Texte intégral
Q - La chancelière allemande Angela Merkel a déclaré hier soir à propos de la Grèce que chaque jour compte maintenant pour renforcer les efforts et vraiment appliquer ce qui a été promis. Est-ce une pression supplémentaire sur le gouvernement grec qui, lui, aimerait bien obtenir un petit peu plus de temps de ses partenaires européens pour respecter ses engagements ?
R - Je crois qu'au cours des derniers jours, les choses ont beaucoup progressé à travers les différents entretiens qui ont eu lieu entre Angela Merkel et François Hollande d'abord, puis entre la chancelière, le président de la République française et le Premier ministre grec. La volonté qui est celle du gouvernement français, c'est de faire en sorte que l'intégrité de la zone euro soit maintenue, que la Grèce puisse rester dans la zone euro, que le peuple grec puisse bénéficier de la solidarité de l'Union européenne parce que nous ne voulons pas que le peuple grec paye dans l'austérité la facture de la finance démente. Et en même temps, tout cela n'est possible que si la Grèce fait des efforts; fait des efforts pour assurer le fonctionnement régulier de son État, fait des efforts pour organiser son administration, fait des efforts pour garantir que l'organisation et les orientations qu'elle met en place permettront au pays de se redresser. C'est la ligne, finalement très équilibrée, qui ressort des différents entretiens qui ont eu lieu au cours des derniers jours.
Q - Antonis Samaras, vous le disiez, s'est rendu à Berlin puis à Paris la semaine dernière. Hier, il a déclaré qu'il aimerait croire que ces rencontres ont permis de lentement renverser le climat de défiance vis-à-vis de la nation grecque. Est-ce le cas ?
R - Je crois qu'il est, de toutes les façons, très important lorsque la crise est là, qu'elle est profonde, qu'il y a des difficultés qui ne concernent pas un pays seulement puisqu'on voit aujourd'hui que la crise de la zone euro lie le destin des peuples, de faire en sorte que par le dialogue, par l'échange, par la recherche permanente de solutions, nous puissions progresser. Je crois qu'encore une fois, il faut retenir de la séquence des derniers jours la volonté affirmée par le président de la République et la chancelière allemande du maintien de l'intégrité de la zone euro. Pour cela, il faut que les efforts de solidarité qui ont déjà été faits et les demandes qui ont été formulées par M. Samaras, si elles veulent être satisfaites, puissent être assorties de la garantie donnée par le gouvernement grec de sa capacité à tenir les engagements qu'il a pris, en termes notamment d'organisation de l'État, de meilleur fonctionnement de l'administration. Encore une fois, il y a une contrepartie à la solidarité, c'est le respect des engagements pris.
Q - Ce gouvernement grec est entré en fonction fin juin ; c'est un nouveau gouvernement. Est-ce qu'il vous inspire confiance aujourd'hui ? Est-ce que vous êtes prêt à accorder une aide supplémentaire ?
R - Nous sommes dans un processus qui est connu, qui a été mis sur la place publique, il y a des discussions en cours. Le gouvernement grec exprime ses demandes et puis il y a un rapport de la Troïka, qui est composée de la Banque centrale européenne, de la Commission européenne, du FMI, qui constitue l'ensemble des institutions étant venues au secours de la Grèce au cours des derniers mois, et qui va rendre son rapport rendant compte des conditions dans lesquelles la Grèce a pu tenir les engagements qu'elle avait pris devant les institutions internationales au moment où celles-ci ont décidé de l'aider. C'est au terme du rendu du rapport de la Troïka qui permettra de mesurer le chemin accompli par la Grèce, après que le gouvernement grec a émis ses demandes - cela a été le cas ce week-end - que dans la concertation entre l'ensemble des pays de l'Union européenne et notamment dans la discussion entre la France et l'Allemagne, une décision pourra être prise. Mais nous connaissons d'ores et déjà les prolégomènes de cette décision. C'est, premièrement, la volonté de manifester de la solidarité avec la Grèce pour maintenir la Grèce dans la zone euro ; et deuxièmement, la volonté de voir la Grèce tenir les engagements qu'elle prend face à ceux qui manifestent à son égard de la solidarité.
