Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Chers Étudiants,
Je vous remercie d'être venus nombreux aujourd'hui. C'est un grand plaisir pour moi de m'exprimer devant vous, ici dans les locaux de l'École Centrale de Pékin, accueillie par l'Université d'aéronautique et d'astronautique.
La visite que j'effectue depuis hier en Chine est la première d'un dirigeant français depuis les élections présidentielles du 6 mai. Ce déplacement intervient à la veille d'échéances importantes pour la Chine, qui verra dans quelques mois un passage de relais d'une génération de dirigeants à l'autre. C'est le bon moment de tracer les perspectives de notre relation pour les années à venir afin de faire franchir une nouvelle étape à notre partenariat. Je me suis entretenu en priorité hier avec le ministre des Affaires étrangères Yang Jiechi et avec le conseiller d'État Dai Bingguo, et c'est aussi cela que j'évoquerai cet après-midi avec le Premier ministre Wen Jiabao et avec le vice-Premier ministre Li Keqiang.
Au-delà de ces entretiens politiques et intellectuels, nourris, confiants et amicaux, je souhaite aussi discuter avec vous, ici, qui représentez l'avenir. Avant de répondre à vos questions, je souhaiterais vous proposer quelques réflexions sur l'avenir des relations entre nos deux pays.
Je viens aujourd'hui porteur d'une ambition renouvelée pour la relation entre la France et la Chine. Cette ambition a été soulignée par les présidents Hu et Hollande lors de leur premier entretien au Mexique lors du G20, en juin.
Économiquement et politiquement, la Chine occupe aujourd'hui les tout premiers rangs, ce qui fait de ce grand pays un partenaire majeur pour le pays que nous sommes. Le nouveau gouvernement français souhaite s'investir fortement dans la relation avec la Chine, en fondant cette relation sur l'intelligence mutuelle, la constance et la franchise.
La France, 5ème puissance économique mondiale n'a ni la même taille ni le même poids économique que la Chine, 2ème puissance mondiale. Mais elle est un acteur pivot de la scène mondiale. Membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, pays central en Europe, disposant de la puissance nucléaire, à la culture admirée et au rayonnement reconnu, la France est une «puissance d'influence», un interlocuteur écouté et capable de peser, notamment dans les enceintes internationales. L'Europe, à laquelle nous appartenons, est le premier partenaire commercial de la Chine, c'est notre conviction que la Chine a tout à gagner d'une relation constructive et d'un partenariat suivi avec la France.
Je voudrais, au nom du gouvernement français, placer ce partenariat, pour le faire avancer, sous le signe d'une triple volonté :
- volonté de rééquilibrer par le haut nos relations économiques et commerciales ;
- volonté de donner une traduction concrète à notre partenariat politique ;
- volonté de promouvoir les échanges entre nos sociétés civiles (c'est-à-dire les étudiants, échanges de jeunes, intellectuels, acteurs culturels, acteurs sociaux) qui constituent un front de la relation franco-chinoise.
Une ambition nouvelle pour les relations franco-chinoises
Cette ambition nouvelle est facilitée par notre histoire commune. Nous sommes la rencontre de deux grandes civilisations que beaucoup rapproche. Nous sommes deux cultures qui ont placé l'éducation et le savoir au sommet de leur échelle des valeurs et qui ont aussi su développer l'art de vivre à des niveaux inégalés. La Chine et la France avaient tant à échanger.
Parmi ces rencontres, je rappelle la passion du Siècle des Lumières pour la Chine, illustrée en particulier par les débats entre des philosophes tels que Montesquieu, Voltaire ou les physiocrates. La Chine a contribué, par des voies détournées, à nourrir les Lumières, qui ont suscité en retour l'engouement des lettrés chinois au tournant du XXème siècle. Je pense, par exemple, à Fu Lei, figure emblématique de notre amitié, intellectuel exceptionnel, critique d'art, amoureux de la culture française et traducteur de tant de nos grands auteurs qu'il a fait connaître pour la première fois au public chinois.
Plus près de nous, à l'époque du général de Gaulle, la France a été parmi les premiers grands pays occidentaux à établir en 1964 des relations diplomatiques avec la République populaire de Chine, donnant ainsi à notre relation un caractère pionnier qui ne s'est jamais démenti. Je tiens d'ailleurs à souligner que 2014, l'année du cinquantenaire de l'établissement des relations diplomatiques franco-chinoises, revêt une importance particulière et sera l'occasion de célébrations d'envergure.
L'amitié qui nous lie est donc ancienne et profonde. Elle s'inscrit dans le temps long, dans cette durée qui seule permet de bâtir de grandes choses, comme le sait si bien le peuple chinois, héritier d'une des plus anciennes civilisations.
Cette ambition nouvelle nous est aussi dictée par «l'évidence», pour reprendre le terme même utilisé, déjà en 1964, pour justifier l'établissement des relations diplomatiques avec la Chine.
