Texte intégral
L'Union européenne a montré dans le passé sa capacité à agir pour la paix, la stabilité et la réconciliation entre les peuples. L'attribution, cette année, du prix Nobel de la paix en constitue une reconnaissance qui est aussi porteuse d'obligations et de grandes responsabilités.
Au fil des ans, l'Union européenne a construit et renforcé des instruments politiques tels que la politique de développement, la politique étrangère et de sécurité commune et la politique européenne de défense et de sécurité. Dans chacun de ces domaines, l'Allemagne et la France ont joué un rôle d'impulsion. Aujourd'hui, l'Allemagne et la France souhaitent que ces instruments européens soient mobilisés pour résoudre la grave crise du Sahel. La situation au Mali constitue en effet un enjeu majeur pour la sécurité et la stabilité de la région sahélienne, celle de l'Afrique dans son ensemble et pour la sécurité de l'Europe. L'apparition d'un sanctuaire terroriste dans le nord du Mali et les liens qui peuvent s'établir dans cette zone entre les mouvances terroristes et les trafics illicites sont porteurs de risques graves.
Cette crise est un triple défi, à la fois politique, humanitaire et sécuritaire. Nous, Européens, devons contribuer à régler cette crise dans le cadre d'une approche globale. L'Union européenne dispose à cet égard d'une forte expertise. Elle est de longue date un acteur reconnu et déjà présent au Sahel dans le cadre de sa stratégie régionale pour le développement et la sécurité.
Nous nous sommes donc engagés, de manière équilibrée et respectueuse, en ayant à l'esprit que la solution viendra des Africains eux-mêmes et que nous voulons apporter notre aide.
Dans cet esprit, nous soutenons les autorités maliennes et les organisations régionales dans leur volonté d'agir pour que le Mali retrouve son unité et son intégrité territoriale. Animées de cette volonté, l'Allemagne et la France ont agi ensemble ces dernières semaines aux Nations unies afin notamment de faire adopter une résolution ouvrant la voie à une initiative africaine de règlement africain du conflit.
C'est pourquoi nous appelons toutes les parties, au Mali et dans la région, à chercher une solution politique. L'objectif est d'enclencher un processus politique. En particulier, nous invitons les Maliens à s'entendre rapidement sur une feuille de route crédible et réaliste afin de rétablir la démocratie. Nous reprendrons progressivement notre coopération au développement et les autres coopérations bilatérales que nous entretenons avec Bamako dès lors que la mise en oeuvre de cette feuille de route aura commencé de manière crédible. Nous sommes confiants dans le fait qu'il en ira de même pour la coopération avec l'Union européenne.
Face à l'urgence de la situation, nous pensons, ensemble, utile que l'Union européenne soutienne le déploiement et l'engagement d'une force internationale au Mali. Nous souhaitons que l'Union européenne mette en place une mission de formation des forces armées maliennes sur le modèle de ce qu'elle fait déjà avec succès en Somalie.
La reconstitution des capacités militaires du Mali est indispensable. Elle est inséparable du rétablissement de l'État de droit et de l'intégrité territoriale du Mali, ainsi que d'une lutte efficace contre la menace terroriste. Nous entendons également nous mobiliser pour que l'Union européenne, comme elle le fait déjà aux côtés de son partenaire nigérien, apporte sa contribution à la lutte contre la menace terroriste qui pèse sur le Sahel mais aussi sur l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest et au-delà.
Nous soutenons la reconstruction de l'État malien et nous appuierons le processus de réconciliation nationale dans la perspective des prochaines élections, qui devront se tenir dès que possible.
Résumons : la crise au Mali est un défi pour l'Afrique et pour l'Union européenne; celle-ci doit montrer sa capacité à agir dans une situation de crise qui engage la stabilité, la sécurité et le développement de nos partenaires africains et nos propres intérêts de sécurité. Allemands et Français, en liaison avec nos partenaires européens, nous sommes résolus à relever ensemble ce grand défi.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 novembre 2012