ministre et, moi-même, je dois lire cette déclaration au Sénat. Nous allons, Guido et moi, vous dire quelques mots et ensuite nous répondrons à une ou deux questions.
Nous venons davoir des échanges approfondis sur tout une série de sujets avec le ministre des Affaires étrangères allemand. Guido mavait accueilli avec beaucoup de gentillesse à Berlin, le 3 juin dernier, et nous nous étions dit que linvitation en retour devait venir. Nous aurons loccasion dans le futur de faire ces mouvements dans les deux sens à plusieurs reprises. Pour ma part, je le fais avec beaucoup de plaisir puisque nous sommes non seulement collègues mais en grande sympathie.
Nous avons notamment évoqué le Conseil européen de la fin de la semaine dernière dont le résultat positif tient notamment à la concertation étroite qui a eu lieu entre Berlin et Paris, en liaison avec tous nos autres partenaires.
Les premières réactions ont été positives. Nous devons consolider ces résultats pour une mise en uvre rapide, mais je crois que tous les observateurs objectifs ont remarqué que cétait un sommet productif, qui va nous permettre denvisager lavenir avec beaucoup plus doptimisme quauparavant.
Nous avons parlé longuement de la Syrie. Nous partageons la même analyse et le même sentiment durgence devant une situation qui est effroyable. Nous allons continuer ensemble dexercer toute la pression possible sur le régime de Bachar Al-Assad. Jai informé Guido des conditions dans lesquelles le Groupe daction sétait réuni le 30 juin à Genève, et la conclusion unanime que ce groupe avait apportée à la demande de Kofi Annan, qui est lEnvoyé spécial des Nations unies et de la Ligue arabe.
Vendredi prochain se tient à Paris la réunion du Groupe des amis du peuple syrien, qui réaffirmera lappui de la communauté internationale à la mise en uvre effective du plan Annan. Jaurai le plaisir à cette occasion daccueillir de nouveau Guido.
Nous avons également évoqué la situation extrêmement préoccupante au Sahel. Nous allons y revenir avec nos collègues européens lors du Conseil Affaires étrangères à Bruxelles, le 23 juillet. Cette question sera abordée aux Nations unies dans les tous prochains jours : il faut absolument quune mobilisation vienne renforcer lautorité et la capacité daction des autorités civiles de transition.
Nous avons également évoqué - mais très rapidement - et nous allons continuer à le faire, la préparation des célébrations du 50ème anniversaire du Traité de lÉlysée, et jaurai loccasion au mois de septembre de me rendre à Bonn dans ce cadre.
Dune façon générale, nos analyses sont évidemment extrêmement proches et même, le plus souvent, totalement identiques. Je me réjouis que nous puissions travailler comme cela, la main dans la main, avec un collègue qui est devenu en peu de temps un ami.
Q - M. Fabius, le président guinéen, Alpha Condé, a été reçu hier à lÉlysée. À lissue de cette rencontre, il a rappelé quil était favorable à une intervention armée pour déloger les islamistes du nord du Mali. Il a demandé le soutien de la communauté internationale, notamment le soutien de la France, un soutien logistique a-t-il dit. Êtes-vous prêt ou est-ce que la France est prête à répondre à cette demande.
R - Jétais présent à cette rencontre avec le président guinéen. Nous avons effectivement parlé de cette question préoccupante, de ce qui se passe au Mali. LUnion africaine et la CEDEAO ont saisi les Nations unies dune résolution qui tend à stabiliser le pouvoir politique au Sud, et à donner des moyens pour faire en sorte que le Mali puisse le plus vite possible retrouver son intégrité. Une résolution a été déjà discutée, mais elle na pas été jugée assez précise par certains ; une nouvelle résolution est actuellement en cours de discussion aux Nations unies. Nous avons bon espoir, nous la France, quelle sera adoptée. Cest à partir de ladoption de cette résolution que nos amis africains pourront prendre des décisions sur la légalité internationale.
Voilà où nous en sommes. Il est évident que la France, dans le respect du droit international, est aux côtés de nos (mot manquant ?) Africains qui nacceptent ni les coups dÉtat, ni les groupes armés qui menacent les populations, violent, tuent, détruisent des lieux considérés comme religieusement sacrés. Cest inacceptable. Nous espérons que ce qui sera décidé aux Nations unies donnera la possibilité aux Africains dintervenir rapidement.