Cette évidence, c'est l'extraordinaire mutation que connaît la Chine. À chacun des nombreux voyages que j'ai effectués dans votre pays ces dernières années, j'ai été frappé par l'ampleur et par la rapidité des changements. Nous avons en France une grande admiration pour ce développement et les réalisations exceptionnelles des 30 dernières années. La sortie de la pauvreté de plusieurs centaines de millions de personnes en une génération constitue un fait qui n'a pas de précédent dans l'histoire de l'humanité, et dont vous pouvez être fiers.
La France a fait le choix, très tôt, d'accompagner votre pays dans cette mutation. Elle n'a jamais eu d'hésitation. L'émergence de la Chine est la correction d'une anomalie qui n'avait que trop duré. Cette anomalie, c'était l'éclipse momentanée de votre pays, pendant un siècle et demi de troubles et de souffrances, qui était anormale et non son retour au premier plan. Parce que nous regardons le peuple chinois avec amitié, nous nous réjouissons des progrès réalisés ces dernières décennies. La France soutient les aspirations de la Chine, puissance globale, à prendre toute sa place dans la gouvernance mondiale.
Nos deux pays ont décidé, dès 1997 soit il y a quinze ans, d'établir un partenariat stratégique global. Il s'est enrichi au fur et à mesure que nos relations se densifiaient et que le rôle international de la Chine s'affirmait. Ce partenariat est aujourd'hui global dans le sens où il touche les domaines politique, économique et culturel ainsi que les grandes questions internationales. Les promotions d'ingénieurs formées par l'École Centrale ici, dans un cadre franco-chinois, en sont un symbole.
Au terme de ce chemin parcouru ensemble, la Chine et l'Union européenne sont devenues aujourd'hui deux acteurs incontournables du système international qui ont noué des liens étroits. Avec des échanges commerciaux passés de 4 milliards d'euros en 1978 à 460 milliards l'année dernière, l'Europe est, je l'ai dit, le premier partenaire commercial de la Chine. Nos destins sont donc liés.
Cette ambition nouvelle répond aussi au constat que le monde a changé et que notre partenariat doit évoluer. L'émergence de la Chine, je l'ai dit, est un phénomène positif. Mais un phénomène massif provoque inévitablement des déséquilibres. Les changements intervenus dans votre pays ont affecté votre société par les évolutions économiques, sociales, démographiques, politiques ou culturelles qu'ils ont entraînées. Ils ont aussi bousculé le reste du monde par leur impact parfois brutal sur les équilibres politiques et économiques mondiaux.
Les déséquilibres économiques, financiers ou environnementaux qui sont apparus au cours des dernières années constituent une préoccupation majeure pour les Européens en général et les Français en particulier. Il serait contreproductif d'en tenir responsable la Chine alors que les causes en sont multiples et complexes et que le phénomène de l'émergence dépasse largement le cas chinois. Il n'en demeure pas moins que la Chine, par sa taille et en raison même de ses succès, a un rôle central à jouer dans la promotion d'un nouvel équilibre et d'une nouvelle stabilité. Parfois, ce rôle fait peur.
Le grave déséquilibre des relations commerciales entre nos deux pays constitue un sujet de préoccupation particulièrement aigu. Avec 27 milliards d'euros, notre déficit commercial vis-à-vis de la Chine en 2011 représentait près de 40 % du déficit total de la France. Un tel déficit n'est pas soutenable sur le plan économique, il n'est pas non plus soutenable sur le plan politique. Face à cette situation, il nous faut réinventer ensemble notre partenariat économique et trouver une nouvelle forme de coopération qui soit bénéfique à tous.
Une triple volonté
Pour traduire cette ambition nouvelle dans les faits, je propose donc une triple direction.
Sur le plan économique d'abord, il est impératif de rééquilibrer notre relation. À long terme, la solution passe par des réformes internes en France et en Europe, que le gouvernement auquel j'appartiens est déterminé à conduire. Elle passe par un rééquilibrage interne de l'économie chinoise dans le sens du développement du marché intérieur. Mais «dans le long terme, nous serons tous morts» disait Keynes. Il nous faut aussi agir sur le court terme, sur des sujets tels que l'accès au marché, la protection de la propriété intellectuelle ou la protection des investissements.
J'y insiste : la France aborde sa relation avec la Chine avec un niveau d'ambition et donc d'exigences élevé. Parmi nos attentes, l'exigence de réciprocité. C'est un principe simple, qui constitue le fondement des relations de l'Union européenne avec ses grands partenaires stratégiques. Vous le comprendrez sans difficultés car la Chine le pratique elle-même. L'Europe est l'un des ensembles économiques les plus ouverts au monde et entend le rester, mais elle attend de ses partenaires le même degré d'ouverture. Nous tenons ce discours non seulement à la Chine mais aussi à nos autres partenaires stratégiques, qu'il s'agisse du Japon ou des États-Unis.
