Texte intégral
Monsieur le ministre,
Monsieur le préfet,
Mesdames et messieurs les Parlementaires,
Monsieur le sénateur-maire
Monsieur le Président du Conseil régional
Monsieur le Président du Conseil général
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Cest ici, dans cette clairière de Rethondes, il y a quatre-vingt-quatorze ans, à cinq heures du matin, que le maréchal Foch signa larmistice mettant fin au conflit meurtrier qui déchirait lEurope depuis quatre longues années.
9 millions de combattants tués entre 1914 et 1918 sur les fronts européens, 20 millions blessés. Jamais le monde navait connu de guerre dont le bilan humain fût aussi terrible. Jamais une telle capacité de destruction navait été déployée. Jamais la France, qui avait été au cur des combats, navait payé un aussi lourd tribut dans un conflit. Toute une génération fut décimée, des régions entières dévastées.
Cest devant cette mémoire que je viens, au nom du gouvernement de la République, mincliner aujourdhui : la mémoire de ces hommes qui se battirent courageusement, et douloureusement, pendant quatre longues années, la peur au ventre, dans la boue, au milieu des corps qui jonchaient les champs de bataille. La mémoire de ces "combattants de larrière", mobilisés dans les champs, dans les usines, dans les hôpitaux, parmi lesquels des millions de femmes, qui jouèrent un rôle décisif dans la victoire finale. La mémoire des pères, des mères, des épouses, et des enfants, qui ne virent jamais revenir leur fils, leur époux ou leur père, mais en transmirent le souvenir à nos grands-parents et à nos parents.
Nous célébrons aujourdhui la victoire de la France et de ses alliés, la victoire des hommes et des femmes, qui, de lUnion sacrée de 1914, aux ultimes combats de 1918, surent réunir leurs forces pour la défense de la patrie et de la République.
La nation tout entière, dans chacune des communes de France, leur rend aujourdhui hommage, comme nous lavons fait ce matin à lArc de Triomphe, avec le président de la République, en nous recueillant devant la statue de Georges Clemenceau et la tombe du Soldat inconnu. Hommage à ces soldats qui ont combattu pour la France, dans les tranchées, dans les airs ou sur les mers, à ces hommes courageux, de toutes conditions sociales, venus de toutes les régions de France, qui, de la bataille de la Marne, à Verdun, de la Somme, au Chemin des Dames, ont versé leur sang pour la défense de la patrie, à ces troupes coloniales, venues dAfrique, dAsie et dOcéanie, qui ont combattu avec bravoure, et dont beaucoup sont tombées au champ dhonneur.
Nous rendons également hommage aux millions de combattants des pays alliés qui furent à nos côtés sur les champs de bataille, ou sur des fronts plus lointains : Britanniques, Belges, Russes, Italiens, Canadiens, Américains, Australiens, Néo-Zélandais, et dautres encore. Tous ont contribué à la victoire finale. Des dizaines de milliers dentre eux sont morts sur notre sol et leurs sépultures portent le terrible témoignage de leur sacrifice. La France leur voue une reconnaissance éternelle.
Nous rendons hommage, enfin, à ceux qui surent tirer de ces combats tragiques et inhumains une leçon dhumanité et de fraternité, et appelèrent les Européens à se réunir dans un autre combat, celui pour la paix.
Car ce devait être "la der des der".
Après des combats où, de part et dautres des lignes, chacun avait enduré les mêmes souffrances, des hommes et des femmes exceptionnels ont uvré à la réconciliation des peuples, et à lémergence dune organisation internationale fondée sur le principe de la coopération entre les Etats, et de la résolution pacifique des conflits.
"Arrière les fusils, les mitrailleuses, les canons ! Place à la conciliation, à larbitrage, à la paix !" que le ministre français des Affaires étrangères, Aristide Briand, salua le retour de lAllemagne dans le concert des nations.
