Texte intégral
Cher Monsieur le Ministre Rahmani, je voudrais d'abord vous dire les sentiments très forts que je ressens depuis mon arrivée ce matin. Je suis là dans le cadre de la préparation du voyage de François Hollande en Algérie, cette rencontre au sommet de nos deux chefs d'État. Pour nous - et je prends la lettre que François Hollande avait adressée à Abdelaziz Bouteflika au mois de juillet - nous souhaitons ouvrir une nouvelle ère entre la France et l'Algérie.
D'abord parce que nos problèmes sont similaires et se ressemblent. Nous avons une trop forte dépendance aux hydrocarbures, vous du côté du producteur, nous du côté du consommateur. Nous avons été tous deux malmenés par la mondialisation ces dernières années et l'apparition d'une nouvelle dominance asiatique. Le Maghreb et l'Europe sont les perdants de cette mondialisation déloyale et doivent se rassembler, s'unir, se donner la main pour rebondir. Je mesure aussi que nous avons en partage les mêmes problèmes vis-à-vis de notre jeunesse. Elle est nombreuse, elle aspire à un avenir, elle a besoin de savoir où elle va. Ici en Algérie comme chez nous en France, cette jeunesse ne veut pas voir son avenir marqué par chômage mais croissance, emploi, travail. C'est le sens de nos rencontres avec mes collègues et homologues algériens.
Comment voyons-nous les choses ? Sous la forme d'une alliance industrielle. Nous aussi comme en Algérie nous cherchons à industrialiser et réindustrialiser. Nous cherchons à redresser et à réindustrialiser car les milliers et les centaines de milliers d'emplois que nous avons perdus de part et d'autre de la Méditerranée sont des emplois qu'il faut reconquérir. Comment allons-nous faire ? Nous associer, agir ensemble. Nous voulons ensemble, la France et l'Algérie, ici, là bas, reconquérir des parts de marché perdus en partageant nos avantages. En faisant en sorte que nous puissions avoir, de part et d'autre, tous nos avantages dans le même panier pour partir à l'assaut des marchés émergents.
Je veux saluer le patronat algérien ici présent, avec qui nous nous comprenons déjà - j'étais venu en tant que député de l'opposition et déjà nous avions noué des contacts et des relations mutuelles. Beaucoup d'entreprises françaises, je crois, ont compris le désir de développement et d'industrialisation de l'Algérie. Donc nous songeons à conclure un pacte de coproduction - ce que nous pourrions produire ensemble, une partie en France une partie en Algérie avec chacun nos avantages - pour être gagnant-gagnant et pour créer des emplois en Algérie, sauver ou créer des emplois en France, des emplois qui seraient perdus au bénéfice d'autres bases industrielles certainement asiatiques. C'est l'esprit dans lequel nous souhaitons désormais travailler. C'est le cadre dans lequel nous allons préparer la visite de François Hollande en Algérie dans les semaines qui viennent et nous espérons avancer sur des propositions concrètes, des projets compréhensifs pour l'opinion publique française et l'opinion publique algérienne. Il est important que cette nouvelle ère se fasse sur un pied d'égalité, c'est-à-dire que nous avancions chacun avec nos atouts et nos faiblesses - nous avons tous des atouts et tous des faiblesses - et surtout que nous nous donnions la main. Voilà l'esprit dans lequel nos deux pays peuvent avancer.
Monsieur le Ministre, vous avez prononcé le mot d'irréversible. Oui, parce que nos deux pays ont une histoire tourmentée, j'en suis moi-même un enfant, un enfant de la France Algérie. Mon grand père était algérien. Ma mère s'appelle de son nom de jeune fille Leila Ould Kadi. Ma mère a rencontré le fils du boucher charcutier dans le département de Saône-et-Loire, où je suis devenu député pendant quinze ans et son président pendant quatre ans. C'est une histoire de France en rapport avec la tragédie algérienne, la guerre d'Algérie. Cela appartient à notre histoire. Et de ces mélanges nous ferons des forces, et pour cela nous pouvons regarder l'avenir ensemble. C'est un voyage politique pour moi mais c'est aussi un voyage affectif.