La réciprocité doit permettre de tirer notre partenariat vers le haut et non vers le bas. Le protectionnisme systématique serait en effet catastrophique pour la Chine comme pour l'Europe. C'est pourquoi notre priorité est de développer les partenariats industriels structurants, notamment dans le nucléaire et dans l'aéronautique. Le succès de ces coopérations tient au fait qu'elles ont dépassé la relation vendeur-acheteur pour mettre en place un partenariat industriel fort et durable. Nous devons nous en inspirer dans de nouveaux domaines. Il s'agit, par exemple, des secteurs des énergies, des transports, de la santé, de l'environnement (eau et assainissement notamment), de l'agro-alimentaire, des services financiers, de l'urbanisme. Les entreprises françaises possèdent des savoir-faire et des compétences uniques au monde, capables de répondre aux besoins d'une Chine qui doit gérer son développement économique, social et urbain.
Dans le même esprit, nous devons aussi développer les investissements croisés. La France est déjà une destination privilégiée pour les investisseurs internationaux. Elle commence à devenir une terre d'accueil importante pour les investisseurs chinois. Mais elle commence seulement. Je pense, par exemple, au chinois Bluestar, qui a contribué à maintenir 2000 emplois dans la région Rhône-Alpes par le rachat de l'entreprise Adisséo en 2006. Les investisseurs chinois sont les bienvenus dans la mesure où ils créent des emplois. Nous sommes prêts à prendre les mesures adéquates pour les encourager et faciliter les investissements. Le dernier sommet UE-Chine, en février, a décidé de lancer la négociation d'un accord global sur l'investissement. La France y est favorable et souhaite qu'il touche l'ensemble des sujets d'intérêt pour les investisseurs.
Sur le plan politique, notre partenariat global stratégique est le cadre de notre relation. Il a permis un approfondissement de nos échanges sur les grands dossiers internationaux et les défis globaux. Nous devons faire preuve de volontarisme pour que ce dialogue soit à la hauteur des enjeux. La France et la Chine, toutes deux membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, doivent coopérer pour assumer leur mission particulière de préservation de la paix et de la stabilité mondiales. Nous sommes des membres parmi les plus actifs du G20 et des institutions financières internationales, deuxième et cinquième économies mondiales, elles ont aussi le devoir de travailler ensemble pour améliorer la gouvernance mondiale et favoriser une croissance équilibrée et durable.
Pour cela, nous devons continuer d'intensifier notre dialogue à tous les niveaux et sur tous les sujets d'intérêt partagé. Je pense en particulier au renforcement du dialogue et de la coopération de terrain dans des régions telles que l'Afrique et le Moyen-Orient.
Il est d'autant plus important de conduire un dialogue régulier que, sur un certain nombre de sujets, nos approches et nos analyses peuvent être différentes. Il n'y a rien d'anormal à cela, car nos deux pays sont héritiers de traditions et de trajectoires de développement différentes. Mais il est essentiel, quand les difficultés se présentent, que nous puissions les aborder dans un esprit de confiance et de franchise, et de manière prévisible pour éviter les à-coups.
C'est le cas par exemple jusqu'ici sur le dossier syrien. Face à la répression sanguinaire du régime, la communauté internationale condamne cette situation insupportable et qui n'a que trop duré. Nous connaissons les préoccupations de la Chine. Nous avons signé à Genève un plan de transition, avec la Chine. Mais il est de notre responsabilité commune de ne pas rester inactifs face à l'horreur en cours et de tout faire, en accord avec le peuple syrien, pour l'aider à retrouver au plus vite la stabilité et la sécurité. Je souhaite que notre dialogue sur le sujet nous permette d'y parvenir vite.
La maturité de notre relation doit aussi nous permettre d'aborder la question des droits de l'Homme. Notre volonté n'est pas d'imposer nos vues. Mais nous pensons qu'il existe des principes et des droits universels. Ils ne varient pas selon les lieux ou les latitudes et doivent pouvoir bénéficier à chaque femme et à chaque homme partout dans le monde, en France, comme en Chine, quels que soient l'âge, l'origine, les croyances ou les convictions. C'est pourquoi la promotion des valeurs de liberté, de démocratie, de solidarité et de dignité humaine constitue un fondement de notre politique étrangère. C'est un héritage de la Révolution française auquel nous sommes profondément attachés. Il est constitutif de notre identité.
Ce sujet n'est en rien incompatible avec votre propre héritage. C'est ainsi que je comprends les «trois principes du peuple» (démocratie, nation, justice sociale) posés par Sun Yat-Sen, père de la première révolution chinoise. Je suis confiant dans notre capacité à trouver un espace de dialogue constructif sur ce sujet.
Mon troisième point concerne le renforcement des liens entre nos deux sociétés civiles. Car c'est une grande différence avec la Chine d'il y a trente ans : grâce aux réformes, un espace social s'est développé qui ouvre la possibilité d'échanges plus directs entre nos deux peuples. C'est une des clés de l'avenir de notre relation.
En France, le président de la République a placé la jeunesse au coeur des préoccupations et de l'action du gouvernement. Il doit naturellement en aller de même des relations entre les jeunesses de nos deux pays. Les jeunes français forment le contingent d'étudiants européens le plus nombreux avec 6.000 inscrits dans les établissements chinois. Ils témoignent de l'intérêt de notre jeunesse pour la Chine.
