Texte intégral
Q - La France va donc accueillir le Groupe des Amis du peuple syrien. Mais il ny a ni la Russie ni la Chine. Quelle chance avez-vous, cette fois, daboutir à quoi que ce soit ?
R - La semaine dernière à Genève, il y avait la Russie et la Chine, et nous avons abouti à un texte commun, pour préparer la transition politique. Cette fois-ci, cest différent, il y a plus de cent pays, cest-à-dire la moitié du monde, ainsi que beaucoup de Syriens, à la fois des Syriens de lintérieur et de lextérieur. Il y a évidemment une volonté encore plus forte anti-Bachar Al-Assad, et des sanctions précises, et des propositions humanitaires.
Q - Quand on vous dit : cest un sommet spectacle, cest un sommet de la bonne volonté, peut-être de la bonne conscience, mais quon naboutira à rien, parce que Bachar Al-Assad continue et que rien ne larrête ?
R - Cest vrai quil continue son uvre de mort, mais la pression internationale est de plus en plus forte et il nest pas exact de dire que lon naboutira à rien. Nous aurons, je le répète plus de cent pays, au soutien de la résistance syrienne, avec une extension des sanctions, avec des fonds humanitaires et lexigence que Bachar Al-Assad soit traîné devant la justice ; ce sont des choses très précises. Dailleurs, si cela navait pas été précis et concret, jamais la résistance syrienne naurait accepté de venir.
Q - Alors justement, vont y participer des opposants syriens, souvent venus de lextérieur. Dabord, est-ce quon est sûr quils représentent le peuple syrien ?
R - Oui. Il y a dabord le président du Conseil national syrien. Et puis, la plupart des organisations de résistance de toutes les générations se sont réunies récemment au Caire. Il y avait beaucoup de médecins, à la fois de lintérieur - certains ont été exfiltrés de Syrie dans des conditions au péril de leur vie - et dautres qui habitent à lextérieur.
Q - Mais la solution viendra des diplomates, de pays comme la France, les Nations unies, etc. ceux que vous réunissez à Paris ?
Cest un ensemble.
Ou elle ne viendra pas plutôt des combattants, les guerriers de lintérieur ?
R - Les deux. La résistance est en train de gagner du terrain. Ce sont toutes les indications que nous avons.
Q - Qui sont-ils ? Qui les arment ? Qui les inspirent ?
R - Il y a des armements qui viennent de pays arabes et, de lautre côté, il y a des armes du régime Bachar Al-Assad et qui sont largement fournies par les Russes. Donc, il y a à la fois cette rébellion, cette résistance qui gagne du terrain, et puis il y a laction diplomatique et la pression internationale.
Q - Les Russes et les Chinois veulent une solution et une transition politique, Laurent Fabius, ils lont dit à Genève.
R - Oui, nous aussi.
Q - Ils disent quil faut quelle soit décidée par les Syriens eux-mêmes.
R - Bien sûr !
Q - Mais comment les Syriens peuvent-ils sexprimer?
R - Pour la première fois, nous avons prévu une transition politique. À la fin ce sont les Syriens qui vont décider, et il y aura une nouvelle Constitution avec des élections libres.
Mais toute la difficulté .
Q - Mais quand ?
R - Dès que le gouvernement de transition aura été mis en place. Toute la discussion a porté sur le gouvernement de transition. Nous avons signé un texte qui dit quil faut que le gouvernement de transition ne comprenne pas ceux qui ont été compromis avec le régime ; cela veut dire que Bachar Al-Assad, cest fini !
Q - Tous ses proches ?
R - Cest fini. Linterprétation qui a été donnée, après coup, par dautres - vous parliez des Russes - qui est de dire «non, ça ne concerne pas Bachar Al-Assad» nest pas exacte. Bachar Al-Assad doit partir, cest un assassin et il doit partir.
Q - Vous le répétez, vous le dites souvent, le chef des massacreurs, doit partir. Mais il ne partira pas de son plein gré. Il a chez lui des soutiens, des complices.
R - Bien sûr ! Mais de moins en moins, il y a des défections, y compris dans son entourage. On assiste à une montée de la résistance et une levée de lopinion publique internationale, à laquelle personne ne peut être indifférent. Les Russes et les Chinois nous disent : «pas dingérence dans les affaires intérieures, et il faut prévoir la suite, parce quon ne veut pas de désordre», mais le désordre, cest sanglant, cest Bachar Al-Assad.