Q - Je vais directement aller sur le sujet de l'installation d'une usine Renault en Algérie. Où en est ce projet ?
R - Je peux vous dire, en présence de M. Rahmani, que c'est un projet qui fait l'objet d'une négociation au plus haut niveau entre deux entités opérateurs industriels. C'est un projet qui avance très bien et nous sommes parfaitement confiants quant à l'aboutissement de ces négociations. En tout cas, nous l'avons évoqué dans le détail de part et d'autre et de façon positive.
Q - Vous avez évoqué des «propositions concrètes», l'Algérie attend effectivement des propositions concrètes de la part de la France. Pouvons-nous en savoir plus ?
R - Nous avancerons concrètement dans le futur. J'ai dessiné le cadre, c'est-à-dire ce que nous voulons faire ensemble. Et je crois que vous pouvez imaginer ce que cela veut dire. Des alliances industrielles, cela veut dire des alliances compétitives face à la mondialisation. Nous sommes capables d'allier des technologies, une main-d'oeuvre, des savoir-faire et des situations qui nous permettent de prendre des parts de marché à d'autres qui sont soit en train d'empêcher aujourd'hui l'Algérie de s'industrialiser, soit de priver ou d'anéantir l'industrie française. Donc nous pouvons parfaitement imaginer des partenariats où l'on gagne ensemble.
Q - Ma question s'adresse aux deux ministres. Il y a des problèmes concernant la sortie des capitaux (question inaudible, relative au cadre de l'investissement étranger en Algérie)
R - Madame, peut-être que je pourrais ajouter à votre question le fait que le gouvernement français appelle de ses voeux - de la même manière qu'il pense que c'est une bonne politique qu'il y ait des investissements français en Algérie - qu'il y ait des investissements algériens en France. Des investissements croisés qui permettraient de développer nos stratégies de développements industriels mutuels. En France nous avons des problèmes de financement à cause de la crise bancaire européenne. Ici il y a des excédents financiers. Pourquoi ne pouvons-nous pas échanger nos complémentarités ? C'est le sens de ce partenariat industriel, cette alliance industrielle qui peut passer par une intensification des mouvements de capitaux dans un sens comme dans l'autre.
Q - Monsieur Montebourg, vous arrivez en Algérie le jour d'une polémique qui a fait parler de nombreux journaux ici. Est-ce qu'on pourrait avoir la réaction du gouvernement français aux propos et aux gestes de M. Longuet ?
R - Comme vous le savez, nous construisons l'avenir. Cela suppose que tout ce qui entretient la polémique sur le passé fasse l'objet de l'indifférence la plus notoire. Je crois que François Hollande l'a écrit et dit depuis longtemps. Il l'a à nouveau montré dans un certain nombre d'actes mémoriels, nous devons avoir un regard lucide sur notre passé et partagé de surcroît. C'est la raison pour laquelle je n'attacherai pas davantage d'importance à ce qui reste un acte individuel d'un homme qui prend ses propres responsabilités pendant que nous prenons les nôtres, beaucoup plus importantes.
Q - Vous parliez de la préparation de la prochaine visite du président français. Est-ce qu'à cette date là on aura un pacte concret sur la coopération économique ou n'est-ce qu'une étape pour prospecter ? Est-ce qu'il y aura des dossiers sur lesquels il y aura des décisions ou l'on va continuer à réfléchir ?
R - Vous aurez compris que nous travaillons pour concrétiser des projets. Donc je le souhaite, je l'espère et nous ferons en sorte que ce soit le cas.
Q - Dans ce cadre là que devient M Raffarin qui est le Monsieur investissement ?
R - Tout d'abord je remercie M Raffarin avec lequel j'ai préparé cette visite et pour lequel je ferai un rapport. Jean Pierre Raffarin est une personnalité de très haut niveau qui met sa compétence au service de l'amitié entre nos deux pays. Donc il poursuivra sa mission et nous sera d'un grand secours. En tout cas il est avec nous, parmi nous.
