Texte intégral
Mesdames, Messieurs, chers amis,
Le moment qui nous rassemble, aujourdhui, dans ce lieu, remarquable réussite architecturale, est important à un double titre. Linauguration de cette Grande mosquée marque, en effet, lhistoire de la ville de Cergy. Plus largement, en sinscrivant à la suite dautres inaugurations de mosquées, elle contribue à marquer lhistoire de notre pays.
Ce que nous faisons aujourdhui, ici, nest pas un acte anodin. Elever un bâtiment, linscrire de manière magistrale dans notre paysage est une action lourde de sens. Une mosquée, quand elle sérige dans la ville, dit une chose simple : lIslam a toute sa place en France. Jean NOUVEL a pu définir larchitecture comme la « pétrification dun moment de culture ».
Effectivement, il faut voir dans lintégration harmonieuse de mosquées dans notre cadre de vie commun, une expression de ce quest notre culture commune.
Les projets architecturaux réussis savent généralement combiner lusage et le symbole, la fonctionnalité et lesthétisme. Il y a dans cette belle mosquée à la fois de lespace, des repères cultuels et une forme de simplicité. Tout cela en fait un projet architectural réussi ; un projet architectural de notre temps. Et je veux en profiter pour saluer son architecte, monsieur Jimmy Skalli.
Trop souvent, les nouveaux lieux de culte simplantent à la marge, à distance, loin du centre, loin des moyens de transport. Ici, rien de cela : la mosquée est construite dans la continuité de la ville, en lien direct avec elle.
La géographie du lieu, son insertion dans la cité sont, à eux-seuls, des symboles. Rien nest fortuit : si la mosquée se trouve à cet emplacement, cest parce quun travail de dialogue a été mené, en amont, entre la municipalité et les associations porteuses de ce beau projet. Et je salue le rôle de Dominique Lefebvre, votre Député.
Concrétiser une intention de cette ampleur demande dunir des aspirations individuelles autour dun dessein collectif. Ce projet est donc, en premier lieu, une belle aventure humaine qui a impliqué dix associations représentatives de la diversité de Cergy. Dix associations qui ont démontré quil était possible de passer outre les intérêts particuliers pour faire primer lintérêt commun. Dix associations qui ont ainsi pu, en se fédérant, devenir un interlocuteur représentatif pour la ville. Et cela est fondamental pour les élus, pour le vivre ensemble !
Etre parmi vous, en ce vendredi de prière, est pour moi un grand honneur. Loccasion mest donnée de délivrer, à travers vous, en tant que ministre de lIntérieur, et de ce fait en charge des cultes, un message à lendroit des musulmans de France. Ce message sera en tout point identique à celui que la République adresse à toutes les religions, car elle les regarde avec la même bienveillance et leur ouvre les mêmes bras. Elle leur donne les mêmes droits ; elle impose aussi les mêmes devoirs.
Les Français et les citoyens dautres pays qui vivent sur notre sol, quils soient musulmans, catholiques, protestants, juifs, hindouistes ou bouddhistes ont fait lun des choix les plus intimes qui puissent être : celui de croire. Il a la même valeur, la même légitimité, et mérite les mêmes égards, que le choix de ne pas croire.
Croire, cest donner des réponses à des questions pour lesquelles la République na pas à se prononcer. Elle reconnaît les parcours spirituels de chacun comme des quêtes ô combien respectables vers une élévation personnelle.
Le message que porte lIslam - jen suis convaincu - se nourrit à la fois de tolérance, daltérité et de solidarité. Ce message est à lunisson des grandes religions monothéistes qui, au fil des siècles, se sont enracinées dans notre pays. LIslam daujourdhui - et quel beau défi pour la France ! - est lhéritier de celui qui, pendant plusieurs siècles, à Cordoue, fut un accélérateur de connaissances, de culture et dacceptation mutuelle. Il est aussi lhéritier de lIslam qui, il y a près de 10 siècles, a fait de Tombouctou un centre intellectuel majeur. Tombouctou, victime aujourdhui des pires fanatismes, des pires dérives et de linculture la plus violente. Nous devons refuser toutes ces manifestations de lobscurantisme, là-bas, ici, partout.
LIslam, dans sa dimension universelle, est un élément constitutif, à part entière, de ce quest la France daujourdhui. Et au nom du président de la république, je suis venu le dire ici, parmi vous, et jentends donner à ce propos toute la force qui convient.