Q - Vous évoquiez l'unité du couple franco-allemand, l'unité de François Hollande et Angela Merkel qui veulent tous deux le maintien de la zone euro dans son intégralité, donc le maintien de la Grèce au sein de la zone euro. Il y a quand même des divergences qui pointent entre les deux pays. On sent peut-être la France plus encline, elle, à offrir un délai supplémentaire à la Grèce que l'Allemagne qui reste sur une position assez intransigeante.
R - Nous considérons que les bons consensus - notamment avec l'Allemagne - les compromis les plus forts, sont ceux qui s'élaborent à partir d'éléments que l'on met sur la table dans la plus grande franchise. C'est d'ailleurs ainsi que fonctionne bien le moteur franco-allemand. Il doit être équilibré, chacun doit pouvoir dire à l'autre ce qu'il entend faire prévaloir, la vision qu'il a de l'Europe. Et à la fin, ce dialogue interactif où chacun dit à l'autre exactement ce qu'il pense, doit permettre de construire les compromis les plus forts. Lorsqu'il s'agit de l'histoire de l'Union européenne, lorsqu'il s'agit de la relation franco-allemande, la formule «on sort toujours de l'ambiguïté à son détriment» du cardinal de Retz ne s'applique pas. Plus les choses sont mises sur la table, plus nous sommes capables de nous dire clairement ce que nous voulons pour l'Europe, plus le compromis que nous construisons avec les Allemands est fort. C'est cette méthode qui prévaut depuis l'élection de François Hollande. Nous tenons absolument à la relation franco-allemande. Nous considérons qu'il n'y a pas d'avenir possible pour l'Union européenne sans l'approfondissement de cette relation et nous pensons que, pour que cette relation joue son rôle, il faut qu'elle soit équilibrée, il faut qu'on se dise les choses. Il faut qu'elle soit ouverte aux autres ; c'est ce qui s'est passé au mois de juin dernier par l'association de l'Allemagne et de l'Italie à la recherche des solutions en vue de la réussite du sommet du 29 juin. Et il faut que cette relation, bien entendu, aboutisse toujours à des compromis.
Q - Est-ce que ce compromis ne va pas être de plus en plus difficile à trouver ? L'Allemagne entre l'année prochaine dans une période électorale. La chancelière Angela Merkel est sous la pression de l'aile droite de son parti ou de la CSU, son allié bavarois.
R - Je pense que tous les pays ont des considérations politiques intérieures et nous voyons, par ailleurs, la crise politique se superposer peu à peu à la crise économique et financière. Nous voyons l'euro-hostilité prendre plus de place que l'euro-scepticisme et l'europhilie a fortiori. Par conséquent, nous devons tout faire pour que l'intérêt de l'Europe, les solutions européennes sans lesquelles il n'y a pas de solution à la crise à laquelle sont confrontés chacun des pays de l'Union européenne l'emporte toujours et nous pouvons faire confiance à l'Allemagne compte tenu de son histoire, compte tenu du rôle particulier qu'elle a joué dans la construction de l'Union européenne pour cheminer avec nous. Mais encore une fois, je le disais la semaine dernière, l'Europe est un combat. Rien ne s'obtient sans action, rien ne s'obtient sans dialogue, rien ne s'obtient sans initiative surtout lorsque la crise vous envoie chaque jour ses défis. Et ce qui caractérise encore une fois la stratégie de François Hollande, c'est : réorientons l'Europe autour de la croissance, faisons-le en nous disant les choses, c'est-à-dire dans une relation franco-allemande équilibrée, et faisons-le aussi en ouvrant la discussion autour de l'axe franco-allemand à l'ensemble des pays de l'Union européenne qui peuvent, par les solutions qu'ils mettent sur la table, concourir au redressement de l'Union européenne.
Q - ... (Sur la ratification du pacte de stabilité budgétaire).
R - (...) François Hollande a tenu ses engagements. Pas de règle d'or dans la constitution : il n'y en aura pas. Réorientation de la politique de l'Union européenne autour de la croissance, de la stabilisation du système bancaire, du renforcement de la solidarité monétaire et financière : c'est engagé. Ce que nous présenterons au Parlement, ce n'est pas uniquement le Traité sur la stabilité, la coopération et la gouvernance : c'est la réorientation de la politique de l'Union.
