Texte intégral
Je suis venu au Liban, trois mois après ma nomination comme ministre de la Défense, à la demande du président de la République française, M. François Hollande, et à l'invitation du président Sleimane dans la ligne de l'entretien que nous avions eu ensemble à Paris, le 12 juillet dernier.
J'observe d'ailleurs, qu'il y a un flux de relations qui se met en place entre le nouveau gouvernement français et les autorités libanaises qui est assez significatif de la relation historique et particulière que la France entend poursuivre avec le Liban.
Dans la droite ligne des entretiens qu'avait eu le président de la République française avec le président du Liban, en juillet dernier, Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, est venu ici il y a peu de temps, dans le courant du mois d'août. Je suis moi-même présent maintenant. Le ministre délégué chargé du Développement, M. Canfin, viendra dans quelques jours. Il sera suivi de la ministre déléguée à la Francophonie, Mme Benguigui, un peu plus tard. Et puis le Premier ministre du Liban, M. Mikati, se rendra en France au courant du mois de novembre. Ce mouvement de rencontres est maintenant très enrichi et nous permet, d'abord, de mieux nous connaître et, en tout cas, d'affirmer avec force l'attachement de la France au Liban et à ce qu'il représente en termes de diversités et de pratiques démocratiques.
Je me suis entretenu cet après-midi avec les principales autorités politiques libanaises. J'ai eu un entretien, assez long, avec le président de la République, avec le Premier ministre, M. Mikati et avec le président du Parlement, M. Nabih Berri et puis, à l'instant, un entretien au ministère de la Défense avec mon collègue, M. Ghosn, accompagné du chef d'État major. Ces conversations vont se poursuivre, maintenant, après notre rencontre. C'est une après-midi et une soirée denses. Je voulais aussi vous informer que j'ai pu m'entretenir avec M. Siniora, chef du groupe parlementaire du «14 mars» pour l'opposition.
Je viens d'abord pour rencontrer les soldats français présents dans la FINUL. Je me rendrai demain, toute la matinée, pour m'entretenir avec eux, avec leur chef et avec le commandant de la FINUL.
Je vais voir la FINUL pour saluer leur travail historique puisque la France est présente avec la FINUL dans le Sud Liban depuis 1978. Cette présence s'est renforcée depuis. Elle a été reconduite, il y a peu de jours, et je m'y rends non seulement pour saluer l'action des soldats français et l'action de la FINUL, mais aussi pour dire à la FINUL et aux autorités libanaises que la France continuera sa présence au sein de cette force sur la durée. Nous avons maintenant à peu près un millier de soldats, un peu moins. Cet effectif sera maintenu dans une volonté de servir la paix dans cette partie du Moyen-Orient et notamment l'intégrité territoriale du Liban.
Je viens comme ministre de la Défense aussi pour avoir des échanges approfondis avec les responsables des Forces armées libanaises. Nous considérons que le renforcement, la structuration, la tonicité, la modernisation des forces armées libanaises constituent un élément de la souveraineté de l'État libanais. Nous avons une collaboration ancienne, forte, qui mérite d'être encore renforcée, tant dans le domaine de la formation, qui est un secteur sur lequel il y a une coopération active depuis de nombreuses années qui se poursuit, que dans le domaine de la définition stratégique ou de l'acquisition capacitaire.
Nous avons eu des entretiens tout à l'heure. Nous allons les poursuivre dans un instant avec le ministre de la Défense et le chef d'État major des forces armées libanaises. Nous entendons bien faire en sorte que les relations qui existent entre la France et le Liban dans le domaine militaire puissent se conforter. La France entend être un partenaire privilégié de la poursuite, de l'affirmation des forces armées libanaises sur ce pays. J'ai rencontré auprès de mes interlocuteurs la même volonté.