Q - Sil quitte le pouvoir, ou quand il quittera le pouvoir, est-ce que vous croyez quil pourra rester en Syrie ? Qui est prêt à lui accorder aujourdhui, lasile politique ?
R - Dune part, il y a toute une série de faits, qui sont recueillis, pour permettre des poursuites. Dautre part, la question est posée, est-ce que tel ou tel État souhaitera laccueillir ?
Q - Personne nen veut ?
R - Cest plus complexe que cela. Évidemment, il ne sagit pas, ni de la Russie, ni de la France, ni des États-Unis
Q - Ni de la Chine, sans doute !
R - Et probablement de la Chine, mais, cest une affaire à traiter.
Q - Cela veut dire quitter le pouvoir dans lexil, pour Bachar Al-Assad et sa jeune épouse, cest mourir en Syrie, comme Kadhafi en Libye, lynchés ?
R - Je ne pense pas mais, de toutes les manières, chacun doit répondre de ses actes.
Q - Tout à lheure, le président de la République va ouvrir le rendez-vous syrien.
Vous allez le conclure, au nom de la France sur quoi votre espoir, concrètement porte-t-il ? Est-ce quil va y avoir un gouvernement provisoire unique et en exil de Syrie ?
R - Kofi Annan qui est lEnvoyé spécial conjoint des Nations unies de la Ligue arabe, doit aider à la constitution de ce gouvernement. Et il faut que ce soit un gouvernement constitué de personnalités de lopposition. Bien sûr, il peut y avoir des personnalités qui évidemment nont pas trempé leurs mains dans le sang, mais qui étaient déjà dans certaines responsabilités. Cest à Kofi Annan de rapprocher les points de vue et de faire émerger des personnalités. Mais la réunion qui a eu lieu au Caire, la semaine dernière, avec lensemble de lopposition va dans le bon sens.
Q - Est-ce que la mission de Kofi Annan doit continuer et, si oui, est-ce que vous êtes daccord pour que ces observateurs de lONU soient armés cette fois-ci ?
R - Le général Mood, qui les commande est en réflexion sur ce point. Dun côté, il est évident que si on veut un cessez-le-feu, il faut quil y ait des gens qui assurent le cessez-le-feu. De lautre, il ne faut pas non plus que lon croit que cest par quelques centaines dhommes interposés quon va pouvoir obtenir la solution. Leffort doit dabord porter pour affaiblir Bachar Al-Assad, et le faire partir.
Q - Vous allez participer dans les prochaines heures, au Japon, à une conférence de lOTAN consacrée à lAfghanistan. Les Français viennent de restituer à larmée Afghane la région de Kapisa. Est-ce que cela veut dire que peu à peu lAfghanistan redevient lAfghanistan et que cest une victoire de lOTAN ?
R - Nous avons respecté nos engagements. Vous vous rappelez que François Hollande avait dit, pendant sa campagne, que les troupes combattantes seraient parties avant à la fin de lannée. Cest ce que nous avons préparé et elles vont commencer à partir ces jours-ci. Tout sera échelonné, jusquà la fin de lannée. Le relais sera pris, en particulier par les Afghans, mais laide civile - et cest lobjet de la conférence du Japon - va continuer et nous, nous allons prendre le relais sur le plan civil.
Q - Vous donnerez de largent ? On aidera ?
R - Sur le plan de la santé, oui, bien sûr !
Q - Et jai noté que les routes entre le Pakistan et lAfghanistan
R - Étaient réouvertes.
Q - Ont été réouvertes, après sept mois coûteux de blocage. Les troupes alliées vont donc quitter lAfghanistan. Elles pourront être rapatriées peut-être plus facilement, avec leurs matériels
R - Exactement !
Q - Est-ce que cela veut dire que les Français vont être rapatriés, rentrés chez eux plus vite ?
R - Oui, cest ce que cela veut dire. Ce sera à la fois plus rapide, plus sûr et plus économique, mais il faut faire très attention aux conditions de sécurité parce que nos troupes étaient exposées quand elles étaient là-bas. Elles sont aussi exposées au moment où elles reviennent.
Q - En Afghanistan, les occidentaux font la guerre aux Taliban, aux islamistes totalitaires. Est-ce quaujourdhui, le foyer le plus grave, le plus dangereux, ce nest pas le Mali et le Sahel avec ce qui sy passent ?
R - Oui, nous avons eu lAfghanistan, il ne faut pas quil y ait de «Sahelistan.»Or .
