Texte intégral
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
L'engagement des Chambres de commerce et d'industrie régionales est, vous l'avez rappelé Monsieur le Président, essentiel pour réussir notre pari collectif : revenir à l'équilibre de la balance commerciale hors énergie en 5 ans.
Pour mener à bien la politique que j'entends conduire, j'ai en effet besoin des CCIR. Et je vous remercie, Monsieur le Président, d'avoir dit votre soutien aux orientations que j'ai données.
Je connais l'engagement des chambres. J'ai entrepris un Tour de France des Régions. J'ai visité, ces dernières semaines, quatre d'entre elles. A chaque fois, j'ai rencontré des partenaires mobilisés agissant en complémentarité intelligente.
L'urgence de la situation économique nous oblige à unir nos forces opérationnelles. Il faut très certainement détermination et cohésion de l'action publique dans les territoires et à l'étranger. Et ce, à trois niveaux.
1 / Au niveau de l'Etat.
Un Etat stratège doit définir l'objectif, sa stratégie et ses priorités d'action en fonction d'une offre commerciale française mieux structurée et de priorités pays analysant bien les besoins de ceux-ci. Vous le savez, la question du développement international ne se pose pas de la même façon à toutes les entreprises. La taille, l'innovation, sont les deux facteurs qui expliquent le plus sûrement la réussite à l'international d'une entreprise.
Les PME innovantes et les ETI constituent un levier opérationnel pour trouver les 26 milliards d'euros à l'export qu'il nous faut gagner.
C'est pourquoi j'ai choisi de proposer à UbiFrance un accompagnement dans la durée de ces entreprises au travers de plans triennaux Export.
Les PME, elles, doivent progresser à la fois en innovation, en développement numérique, en marketing, en expertise et ressources humaines pour s'implanter durablement sur les marchés export.
On le sait, sept entreprises sur 10 qui exportent en année « N » ne le font plus à « N » + 3. Comment, dès lors, fidéliser clients et partenaires, s'implanter, créer un courant d'affaires durable ?
Un Etat stratège détermine les cibles et met en oeuvre des accompagnements personnalisés.
Il pointe les marchés sur lesquels l'offre française est pertinente. Mon cabinet analyse l'étude de mes services visant à coupler l'offre française aux priorités pays.
Sans trop anticiper sur le rendu définitif de ce travail, il y a des pistes.
L'Union Européenne apparaît comme une priorité, car nous y perdons des marchés, les grands émergents et les Emergents de Taille Intermédiaire (CIVETS, Maroc…) sont au coeur de notre démarche, et nous devons anticiper les futures terres de croissance, parmi lesquelles l'Afrique.
Au-delà, nous avons à identifier les secteurs qui, dans ces pays, sont prêts à accueillir nos entreprises et nos produits.
Cela implique de mettre en oeuvre une action par filières, et je détermine aussi nos filières à l'export. Ecotechnologies, ville durable, santé, transports, agroalimentaire, numérique… apparaissent comme des secteurs de forte croissance.
Enfin, mais j'y reviendrai, l'Etat stratège c'est celui qui assure à ses entreprises des conditions de concurrence équivalentes à celles de leurs concurrentes. Ce sera bientôt le cas en matière de financements. Je m'y efforce aussi en matière de politique commerciale, au nom de la réciprocité réelle.
2 / le niveau territorial.
Nous avons l'obligation de mieux identifier nos entreprises porteuses, de les sélectionner, de les préparer et de guider leurs premiers pas vers l'export. Cela, l'Etat ne peut pas le faire aussi bien que ceux qui sont au plus près des territoires.
Voilà pourquoi j'ai décidé, et je sais que cela a suscité quelques émois, de m'appuyer sur les Régions qui seront les pilotes de l'export et qui incluront, quand elles ne l'ont pas déjà fait, des plans exports dans leurs Schémas Régionaux de Développement Economique.
C'est un choix logique parce que les Régions ont déjà en charge le développement économique sur leur territoire et je souhaite que l'Acte III de la décentralisation les désigne comme chefs de file.
L'internationalisation des entreprises est, de fait, une partie naturelle des compétences régionales.
C'est un choix efficient parce que les Régions ont leur place dans la future Banque Publique d'Investissement dont vous souligniez l'importance voici quelques instants, Monsieur le Président.
La BPI comportera un volet export dès sa création, je l'ai obtenu. Elle accueillera des « développeurs à l'international » qui conseilleront les entreprises dans un guichet unique.
Enfin, c'est un choix partenarial car les Régions ne peuvent prétendre réussir sans l'apport des partenaires de l'export dans les territoires au premier rang desquels les réseaux consulaires.
Fervente décentralisatrice, je ne me suis pas découverte, devenue Ministre, une vocation de caporal. J'entends laisser les Régions organiser comme elles le souhaitent, sur leur territoire, en fonction des spécialités, des expertises, de l'engagement des acteurs… l'internationalisation des entreprises.
Pourquoi remettre en question des organisations partenariales qui fonctionnent ?
3 / enfin, l'international.
Je l'ai dit, nous devons nous battre pour parvenir à convaincre nos partenaires européens de l'importance d'établir, avec les autres pays, une réciprocité réelle. Nos entreprises peuvent réussir si elles jouent à armes égales, sinon elles n'ont aucune chance.
Cette position n'est pas majoritaire en Europe. Mais j'ai entamé un tour des capitales européennes pour trouver, à nos côtés, des alliés de la réciprocité.
L'enjeu est de taille : il conditionnera la négociation du projet de règlement européen sur la réciprocité de la Commission et sera une arme dans la négociation de futurs Accords de Libre Echange.
Car, en ces temps où le multilatéralisme est encalminé, les ALE bilatéraux prolifèrent.
Il s'agit, pour l'Union Européenne, d'obtenir l'ouverture des marchés des pays tiers à nos entreprises trop souvent bloquées par le maintien de barrières non tarifaires.
Je le crois, nous pouvons ensemble atteindre l'objectif de réduction du déficit de la balance commerciale fixé par le Premier Ministre, tout comme nous pouvons redresser notre pays.
Cela demande du temps mais nous disposons d'atouts. Ne l'oublions pas : la France est la 2ème économie d'Europe et l'Union Européenne, avec 500 millions d'habitants, dispose d'une force de marché attractive.
Prenons appui sur les leviers dont nous disposons pour que la France trouve toute sa place dans la mondialisation.
Source http://www.commerce-exterieur.gouv.fr, le 19 octobre 2012