Les étudiants chinois sont de plus en plus nombreux à faire le choix de la France et de son excellence universitaire. Notre pays en accueille 35.000. Notre ambition est d'aller plus loin, puisque nous voulons accueillir en France, d'ici à 2015, 50.000 étudiants chinois, en favorisant les niveaux Master et Doctorat.
Pour cela, il nous faut travailler à renforcer la mobilité des étudiants. Nous souhaitons notamment pouvoir faciliter l'insertion professionnelle en France des étudiants étrangers y ayant effectué leur cursus universitaire. Comme vous le savez, une des premières mesures du nouveau gouvernement a été d'abroger une mesure qui allait contre cette insertion. Je tiens à vous assurer que le gouvernement favorisera votre accueil dans de bonnes conditions.
Nous souhaitons aussi donner une nouvelle impulsion à l'enseignement du français en Chine et du chinois en France. C'est l'objectif qui a été poursuivi avec les années linguistiques croisées. Je me réjouis du succès qu'elles ont rencontré jusqu'à présent, ainsi que de leur prolongation jusqu'à la fin de cette année.
Les structures franco-chinoises de coopération universitaire ont vu leur nombre augmenter ces dernières années, notamment dans le domaine des formations d'ingénieurs. Elles ont pris modèle sur l'exemple précurseur de l'École Centrale de Pékin, dont la première promotion a été diplômée en janvier. Je pense aux formations dispensées par l'Université de technologie sino-européenne de l'Université de Shanghai, par l'Institut sino-européen de Tianjin en aéronautique, par l'Institut franco-chinois de l'énergie nucléaire de Zhuhai et, dans le domaine des sciences humaines et sociales, par l'Institut franco-chinois de l'Université du Peuple de Chine, récemment inauguré. Nous souhaitons continuer sur cette voie.
Je souhaite aussi que nous renforcions notre coopération dans le domaine de la recherche. Cette coopération n'a cessé de se diversifier. Elle embrasse aujourd'hui quasiment tous les domaines scientifiques : mathématiques, sciences et technologies de l'information, physique fondamentale et appliquée, énergie, environnement, chimie, biologie et médecine. Aujourd'hui ce sont plus de 1800 chercheurs des deux pays qui coopèrent au sein d'une trentaine de laboratoires conjoints, en Chine et en France. Ici à l'Université d'aéronautique et d'astronautique de Pékin, en coopération avec le groupe des écoles centrales, est né il y a deux ans un laboratoire international dédié à la mécanique, aux matériaux, au contrôle et aux sciences de l'information.
La France est une grande nation scientifique et technologique. Les industriels français prennent toute leur place, aux côtés de leurs partenaires chinois, dans le développement de la relation franco-chinoise du savoir et du savoir-faire. Plus de soixante sociétés françaises, des grands groupes comme des PME, ont choisi de conduire en Chine des activités de recherche, de développement ou d'innovation, mobilisant plus de 11.000 personnes dans des domaines de pointe. Ces partenariats industriels sont à l'image de ce que doit être la coopération au XXIème siècle.
Mesdames, Messieurs, Chers Amis,
Avant de finir, je dirai un mot sur l'Europe. Je sais que beaucoup d'entre vous s'interrogent quant à l'avenir de l'Europe. Je sais aussi que les crises à répétition conduisent beaucoup d'observateurs, en Chine comme ailleurs, à s'interroger sur la capacité des Européens à prendre les décisions qui s'imposent.
Je pense que, depuis quelques semaines, un vent nouveau souffle sur l'Europe, qui, enfin, se dote des moyens de faire face autrement à la crise. Des décisions fortes ont été prises par les dirigeants européens pour apporter une réponse adéquate aux difficultés financières que connaît actuellement l'Europe, tout particulièrement lors du Conseil européen des 28 et 29 juin dernier. Les mesures prises, auxquelles la France a beaucoup contribué, répondent à un triple objectif : la croissance, la stabilité et la construction d'une Europe solidaire. Elles constituent une étape importante pour sortir l'Europe de la crise qu'elle connaît.
Comme la Chine en 1978, l'Europe traverse un moment refondateur. Nous sommes déterminés à procéder aux réformes qui vont redonner un nouvel élan à la France et à l'Europe. Et nous savons compter sur votre soutien car la prospérité de la Chine et de l'Europe sont indissociables.
Car nos destins sont liés. La Chine, la France et l'Europe doivent travailler ensemble pour que cette interdépendance soit bénéfique pour nous tous. Je suis venu en Chine pour dire aux responsables et à la population chinoise que le gouvernement français est prêt à ce travail en commun dans un esprit d'amitié, d'ouverture et de franchise. L'accueil que j'ai reçu me rend optimiste pour la suite. Une nouvelle page de nos relations est en train de s'écrire : et quand deux pays de grande culture comme la Chine et la France se mettent à écrire ensemble, le résultat est nécessairement positif.