Je veux, dans un même mouvement, condamner tous les clichés, toutes les petites phrases, que lon entend, ou que lon tolère, et qui visent les musulmans. Des clichés alimentés, dailleurs, par certains responsables politiques, irrespectueux, irresponsables ou ignorants de ce quest lIslam de France.
Je suis le ministre des cultes. En étant présent aujourdhui, jai voulu témoigner de mon respect et du respect de la nation toute entière envers votre religion, vos convictions, vos croyances. Elles sont votre liberté, et cette liberté sera garantie et protégée. «Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas lordre public établi par la Loi», tel est le texte de la Déclaration des droits de lhomme et du citoyen, qui fonde, depuis plus de 200 ans, cette liberté et notre pacte républicain. Cest cela que chacun doit respecter !
Votre mosquée en est la plus belle illustration. Les pouvoirs publics doivent se préoccuper des conditions de lorganisation dun culte, parce quil sagit là dune liberté fondamentale. Et je dirai même quau-delà, cest lintérêt de la communauté nationale de veiller à ce que des lieux de culte de qualité puissent servir au partage harmonieux dune foi. Il sagit dun sujet qui concerne la vie de la cité au sens large, il sagit dun sujet politique, au sens premier du terme.
Les musulmans qui se trouvent en France aspirent légitimement à pratiquer leur religion. Il leur faut pour cela, des lieux dignes. Les rues ne peuvent pas être lespace que la République consent à des fidèles pour la prière !
La France est un creuset. Au fil des siècles, les apports successifs ont fait ce quest notre pays, aujourdhui, avec ses paysages, ses villes, ses villages, ses églises, ses temples, ses synagogues et puis, avec le temps, ses mosquées.
Un principe a garanti son unité : la laïcité. Cette laïcité a une histoire longue, mais aussi douloureuse. Elle est le produit dun compromis qui a consisté à tirer un trait catégorique entre ce qui relève de la sphère publique et ce qui relève de lintimité spirituelle de chacun. Encore une fois, la République na pas à se prononcer sur le fait de croire ou de ne pas croire. Elle laisse à chacun cette liberté. Elle impose, toutefois, à tous, de se retrouver dans un même idéal de citoyenneté qui implique le respect des lois. Cest ce qui fait la singularité et la force de la France. Et ce qui fait que son message est universel.
La laïcité nest pas lexpression dune ignorance, dune indifférence, pire dune hostilité vis-à-vis de la religion. Elle dit simplement que la religion na pas demprise sur la société, quelle na pas demprise sur lEtat qui doit rester neutre.
Je pense tout particulièrement aux agents publics, à tous ceux qui concourent activement au service public. Ils ont lobligation dêtre neutres et de taire leur préférence ou leur croyance lorsquils sont dans lexercice de leurs fonctions. Cest à ce prix que lon fera vivre ce principe de laïcité, et cest aussi ce qui rend crédible la capacité de lEtat à garantir la liberté de culte.
Dans mes fonctions jentends défendre avec fermeté la laïcité. La laïcité protège. Elle protège, dabord, lécole. Elle est, de manière générale, la condition de notre vie en collectivité. Elle est aussi le principe qui garantit légalité entre les femmes et les hommes, partout, et aussi dans nos quartiers.
Jentends également défendre ceux qui sont stigmatisés en raison dune quelconque appartenance. Jamais personne ne doit être critiqué, menacé ou agressé pour ses croyances ou ses pratiques religieuses. Toute attaque contre une religion, contre un de ses fidèles ou un de ses lieux de culte est une attaque délibérée contre la République et ses valeurs. Elle nécessite, en retour, une réponse déterminée des pouvoirs publics. Et je naccepterai pas les dégradations de nos mosquées, de nos synagogues, de nos lieux de culte.
A ce titre, les actes antisémites que connaît notre pays réclament une mobilisation. Une mobilisation de lEtat : jai renouvelé des instructions de vigilance et de fermeté, hier, à lensemble des préfets. Mobilisation, plus généralement, de toute la société (professeurs, familles, associations, ) car cest aussi par la pédagogie et le dialogue que lon pourra résolument venir à bout de ce mal quest lantisémitisme. Il est une offense faite à la France, à son histoire et à ses valeurs. La lutte contre lantisémitisme est laffaire de tous. Elle doit mobiliser chacun. Et je veux, à ce titre, vous remercier, Monsieur Mohammed Moussaoui, pour vos déclarations dhier
Mesdames et Messieurs,
La sécurité des croyants dans leurs pratiques religieuses sera notamment un impératif lors du Ramadan qui débute prochainement. Je veux vous assurer que toute lattention des services de lEtat sera portée à la tranquillité des fidèles pour quils vivent pleinement ce moment important du calendrier religieux.