Q - Cest davantage une menace sur les Français et les Européens ?
R - Exactement, cest AQMI qui dit que lennemi principal, cest lEurope et les Français. Vous avez vu quhier, aux Nations unies, nous avons obtenu, là-aussi, le vote dune résolution. Mais il ne sagit pas simplement du vote, il faut que la légalité constitutionnelle se rétablisse dans le sud. Il faut que les Africains se rassemblent, pour préparer un certain nombre de forces de sécurité. Il faut que le moment venu, au nord, on dégage AQMI, dautant que nous avons, vous le savez, des otages et que cela menace non seulement le Mali, qui va retrouver son intégrité, mais toute la région
Q - Le Niger, le Bénin, le Sénégal, on voit bien quils sont inquiets.
R - La Mauritanie, la Côte dIvoire et les autres.
Q - Il y a une réunion, demain samedi, au Burkina Faso, est-ce que vous demandez aux États africains de recourir peut-être à laction militaire, protégée par lONU, pour protéger les civils du Mali ?
R - Bien sûr ! Cest le sens de la résolution qui, pour la première fois, a été votée hier, à lunanimité. Il y avait aussi les Russes et les Chinois. Nous voulons assurer lintégrité du Mali et lutter contre le terrorisme. Il ny a pas de risque plus grave que le terrorisme.
Q - Et au Mali et au Sahel aujourdhui ?
R - Oui, parce que cest la destruction
Q - À nos portes ?
R - Ils décapitent des gens, ils violent des femmes, ils détruisent, vous lavez vu, dans des conditions inacceptables des monuments, des mausolées. Ce sont vraiment des barbares.
Q - Et il faut arrêter ces trafics de drogue, darmes qui viennent de Tunisie, de Libye, etc.
R - Ils ont de largent et des armes qui viennent du trafic de drogue, des rançons. Cela ne peut pas être accepté, par aucun pays.
Q - Est-ce que vous vous attendiez à ce que la politique étrangère ait une telle place dans la politique intérieure ?
R - Oui, parce que désormais tout est international, parce quil faut avoir une vision de long terme - je me rends au Japon et en Chine justement ce week-end - et aussi parce quil y a des crises : lIran, la Syrie, le Mali!
Q - Et les relations que nous avons avec lAlgérie, où vous allez vous rendre dans pas longtemps.
R - La semaine prochaine.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 juillet 2012
R - La semaine dernière à Genève, il y avait la Russie et la Chine, et nous avons abouti à un texte commun, pour préparer la transition politique. Cette fois-ci, cest différent, il y a plus de cent pays, cest-à-dire la moitié du monde, ainsi que beaucoup de Syriens, à la fois des Syriens de lintérieur et de lextérieur. Il y a évidemment une volonté encore plus forte anti-Bachar Al-Assad, et des sanctions précises, et des propositions humanitaires.
Q - Quand on vous dit : cest un sommet spectacle, cest un sommet de la bonne volonté, peut-être de la bonne conscience, mais quon naboutira à rien, parce que Bachar Al-Assad continue et que rien ne larrête ?
R - Cest vrai quil continue son uvre de mort, mais la pression internationale est de plus en plus forte et il nest pas exact de dire que lon naboutira à rien. Nous aurons, je le répète plus de cent pays, au soutien de la résistance syrienne, avec une extension des sanctions, avec des fonds humanitaires et lexigence que Bachar Al-Assad soit traîné devant la justice ; ce sont des choses très précises. Dailleurs, si cela navait pas été précis et concret, jamais la résistance syrienne naurait accepté de venir.
Q - Alors justement, vont y participer des opposants syriens, souvent venus de lextérieur. Dabord, est-ce quon est sûr quils représentent le peuple syrien ?
R - Oui. Il y a dabord le président du Conseil national syrien. Et puis, la plupart des organisations de résistance de toutes les générations se sont réunies récemment au Caire. Il y avait beaucoup de médecins, à la fois de lintérieur - certains ont été exfiltrés de Syrie dans des conditions au péril de leur vie - et dautres qui habitent à lextérieur.
Q - Mais la solution viendra des diplomates, de pays comme la France, les Nations unies, etc. ceux que vous réunissez à Paris ?
Cest un ensemble.
Ou elle ne viendra pas plutôt des combattants, les guerriers de lintérieur ?
R - Les deux. La résistance est en train de gagner du terrain. Ce sont toutes les indications que nous avons.
Q - Qui sont-ils ? Qui les arment ? Qui les inspirent ?