Nous allons définir tout à l'heure, une méthode et un calendrier. Ce qui me frappe le plus concernant les forces armées libanaises, c'est l'unanimité des propos que j'ai entendu toute cet après-midi sur le fait que l'armée libanaise, les forces armées libanaises, sont le pilier, l'instrument central, le creuset de l'unité libanaise. Toutes les formations politiques que j'ai pu rencontrer, puisque les autorités que j'ai vu appartiennent à des histoires et à des formations différentes, ont tenu le même propos, la même volonté : l'État libanais ne tiendra bien sa souveraineté que s'il y a des forces armées libanaises vigoureuses, organisées et structurées. Nous allons donc poursuivre ce travail dans la durée.
Enfin, pour conclure mon propos initial, je voudrais vous dire que dans cette période de crise au Proche-Orient, avec les événements graves que nous connaissons en Syrie, il importe que le Liban garde sa stabilité et sa souveraineté. Il importe que le Liban garde sa sérénité, sa solidité, sa souveraineté pleine et entière et qu'il soit en dehors du conflit qui existe dans le pays voisin. Il ne faut pas qu'il y ait d'importation du conflit syrien sur le territoire libanais.
Nous sommes très attachés à l'indépendance et à l'intégrité de ce pays avec lequel tant d'histoire nous lie et aussi tant d'amitié que nous entendons bien poursuivre.
Je n'ai pas beaucoup de temps, je vais poursuivre les discussions.
Q - Monsieur le ministre, des personnalités du «14 mars» demandent à ce que la FINUL étende son mandat jusqu'à la frontière avec la Syrie. Est-ce que la France appui cette proposition ? Pour l'équipement de l'armée libanaise, est ce qu'il y a des propositions concrètes surtout concernant les hélicoptères Gazelle ?
R - Sur la première question qui est une question stratégique majeure, je vais demain voir la FINUL dans le mandat qui lui est confié par le Conseil de sécurité de l'ONU. Il s'agit de la décision 1701 rectifiée par la décision 2064 qui précise bien que le mandat est donné sur le sud Liban avec le soucis de définir la ligne bleue et de préserver la paix dans ce secteur souvent perturbé dans le passé et qui me dit on, mais je m'en assurerai demain, n'a jamais été aussi calme. La force de la FINUL sert à la paix, la présence française y contribue. S'il y avait un autre mandat, nous le regarderions, mais pour l'instant il n'existe pas. Il faudrait d'abord qu'il y ait une demande du gouvernement libanais et ensuite une décision du Conseil de sécurité. Ce n'est pas le cas.
Sur la deuxième question concernant les équipements, je ne vais pas vous faire l'inventaire de nos conversations, mais il est vrai que le dossier des hélicoptères Gazelle est en cours de discussion.
Q - Vous êtes demain matin avec les troupes de la FINUL au Liban, à la frontière israélienne. Ce matin vous étiez à la frontière syrienne côté jordanien avec les troupes françaises. Est-ce que le ministre de la Défense peut nous expliquer quel était le sens de ce voyage et ce que vous en attendez ?
R - Je suis allé en Jordanie hier et ce matin. Ce matin, comme vous le soulignez, j'ai visité le camp de Zaatari, à la frontière entre la Jordanie et la Syrie, là ou la France a décidé, sur la demande du président de la République, d'implanter un groupement médico-chirurgical qui est là depuis maintenant à peu près un mois. Je voulais d'abord saluer, là aussi en tant que ministre de la Défense, les forces françaises qui sont là. Je le dis pour les journalistes français qui m'accompagnent mais aussi pour les autres, cette décision a été prise en plein milieu du mois d'août, pendant une période où la majorité de ceux que vous avez vu étaient en congé. Ils sont venus et le groupement s'est implanté parce qu'il y avait une urgence. À ce moment là, beaucoup de réfugiés syriens passaient les frontières et les autorités jordaniennes souhaitaient qu'il puisse y avoir une implantation dans ce camp.
