Entretien de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, avec BFM le 18 septembre 2012, notamment sur les relations franco-égyptiennes.

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Circonstance : Déplacement au Caire (Egypte), les 17 et 18 septembre 2012

Média : BFM TV

Texte intégral

Q - Vous avez parlé d'une relation chaleureuse avec le président Morsi. C'est tout de même un Frère musulman, c'est-à-dire que c'est un pays musulman dirigé par un parti musulman. Peut-on dire que la France appuie l'Égypte dans cette transition mais en affichant aussi une véritable vigilance compte tenu de tout ce que qui s'est passé dans le monde musulman ces derniers jours ?
R - Oui. Nous apportons notre amitié au peuple égyptien. Le peuple égyptien a choisi, de façon démocratique, des gouvernants et un président et nous n'avons pas à nous substituer au peuple dans ses choix. Simplement, nous sommes attentifs aux pratiques de la démocratie.
Q - Est-ce que tout de même ont peut parler aujourd'hui d'un automne islamiste après les printemps arabes ?
R - C'est difficile de généraliser, il faut faire très attention à cela. J'ai toujours considéré que la révolution arabe est une chose positive puisqu'elle apporte de la liberté et de la dignité aux populations. Mais j'ai toujours pensé aussi qu'il y aurait des hauts et des bas, des reculs, et parfois même extrêmement sévères, et puis de nouveau des avancées.
En Égypte, la situation est maîtrisée pour le moment, j'espère que cela va continuer. Mais ce ne sera pas, dans tous les pays arabes, une espèce de «lit de roses». Prenez notre propre révolution : on ne peut pas comparer les choses mais vous avez eu la Révolution, puis vous avez eu malheureusement la Terreur, puis vous avez eu la Restauration et puis vous avez eu d'autres épisodes, puis vous avez eu Napoléon III. J'espère que cela ne va pas durer cent ans ici avant que la démocratie réelle, pleine et entière s'établisse, mais il y aura des hauts et des bas.
Notre rôle, en tant que démocratie française, c'est d'apporter une amitié concrète ; j'ai dit, et cela c'est du concret, que pour construire la troisième phase du métro du Caire, la France allait apporter un prêt de 300 millions d'euros, ce qui est très important.
Mais, en même temps, nous sommes attentifs à ce qui se passe sur le plan de la démocratie.
Q - Sur la Syrie, avez-vous avancé avec les Égyptiens, qui sont en pointe sur le dossier ?
R - Vous avez raison. La France est très en pointe, aux avant-postes pour essayer de trouver une solution à la crise extrêmement grave qui existe en Syrie. L'Égypte a pris l'initiative, en particulier, d'organiser une réunion quadripartite entre l'Égypte, la Turquie, l'Iran et l'Arabie saoudite. L'Arabie saoudite ne s'est pas jointe hier au processus mais, en tout cas, elle est théoriquement dans le processus. Alors, ils avancent à leur façon, nous verrons le résultat. Nous, nous avançons d'une autre façon.
Avec le président égyptien, nous avons dit que nous allions nous coordonner parce que l'Égypte est une puissance de paix, la France est une puissance de paix. Et, la semaine prochaine, le président égyptien rencontrera le président français à New York - j'y serai aussi - pour essayer de voir comment on peut avancer ensemble.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 septembre 2012