Déclaration de Mme Hélène Conway-Mouret, ministre des Français de l'étranger, sur la coopération scientifique et technologique entre la France et les Etats-Unis, à Paris le 25 octobre 2012.

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Circonstance : Comité franco-américain pour la science et la technologie, à Paris le 25 octobre 2012

Texte intégral

Madame la Ministre
Madame la Secrétaire d'État adjointe,
Monsieur le Directeur de la National Science Foundation,
Chers Amis américains,
Mesdames et Messieurs les Présidents des organismes de recherche
Mesdames et Messieurs les Responsables des groupes de travail thématiques,
C'est avec plaisir que je vous accueille au nom de Laurent Fabius ministre des affaires étrangères, à l'occasion de cette troisième session du comité mixte franco-américain pour la science et la technologie.
La Fayette, Tocqueville, Thomas Jefferson ou John Pershing ont attesté depuis deux siècles et demi de ce que nos deux peuples partagent : un socle de valeurs communes. Celles-ci imprègnent la relation transatlantique et nourrissent une relation bilatérale singulière nourrie au même creuset de la Révolution et de l'affirmation des Droits.
En se rendant aux États-Unis en mai dernier, trois jours après sa prise de fonctions, le chef de l'État a symboliquement réaffirmé l'importance traditionnelle de ce dialogue transatlantique mais aussi l'attachement personnel qu'il lui porte. Dans ce «monde fini» cher à Valéry, les interdépendances peuvent aussi être des solidarités. C'est le cas de la relation franco-américaine, complexe, riche, vive mais pérenne. Le domaine de la coopération scientifique et technologique l'illustre plus que d'autres.
Le développement et l'industrialisation rapide des pays émergents entraînent l'arrivée de nouveaux acteurs sur la scène scientifique internationale. Pour autant, nous ne devons pas oublier le formidable potentiel scientifique de nos deux pays.
Les États-Unis demeurent le «leader» mondial incontesté dans ce domaine. Nous connaissons tous le remarquable système de recherche et d'innovation américain, notamment incarné par la National Science Foundation dont le directeur, le Dr. Suresh, est ici présent et que je salue. La France est elle aussi un acteur scientifique majeur, à son échelle, qui est toujours davantage celle de l'Europe.
En cette période de crise économique, l'investissement massif dans la recherche et l'innovation constitue un enjeu majeur et fondamental pour permettre la relance de la croissance et l'amélioration des conditions de vie de nos populations. Le gouvernement français, est déterminé, et ce malgré les contraintes budgétaires actuelles, à mener une politique dynamique et volontariste dans ce domaine ; comme je sais que vous le faites aux États-Unis. Soyons convaincus, en tout cas personnellement je le suis : dans ce processus, les facteurs clés de réussite sont souvent la coopération, le partage de connaissances, voire la mutualisation de moyens pour des projets ambitieux. La récente attribution il y a quelques jours du prix Nobel de physique, conjointement à un chercheur français (le Pr Serge Haroche) et un chercheur américain (le Pr David J. Wineland) illustre cette réalité avec éclat et montre, s'il en était besoin, combien la coopération franco américaine est aujourd'hui fondamentale pour les deux pays.
Lorsqu'ils travaillent main dans la main, nos organismes de recherche, nos universités peuvent obtenir de magnifiques résultats. Permettez-moi de citer un exemple très récent, parmi tant d'autres : le 10 octobre dernier, a été posée à Metz la première pierre de l'Institut Lafayette, plateforme franco-américaine d'innovation technologique en optoélectronique. C'est un succès éclatant et l'aboutissement d'un partenariat de long terme entre la région Lorraine et le Georgia Institute of Technology d'Atlanta.
Nous savons que le renforcement de nos liens scientifiques et technologiques est une nécessité ; je crois que ces partenariats d'excellence prouvent combien ils servent nos intérêts mutuels. C'est pourquoi j'engage tous les participants du comité mixte à oeuvrer dans cette voie.
Mais je veux aussi rappeler devant vous que les enjeux liés à la science dépassent la simple nécessité économique. La recherche est par essence universelle et internationale ; elle ne connaît ni frontières géographiques, ni barrières linguistiques, ni confinement religieux ou ethnique. Elle est aussi un moyen d'échange, un pivot du dialogue entre les sociétés, un élément stratégique du développement de l'humanité.
Gardons à l'esprit les résultats de l'étude «In Science we trust», menée en 2010 par deux grandes revues américaines [Scientific American et Nature] qui démontre que les populations du monde entier tiennent toujours en haute estime l'expertise des scientifiques. À l'heure où les autorités politiques ou internationales sont régulièrement remises en question, c'est sur cette confiance en la science que nous devons bâtir pour affronter ensemble les problèmes auxquels l'humanité est confrontée tels que le réchauffement climatique, la préservation de la biodiversité, la lutte contre la famine et la pauvreté, la gestion des ressources énergétiques... Sur l'ensemble de ces enjeux, la dimension de la recherche scientifique est nécessairement présente.
Ces questions sont globales. Elles ont vocation à être débattues dans les grandes enceintes multilatérales. La France aspire à y faire entendre sa voix sur ces sujets fondamentaux pour nos sociétés et notre avenir. Il est ainsi parfaitement naturel que notre diplomatie se saisisse de cette dimension particulière que constitue la recherche. C'est un constat que nous partageons avec nos amis américains : les «Science Envoys» du Département d'État font écho au réseau unique d'attachés universitaires et scientifiques de nos ambassades à l'étranger.
Évidemment, il ne s'agit pas de politiser la science, au risque de décrédibiliser les scientifiques. Mais notre mission, en tant que puissance publique, est de réunir les conditions d'un dialogue fructueux entre chercheurs et société civile. Avec nos partenaires internationaux, nous devons coordonner nos approches afin d'avancer les uns avec les autres et non les uns à côté des autres et encore moins les uns contre les autres.
Par leur influence et leurs capacités, la France et les États-Unis ont un rôle central à cet égard et doivent jouer de leur complémentarité pour être en pointe sur ces enjeux qui nous concernent tous.
C'est aussi dans ce cadre que vous êtes venus nombreux aujourd'hui à l'occasion de ce troisième comité mixte. Au nom du ministre des affaires étrangères et en mon nom personnel je me réjouis que vos débats soient résolument placés sous l'angle de la concertation et de l'action en faveur de la coopération transatlantique.
Je vous souhaite à tous une très riche journée de débats et d'échanges.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 31 octobre 2012