Je vous souhaite un excellent avenir, et de la réussite dans vos études aujourd'hui. Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 juillet 2012
Chers Étudiants,
Je vous remercie d'être venus nombreux aujourd'hui. C'est un grand plaisir pour moi de m'exprimer devant vous, ici dans les locaux de l'École Centrale de Pékin, accueillie par l'Université d'aéronautique et d'astronautique.
La visite que j'effectue depuis hier en Chine est la première d'un dirigeant français depuis les élections présidentielles du 6 mai. Ce déplacement intervient à la veille d'échéances importantes pour la Chine, qui verra dans quelques mois un passage de relais d'une génération de dirigeants à l'autre. C'est le bon moment de tracer les perspectives de notre relation pour les années à venir afin de faire franchir une nouvelle étape à notre partenariat. Je me suis entretenu en priorité hier avec le ministre des Affaires étrangères Yang Jiechi et avec le conseiller d'État Dai Bingguo, et c'est aussi cela que j'évoquerai cet après-midi avec le Premier ministre Wen Jiabao et avec le vice-Premier ministre Li Keqiang.
Au-delà de ces entretiens politiques et intellectuels, nourris, confiants et amicaux, je souhaite aussi discuter avec vous, ici, qui représentez l'avenir. Avant de répondre à vos questions, je souhaiterais vous proposer quelques réflexions sur l'avenir des relations entre nos deux pays.
Je viens aujourd'hui porteur d'une ambition renouvelée pour la relation entre la France et la Chine. Cette ambition a été soulignée par les présidents Hu et Hollande lors de leur premier entretien au Mexique lors du G20, en juin.
Économiquement et politiquement, la Chine occupe aujourd'hui les tout premiers rangs, ce qui fait de ce grand pays un partenaire majeur pour le pays que nous sommes. Le nouveau gouvernement français souhaite s'investir fortement dans la relation avec la Chine, en fondant cette relation sur l'intelligence mutuelle, la constance et la franchise.
La France, 5ème puissance économique mondiale n'a ni la même taille ni le même poids économique que la Chine, 2ème puissance mondiale. Mais elle est un acteur pivot de la scène mondiale. Membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, pays central en Europe, disposant de la puissance nucléaire, à la culture admirée et au rayonnement reconnu, la France est une «puissance d'influence», un interlocuteur écouté et capable de peser, notamment dans les enceintes internationales. L'Europe, à laquelle nous appartenons, est le premier partenaire commercial de la Chine, c'est notre conviction que la Chine a tout à gagner d'une relation constructive et d'un partenariat suivi avec la France.
Je voudrais, au nom du gouvernement français, placer ce partenariat, pour le faire avancer, sous le signe d'une triple volonté :
- volonté de rééquilibrer par le haut nos relations économiques et commerciales ;
- volonté de donner une traduction concrète à notre partenariat politique ;
- volonté de promouvoir les échanges entre nos sociétés civiles (c'est-à-dire les étudiants, échanges de jeunes, intellectuels, acteurs culturels, acteurs sociaux) qui constituent un front de la relation franco-chinoise.
Une ambition nouvelle pour les relations franco-chinoises
Cette ambition nouvelle est facilitée par notre histoire commune. Nous sommes la rencontre de deux grandes civilisations que beaucoup rapproche. Nous sommes deux cultures qui ont placé l'éducation et le savoir au sommet de leur échelle des valeurs et qui ont aussi su développer l'art de vivre à des niveaux inégalés. La Chine et la France avaient tant à échanger.
Parmi ces rencontres, je rappelle la passion du Siècle des Lumières pour la Chine, illustrée en particulier par les débats entre des philosophes tels que Montesquieu, Voltaire ou les physiocrates. La Chine a contribué, par des voies détournées, à nourrir les Lumières, qui ont suscité en retour l'engouement des lettrés chinois au tournant du XXème siècle. Je pense, par exemple, à Fu Lei, figure emblématique de notre amitié, intellectuel exceptionnel, critique d'art, amoureux de la culture française et traducteur de tant de nos grands auteurs qu'il a fait connaître pour la première fois au public chinois.
Plus près de nous, à l'époque du général de Gaulle, la France a été parmi les premiers grands pays occidentaux à établir en 1964 des relations diplomatiques avec la République populaire de Chine, donnant ainsi à notre relation un caractère pionnier qui ne s'est jamais démenti. Je tiens d'ailleurs à souligner que 2014, l'année du cinquantenaire de l'établissement des relations diplomatiques franco-chinoises, revêt une importance particulière et sera l'occasion de célébrations d'envergure.
L'amitié qui nous lie est donc ancienne et profonde. Elle s'inscrit dans le temps long, dans cette durée qui seule permet de bâtir de grandes choses, comme le sait si bien le peuple chinois, héritier d'une des plus anciennes civilisations.
Cette ambition nouvelle nous est aussi dictée par «l'évidence», pour reprendre le terme même utilisé, déjà en 1964, pour justifier l'établissement des relations diplomatiques avec la Chine.