Q - Pouvons-nous connaître la date de la venue du président ?
R - C'est une date qui a été décidée et qui sera bientôt exprimée.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 novembre 2012
D'abord parce que nos problèmes sont similaires et se ressemblent. Nous avons une trop forte dépendance aux hydrocarbures, vous du côté du producteur, nous du côté du consommateur. Nous avons été tous deux malmenés par la mondialisation ces dernières années et l'apparition d'une nouvelle dominance asiatique. Le Maghreb et l'Europe sont les perdants de cette mondialisation déloyale et doivent se rassembler, s'unir, se donner la main pour rebondir. Je mesure aussi que nous avons en partage les mêmes problèmes vis-à-vis de notre jeunesse. Elle est nombreuse, elle aspire à un avenir, elle a besoin de savoir où elle va. Ici en Algérie comme chez nous en France, cette jeunesse ne veut pas voir son avenir marqué par chômage mais croissance, emploi, travail. C'est le sens de nos rencontres avec mes collègues et homologues algériens.
Comment voyons-nous les choses ? Sous la forme d'une alliance industrielle. Nous aussi comme en Algérie nous cherchons à industrialiser et réindustrialiser. Nous cherchons à redresser et à réindustrialiser car les milliers et les centaines de milliers d'emplois que nous avons perdus de part et d'autre de la Méditerranée sont des emplois qu'il faut reconquérir. Comment allons-nous faire ? Nous associer, agir ensemble. Nous voulons ensemble, la France et l'Algérie, ici, là bas, reconquérir des parts de marché perdus en partageant nos avantages. En faisant en sorte que nous puissions avoir, de part et d'autre, tous nos avantages dans le même panier pour partir à l'assaut des marchés émergents.
Je veux saluer le patronat algérien ici présent, avec qui nous nous comprenons déjà - j'étais venu en tant que député de l'opposition et déjà nous avions noué des contacts et des relations mutuelles. Beaucoup d'entreprises françaises, je crois, ont compris le désir de développement et d'industrialisation de l'Algérie. Donc nous songeons à conclure un pacte de coproduction - ce que nous pourrions produire ensemble, une partie en France une partie en Algérie avec chacun nos avantages - pour être gagnant-gagnant et pour créer des emplois en Algérie, sauver ou créer des emplois en France, des emplois qui seraient perdus au bénéfice d'autres bases industrielles certainement asiatiques. C'est l'esprit dans lequel nous souhaitons désormais travailler. C'est le cadre dans lequel nous allons préparer la visite de François Hollande en Algérie dans les semaines qui viennent et nous espérons avancer sur des propositions concrètes, des projets compréhensifs pour l'opinion publique française et l'opinion publique algérienne. Il est important que cette nouvelle ère se fasse sur un pied d'égalité, c'est-à-dire que nous avancions chacun avec nos atouts et nos faiblesses - nous avons tous des atouts et tous des faiblesses - et surtout que nous nous donnions la main. Voilà l'esprit dans lequel nos deux pays peuvent avancer.
Monsieur le Ministre, vous avez prononcé le mot d'irréversible. Oui, parce que nos deux pays ont une histoire tourmentée, j'en suis moi-même un enfant, un enfant de la France Algérie. Mon grand père était algérien. Ma mère s'appelle de son nom de jeune fille Leila Ould Kadi. Ma mère a rencontré le fils du boucher charcutier dans le département de Saône-et-Loire, où je suis devenu député pendant quinze ans et son président pendant quatre ans. C'est une histoire de France en rapport avec la tragédie algérienne, la guerre d'Algérie. Cela appartient à notre histoire. Et de ces mélanges nous ferons des forces, et pour cela nous pouvons regarder l'avenir ensemble. C'est un voyage politique pour moi mais c'est aussi un voyage affectif.
Q - Je vais directement aller sur le sujet de l'installation d'une usine Renault en Algérie. Où en est ce projet ?
