Déclaration de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, sur les relations franco-polonaises et sur la situation en Syrie, à Varsovie le 26 juillet 2012.

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Circonstance : Conférence de presse avec le ministre polonais des affaires étrangères, M. Radsolaw Sikorski, lors d'un déplacement en Pologne, le 26 juillet 2012

Texte intégral

Merci beaucoup Radek, Cher Ami,

Je suis extrêmement heureux de me trouver aujourd'hui en Pologne. C'est effectivement une de mes premières visites à l'étranger et dans cette partie de l'Europe. J'ai répondu avec beaucoup d'honneur et de plaisir à cette invitation à discuter avec l'ensemble des ambassadeurs polonais dans le monde, des questions concernant la défense européenne. J'ai ensuite eu la chance de pouvoir m'entretenir avec mon collègue et ami. J'irai, dans quelques instants, m'entretenir avec le président polonais.
Même si c'est une visite très rapide, je crois exactement à l'expression qui a été utilisée, à juste titre, par mon collègue et ami : c'est une étape nouvelle dans les relations et l'amitié entre la Pologne et la France. Au début de cette semaine, mon collègue et ministre de la Défense, M. Le Drian, s'était déjà entretenu avec son homologue polonais. Aujourd'hui, nous nous entretenons entre ministres des Affaires étrangères.
Je ne suis pas sûr que ce rythme, de deux visites ministérielles par semaine, puisse être maintenu. En revanche, nous avons déjà pris des rendez-vous dans un avenir proche. Il y aura une réunion dans le cadre du Triangle de Weimar, à la fois des ministres des Affaires étrangères et des ministres de la Défense. Il y aura, à un moment certainement pas lointain, une visite en Pologne du président français.
L'ensemble des sujets sont examinés, du moins décryptés ; nos relations dans tous les domaines : nos relations politiques, bien sûr, qui sont excellentes ; nos relations économiques qui sont très bonnes aussi, mais qui peuvent encore être développées. On a parlé de l'énergie, de l'armement, du spatial et d'autres questions encore.
Nous avons également parlé des grands problèmes actuels. Avec mon collègue, on a parlé de Syrie, de ce qui se passe à l'Est et au Sud. Il faut que la Pologne et la France prennent l'habitude de se concerter sur tous les sujets, comme on doit le faire entre amis, et surtout entre grands pays européens. Je tiens à redire ici, pour qu'il n'y ait pas d'ambigüité, que l'on considère que la Pologne est un grand partenaire européen, avec lequel nous devons de plus en plus travailler.

Q - Concernant la situation en Syrie, notamment le commentaire de M. Fabius sur l'offensive de l'armée syrienne autour d'Alep et sur les propos de M. Ban Ki-moon qui a appelé à la fin du «carnage» en Syrie.
R - Sur la question syrienne, il est vrai que les nouvelles qui nous parviennent montrent que ce massacreur de Bachar Al-Assad continue sa triste besogne : il tue ! C'est tout ce qu'il sait faire, alors que le peuple syrien, au courage magnifique, veut reconstruire une Syrie pacifique et libre.
Nous sommes, bien évidemment, pour le soutien au peuple syrien. La France a eu l'occasion, il y a de cela quelques semaines, de voir venir à Paris la moitié des pays du monde pour la réunion des Amis du peuple syrien. Nous continuons à travailler dans le but d'arrêter les violences et pour une solution alternative qui rassemble à la fois l'opposition syrienne et d'autres responsables. Nous continuerons à travailler à une véritable alternative à Bachar Al-Assad et, tôt ou tard, je suis convaincu, comme l'ensemble des démocraties d'Europe, que Bachar Al-Assad tombera.

Q - Vous avez évoqué la visite du président François Hollande à Varsovie. Pouvez-vous préciser l'échéance ?
R - La date n'est pas encore fixée exactement, mais je veux rappeler que pendant la campagne électorale, François Hollande a été très aimablement reçu par le président polonais - que je dois voir dans quelques instants - et il en avait gardé de bons souvenirs.
D'autre part, comme je l'ai dit, nous ouvrons une nouvelle étape dans les relations entre la Pologne et la France qui ont énormément de choses à bâtir ensemble au sein de l'Europe et dans l'ensemble du monde. Il est donc parfaitement légitime que cette visite ait lieu. Bien que le moment exact n'ait pas encore été décidé, je sais que l'intention de François Hollande est de venir ici.

Q - Quels moyens sont mis en oeuvre par la communauté internationale pour empêcher le massacre en Syrie ?
R - La communauté internationale peut faire quelque chose, en particulier les membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies. Quand on voit que 20.000 personnes ont été tuées et que tous les jours, compte-tenu de la répression abominable de Bachar Al-Assad, des centaines de personnes perdent la vie, des milliers sont blessés et obligée de quitter la Syrie pour trouver refuge dans des pays voisins, il faut que l'ensemble des États du monde, en particulier les membres permanents du Conseil de sécurité, comprennent où est leur responsabilité. Comme vous le savez, il y a deux pays membres de ce Conseil - la Russie et la Chine - qui se sont opposés aux résolutions qui avaient pour objectif l'arrêt des combats. Maintenant, nous espérons que, enfin, ils vont entendre les cris qui montent non seulement en Syrie, mais partout dans le monde arabe et ailleurs, pour arrêter ce bain de sang.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 juillet 2012