Cette évidence, c'est l'extraordinaire mutation que connaît la Chine. À chacun des nombreux voyages que j'ai effectués dans votre pays ces dernières années, j'ai été frappé par l'ampleur et par la rapidité des changements. Nous avons en France une grande admiration pour ce développement et les réalisations exceptionnelles des 30 dernières années. La sortie de la pauvreté de plusieurs centaines de millions de personnes en une génération constitue un fait qui n'a pas de précédent dans l'histoire de l'humanité, et dont vous pouvez être fiers.
La France a fait le choix, très tôt, d'accompagner votre pays dans cette mutation. Elle n'a jamais eu d'hésitation. L'émergence de la Chine est la correction d'une anomalie qui n'avait que trop duré. Cette anomalie, c'était l'éclipse momentanée de votre pays, pendant un siècle et demi de troubles et de souffrances, qui était anormale et non son retour au premier plan. Parce que nous regardons le peuple chinois avec amitié, nous nous réjouissons des progrès réalisés ces dernières décennies. La France soutient les aspirations de la Chine, puissance globale, à prendre toute sa place dans la gouvernance mondiale.
Nos deux pays ont décidé, dès 1997 soit il y a quinze ans, d'établir un partenariat stratégique global. Il s'est enrichi au fur et à mesure que nos relations se densifiaient et que le rôle international de la Chine s'affirmait. Ce partenariat est aujourd'hui global dans le sens où il touche les domaines politique, économique et culturel ainsi que les grandes questions internationales. Les promotions d'ingénieurs formées par l'École Centrale ici, dans un cadre franco-chinois, en sont un symbole.
Au terme de ce chemin parcouru ensemble, la Chine et l'Union européenne sont devenues aujourd'hui deux acteurs incontournables du système international qui ont noué des liens étroits. Avec des échanges commerciaux passés de 4 milliards d'euros en 1978 à 460 milliards l'année dernière, l'Europe est, je l'ai dit, le premier partenaire commercial de la Chine. Nos destins sont donc liés.
Cette ambition nouvelle répond aussi au constat que le monde a changé et que notre partenariat doit évoluer. L'émergence de la Chine, je l'ai dit, est un phénomène positif. Mais un phénomène massif provoque inévitablement des déséquilibres. Les changements intervenus dans votre pays ont affecté votre société par les évolutions économiques, sociales, démographiques, politiques ou culturelles qu'ils ont entraînées. Ils ont aussi bousculé le reste du monde par leur impact parfois brutal sur les équilibres politiques et économiques mondiaux.
Les déséquilibres économiques, financiers ou environnementaux qui sont apparus au cours des dernières années constituent une préoccupation majeure pour les Européens en général et les Français en particulier. Il serait contreproductif d'en tenir responsable la Chine alors que les causes en sont multiples et complexes et que le phénomène de l'émergence dépasse largement le cas chinois. Il n'en demeure pas moins que la Chine, par sa taille et en raison même de ses succès, a un rôle central à jouer dans la promotion d'un nouvel équilibre et d'une nouvelle stabilité. Parfois, ce rôle fait peur.
Le grave déséquilibre des relations commerciales entre nos deux pays constitue un sujet de préoccupation particulièrement aigu. Avec 27 milliards d'euros, notre déficit commercial vis-à-vis de la Chine en 2011 représentait près de 40 % du déficit total de la France. Un tel déficit n'est pas soutenable sur le plan économique, il n'est pas non plus soutenable sur le plan politique. Face à cette situation, il nous faut réinventer ensemble notre partenariat économique et trouver une nouvelle forme de coopération qui soit bénéfique à tous.
Une triple volonté
Pour traduire cette ambition nouvelle dans les faits, je propose donc une triple direction.
Sur le plan économique d'abord, il est impératif de rééquilibrer notre relation. À long terme, la solution passe par des réformes internes en France et en Europe, que le gouvernement auquel j'appartiens est déterminé à conduire. Elle passe par un rééquilibrage interne de l'économie chinoise dans le sens du développement du marché intérieur. Mais «dans le long terme, nous serons tous morts» disait Keynes. Il nous faut aussi agir sur le court terme, sur des sujets tels que l'accès au marché, la protection de la propriété intellectuelle ou la protection des investissements.
J'y insiste : la France aborde sa relation avec la Chine avec un niveau d'ambition et donc d'exigences élevé. Parmi nos attentes, l'exigence de réciprocité. C'est un principe simple, qui constitue le fondement des relations de l'Union européenne avec ses grands partenaires stratégiques. Vous le comprendrez sans difficultés car la Chine le pratique elle-même. L'Europe est l'un des ensembles économiques les plus ouverts au monde et entend le rester, mais elle attend de ses partenaires le même degré d'ouverture. Nous tenons ce discours non seulement à la Chine mais aussi à nos autres partenaires stratégiques, qu'il s'agisse du Japon ou des États-Unis.