Q - Ce sera soumis au Parlement à l'automne.
R - Voilà. Si on veut réussir les autres étapes, il faut consolider la première.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 septembre 2012
R - Je crois qu'au cours des derniers jours, les choses ont beaucoup progressé à travers les différents entretiens qui ont eu lieu entre Angela Merkel et François Hollande d'abord, puis entre la chancelière, le président de la République française et le Premier ministre grec. La volonté qui est celle du gouvernement français, c'est de faire en sorte que l'intégrité de la zone euro soit maintenue, que la Grèce puisse rester dans la zone euro, que le peuple grec puisse bénéficier de la solidarité de l'Union européenne parce que nous ne voulons pas que le peuple grec paye dans l'austérité la facture de la finance démente. Et en même temps, tout cela n'est possible que si la Grèce fait des efforts; fait des efforts pour assurer le fonctionnement régulier de son État, fait des efforts pour organiser son administration, fait des efforts pour garantir que l'organisation et les orientations qu'elle met en place permettront au pays de se redresser. C'est la ligne, finalement très équilibrée, qui ressort des différents entretiens qui ont eu lieu au cours des derniers jours.
Q - Antonis Samaras, vous le disiez, s'est rendu à Berlin puis à Paris la semaine dernière. Hier, il a déclaré qu'il aimerait croire que ces rencontres ont permis de lentement renverser le climat de défiance vis-à-vis de la nation grecque. Est-ce le cas ?
R - Je crois qu'il est, de toutes les façons, très important lorsque la crise est là, qu'elle est profonde, qu'il y a des difficultés qui ne concernent pas un pays seulement puisqu'on voit aujourd'hui que la crise de la zone euro lie le destin des peuples, de faire en sorte que par le dialogue, par l'échange, par la recherche permanente de solutions, nous puissions progresser. Je crois qu'encore une fois, il faut retenir de la séquence des derniers jours la volonté affirmée par le président de la République et la chancelière allemande du maintien de l'intégrité de la zone euro. Pour cela, il faut que les efforts de solidarité qui ont déjà été faits et les demandes qui ont été formulées par M. Samaras, si elles veulent être satisfaites, puissent être assorties de la garantie donnée par le gouvernement grec de sa capacité à tenir les engagements qu'il a pris, en termes notamment d'organisation de l'État, de meilleur fonctionnement de l'administration. Encore une fois, il y a une contrepartie à la solidarité, c'est le respect des engagements pris.
Q - Ce gouvernement grec est entré en fonction fin juin ; c'est un nouveau gouvernement. Est-ce qu'il vous inspire confiance aujourd'hui ? Est-ce que vous êtes prêt à accorder une aide supplémentaire ?
R - Nous sommes dans un processus qui est connu, qui a été mis sur la place publique, il y a des discussions en cours. Le gouvernement grec exprime ses demandes et puis il y a un rapport de la Troïka, qui est composée de la Banque centrale européenne, de la Commission européenne, du FMI, qui constitue l'ensemble des institutions étant venues au secours de la Grèce au cours des derniers mois, et qui va rendre son rapport rendant compte des conditions dans lesquelles la Grèce a pu tenir les engagements qu'elle avait pris devant les institutions internationales au moment où celles-ci ont décidé de l'aider. C'est au terme du rendu du rapport de la Troïka qui permettra de mesurer le chemin accompli par la Grèce, après que le gouvernement grec a émis ses demandes - cela a été le cas ce week-end - que dans la concertation entre l'ensemble des pays de l'Union européenne et notamment dans la discussion entre la France et l'Allemagne, une décision pourra être prise. Mais nous connaissons d'ores et déjà les prolégomènes de cette décision. C'est, premièrement, la volonté de manifester de la solidarité avec la Grèce pour maintenir la Grèce dans la zone euro ; et deuxièmement, la volonté de voir la Grèce tenir les engagements qu'elle prend face à ceux qui manifestent à son égard de la solidarité.
Q - Vous évoquiez l'unité du couple franco-allemand, l'unité de François Hollande et Angela Merkel qui veulent tous deux le maintien de la zone euro dans son intégralité, donc le maintien de la Grèce au sein de la zone euro. Il y a quand même des divergences qui pointent entre les deux pays. On sent peut-être la France plus encline, elle, à offrir un délai supplémentaire à la Grèce que l'Allemagne qui reste sur une position assez intransigeante.