Cette grande espérance, qui culmina en 1928 avec le pacte Briand-Kellogg mettant la guerre hors la loi, fut balayée par la crise des années 1930 et la montée des totalitarismes.
Ce nest quaprès lécrasement du nazisme, au terme dune seconde Guerre mondiale plus meurtrière encore que la première, que lOrganisation des Nations-Unies a durablement fixé le nouveau cadre des relations internationales.
Cest dans ce cadre que la République française, fidèle à ses valeurs, inscrit son action, pour défendre les intérêts de son peuple, et agir pour le respect du droit international. Et cest dans ce cadre que, lorsque nous décidons dengager nos forces, nous intervenons dans différents théâtres dopérations.
Je veux rendre ici un hommage solennel, au nom de la nation tout entière, à lensemble des soldats morts pour la France, et plus particulièrement, alors que sachève la mission de nos forces combattantes en Afghanistan, aux 88 soldats français qui y ont poussé lengagement jusquau sacrifice de leur vie.
Ils font honneur à la France et au combat pour la liberté que nous avons mené en Afghanistan, aux côtés de la communauté internationale.
Oui, le devoir de mémoire est pour nous un devoir sacré. Il est au cur de notre identité nationale et européenne, il tisse un lien solide entre les générations et il contribue puissamment au rapprochement entre les peuples.
Cest pourquoi, la République entend commémorer à sa juste mesure le centenaire de la première Guerre mondiale.
De nombreux projets émergent déjà, qui témoignent de la mobilisation des collectivités locales et des associations, pour entretenir la flamme du souvenir et approfondir la connaissance de toutes les dimensions du conflit.
LEtat prendra toute sa part dans la commémoration. Il veillera à garantir létroite collaboration entre tous les partenaires, et, avec la mission Anniversaires, à la coordination avec le 70e anniversaire de la fin du second conflit mondial, qui sera sans doute le dernier grand rendez-vous des Français avec les anciens combattants de cette guerre.
Sinscrivant dans une politique de mémoire forte et volontaire, le Centenaire aura une dimension particulière.
Nous le devons à la mémoire des poilus, dont le dernier survivant, un Britannique, a disparu en mai 2011. Nous le devons à tous les Français, qui restent particulièrement attachés à cette période de notre histoire. Nous le devons à tous ces visiteurs étrangers qui viendront, en grand nombre, rendre hommage au sacrifice de leurs aînés. Nous le devons, enfin, aux jeunes générations, pour que jamais ne renaissent les nationalismes qui ont ravagé lEurope pendant la première moitié du 20e siècle.
Car "le nationalisme, cest la guerre !", pour reprendre les mots prononcés par François Mitterrand, en 1995, devant le Parlement européen.
Les jeunes générations doivent mesurer ce que fut lengagement de celles et ceux qui ont su, après les deux Guerres mondiales, dépasser les vieilles haines et construire les fondations de la construction européenne. Je pense à Aristide Briand et Gustav Stresemann, artisans du rapprochement entre la République française et la République de Weimar dans les années 1920, et prix Nobel de la Paix en 1926. Je pense aux pères fondateurs de lEurope des 6, dans les années 1950. Je pense au général de Gaulle et à Konrad Adenauer, qui ont fait de lamitié franco-allemande le socle de la Communauté européenne.
La présence aujourdhui de nos amis allemands, est une très grande joie, elle témoigne de la solidité de notre amitié. Vous le savez, jy suis particulièrement attaché. Je leur adresse un salut fraternel.
Le Prix Nobel de la Paix a été décerné cette année à lUnion européenne. Nous pouvons être fiers du chemin parcouru. Mais il nous confère une responsabilité particulière. A nous de faire vivre le projet européen, à nous den approfondir la démarche et den accroître le rayonnement international.
Mesdames et Messieurs, chers amis, cest dans une Europe unie, espace de paix et de sécurité, uvrant activement à leur défense dans le monde, que sinscrit résolument le destin de notre pays.
Je vous remercie.