La réciprocité doit permettre de tirer notre partenariat vers le haut et non vers le bas. Le protectionnisme systématique serait en effet catastrophique pour la Chine comme pour l'Europe. C'est pourquoi notre priorité est de développer les partenariats industriels structurants, notamment dans le nucléaire et dans l'aéronautique. Le succès de ces coopérations tient au fait qu'elles ont dépassé la relation vendeur-acheteur pour mettre en place un partenariat industriel fort et durable. Nous devons nous en inspirer dans de nouveaux domaines. Il s'agit, par exemple, des secteurs des énergies, des transports, de la santé, de l'environnement (eau et assainissement notamment), de l'agro-alimentaire, des services financiers, de l'urbanisme. Les entreprises françaises possèdent des savoir-faire et des compétences uniques au monde, capables de répondre aux besoins d'une Chine qui doit gérer son développement économique, social et urbain.
Dans le même esprit, nous devons aussi développer les investissements croisés. La France est déjà une destination privilégiée pour les investisseurs internationaux. Elle commence à devenir une terre d'accueil importante pour les investisseurs chinois. Mais elle commence seulement. Je pense, par exemple, au chinois Bluestar, qui a contribué à maintenir 2000 emplois dans la région Rhône-Alpes par le rachat de l'entreprise Adisséo en 2006. Les investisseurs chinois sont les bienvenus dans la mesure où ils créent des emplois. Nous sommes prêts à prendre les mesures adéquates pour les encourager et faciliter les investissements. Le dernier sommet UE-Chine, en février, a décidé de lancer la négociation d'un accord global sur l'investissement. La France y est favorable et souhaite qu'il touche l'ensemble des sujets d'intérêt pour les investisseurs.
Sur le plan politique, notre partenariat global stratégique est le cadre de notre relation. Il a permis un approfondissement de nos échanges sur les grands dossiers internationaux et les défis globaux. Nous devons faire preuve de volontarisme pour que ce dialogue soit à la hauteur des enjeux. La France et la Chine, toutes deux membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, doivent coopérer pour assumer leur mission particulière de préservation de la paix et de la stabilité mondiales. Nous sommes des membres parmi les plus actifs du G20 et des institutions financières internationales, deuxième et cinquième économies mondiales, elles ont aussi le devoir de travailler ensemble pour améliorer la gouvernance mondiale et favoriser une croissance équilibrée et durable.
Pour cela, nous devons continuer d'intensifier notre dialogue à tous les niveaux et sur tous les sujets d'intérêt partagé. Je pense en particulier au renforcement du dialogue et de la coopération de terrain dans des régions telles que l'Afrique et le Moyen-Orient.
Il est d'autant plus important de conduire un dialogue régulier que, sur un certain nombre de sujets, nos approches et nos analyses peuvent être différentes. Il n'y a rien d'anormal à cela, car nos deux pays sont héritiers de traditions et de trajectoires de développement différentes. Mais il est essentiel, quand les difficultés se présentent, que nous puissions les aborder dans un esprit de confiance et de franchise, et de manière prévisible pour éviter les à-coups.
C'est le cas par exemple jusqu'ici sur le dossier syrien. Face à la répression sanguinaire du régime, la communauté internationale condamne cette situation insupportable et qui n'a que trop duré. Nous connaissons les préoccupations de la Chine. Nous avons signé à Genève un plan de transition, avec la Chine. Mais il est de notre responsabilité commune de ne pas rester inactifs face à l'horreur en cours et de tout faire, en accord avec le peuple syrien, pour l'aider à retrouver au plus vite la stabilité et la sécurité. Je souhaite que notre dialogue sur le sujet nous permette d'y parvenir vite.
La maturité de notre relation doit aussi nous permettre d'aborder la question des droits de l'Homme. Notre volonté n'est pas d'imposer nos vues. Mais nous pensons qu'il existe des principes et des droits universels. Ils ne varient pas selon les lieux ou les latitudes et doivent pouvoir bénéficier à chaque femme et à chaque homme partout dans le monde, en France, comme en Chine, quels que soient l'âge, l'origine, les croyances ou les convictions. C'est pourquoi la promotion des valeurs de liberté, de démocratie, de solidarité et de dignité humaine constitue un fondement de notre politique étrangère. C'est un héritage de la Révolution française auquel nous sommes profondément attachés. Il est constitutif de notre identité.
Ce sujet n'est en rien incompatible avec votre propre héritage. C'est ainsi que je comprends les «trois principes du peuple» (démocratie, nation, justice sociale) posés par Sun Yat-Sen, père de la première révolution chinoise. Je suis confiant dans notre capacité à trouver un espace de dialogue constructif sur ce sujet.
Mon troisième point concerne le renforcement des liens entre nos deux sociétés civiles. Car c'est une grande différence avec la Chine d'il y a trente ans : grâce aux réformes, un espace social s'est développé qui ouvre la possibilité d'échanges plus directs entre nos deux peuples. C'est une des clés de l'avenir de notre relation.
En France, le président de la République a placé la jeunesse au coeur des préoccupations et de l'action du gouvernement. Il doit naturellement en aller de même des relations entre les jeunesses de nos deux pays. Les jeunes français forment le contingent d'étudiants européens le plus nombreux avec 6.000 inscrits dans les établissements chinois. Ils témoignent de l'intérêt de notre jeunesse pour la Chine.