Les grands principes de liberté de conscience et de laïcité ont fait notre République. La défense de ces grands principes ne doit cependant pas nous faire passer à côté des problèmes concrets, des problèmes de tous les jours, de ces problèmes qui demandent du bon sens, de lapaisement et de lexpertise. Ce sont des sujets difficiles, qui posent des questions juridiques, et bien souvent sociales.
Jentends désormais avoir sur ces sujets - ce qui va changer avec ce que nous avons connu ces dix dernières années -, un regard apaisé, dépassionné, serein. Jai eu loccasion de men entretenir avec les représentants de lIslam de France : je souhaite que le dialogue avec les cultes soit empreint de ce même apaisement plutôt que demportements et de passions.
Trop souvent, lIslam a été instrumentalisé, trop souvent son nom a été prononcé pour véhiculer une suspicion, de la défiance, du mépris. Le résultat est toujours le même ! La polémique, à court terme, et la discorde de manière plus diffuse et plus pernicieuse, dans nos villes, dans nos quartiers.
En faisant cela, on ne fait pas avancer la France. Pourtant, les questions ne manquent pas. Elles doivent être traitées, avec méthode, avec pragmatisme, en prenant le temps de la réflexion et du débat. Les questions sont complexes, elles posent des problèmes juridiques et financiers. La formation de nos imams en est une. Il faut sassurer que tous ceux qui sadressent aux fidèles et ils sont nombreux ont une connaissance réelle et partagent les valeurs fondamentales du pays dans lequel ils sexpriment. Il est paradoxal que, dans une assemblée de fidèles, celui qui dirige la prière soit parfois celui qui a le moins dancienneté sur le territoire national, le moins de liens avec notre pays.
Je souhaite, de la même manière, pouvoir aborder les questions soulevées par labattage rituel, ou les aumôneries pénitentiaires, en lien avec le ministère de la Justice.
Pour cela, jappelle les responsables du culte musulman à prendre la mesure des défis qui se posent à nous. Les divisions,les égoïsmes, la concurrence ne peuvent pas différer pluslongtemps le dialogue indispensable qui doit souvrir sur les sujets cultuels. Un cadre existe ; il est sans doute imparfait. Il mérite peut-être dévoluer. Il doit être dédié uniquement aux questions liées au culte. Je ne veux pas que soient confondus les questions dimmigration, dintégration, et les questions liées aux cultes. Mais je ne souhaite pas attendre un accord qui ne vient pas pour entamer ce dialogue. Chacun doit sen saisir : le CFCM, les intellectuels, la jeunesse Chacun doit prendre sa place dans lIslam de France. Le moment venu, très prochainement, je saisirai les instances représentatives des dossiers que je souhaite voir avancer.
Mesdames, Messieurs,
Cette Grande mosquée de Cergy est une belle illustration de ce qui doit se passer dans notre pays. Des associations, qui se retrouvent dans un intérêt commun, font la promotion du dialogue et parce quelles décident de travailler, ensemble, aboutissent à un résultat qui bénéficie au plus grand nombre.
Il appartient aux Français qui pratiquent lIslam de prendre pleinement leur destin en main. La République sera toujours là pour les aider dans le rôle qui est le sien.
La République sera toujours là, à leurs côtés, pour lutter contre ceux qui, par leurs actions, leurs paroles, dénaturent et abîment le message de lIslam dont ils prétendent, par ailleurs, avoir le monopole. Il ny a pas de place en France pour les groupements radicaux et pour leurs prédicateurs qui veulent importer la haine et la division. Et je compte, ici aussi, sur vous tous, sur votre soutien.
La République, enfin, sera toujours aux côtés de celles et ceux, souvent seuls, qui, avec courage, tentent de se soustraire aux intégrismes, aux fausses coutumes, aux pratiques rétrogrades qui emprisonnent lindividu. Elle entend dailleurs être particulièrement attentive au strict respect des droits des femmes.
La République garantit aux religions dévoluer dans la prospérité et la sérénité. Elle attend, en retour, que les religions aspirent à ce que la France soit, elle-même, prospère et sereine. Je ne peux trouver plus beaux mots pour traduire cette osmose que ceux que je veux ici prononcer : vive la république, vive la France !