R - Nous considérons que les bons consensus - notamment avec l'Allemagne - les compromis les plus forts, sont ceux qui s'élaborent à partir d'éléments que l'on met sur la table dans la plus grande franchise. C'est d'ailleurs ainsi que fonctionne bien le moteur franco-allemand. Il doit être équilibré, chacun doit pouvoir dire à l'autre ce qu'il entend faire prévaloir, la vision qu'il a de l'Europe. Et à la fin, ce dialogue interactif où chacun dit à l'autre exactement ce qu'il pense, doit permettre de construire les compromis les plus forts. Lorsqu'il s'agit de l'histoire de l'Union européenne, lorsqu'il s'agit de la relation franco-allemande, la formule «on sort toujours de l'ambiguïté à son détriment» du cardinal de Retz ne s'applique pas. Plus les choses sont mises sur la table, plus nous sommes capables de nous dire clairement ce que nous voulons pour l'Europe, plus le compromis que nous construisons avec les Allemands est fort. C'est cette méthode qui prévaut depuis l'élection de François Hollande. Nous tenons absolument à la relation franco-allemande. Nous considérons qu'il n'y a pas d'avenir possible pour l'Union européenne sans l'approfondissement de cette relation et nous pensons que, pour que cette relation joue son rôle, il faut qu'elle soit équilibrée, il faut qu'on se dise les choses. Il faut qu'elle soit ouverte aux autres ; c'est ce qui s'est passé au mois de juin dernier par l'association de l'Allemagne et de l'Italie à la recherche des solutions en vue de la réussite du sommet du 29 juin. Et il faut que cette relation, bien entendu, aboutisse toujours à des compromis.
Q - Est-ce que ce compromis ne va pas être de plus en plus difficile à trouver ? L'Allemagne entre l'année prochaine dans une période électorale. La chancelière Angela Merkel est sous la pression de l'aile droite de son parti ou de la CSU, son allié bavarois.
R - Je pense que tous les pays ont des considérations politiques intérieures et nous voyons, par ailleurs, la crise politique se superposer peu à peu à la crise économique et financière. Nous voyons l'euro-hostilité prendre plus de place que l'euro-scepticisme et l'europhilie a fortiori. Par conséquent, nous devons tout faire pour que l'intérêt de l'Europe, les solutions européennes sans lesquelles il n'y a pas de solution à la crise à laquelle sont confrontés chacun des pays de l'Union européenne l'emporte toujours et nous pouvons faire confiance à l'Allemagne compte tenu de son histoire, compte tenu du rôle particulier qu'elle a joué dans la construction de l'Union européenne pour cheminer avec nous. Mais encore une fois, je le disais la semaine dernière, l'Europe est un combat. Rien ne s'obtient sans action, rien ne s'obtient sans dialogue, rien ne s'obtient sans initiative surtout lorsque la crise vous envoie chaque jour ses défis. Et ce qui caractérise encore une fois la stratégie de François Hollande, c'est : réorientons l'Europe autour de la croissance, faisons-le en nous disant les choses, c'est-à-dire dans une relation franco-allemande équilibrée, et faisons-le aussi en ouvrant la discussion autour de l'axe franco-allemand à l'ensemble des pays de l'Union européenne qui peuvent, par les solutions qu'ils mettent sur la table, concourir au redressement de l'Union européenne.
Q - ... (Sur la ratification du pacte de stabilité budgétaire).
R - (...) François Hollande a tenu ses engagements. Pas de règle d'or dans la constitution : il n'y en aura pas. Réorientation de la politique de l'Union européenne autour de la croissance, de la stabilisation du système bancaire, du renforcement de la solidarité monétaire et financière : c'est engagé. Ce que nous présenterons au Parlement, ce n'est pas uniquement le Traité sur la stabilité, la coopération et la gouvernance : c'est la réorientation de la politique de l'Union.
Q - Ce sera soumis au Parlement à l'automne.
R - Voilà. Si on veut réussir les autres étapes, il faut consolider la première.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 septembre 2012