Texte intégral
Je remercie beaucoup le secrétaire général de la Ligue arabe et ses collègues d'avoir accueilli la délégation française et moi-même, qui rendons visite à nos amis égyptiens pour la première fois. Comme vous le savez, cette visite s'inscrit dans le cadre de l'amitié franco-égyptienne.
J'ai eu l'occasion, ce matin, de rencontrer le Premier ministre. Je verrai dans quelques instants le Cheikh d'Al Azhar, puis le président Morsi, le ministre des Affaires étrangères, la communauté française, bien sûr. Mais il était essentiel que nous puissions nous entretenir, compte tenu du rôle important qui est joué par la Ligue arabe et par son Secrétaire général.
Nous nous connaissons déjà. Nous avons eu l'occasion de nous voir à plusieurs reprises. La France apprécie hautement le rôle que joue la Ligue arabe. Nous avons évidemment discuté des grandes questions d'actualité, et notamment de la crise syrienne et aussi, vous l'avez rappelé, Cher Collègue et Ami, de la question palestinienne.
Hier, je me suis entretenu rapidement au téléphone avec M. Brahimi et nous avons convenu d'avoir un contact à Paris, vendredi prochain, avant que lui-même, moi-même et d'autres, nous rendions aux Nations unies. Il est vrai que nous sommes évidemment gravement préoccupés par ce qui se passe en Syrie. Vous savez que la France est à l'avant-poste de ceux qui veulent un changement en Syrie. Un changement est indispensable. Nous sommes très choqués par le nombre des morts qui augmente chaque jour, par le nombre des réfugiés, par les exactions qui sont commises. La Commission spéciale des Nations unies a parlé de crime contre l'humanité.
Nous discutons avec les uns, avec les autres, pour essayer de trouver un plan, de réaliser un gouvernement qui puisse prendre la suite de Bachar Al-Assad. Nous avons évidemment une action humanitaire, nous agissons sur le plan diplomatique, mais tout cela est fait en liaison étroite avec nos amis, à la fois de la Ligue arabe, M. Brahimi et d'autres.
Sur la question israélo-palestinienne, vous connaissez les positions de la France. Nous considérons que les Palestiniens ont droit à un État viable, qui soit reconnu. Nous sommes très attachés aussi, bien sûr, à la sécurité d'Israël. Nous pensons que malheureusement, au cours de ces derniers mois, cette question n'a pas progressé comme elle aurait dû le faire. Et nous souhaitons que, quelles que soient les circonstances sur le terrain ou les circonstances électorales, on puisse faire droit aux demandes des Palestiniens et en même temps garantir la sécurité d'Israël.
Je voudrais ajouter un dernier mot sur le rôle de l'Égypte. Les relations entre la France et l'Égypte sont caractérisées par trois mots : amitié, démocratie et stabilité. L'amitié entre l'Égypte et la France est ancienne et nous voulons la renforcer. La démocratie, pour nous Français, c'est quelque chose d'essentiel et nous sommes heureux de voir que pour la première fois, un président est élu en Égypte. Nous soutenons le processus démocratique, ainsi que, bien sûr, la stabilité car l'Égypte peut et doit jouer un rôle majeur dans le concert régional et international, avec un rôle de stabilité, en particulier lorsqu'on pense au conflit syrien ; lorsqu'on pense aussi à la question palestinienne et à d'autres aspects.
Je vais avoir l'occasion de m'entretenir dans quelques minutes avec le président Morsi mais, de ce point de vue-là, il est significatif que ce soit ici, au Caire, que la Ligue arabe se déploie et que d'autres initiatives voient le jour. Nous apprécions particulièrement la position qui a été prise par l'Égypte à propos de la Syrie.
Q - Je voulais savoir si vous avez abordé la question iranienne et notamment la question suivante. L'Iran doit se doter visiblement, d'ici 2013, de la capacité à construire une bombe nucléaire. Est-ce que si l'Iran a une bombe nucléaire, est-ce un problème uniquement pour Israël ou alors est-ce un problème également pour les États de la Ligue arabe ?
R - Vous me posez la question de savoir si la possession de l'arme nucléaire par l'Iran est une question qui concerne simplement un pays ou bien l'ensemble de la région. Je considère que l'accès à l'arme nucléaire de l'Iran serait un problème régional et même international, c'est tout à fait clair. Autant nous considérons que l'Iran a parfaitement le droit de se doter de l'énergie nucléaire civile, autant l'accès à l'arme nucléaire favoriserait la dissémination nucléaire, ce qui est un grand danger, pas seulement pour tel ou tel pays mais pour l'ensemble de la région.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 septembre 2012