Source http://www.ville-cergy.fr, le 10 juillet 2012
Le moment qui nous rassemble, aujourdhui, dans ce lieu, remarquable réussite architecturale, est important à un double titre. Linauguration de cette Grande mosquée marque, en effet, lhistoire de la ville de Cergy. Plus largement, en sinscrivant à la suite dautres inaugurations de mosquées, elle contribue à marquer lhistoire de notre pays.
Ce que nous faisons aujourdhui, ici, nest pas un acte anodin. Elever un bâtiment, linscrire de manière magistrale dans notre paysage est une action lourde de sens. Une mosquée, quand elle sérige dans la ville, dit une chose simple : lIslam a toute sa place en France. Jean NOUVEL a pu définir larchitecture comme la « pétrification dun moment de culture ».
Effectivement, il faut voir dans lintégration harmonieuse de mosquées dans notre cadre de vie commun, une expression de ce quest notre culture commune.
Les projets architecturaux réussis savent généralement combiner lusage et le symbole, la fonctionnalité et lesthétisme. Il y a dans cette belle mosquée à la fois de lespace, des repères cultuels et une forme de simplicité. Tout cela en fait un projet architectural réussi ; un projet architectural de notre temps. Et je veux en profiter pour saluer son architecte, monsieur Jimmy Skalli.
Trop souvent, les nouveaux lieux de culte simplantent à la marge, à distance, loin du centre, loin des moyens de transport. Ici, rien de cela : la mosquée est construite dans la continuité de la ville, en lien direct avec elle.
La géographie du lieu, son insertion dans la cité sont, à eux-seuls, des symboles. Rien nest fortuit : si la mosquée se trouve à cet emplacement, cest parce quun travail de dialogue a été mené, en amont, entre la municipalité et les associations porteuses de ce beau projet. Et je salue le rôle de Dominique Lefebvre, votre Député.
Concrétiser une intention de cette ampleur demande dunir des aspirations individuelles autour dun dessein collectif. Ce projet est donc, en premier lieu, une belle aventure humaine qui a impliqué dix associations représentatives de la diversité de Cergy. Dix associations qui ont démontré quil était possible de passer outre les intérêts particuliers pour faire primer lintérêt commun. Dix associations qui ont ainsi pu, en se fédérant, devenir un interlocuteur représentatif pour la ville. Et cela est fondamental pour les élus, pour le vivre ensemble !
Etre parmi vous, en ce vendredi de prière, est pour moi un grand honneur. Loccasion mest donnée de délivrer, à travers vous, en tant que ministre de lIntérieur, et de ce fait en charge des cultes, un message à lendroit des musulmans de France. Ce message sera en tout point identique à celui que la République adresse à toutes les religions, car elle les regarde avec la même bienveillance et leur ouvre les mêmes bras. Elle leur donne les mêmes droits ; elle impose aussi les mêmes devoirs.
Les Français et les citoyens dautres pays qui vivent sur notre sol, quils soient musulmans, catholiques, protestants, juifs, hindouistes ou bouddhistes ont fait lun des choix les plus intimes qui puissent être : celui de croire. Il a la même valeur, la même légitimité, et mérite les mêmes égards, que le choix de ne pas croire.
Croire, cest donner des réponses à des questions pour lesquelles la République na pas à se prononcer. Elle reconnaît les parcours spirituels de chacun comme des quêtes ô combien respectables vers une élévation personnelle.
Le message que porte lIslam - jen suis convaincu - se nourrit à la fois de tolérance, daltérité et de solidarité. Ce message est à lunisson des grandes religions monothéistes qui, au fil des siècles, se sont enracinées dans notre pays. LIslam daujourdhui - et quel beau défi pour la France ! - est lhéritier de celui qui, pendant plusieurs siècles, à Cordoue, fut un accélérateur de connaissances, de culture et dacceptation mutuelle. Il est aussi lhéritier de lIslam qui, il y a près de 10 siècles, a fait de Tombouctou un centre intellectuel majeur. Tombouctou, victime aujourdhui des pires fanatismes, des pires dérives et de linculture la plus violente. Nous devons refuser toutes ces manifestations de lobscurantisme, là-bas, ici, partout.
LIslam, dans sa dimension universelle, est un élément constitutif, à part entière, de ce quest la France daujourdhui. Et au nom du président de la république, je suis venu le dire ici, parmi vous, et jentends donner à ce propos toute la force qui convient.