Cette implantation est un succès, si on peut parler de succès, comme il s'agit de soigner des réfugiés. En tout cas, j'ai pu apprécier la qualité du travail qui se fait là et en particulier la bonne articulation qui existe entre la présence militaire française, les présences militaires autres, marocaines, vous vous en êtes aperçu, mais aussi italiennes, la bonne relation avec les autorités jordaniennes et aussi la bonne relation avec les ONG. Ce qui est, je pense, un acte à la fois humanitaire et politique à l'égard de très nombreux réfugiés syriens qui viennent là trouver un minimum de paix en attendant de revenir. C'est tout ce qu'on leur souhaite.
La France mène une action politique pour aboutir à un règlement de ce drame, à la fois, par la pression internationale, par des initiatives comme celles qui ont été prises à l'ONU à la fin du mois d'août, mais aussi en essayant par de nombreux moyens et de nombreuses interventions de faire en sorte que l'opposition syrienne s'unifie, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, ni à l'intérieur, ni à l'extérieur. Elle est morcelée. Si on veut une alternative politique et préparer le jour d'après, il faut qu'il y ait un embryon de ce qui pourrait devenir le gouvernement provisoire. Nous nous y attelons. C'est plutôt l'action du ministre des Affaires étrangères à cet égard.
Nous menons une action humanitaire, à la fois celle que vous avez vu, mais aussi en aidant d'autres actions humanitaires, certains territoires du nord de la Syrie qui sont maintenant autogouvernés. Nous aidons aussi de manière matérielle même si nous n'avons pas l'intention, ni aujourd'hui, ni demain, de transférer des armes.
Voilà le sens de mon déplacement en Jordanie. J'ai pu m'entretenir, de manière assez dense, avec le roi de Jordanie pour un certain nombre de messages qu'il me demandait de faire passer au président de la République, qu'il va d'ailleurs rencontrer la semaine prochaine à New York.
Je ne pourrais pas répondre à tout le monde et j'en suis désolé, mais avant que l'on passe à la question suivante, je voudrais dire que deux choses me frappe le plus des cinq entretiens successifs que j'ai eus cet après-midi et ce soir.
Les cinq personnalités que j'ai rencontrées - et ce n'est pas les moindres - m'ont tenu le même discours sur la «distanciation». C'est le terme qui a été utilisé par mes cinq interlocuteurs. Je ne suis pas un grand spécialiste de l'histoire politique libanaise mais quand je vois les histoires personnelles de ces cinq interlocuteurs, je constate qu'ils ne sont pas de la même origine, de la même histoire mais les cinq disent «distanciation».
Et puis j'ai constaté la même unité - je l'ai dit tout à l'heure mais je voudrais l'articuler avec «distanciation» -, sur le rôle imminent que doivent jouer les forces armées libanaises pour l'avenir. Les cinq ont tenu le même propos, j'en conclu donc qu'il y a une certaine unité libanaise.
Q - J'ai deux questions Monsieur le Ministre : la première concerne la relation franco-libanaise sur le plan militaire, sachant que le Liban jusqu'à présent n'a pas encore ratifié l'accord militaire de défense avec la France. Avez-vous évoqué ce point avec les autorités libanaises ? La deuxième question concerne la Syrie : est-ce que la France, avec d'autres pays européens, a déjà évoqué au Conseil de sécurité la possibilité d'établir une «buffer zone», «safe zone» ou «no fly zone». Pouvez-vous élaborer la position de la France à cet égard ?
R - Sur la première question, le Traité de défense franco-libanais de 2008 existe dans les faits. Il a été ratifié par le Parlement français, il ne l'est pas encore par le Parlement libanais mais il est appliqué avant même d'être voté ; il n'y a donc plus que cela à faire et à concrétiser ce qui se passe déjà. Je pense que le président du Parlement y veillera. Ce n'est pas à moi qu'il faut poser cette question, c'est aux autorités libanaises. Honnêtement, l'état d'esprit est extrêmement positif.