R - Il y a des armements qui viennent de pays arabes et, de lautre côté, il y a des armes du régime Bachar Al-Assad et qui sont largement fournies par les Russes. Donc, il y a à la fois cette rébellion, cette résistance qui gagne du terrain, et puis il y a laction diplomatique et la pression internationale.
Q - Les Russes et les Chinois veulent une solution et une transition politique, Laurent Fabius, ils lont dit à Genève.
R - Oui, nous aussi.
Q - Ils disent quil faut quelle soit décidée par les Syriens eux-mêmes.
R - Bien sûr !
Q - Mais comment les Syriens peuvent-ils sexprimer?
R - Pour la première fois, nous avons prévu une transition politique. À la fin ce sont les Syriens qui vont décider, et il y aura une nouvelle Constitution avec des élections libres.
Mais toute la difficulté .
Q - Mais quand ?
R - Dès que le gouvernement de transition aura été mis en place. Toute la discussion a porté sur le gouvernement de transition. Nous avons signé un texte qui dit quil faut que le gouvernement de transition ne comprenne pas ceux qui ont été compromis avec le régime ; cela veut dire que Bachar Al-Assad, cest fini !
Q - Tous ses proches ?
R - Cest fini. Linterprétation qui a été donnée, après coup, par dautres - vous parliez des Russes - qui est de dire «non, ça ne concerne pas Bachar Al-Assad» nest pas exacte. Bachar Al-Assad doit partir, cest un assassin et il doit partir.
Q - Vous le répétez, vous le dites souvent, le chef des massacreurs, doit partir. Mais il ne partira pas de son plein gré. Il a chez lui des soutiens, des complices.
R - Bien sûr ! Mais de moins en moins, il y a des défections, y compris dans son entourage. On assiste à une montée de la résistance et une levée de lopinion publique internationale, à laquelle personne ne peut être indifférent. Les Russes et les Chinois nous disent : «pas dingérence dans les affaires intérieures, et il faut prévoir la suite, parce quon ne veut pas de désordre», mais le désordre, cest sanglant, cest Bachar Al-Assad.
Q - Sil quitte le pouvoir, ou quand il quittera le pouvoir, est-ce que vous croyez quil pourra rester en Syrie ? Qui est prêt à lui accorder aujourdhui, lasile politique ?
R - Dune part, il y a toute une série de faits, qui sont recueillis, pour permettre des poursuites. Dautre part, la question est posée, est-ce que tel ou tel État souhaitera laccueillir ?
Q - Personne nen veut ?
R - Cest plus complexe que cela. Évidemment, il ne sagit pas, ni de la Russie, ni de la France, ni des États-Unis
Q - Ni de la Chine, sans doute !
R - Et probablement de la Chine, mais, cest une affaire à traiter.
Q - Cela veut dire quitter le pouvoir dans lexil, pour Bachar Al-Assad et sa jeune épouse, cest mourir en Syrie, comme Kadhafi en Libye, lynchés ?
R - Je ne pense pas mais, de toutes les manières, chacun doit répondre de ses actes.
Q - Tout à lheure, le président de la République va ouvrir le rendez-vous syrien.
Vous allez le conclure, au nom de la France sur quoi votre espoir, concrètement porte-t-il ? Est-ce quil va y avoir un gouvernement provisoire unique et en exil de Syrie ?
R - Kofi Annan qui est lEnvoyé spécial conjoint des Nations unies de la Ligue arabe, doit aider à la constitution de ce gouvernement. Et il faut que ce soit un gouvernement constitué de personnalités de lopposition. Bien sûr, il peut y avoir des personnalités qui évidemment nont pas trempé leurs mains dans le sang, mais qui étaient déjà dans certaines responsabilités. Cest à Kofi Annan de rapprocher les points de vue et de faire émerger des personnalités. Mais la réunion qui a eu lieu au Caire, la semaine dernière, avec lensemble de lopposition va dans le bon sens.
Q - Est-ce que la mission de Kofi Annan doit continuer et, si oui, est-ce que vous êtes daccord pour que ces observateurs de lONU soient armés cette fois-ci ?
R - Le général Mood, qui les commande est en réflexion sur ce point. Dun côté, il est évident que si on veut un cessez-le-feu, il faut quil y ait des gens qui assurent le cessez-le-feu. De lautre, il ne faut pas non plus que lon croit que cest par quelques centaines dhommes interposés quon va pouvoir obtenir la solution. Leffort doit dabord porter pour affaiblir Bachar Al-Assad, et le faire partir.