Source http://www.gouvernement.fr, le 15 novembre 2012
Monsieur le préfet,
Mesdames et messieurs les Parlementaires,
Monsieur le sénateur-maire
Monsieur le Président du Conseil régional
Monsieur le Président du Conseil général
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Cest ici, dans cette clairière de Rethondes, il y a quatre-vingt-quatorze ans, à cinq heures du matin, que le maréchal Foch signa larmistice mettant fin au conflit meurtrier qui déchirait lEurope depuis quatre longues années.
9 millions de combattants tués entre 1914 et 1918 sur les fronts européens, 20 millions blessés. Jamais le monde navait connu de guerre dont le bilan humain fût aussi terrible. Jamais une telle capacité de destruction navait été déployée. Jamais la France, qui avait été au cur des combats, navait payé un aussi lourd tribut dans un conflit. Toute une génération fut décimée, des régions entières dévastées.
Cest devant cette mémoire que je viens, au nom du gouvernement de la République, mincliner aujourdhui : la mémoire de ces hommes qui se battirent courageusement, et douloureusement, pendant quatre longues années, la peur au ventre, dans la boue, au milieu des corps qui jonchaient les champs de bataille. La mémoire de ces "combattants de larrière", mobilisés dans les champs, dans les usines, dans les hôpitaux, parmi lesquels des millions de femmes, qui jouèrent un rôle décisif dans la victoire finale. La mémoire des pères, des mères, des épouses, et des enfants, qui ne virent jamais revenir leur fils, leur époux ou leur père, mais en transmirent le souvenir à nos grands-parents et à nos parents.
Nous célébrons aujourdhui la victoire de la France et de ses alliés, la victoire des hommes et des femmes, qui, de lUnion sacrée de 1914, aux ultimes combats de 1918, surent réunir leurs forces pour la défense de la patrie et de la République.
La nation tout entière, dans chacune des communes de France, leur rend aujourdhui hommage, comme nous lavons fait ce matin à lArc de Triomphe, avec le président de la République, en nous recueillant devant la statue de Georges Clemenceau et la tombe du Soldat inconnu. Hommage à ces soldats qui ont combattu pour la France, dans les tranchées, dans les airs ou sur les mers, à ces hommes courageux, de toutes conditions sociales, venus de toutes les régions de France, qui, de la bataille de la Marne, à Verdun, de la Somme, au Chemin des Dames, ont versé leur sang pour la défense de la patrie, à ces troupes coloniales, venues dAfrique, dAsie et dOcéanie, qui ont combattu avec bravoure, et dont beaucoup sont tombées au champ dhonneur.
Nous rendons également hommage aux millions de combattants des pays alliés qui furent à nos côtés sur les champs de bataille, ou sur des fronts plus lointains : Britanniques, Belges, Russes, Italiens, Canadiens, Américains, Australiens, Néo-Zélandais, et dautres encore. Tous ont contribué à la victoire finale. Des dizaines de milliers dentre eux sont morts sur notre sol et leurs sépultures portent le terrible témoignage de leur sacrifice. La France leur voue une reconnaissance éternelle.
Nous rendons hommage, enfin, à ceux qui surent tirer de ces combats tragiques et inhumains une leçon dhumanité et de fraternité, et appelèrent les Européens à se réunir dans un autre combat, celui pour la paix.
Car ce devait être "la der des der".
Après des combats où, de part et dautres des lignes, chacun avait enduré les mêmes souffrances, des hommes et des femmes exceptionnels ont uvré à la réconciliation des peuples, et à lémergence dune organisation internationale fondée sur le principe de la coopération entre les Etats, et de la résolution pacifique des conflits.
"Arrière les fusils, les mitrailleuses, les canons ! Place à la conciliation, à larbitrage, à la paix !" que le ministre français des Affaires étrangères, Aristide Briand, salua le retour de lAllemagne dans le concert des nations.
Cette grande espérance, qui culmina en 1928 avec le pacte Briand-Kellogg mettant la guerre hors la loi, fut balayée par la crise des années 1930 et la montée des totalitarismes.