Les étudiants chinois sont de plus en plus nombreux à faire le choix de la France et de son excellence universitaire. Notre pays en accueille 35.000. Notre ambition est d'aller plus loin, puisque nous voulons accueillir en France, d'ici à 2015, 50.000 étudiants chinois, en favorisant les niveaux Master et Doctorat.
Pour cela, il nous faut travailler à renforcer la mobilité des étudiants. Nous souhaitons notamment pouvoir faciliter l'insertion professionnelle en France des étudiants étrangers y ayant effectué leur cursus universitaire. Comme vous le savez, une des premières mesures du nouveau gouvernement a été d'abroger une mesure qui allait contre cette insertion. Je tiens à vous assurer que le gouvernement favorisera votre accueil dans de bonnes conditions.
Nous souhaitons aussi donner une nouvelle impulsion à l'enseignement du français en Chine et du chinois en France. C'est l'objectif qui a été poursuivi avec les années linguistiques croisées. Je me réjouis du succès qu'elles ont rencontré jusqu'à présent, ainsi que de leur prolongation jusqu'à la fin de cette année.
Les structures franco-chinoises de coopération universitaire ont vu leur nombre augmenter ces dernières années, notamment dans le domaine des formations d'ingénieurs. Elles ont pris modèle sur l'exemple précurseur de l'École Centrale de Pékin, dont la première promotion a été diplômée en janvier. Je pense aux formations dispensées par l'Université de technologie sino-européenne de l'Université de Shanghai, par l'Institut sino-européen de Tianjin en aéronautique, par l'Institut franco-chinois de l'énergie nucléaire de Zhuhai et, dans le domaine des sciences humaines et sociales, par l'Institut franco-chinois de l'Université du Peuple de Chine, récemment inauguré. Nous souhaitons continuer sur cette voie.
Je souhaite aussi que nous renforcions notre coopération dans le domaine de la recherche. Cette coopération n'a cessé de se diversifier. Elle embrasse aujourd'hui quasiment tous les domaines scientifiques : mathématiques, sciences et technologies de l'information, physique fondamentale et appliquée, énergie, environnement, chimie, biologie et médecine. Aujourd'hui ce sont plus de 1800 chercheurs des deux pays qui coopèrent au sein d'une trentaine de laboratoires conjoints, en Chine et en France. Ici à l'Université d'aéronautique et d'astronautique de Pékin, en coopération avec le groupe des écoles centrales, est né il y a deux ans un laboratoire international dédié à la mécanique, aux matériaux, au contrôle et aux sciences de l'information.
La France est une grande nation scientifique et technologique. Les industriels français prennent toute leur place, aux côtés de leurs partenaires chinois, dans le développement de la relation franco-chinoise du savoir et du savoir-faire. Plus de soixante sociétés françaises, des grands groupes comme des PME, ont choisi de conduire en Chine des activités de recherche, de développement ou d'innovation, mobilisant plus de 11.000 personnes dans des domaines de pointe. Ces partenariats industriels sont à l'image de ce que doit être la coopération au XXIème siècle.
Mesdames, Messieurs, Chers Amis,
Avant de finir, je dirai un mot sur l'Europe. Je sais que beaucoup d'entre vous s'interrogent quant à l'avenir de l'Europe. Je sais aussi que les crises à répétition conduisent beaucoup d'observateurs, en Chine comme ailleurs, à s'interroger sur la capacité des Européens à prendre les décisions qui s'imposent.
Je pense que, depuis quelques semaines, un vent nouveau souffle sur l'Europe, qui, enfin, se dote des moyens de faire face autrement à la crise. Des décisions fortes ont été prises par les dirigeants européens pour apporter une réponse adéquate aux difficultés financières que connaît actuellement l'Europe, tout particulièrement lors du Conseil européen des 28 et 29 juin dernier. Les mesures prises, auxquelles la France a beaucoup contribué, répondent à un triple objectif : la croissance, la stabilité et la construction d'une Europe solidaire. Elles constituent une étape importante pour sortir l'Europe de la crise qu'elle connaît.
Comme la Chine en 1978, l'Europe traverse un moment refondateur. Nous sommes déterminés à procéder aux réformes qui vont redonner un nouvel élan à la France et à l'Europe. Et nous savons compter sur votre soutien car la prospérité de la Chine et de l'Europe sont indissociables.
Car nos destins sont liés. La Chine, la France et l'Europe doivent travailler ensemble pour que cette interdépendance soit bénéfique pour nous tous. Je suis venu en Chine pour dire aux responsables et à la population chinoise que le gouvernement français est prêt à ce travail en commun dans un esprit d'amitié, d'ouverture et de franchise. L'accueil que j'ai reçu me rend optimiste pour la suite. Une nouvelle page de nos relations est en train de s'écrire : et quand deux pays de grande culture comme la Chine et la France se mettent à écrire ensemble, le résultat est nécessairement positif.
Je vous souhaite un excellent avenir, et de la réussite dans vos études aujourd'hui. Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 juillet 2012