Je veux, dans un même mouvement, condamner tous les clichés, toutes les petites phrases, que lon entend, ou que lon tolère, et qui visent les musulmans. Des clichés alimentés, dailleurs, par certains responsables politiques, irrespectueux, irresponsables ou ignorants de ce quest lIslam de France.
Je suis le ministre des cultes. En étant présent aujourdhui, jai voulu témoigner de mon respect et du respect de la nation toute entière envers votre religion, vos convictions, vos croyances. Elles sont votre liberté, et cette liberté sera garantie et protégée. «Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas lordre public établi par la Loi», tel est le texte de la Déclaration des droits de lhomme et du citoyen, qui fonde, depuis plus de 200 ans, cette liberté et notre pacte républicain. Cest cela que chacun doit respecter !
Votre mosquée en est la plus belle illustration. Les pouvoirs publics doivent se préoccuper des conditions de lorganisation dun culte, parce quil sagit là dune liberté fondamentale. Et je dirai même quau-delà, cest lintérêt de la communauté nationale de veiller à ce que des lieux de culte de qualité puissent servir au partage harmonieux dune foi. Il sagit dun sujet qui concerne la vie de la cité au sens large, il sagit dun sujet politique, au sens premier du terme.
Les musulmans qui se trouvent en France aspirent légitimement à pratiquer leur religion. Il leur faut pour cela, des lieux dignes. Les rues ne peuvent pas être lespace que la République consent à des fidèles pour la prière !
La France est un creuset. Au fil des siècles, les apports successifs ont fait ce quest notre pays, aujourdhui, avec ses paysages, ses villes, ses villages, ses églises, ses temples, ses synagogues et puis, avec le temps, ses mosquées.
Un principe a garanti son unité : la laïcité. Cette laïcité a une histoire longue, mais aussi douloureuse. Elle est le produit dun compromis qui a consisté à tirer un trait catégorique entre ce qui relève de la sphère publique et ce qui relève de lintimité spirituelle de chacun. Encore une fois, la République na pas à se prononcer sur le fait de croire ou de ne pas croire. Elle laisse à chacun cette liberté. Elle impose, toutefois, à tous, de se retrouver dans un même idéal de citoyenneté qui implique le respect des lois. Cest ce qui fait la singularité et la force de la France. Et ce qui fait que son message est universel.
La laïcité nest pas lexpression dune ignorance, dune indifférence, pire dune hostilité vis-à-vis de la religion. Elle dit simplement que la religion na pas demprise sur la société, quelle na pas demprise sur lEtat qui doit rester neutre.
Je pense tout particulièrement aux agents publics, à tous ceux qui concourent activement au service public. Ils ont lobligation dêtre neutres et de taire leur préférence ou leur croyance lorsquils sont dans lexercice de leurs fonctions. Cest à ce prix que lon fera vivre ce principe de laïcité, et cest aussi ce qui rend crédible la capacité de lEtat à garantir la liberté de culte.
Dans mes fonctions jentends défendre avec fermeté la laïcité. La laïcité protège. Elle protège, dabord, lécole. Elle est, de manière générale, la condition de notre vie en collectivité. Elle est aussi le principe qui garantit légalité entre les femmes et les hommes, partout, et aussi dans nos quartiers.
Jentends également défendre ceux qui sont stigmatisés en raison dune quelconque appartenance. Jamais personne ne doit être critiqué, menacé ou agressé pour ses croyances ou ses pratiques religieuses. Toute attaque contre une religion, contre un de ses fidèles ou un de ses lieux de culte est une attaque délibérée contre la République et ses valeurs. Elle nécessite, en retour, une réponse déterminée des pouvoirs publics. Et je naccepterai pas les dégradations de nos mosquées, de nos synagogues, de nos lieux de culte.
A ce titre, les actes antisémites que connaît notre pays réclament une mobilisation. Une mobilisation de lEtat : jai renouvelé des instructions de vigilance et de fermeté, hier, à lensemble des préfets. Mobilisation, plus généralement, de toute la société (professeurs, familles, associations, ) car cest aussi par la pédagogie et le dialogue que lon pourra résolument venir à bout de ce mal quest lantisémitisme. Il est une offense faite à la France, à son histoire et à ses valeurs. La lutte contre lantisémitisme est laffaire de tous. Elle doit mobiliser chacun. Et je veux, à ce titre, vous remercier, Monsieur Mohammed Moussaoui, pour vos déclarations dhier
Mesdames et Messieurs,
La sécurité des croyants dans leurs pratiques religieuses sera notamment un impératif lors du Ramadan qui débute prochainement. Je veux vous assurer que toute lattention des services de lEtat sera portée à la tranquillité des fidèles pour quils vivent pleinement ce moment important du calendrier religieux.