Sur la deuxième question, qui est importante, il faut dire les choses très clairement.
D'abord, «no fly zone» c'est un terme qui était un peu utilisé il y a une quinzaine de jours, trois semaines, cela revenait de manière récurrente. Nous avons regardé, au niveau français, ce que cela signifiait et d'autres l'ont regardé aussi. Une «no fly zone» sur l'ensemble de la Syrie, voire même sur une partie significative de la Syrie, signifie la mobilisation de tellement de moyens que nous sommes dans une situation de guerre. On en revient à la nécessaire délibération antérieure du Conseil de sécurité qui pour l'instant ne nous permet pas d'agir.
Une autre question est apparue, que les Turcs ont appelé «zone tampon» à un moment donné, cela remonte à une quinzaine de jours. Maintenant on en parle moins et on parle plutôt de «zones libérées» ou de «sécurisation des zones libérées». Nous regardons cette question. Ce n'est pas impossible, mais cela suppose un certain nombre de préalables qui aujourd'hui ne sont pas remplis. Pour que la question d'une zone de sécurité libérée se pose, il faudrait d'abord qu'il y ait un périmètre libéré, homogène et suffisamment vaste. Il faudrait ensuite, que sur ce périmètre, il y ait une autorité reconnue, autorité locale potentiellement embryon d'une autorité nationale.
Troisièmement, il faudrait que cette autorité le demande. À qui ? Peut-être à des voisins, qui eux-mêmes demanderaient le soutien d'autres. Mais nous n'y sommes pas encore. Si c'était le cas, il faudrait s'assurer de la bonne volonté à ce sujet des voisins concernés.
Ensuite, il faudrait s'assurer de la bonne sécurisation de l'ensemble du secteur concerné avec les moyens de sécurisation qui permettraient à toutes les personnes qui vivent dans cette zone d'avoir la sécurité. C'est un sujet sur lequel nous travaillons. Les conditions politiques de leurs mises en oeuvre ne sont pas aujourd'hui réunies. À la première question, nous ne savons pas encore répondre. (...).
source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 septembre 2012
J'observe d'ailleurs, qu'il y a un flux de relations qui se met en place entre le nouveau gouvernement français et les autorités libanaises qui est assez significatif de la relation historique et particulière que la France entend poursuivre avec le Liban.
Dans la droite ligne des entretiens qu'avait eu le président de la République française avec le président du Liban, en juillet dernier, Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, est venu ici il y a peu de temps, dans le courant du mois d'août. Je suis moi-même présent maintenant. Le ministre délégué chargé du Développement, M. Canfin, viendra dans quelques jours. Il sera suivi de la ministre déléguée à la Francophonie, Mme Benguigui, un peu plus tard. Et puis le Premier ministre du Liban, M. Mikati, se rendra en France au courant du mois de novembre. Ce mouvement de rencontres est maintenant très enrichi et nous permet, d'abord, de mieux nous connaître et, en tout cas, d'affirmer avec force l'attachement de la France au Liban et à ce qu'il représente en termes de diversités et de pratiques démocratiques.
Je me suis entretenu cet après-midi avec les principales autorités politiques libanaises. J'ai eu un entretien, assez long, avec le président de la République, avec le Premier ministre, M. Mikati et avec le président du Parlement, M. Nabih Berri et puis, à l'instant, un entretien au ministère de la Défense avec mon collègue, M. Ghosn, accompagné du chef d'État major. Ces conversations vont se poursuivre, maintenant, après notre rencontre. C'est une après-midi et une soirée denses. Je voulais aussi vous informer que j'ai pu m'entretenir avec M. Siniora, chef du groupe parlementaire du «14 mars» pour l'opposition.
Je viens d'abord pour rencontrer les soldats français présents dans la FINUL. Je me rendrai demain, toute la matinée, pour m'entretenir avec eux, avec leur chef et avec le commandant de la FINUL.