Q - Monsieur le Ministre, la conférence sur la Syrie a lieu à Paris. Il semble quil y ait un doute sur la présence des Russes. Si les Russes ne participent pas à cette conférence, pour la France, pour lAllemagne et pour les amis de la Syrie, quest-ce que cela signifie ? Par ailleurs, après laccord qui a été conclu à Genève, in extremis, lopposition syrienne semble dire que cela permet en fait de gagner du temps pour le régime syrien et que cest finalement un mauvais accord, puisquil ne mentionne pas linterdiction au président Al-Assad ou à ceux qui sont responsables de la répression de figurer dans un gouvernement de transition. Que répondez-vous à ces arguments de lopposition qui savère plutôt déçus ?
R - Il y a deux questions. Je vais y répondre successivement.
La Russie a été invitée à la réunion de vendredi mais nous a fait savoir - elle peut toujours changer davis - quelle ne souhaitait pas y participer. Ce nest pas une surprise.
Sur la deuxième question, jai vu beaucoup de commentaires. Dabord, je voudrais faire une petite mise au point. Il y a eu des réactions diverses, de différents mouvements dopposition par rapport à ce texte, dont je vais vous donner des éléments dans quelques instants, mais on ne peut pas dire que lopposition syrienne dans sa totalité lait récusé. Ceux qui sont attentifs au fond auront certainement vu plusieurs choses.
Tout dabord, cest à la demande expresse de M. Kofi Annan, Envoyé spécial des Nations unies et de la Ligue arabe, que ce Groupe daction sest réuni et quil a adopté à lunanimité cette décision. M. Annan est lhomme qui, appuyé sur la légalité internationale, peut permettre de trouver une solution. Il nous demandait daller dans ce sens. Avant de donner notre accord - pas seulement la France, les États-Unis, le Royaume-Uni, mais aussi la Russie, la Chine, la Ligue arabe, le Qatar, le Koweit, lIrak et le secrétaire général des Nations unies -, nous avons demandé à M. Kofi Annan : «avez-vous besoin de ce texte pour pouvoir avancer vers le cessez-le-feu et un changement de gouvernement en Syrie ?» ; la réponse a été «oui». À partir de ce moment-là, je ne vois pas ce qui aurait pu nous autoriser à ne pas signer ce texte : cest le premier point.
Deuxième point : ce texte adopté, cest sûr, après une longue discussion, dit quil y aura un gouvernement de transition en Syrie qui détiendra tout le pouvoir exécutif. Cela signifie que ceux qui détiennent aujourdhui le pouvoir exécutif, à savoir M. Bachar El-Assad, ne lauront plus puisque cest ce nouveau gouvernement qui laura. Deuxièmement, le texte dit que le choix de ceux qui devront en faire partie se fera avec comme objectif de «mutual agreement» ; quil devra supposer un consentement, ce qui, évidemment, exclut M. Bachar Al-Assad puisque personne ne peut imaginer que lopposition accepte sa présence.
Alors, quensuite, des interprétations diverses aient été faites, cest tout à fait possible. Mais, ce que cela signifie, cest que, dune part, pour la première fois depuis très longtemps et à la demande de M. Kofi Annan, lensemble des membres permanents du Conseil de sécurité sont tombés daccord sur ce texte, qui prévoit non seulement la reprise du plan en six points de M. Kofi Annan mais aussi la transition politique ; et, deuxièmement, que cette transition politique exclut bien sûr dans le gouvernement la présence de M. Bachar Al-Assad.
Le reste, comme on le dit en bon français, sont des «paroles verbales». Je ne doute pas que lopposition qui, bien sûr, pourrait souhaiter - je le comprends très bien et je le partage - que les choses soient encore plus précises, comprenne cela comme un pas en avant.
Maintenant, évidemment, il restera à mettre en application tout cela. Ce nest pas facile. M. Kofi Annan va sy employer en consultant les uns et les autres. Il nous a dit que sil ny parvenait pas, le Conseil de sécurité des Nations unies sera saisi de ce texte, probablement pour une application au titre du chapitre 7. Chacun devra à partir de là prendre ses responsabilités, en ayant en esprit que le texte qui sera soumis pour application aura été signé par tous les membres permanents, qui devront alors dire si oui ou non ils honorent leur signature.