Les grands principes de liberté de conscience et de laïcité ont fait notre République. La défense de ces grands principes ne doit cependant pas nous faire passer à côté des problèmes concrets, des problèmes de tous les jours, de ces problèmes qui demandent du bon sens, de lapaisement et de lexpertise. Ce sont des sujets difficiles, qui posent des questions juridiques, et bien souvent sociales.
Jentends désormais avoir sur ces sujets - ce qui va changer avec ce que nous avons connu ces dix dernières années -, un regard apaisé, dépassionné, serein. Jai eu loccasion de men entretenir avec les représentants de lIslam de France : je souhaite que le dialogue avec les cultes soit empreint de ce même apaisement plutôt que demportements et de passions.
Trop souvent, lIslam a été instrumentalisé, trop souvent son nom a été prononcé pour véhiculer une suspicion, de la défiance, du mépris. Le résultat est toujours le même ! La polémique, à court terme, et la discorde de manière plus diffuse et plus pernicieuse, dans nos villes, dans nos quartiers.
En faisant cela, on ne fait pas avancer la France. Pourtant, les questions ne manquent pas. Elles doivent être traitées, avec méthode, avec pragmatisme, en prenant le temps de la réflexion et du débat. Les questions sont complexes, elles posent des problèmes juridiques et financiers. La formation de nos imams en est une. Il faut sassurer que tous ceux qui sadressent aux fidèles et ils sont nombreux ont une connaissance réelle et partagent les valeurs fondamentales du pays dans lequel ils sexpriment. Il est paradoxal que, dans une assemblée de fidèles, celui qui dirige la prière soit parfois celui qui a le moins dancienneté sur le territoire national, le moins de liens avec notre pays.
Je souhaite, de la même manière, pouvoir aborder les questions soulevées par labattage rituel, ou les aumôneries pénitentiaires, en lien avec le ministère de la Justice.
Pour cela, jappelle les responsables du culte musulman à prendre la mesure des défis qui se posent à nous. Les divisions,les égoïsmes, la concurrence ne peuvent pas différer pluslongtemps le dialogue indispensable qui doit souvrir sur les sujets cultuels. Un cadre existe ; il est sans doute imparfait. Il mérite peut-être dévoluer. Il doit être dédié uniquement aux questions liées au culte. Je ne veux pas que soient confondus les questions dimmigration, dintégration, et les questions liées aux cultes. Mais je ne souhaite pas attendre un accord qui ne vient pas pour entamer ce dialogue. Chacun doit sen saisir : le CFCM, les intellectuels, la jeunesse Chacun doit prendre sa place dans lIslam de France. Le moment venu, très prochainement, je saisirai les instances représentatives des dossiers que je souhaite voir avancer.
Mesdames, Messieurs,
Cette Grande mosquée de Cergy est une belle illustration de ce qui doit se passer dans notre pays. Des associations, qui se retrouvent dans un intérêt commun, font la promotion du dialogue et parce quelles décident de travailler, ensemble, aboutissent à un résultat qui bénéficie au plus grand nombre.
Il appartient aux Français qui pratiquent lIslam de prendre pleinement leur destin en main. La République sera toujours là pour les aider dans le rôle qui est le sien.
La République sera toujours là, à leurs côtés, pour lutter contre ceux qui, par leurs actions, leurs paroles, dénaturent et abîment le message de lIslam dont ils prétendent, par ailleurs, avoir le monopole. Il ny a pas de place en France pour les groupements radicaux et pour leurs prédicateurs qui veulent importer la haine et la division. Et je compte, ici aussi, sur vous tous, sur votre soutien.
La République, enfin, sera toujours aux côtés de celles et ceux, souvent seuls, qui, avec courage, tentent de se soustraire aux intégrismes, aux fausses coutumes, aux pratiques rétrogrades qui emprisonnent lindividu. Elle entend dailleurs être particulièrement attentive au strict respect des droits des femmes.
La République garantit aux religions dévoluer dans la prospérité et la sérénité. Elle attend, en retour, que les religions aspirent à ce que la France soit, elle-même, prospère et sereine. Je ne peux trouver plus beaux mots pour traduire cette osmose que ceux que je veux ici prononcer : vive la république, vive la France !
Source http://www.ville-cergy.fr, le 10 juillet 2012