Je vais voir la FINUL pour saluer leur travail historique puisque la France est présente avec la FINUL dans le Sud Liban depuis 1978. Cette présence s'est renforcée depuis. Elle a été reconduite, il y a peu de jours, et je m'y rends non seulement pour saluer l'action des soldats français et l'action de la FINUL, mais aussi pour dire à la FINUL et aux autorités libanaises que la France continuera sa présence au sein de cette force sur la durée. Nous avons maintenant à peu près un millier de soldats, un peu moins. Cet effectif sera maintenu dans une volonté de servir la paix dans cette partie du Moyen-Orient et notamment l'intégrité territoriale du Liban.
Je viens comme ministre de la Défense aussi pour avoir des échanges approfondis avec les responsables des Forces armées libanaises. Nous considérons que le renforcement, la structuration, la tonicité, la modernisation des forces armées libanaises constituent un élément de la souveraineté de l'État libanais. Nous avons une collaboration ancienne, forte, qui mérite d'être encore renforcée, tant dans le domaine de la formation, qui est un secteur sur lequel il y a une coopération active depuis de nombreuses années qui se poursuit, que dans le domaine de la définition stratégique ou de l'acquisition capacitaire.
Nous avons eu des entretiens tout à l'heure. Nous allons les poursuivre dans un instant avec le ministre de la Défense et le chef d'État major des forces armées libanaises. Nous entendons bien faire en sorte que les relations qui existent entre la France et le Liban dans le domaine militaire puissent se conforter. La France entend être un partenaire privilégié de la poursuite, de l'affirmation des forces armées libanaises sur ce pays. J'ai rencontré auprès de mes interlocuteurs la même volonté.
Nous allons définir tout à l'heure, une méthode et un calendrier. Ce qui me frappe le plus concernant les forces armées libanaises, c'est l'unanimité des propos que j'ai entendu toute cet après-midi sur le fait que l'armée libanaise, les forces armées libanaises, sont le pilier, l'instrument central, le creuset de l'unité libanaise. Toutes les formations politiques que j'ai pu rencontrer, puisque les autorités que j'ai vu appartiennent à des histoires et à des formations différentes, ont tenu le même propos, la même volonté : l'État libanais ne tiendra bien sa souveraineté que s'il y a des forces armées libanaises vigoureuses, organisées et structurées. Nous allons donc poursuivre ce travail dans la durée.
Enfin, pour conclure mon propos initial, je voudrais vous dire que dans cette période de crise au Proche-Orient, avec les événements graves que nous connaissons en Syrie, il importe que le Liban garde sa stabilité et sa souveraineté. Il importe que le Liban garde sa sérénité, sa solidité, sa souveraineté pleine et entière et qu'il soit en dehors du conflit qui existe dans le pays voisin. Il ne faut pas qu'il y ait d'importation du conflit syrien sur le territoire libanais.
Nous sommes très attachés à l'indépendance et à l'intégrité de ce pays avec lequel tant d'histoire nous lie et aussi tant d'amitié que nous entendons bien poursuivre.
Je n'ai pas beaucoup de temps, je vais poursuivre les discussions.
Q - Monsieur le ministre, des personnalités du «14 mars» demandent à ce que la FINUL étende son mandat jusqu'à la frontière avec la Syrie. Est-ce que la France appui cette proposition ? Pour l'équipement de l'armée libanaise, est ce qu'il y a des propositions concrètes surtout concernant les hélicoptères Gazelle ?
R - Sur la première question qui est une question stratégique majeure, je vais demain voir la FINUL dans le mandat qui lui est confié par le Conseil de sécurité de l'ONU. Il s'agit de la décision 1701 rectifiée par la décision 2064 qui précise bien que le mandat est donné sur le sud Liban avec le soucis de définir la ligne bleue et de préserver la paix dans ce secteur souvent perturbé dans le passé et qui me dit on, mais je m'en assurerai demain, n'a jamais été aussi calme. La force de la FINUL sert à la paix, la présence française y contribue. S'il y avait un autre mandat, nous le regarderions, mais pour l'instant il n'existe pas. Il faudrait d'abord qu'il y ait une demande du gouvernement libanais et ensuite une décision du Conseil de sécurité. Ce n'est pas le cas.