Ce nest quaprès lécrasement du nazisme, au terme dune seconde Guerre mondiale plus meurtrière encore que la première, que lOrganisation des Nations-Unies a durablement fixé le nouveau cadre des relations internationales.
Cest dans ce cadre que la République française, fidèle à ses valeurs, inscrit son action, pour défendre les intérêts de son peuple, et agir pour le respect du droit international. Et cest dans ce cadre que, lorsque nous décidons dengager nos forces, nous intervenons dans différents théâtres dopérations.
Je veux rendre ici un hommage solennel, au nom de la nation tout entière, à lensemble des soldats morts pour la France, et plus particulièrement, alors que sachève la mission de nos forces combattantes en Afghanistan, aux 88 soldats français qui y ont poussé lengagement jusquau sacrifice de leur vie.
Ils font honneur à la France et au combat pour la liberté que nous avons mené en Afghanistan, aux côtés de la communauté internationale.
Oui, le devoir de mémoire est pour nous un devoir sacré. Il est au cur de notre identité nationale et européenne, il tisse un lien solide entre les générations et il contribue puissamment au rapprochement entre les peuples.
Cest pourquoi, la République entend commémorer à sa juste mesure le centenaire de la première Guerre mondiale.
De nombreux projets émergent déjà, qui témoignent de la mobilisation des collectivités locales et des associations, pour entretenir la flamme du souvenir et approfondir la connaissance de toutes les dimensions du conflit.
LEtat prendra toute sa part dans la commémoration. Il veillera à garantir létroite collaboration entre tous les partenaires, et, avec la mission Anniversaires, à la coordination avec le 70e anniversaire de la fin du second conflit mondial, qui sera sans doute le dernier grand rendez-vous des Français avec les anciens combattants de cette guerre.
Sinscrivant dans une politique de mémoire forte et volontaire, le Centenaire aura une dimension particulière.
Nous le devons à la mémoire des poilus, dont le dernier survivant, un Britannique, a disparu en mai 2011. Nous le devons à tous les Français, qui restent particulièrement attachés à cette période de notre histoire. Nous le devons à tous ces visiteurs étrangers qui viendront, en grand nombre, rendre hommage au sacrifice de leurs aînés. Nous le devons, enfin, aux jeunes générations, pour que jamais ne renaissent les nationalismes qui ont ravagé lEurope pendant la première moitié du 20e siècle.
Car "le nationalisme, cest la guerre !", pour reprendre les mots prononcés par François Mitterrand, en 1995, devant le Parlement européen.
Les jeunes générations doivent mesurer ce que fut lengagement de celles et ceux qui ont su, après les deux Guerres mondiales, dépasser les vieilles haines et construire les fondations de la construction européenne. Je pense à Aristide Briand et Gustav Stresemann, artisans du rapprochement entre la République française et la République de Weimar dans les années 1920, et prix Nobel de la Paix en 1926. Je pense aux pères fondateurs de lEurope des 6, dans les années 1950. Je pense au général de Gaulle et à Konrad Adenauer, qui ont fait de lamitié franco-allemande le socle de la Communauté européenne.
La présence aujourdhui de nos amis allemands, est une très grande joie, elle témoigne de la solidité de notre amitié. Vous le savez, jy suis particulièrement attaché. Je leur adresse un salut fraternel.
Le Prix Nobel de la Paix a été décerné cette année à lUnion européenne. Nous pouvons être fiers du chemin parcouru. Mais il nous confère une responsabilité particulière. A nous de faire vivre le projet européen, à nous den approfondir la démarche et den accroître le rayonnement international.
Mesdames et Messieurs, chers amis, cest dans une Europe unie, espace de paix et de sécurité, uvrant activement à leur défense dans le monde, que sinscrit résolument le destin de notre pays.
Je vous remercie.
Source http://www.gouvernement.fr, le 15 novembre 2012