Q - Vous allez participer dans les prochaines heures, au Japon, à une conférence de lOTAN consacrée à lAfghanistan. Les Français viennent de restituer à larmée Afghane la région de Kapisa. Est-ce que cela veut dire que peu à peu lAfghanistan redevient lAfghanistan et que cest une victoire de lOTAN ?
R - Nous avons respecté nos engagements. Vous vous rappelez que François Hollande avait dit, pendant sa campagne, que les troupes combattantes seraient parties avant à la fin de lannée. Cest ce que nous avons préparé et elles vont commencer à partir ces jours-ci. Tout sera échelonné, jusquà la fin de lannée. Le relais sera pris, en particulier par les Afghans, mais laide civile - et cest lobjet de la conférence du Japon - va continuer et nous, nous allons prendre le relais sur le plan civil.
Q - Vous donnerez de largent ? On aidera ?
R - Sur le plan de la santé, oui, bien sûr !
Q - Et jai noté que les routes entre le Pakistan et lAfghanistan
R - Étaient réouvertes.
Q - Ont été réouvertes, après sept mois coûteux de blocage. Les troupes alliées vont donc quitter lAfghanistan. Elles pourront être rapatriées peut-être plus facilement, avec leurs matériels
R - Exactement !
Q - Est-ce que cela veut dire que les Français vont être rapatriés, rentrés chez eux plus vite ?
R - Oui, cest ce que cela veut dire. Ce sera à la fois plus rapide, plus sûr et plus économique, mais il faut faire très attention aux conditions de sécurité parce que nos troupes étaient exposées quand elles étaient là-bas. Elles sont aussi exposées au moment où elles reviennent.
Q - En Afghanistan, les occidentaux font la guerre aux Taliban, aux islamistes totalitaires. Est-ce quaujourdhui, le foyer le plus grave, le plus dangereux, ce nest pas le Mali et le Sahel avec ce qui sy passent ?
R - Oui, nous avons eu lAfghanistan, il ne faut pas quil y ait de «Sahelistan.»Or .
Q - Cest davantage une menace sur les Français et les Européens ?
R - Exactement, cest AQMI qui dit que lennemi principal, cest lEurope et les Français. Vous avez vu quhier, aux Nations unies, nous avons obtenu, là-aussi, le vote dune résolution. Mais il ne sagit pas simplement du vote, il faut que la légalité constitutionnelle se rétablisse dans le sud. Il faut que les Africains se rassemblent, pour préparer un certain nombre de forces de sécurité. Il faut que le moment venu, au nord, on dégage AQMI, dautant que nous avons, vous le savez, des otages et que cela menace non seulement le Mali, qui va retrouver son intégrité, mais toute la région
Q - Le Niger, le Bénin, le Sénégal, on voit bien quils sont inquiets.
R - La Mauritanie, la Côte dIvoire et les autres.
Q - Il y a une réunion, demain samedi, au Burkina Faso, est-ce que vous demandez aux États africains de recourir peut-être à laction militaire, protégée par lONU, pour protéger les civils du Mali ?
R - Bien sûr ! Cest le sens de la résolution qui, pour la première fois, a été votée hier, à lunanimité. Il y avait aussi les Russes et les Chinois. Nous voulons assurer lintégrité du Mali et lutter contre le terrorisme. Il ny a pas de risque plus grave que le terrorisme.
Q - Et au Mali et au Sahel aujourdhui ?
R - Oui, parce que cest la destruction
Q - À nos portes ?
R - Ils décapitent des gens, ils violent des femmes, ils détruisent, vous lavez vu, dans des conditions inacceptables des monuments, des mausolées. Ce sont vraiment des barbares.
Q - Et il faut arrêter ces trafics de drogue, darmes qui viennent de Tunisie, de Libye, etc.
R - Ils ont de largent et des armes qui viennent du trafic de drogue, des rançons. Cela ne peut pas être accepté, par aucun pays.
Q - Est-ce que vous vous attendiez à ce que la politique étrangère ait une telle place dans la politique intérieure ?
R - Oui, parce que désormais tout est international, parce quil faut avoir une vision de long terme - je me rends au Japon et en Chine justement ce week-end - et aussi parce quil y a des crises : lIran, la Syrie, le Mali!
Q - Et les relations que nous avons avec lAlgérie, où vous allez vous rendre dans pas longtemps.
R - La semaine prochaine.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 juillet 2012