Sur la deuxième question concernant les équipements, je ne vais pas vous faire l'inventaire de nos conversations, mais il est vrai que le dossier des hélicoptères Gazelle est en cours de discussion.
Q - Vous êtes demain matin avec les troupes de la FINUL au Liban, à la frontière israélienne. Ce matin vous étiez à la frontière syrienne côté jordanien avec les troupes françaises. Est-ce que le ministre de la Défense peut nous expliquer quel était le sens de ce voyage et ce que vous en attendez ?
R - Je suis allé en Jordanie hier et ce matin. Ce matin, comme vous le soulignez, j'ai visité le camp de Zaatari, à la frontière entre la Jordanie et la Syrie, là ou la France a décidé, sur la demande du président de la République, d'implanter un groupement médico-chirurgical qui est là depuis maintenant à peu près un mois. Je voulais d'abord saluer, là aussi en tant que ministre de la Défense, les forces françaises qui sont là. Je le dis pour les journalistes français qui m'accompagnent mais aussi pour les autres, cette décision a été prise en plein milieu du mois d'août, pendant une période où la majorité de ceux que vous avez vu étaient en congé. Ils sont venus et le groupement s'est implanté parce qu'il y avait une urgence. À ce moment là, beaucoup de réfugiés syriens passaient les frontières et les autorités jordaniennes souhaitaient qu'il puisse y avoir une implantation dans ce camp.
Cette implantation est un succès, si on peut parler de succès, comme il s'agit de soigner des réfugiés. En tout cas, j'ai pu apprécier la qualité du travail qui se fait là et en particulier la bonne articulation qui existe entre la présence militaire française, les présences militaires autres, marocaines, vous vous en êtes aperçu, mais aussi italiennes, la bonne relation avec les autorités jordaniennes et aussi la bonne relation avec les ONG. Ce qui est, je pense, un acte à la fois humanitaire et politique à l'égard de très nombreux réfugiés syriens qui viennent là trouver un minimum de paix en attendant de revenir. C'est tout ce qu'on leur souhaite.
La France mène une action politique pour aboutir à un règlement de ce drame, à la fois, par la pression internationale, par des initiatives comme celles qui ont été prises à l'ONU à la fin du mois d'août, mais aussi en essayant par de nombreux moyens et de nombreuses interventions de faire en sorte que l'opposition syrienne s'unifie, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, ni à l'intérieur, ni à l'extérieur. Elle est morcelée. Si on veut une alternative politique et préparer le jour d'après, il faut qu'il y ait un embryon de ce qui pourrait devenir le gouvernement provisoire. Nous nous y attelons. C'est plutôt l'action du ministre des Affaires étrangères à cet égard.
Nous menons une action humanitaire, à la fois celle que vous avez vu, mais aussi en aidant d'autres actions humanitaires, certains territoires du nord de la Syrie qui sont maintenant autogouvernés. Nous aidons aussi de manière matérielle même si nous n'avons pas l'intention, ni aujourd'hui, ni demain, de transférer des armes.
Voilà le sens de mon déplacement en Jordanie. J'ai pu m'entretenir, de manière assez dense, avec le roi de Jordanie pour un certain nombre de messages qu'il me demandait de faire passer au président de la République, qu'il va d'ailleurs rencontrer la semaine prochaine à New York.
Je ne pourrais pas répondre à tout le monde et j'en suis désolé, mais avant que l'on passe à la question suivante, je voudrais dire que deux choses me frappe le plus des cinq entretiens successifs que j'ai eus cet après-midi et ce soir.