Voilà un éclairage que je voulais donner par rapport à un certain nombre de commentaires que je peux entendre. Je voudrais redire - et ce sera évidemment la tonalité de la réunion de vendredi prochain - quil ny a pas de double langage : nous considérons que M. Bachar Al-Assad est un massacreur et que plus vite il sera parti, mieux ce sera.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 juillet 2012
Nous venons davoir des échanges approfondis sur tout une série de sujets avec le ministre des Affaires étrangères allemand. Guido mavait accueilli avec beaucoup de gentillesse à Berlin, le 3 juin dernier, et nous nous étions dit que linvitation en retour devait venir. Nous aurons loccasion dans le futur de faire ces mouvements dans les deux sens à plusieurs reprises. Pour ma part, je le fais avec beaucoup de plaisir puisque nous sommes non seulement collègues mais en grande sympathie.
Nous avons notamment évoqué le Conseil européen de la fin de la semaine dernière dont le résultat positif tient notamment à la concertation étroite qui a eu lieu entre Berlin et Paris, en liaison avec tous nos autres partenaires.
Les premières réactions ont été positives. Nous devons consolider ces résultats pour une mise en uvre rapide, mais je crois que tous les observateurs objectifs ont remarqué que cétait un sommet productif, qui va nous permettre denvisager lavenir avec beaucoup plus doptimisme quauparavant.
Nous avons parlé longuement de la Syrie. Nous partageons la même analyse et le même sentiment durgence devant une situation qui est effroyable. Nous allons continuer ensemble dexercer toute la pression possible sur le régime de Bachar Al-Assad. Jai informé Guido des conditions dans lesquelles le Groupe daction sétait réuni le 30 juin à Genève, et la conclusion unanime que ce groupe avait apportée à la demande de Kofi Annan, qui est lEnvoyé spécial des Nations unies et de la Ligue arabe.
Vendredi prochain se tient à Paris la réunion du Groupe des amis du peuple syrien, qui réaffirmera lappui de la communauté internationale à la mise en uvre effective du plan Annan. Jaurai le plaisir à cette occasion daccueillir de nouveau Guido.
Nous avons également évoqué la situation extrêmement préoccupante au Sahel. Nous allons y revenir avec nos collègues européens lors du Conseil Affaires étrangères à Bruxelles, le 23 juillet. Cette question sera abordée aux Nations unies dans les tous prochains jours : il faut absolument quune mobilisation vienne renforcer lautorité et la capacité daction des autorités civiles de transition.
Nous avons également évoqué - mais très rapidement - et nous allons continuer à le faire, la préparation des célébrations du 50ème anniversaire du Traité de lÉlysée, et jaurai loccasion au mois de septembre de me rendre à Bonn dans ce cadre.
Dune façon générale, nos analyses sont évidemment extrêmement proches et même, le plus souvent, totalement identiques. Je me réjouis que nous puissions travailler comme cela, la main dans la main, avec un collègue qui est devenu en peu de temps un ami.
Q - M. Fabius, le président guinéen, Alpha Condé, a été reçu hier à lÉlysée. À lissue de cette rencontre, il a rappelé quil était favorable à une intervention armée pour déloger les islamistes du nord du Mali. Il a demandé le soutien de la communauté internationale, notamment le soutien de la France, un soutien logistique a-t-il dit. Êtes-vous prêt ou est-ce que la France est prête à répondre à cette demande.
R - Jétais présent à cette rencontre avec le président guinéen. Nous avons effectivement parlé de cette question préoccupante, de ce qui se passe au Mali. LUnion africaine et la CEDEAO ont saisi les Nations unies dune résolution qui tend à stabiliser le pouvoir politique au Sud, et à donner des moyens pour faire en sorte que le Mali puisse le plus vite possible retrouver son intégrité. Une résolution a été déjà discutée, mais elle na pas été jugée assez précise par certains ; une nouvelle résolution est actuellement en cours de discussion aux Nations unies. Nous avons bon espoir, nous la France, quelle sera adoptée. Cest à partir de ladoption de cette résolution que nos amis africains pourront prendre des décisions sur la légalité internationale.
Voilà où nous en sommes. Il est évident que la France, dans le respect du droit international, est aux côtés de nos (mot manquant ?) Africains qui nacceptent ni les coups dÉtat, ni les groupes armés qui menacent les populations, violent, tuent, détruisent des lieux considérés comme religieusement sacrés. Cest inacceptable. Nous espérons que ce qui sera décidé aux Nations unies donnera la possibilité aux Africains dintervenir rapidement.