R - Je peux vous dire, en présence de M. Rahmani, que c'est un projet qui fait l'objet d'une négociation au plus haut niveau entre deux entités opérateurs industriels. C'est un projet qui avance très bien et nous sommes parfaitement confiants quant à l'aboutissement de ces négociations. En tout cas, nous l'avons évoqué dans le détail de part et d'autre et de façon positive.
Q - Vous avez évoqué des «propositions concrètes», l'Algérie attend effectivement des propositions concrètes de la part de la France. Pouvons-nous en savoir plus ?
R - Nous avancerons concrètement dans le futur. J'ai dessiné le cadre, c'est-à-dire ce que nous voulons faire ensemble. Et je crois que vous pouvez imaginer ce que cela veut dire. Des alliances industrielles, cela veut dire des alliances compétitives face à la mondialisation. Nous sommes capables d'allier des technologies, une main-d'oeuvre, des savoir-faire et des situations qui nous permettent de prendre des parts de marché à d'autres qui sont soit en train d'empêcher aujourd'hui l'Algérie de s'industrialiser, soit de priver ou d'anéantir l'industrie française. Donc nous pouvons parfaitement imaginer des partenariats où l'on gagne ensemble.
Q - Ma question s'adresse aux deux ministres. Il y a des problèmes concernant la sortie des capitaux (question inaudible, relative au cadre de l'investissement étranger en Algérie)
R - Madame, peut-être que je pourrais ajouter à votre question le fait que le gouvernement français appelle de ses voeux - de la même manière qu'il pense que c'est une bonne politique qu'il y ait des investissements français en Algérie - qu'il y ait des investissements algériens en France. Des investissements croisés qui permettraient de développer nos stratégies de développements industriels mutuels. En France nous avons des problèmes de financement à cause de la crise bancaire européenne. Ici il y a des excédents financiers. Pourquoi ne pouvons-nous pas échanger nos complémentarités ? C'est le sens de ce partenariat industriel, cette alliance industrielle qui peut passer par une intensification des mouvements de capitaux dans un sens comme dans l'autre.
Q - Monsieur Montebourg, vous arrivez en Algérie le jour d'une polémique qui a fait parler de nombreux journaux ici. Est-ce qu'on pourrait avoir la réaction du gouvernement français aux propos et aux gestes de M. Longuet ?
R - Comme vous le savez, nous construisons l'avenir. Cela suppose que tout ce qui entretient la polémique sur le passé fasse l'objet de l'indifférence la plus notoire. Je crois que François Hollande l'a écrit et dit depuis longtemps. Il l'a à nouveau montré dans un certain nombre d'actes mémoriels, nous devons avoir un regard lucide sur notre passé et partagé de surcroît. C'est la raison pour laquelle je n'attacherai pas davantage d'importance à ce qui reste un acte individuel d'un homme qui prend ses propres responsabilités pendant que nous prenons les nôtres, beaucoup plus importantes.
Q - Vous parliez de la préparation de la prochaine visite du président français. Est-ce qu'à cette date là on aura un pacte concret sur la coopération économique ou n'est-ce qu'une étape pour prospecter ? Est-ce qu'il y aura des dossiers sur lesquels il y aura des décisions ou l'on va continuer à réfléchir ?
R - Vous aurez compris que nous travaillons pour concrétiser des projets. Donc je le souhaite, je l'espère et nous ferons en sorte que ce soit le cas.
Q - Dans ce cadre là que devient M Raffarin qui est le Monsieur investissement ?
R - Tout d'abord je remercie M Raffarin avec lequel j'ai préparé cette visite et pour lequel je ferai un rapport. Jean Pierre Raffarin est une personnalité de très haut niveau qui met sa compétence au service de l'amitié entre nos deux pays. Donc il poursuivra sa mission et nous sera d'un grand secours. En tout cas il est avec nous, parmi nous.
Q - Pouvons-nous connaître la date de la venue du président ?
R - C'est une date qui a été décidée et qui sera bientôt exprimée.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 novembre 2012