Les cinq personnalités que j'ai rencontrées - et ce n'est pas les moindres - m'ont tenu le même discours sur la «distanciation». C'est le terme qui a été utilisé par mes cinq interlocuteurs. Je ne suis pas un grand spécialiste de l'histoire politique libanaise mais quand je vois les histoires personnelles de ces cinq interlocuteurs, je constate qu'ils ne sont pas de la même origine, de la même histoire mais les cinq disent «distanciation».
Et puis j'ai constaté la même unité - je l'ai dit tout à l'heure mais je voudrais l'articuler avec «distanciation» -, sur le rôle imminent que doivent jouer les forces armées libanaises pour l'avenir. Les cinq ont tenu le même propos, j'en conclu donc qu'il y a une certaine unité libanaise.
Q - J'ai deux questions Monsieur le Ministre : la première concerne la relation franco-libanaise sur le plan militaire, sachant que le Liban jusqu'à présent n'a pas encore ratifié l'accord militaire de défense avec la France. Avez-vous évoqué ce point avec les autorités libanaises ? La deuxième question concerne la Syrie : est-ce que la France, avec d'autres pays européens, a déjà évoqué au Conseil de sécurité la possibilité d'établir une «buffer zone», «safe zone» ou «no fly zone». Pouvez-vous élaborer la position de la France à cet égard ?
R - Sur la première question, le Traité de défense franco-libanais de 2008 existe dans les faits. Il a été ratifié par le Parlement français, il ne l'est pas encore par le Parlement libanais mais il est appliqué avant même d'être voté ; il n'y a donc plus que cela à faire et à concrétiser ce qui se passe déjà. Je pense que le président du Parlement y veillera. Ce n'est pas à moi qu'il faut poser cette question, c'est aux autorités libanaises. Honnêtement, l'état d'esprit est extrêmement positif.
Sur la deuxième question, qui est importante, il faut dire les choses très clairement.
D'abord, «no fly zone» c'est un terme qui était un peu utilisé il y a une quinzaine de jours, trois semaines, cela revenait de manière récurrente. Nous avons regardé, au niveau français, ce que cela signifiait et d'autres l'ont regardé aussi. Une «no fly zone» sur l'ensemble de la Syrie, voire même sur une partie significative de la Syrie, signifie la mobilisation de tellement de moyens que nous sommes dans une situation de guerre. On en revient à la nécessaire délibération antérieure du Conseil de sécurité qui pour l'instant ne nous permet pas d'agir.
Une autre question est apparue, que les Turcs ont appelé «zone tampon» à un moment donné, cela remonte à une quinzaine de jours. Maintenant on en parle moins et on parle plutôt de «zones libérées» ou de «sécurisation des zones libérées». Nous regardons cette question. Ce n'est pas impossible, mais cela suppose un certain nombre de préalables qui aujourd'hui ne sont pas remplis. Pour que la question d'une zone de sécurité libérée se pose, il faudrait d'abord qu'il y ait un périmètre libéré, homogène et suffisamment vaste. Il faudrait ensuite, que sur ce périmètre, il y ait une autorité reconnue, autorité locale potentiellement embryon d'une autorité nationale.
Troisièmement, il faudrait que cette autorité le demande. À qui ? Peut-être à des voisins, qui eux-mêmes demanderaient le soutien d'autres. Mais nous n'y sommes pas encore. Si c'était le cas, il faudrait s'assurer de la bonne volonté à ce sujet des voisins concernés.
Ensuite, il faudrait s'assurer de la bonne sécurisation de l'ensemble du secteur concerné avec les moyens de sécurisation qui permettraient à toutes les personnes qui vivent dans cette zone d'avoir la sécurité. C'est un sujet sur lequel nous travaillons. Les conditions politiques de leurs mises en oeuvre ne sont pas aujourd'hui réunies. À la première question, nous ne savons pas encore répondre. (...).
source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 septembre 2012