Q - Monsieur le Ministre, la conférence sur la Syrie a lieu à Paris. Il semble quil y ait un doute sur la présence des Russes. Si les Russes ne participent pas à cette conférence, pour la France, pour lAllemagne et pour les amis de la Syrie, quest-ce que cela signifie ? Par ailleurs, après laccord qui a été conclu à Genève, in extremis, lopposition syrienne semble dire que cela permet en fait de gagner du temps pour le régime syrien et que cest finalement un mauvais accord, puisquil ne mentionne pas linterdiction au président Al-Assad ou à ceux qui sont responsables de la répression de figurer dans un gouvernement de transition. Que répondez-vous à ces arguments de lopposition qui savère plutôt déçus ?
R - Il y a deux questions. Je vais y répondre successivement.
La Russie a été invitée à la réunion de vendredi mais nous a fait savoir - elle peut toujours changer davis - quelle ne souhaitait pas y participer. Ce nest pas une surprise.
Sur la deuxième question, jai vu beaucoup de commentaires. Dabord, je voudrais faire une petite mise au point. Il y a eu des réactions diverses, de différents mouvements dopposition par rapport à ce texte, dont je vais vous donner des éléments dans quelques instants, mais on ne peut pas dire que lopposition syrienne dans sa totalité lait récusé. Ceux qui sont attentifs au fond auront certainement vu plusieurs choses.
Tout dabord, cest à la demande expresse de M. Kofi Annan, Envoyé spécial des Nations unies et de la Ligue arabe, que ce Groupe daction sest réuni et quil a adopté à lunanimité cette décision. M. Annan est lhomme qui, appuyé sur la légalité internationale, peut permettre de trouver une solution. Il nous demandait daller dans ce sens. Avant de donner notre accord - pas seulement la France, les États-Unis, le Royaume-Uni, mais aussi la Russie, la Chine, la Ligue arabe, le Qatar, le Koweit, lIrak et le secrétaire général des Nations unies -, nous avons demandé à M. Kofi Annan : «avez-vous besoin de ce texte pour pouvoir avancer vers le cessez-le-feu et un changement de gouvernement en Syrie ?» ; la réponse a été «oui». À partir de ce moment-là, je ne vois pas ce qui aurait pu nous autoriser à ne pas signer ce texte : cest le premier point.
Deuxième point : ce texte adopté, cest sûr, après une longue discussion, dit quil y aura un gouvernement de transition en Syrie qui détiendra tout le pouvoir exécutif. Cela signifie que ceux qui détiennent aujourdhui le pouvoir exécutif, à savoir M. Bachar El-Assad, ne lauront plus puisque cest ce nouveau gouvernement qui laura. Deuxièmement, le texte dit que le choix de ceux qui devront en faire partie se fera avec comme objectif de «mutual agreement» ; quil devra supposer un consentement, ce qui, évidemment, exclut M. Bachar Al-Assad puisque personne ne peut imaginer que lopposition accepte sa présence.
Alors, quensuite, des interprétations diverses aient été faites, cest tout à fait possible. Mais, ce que cela signifie, cest que, dune part, pour la première fois depuis très longtemps et à la demande de M. Kofi Annan, lensemble des membres permanents du Conseil de sécurité sont tombés daccord sur ce texte, qui prévoit non seulement la reprise du plan en six points de M. Kofi Annan mais aussi la transition politique ; et, deuxièmement, que cette transition politique exclut bien sûr dans le gouvernement la présence de M. Bachar Al-Assad.
Le reste, comme on le dit en bon français, sont des «paroles verbales». Je ne doute pas que lopposition qui, bien sûr, pourrait souhaiter - je le comprends très bien et je le partage - que les choses soient encore plus précises, comprenne cela comme un pas en avant.
Maintenant, évidemment, il restera à mettre en application tout cela. Ce nest pas facile. M. Kofi Annan va sy employer en consultant les uns et les autres. Il nous a dit que sil ny parvenait pas, le Conseil de sécurité des Nations unies sera saisi de ce texte, probablement pour une application au titre du chapitre 7. Chacun devra à partir de là prendre ses responsabilités, en ayant en esprit que le texte qui sera soumis pour application aura été signé par tous les membres permanents, qui devront alors dire si oui ou non ils honorent leur signature.
Voilà un éclairage que je voulais donner par rapport à un certain nombre de commentaires que je peux entendre. Je voudrais redire - et ce sera évidemment la tonalité de la réunion de vendredi prochain - quil ny a pas de double langage : nous considérons que M. Bachar Al-Assad est un massacreur et que plus vite il sera parti, mieux ce sera.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 juillet 2012