Texte intégral
Mesdames, messieurs, je suis venu vous parler aujourdhui du redressement économique de la France, la tâche impérieuse à laquelle sest attelé mon gouvernement depuis six mois. Et bien évidemment, je vais le faire en français. Je souhaite remercier chaleureusement la Süddeutsche Zeitung pour son invitation. Je connais lattention qui est portée en Allemagne à la politique économique menée en France. De même, les évolutions en Allemagne sont toujours observées précisément dans mon pays. Cet intérêt croisé est naturel sagissant de deux Etats qui ont décidé de lier leurs destins et qui constituent le moteur dune Europe qui est, plus que jamais, notre avenir à tous. Et lEurope, dans la situation actuelle, a besoin dun moteur, dun moteur puissant et dun cap clair. Redresser léconomie française, voilà quelle est la priorité du président de la République François Hollande et de mon gouvernement depuis six mois. Le retour de la croissance et la réduction du chômage sont notre unique boussole. Cela passe par le désendettement de la France, le retour dun dialogue social apaisé et fructueux et le redressement de notre compétitivité.
Car notre stratégie économique repose sur un constat lucide sur la situation de la France et sur ses atouts. Elle repose aussi sur une méthode nouvelle, le dialogue et la concertation, gages de réformes consensuelles et durables. Elle repose enfin, sur une volonté sans faille de redresser notre pays qui constitue la cohérence de notre action et je voudrais vous en rappeler les principaux jalons.
Dès le 15 mai, il y a tout juste six mois, le président de la République française est venu ici, à Berlin. Il est venu marquer lengagement inébranlable de la France dans lamitié avec lAllemagne et dans la construction européenne. Dès le 15 mai, qui est aussi le jour où jai pris mes fonctions, nous avons travaillé à la stabilisation de la zone euro, qui est la condition première du retour de la croissance en Europe. Le Conseil européen des 28 et 29 juin a constitué un tournant de ce point de vue, avec ladoption du Pacte européen pour la Croissance et lEmploi et la décision de mettre rapidement en place lunion bancaire.
La situation est pour lessentiel stabilisée, mais il nous faut continuer le travail pour consolider lapaisement des tensions. Fort de cette stabilisation de la zone euro, le Parlement français a pu ratifier le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance. Le nouveau gouvernement a ainsi saisi sans attendre, pour prendre ses responsabilités et pour contribuer à la stabilité de la zone euro. Mais nous avons également pris nos responsabilités en nous attaquant résolument à nos propres déficits publics.
Le sérieux budgétaire, qui a guidé notre action depuis lété, constitue dabord un engagement présidentiel qui a été pris devant les Français pendant la campagne électorale et les Français nous ont donné un mandat clair : cesser de reporter sur les générations futures, le poids dune dette en augmentation continue et reconstituer les marges de manoeuvre indispensables à laction publique. Nous sommes conscients que ce redressement des comptes publics est aussi la condition de notre souveraineté.
Dès 2012, dès cette année, le déficit sera réduit à 4,5 % du PIB alors que si rien navait été décidé dès cet été, nous serions à plus de 5 %. Cétait la situation que nous avons trouvée. Ce travail, nous devons le poursuivre et nous respecterons lobjectif de 3% qui a été fixé pour 2013. Leffort engagé est considérable, je dirais même quil est sans précédent mais en tout cas, cest la première étape du retour à léquilibre prévu pour la fin du quinquennat. Cet effort ne peut être accepté que sil est marqué du sceau de la justice, qui est la préoccupation constante du gouvernement que je dirige. Si nous voulons que les Français, nos concitoyens acceptent, les efforts qui sont réels. Et puis en même temps, tout en décidant cette politique, qui est courageuse, nous avons aussi, nous nous sommes donnés les moyens de continuer à financer nos priorités et ces priorités, ce sont des conditions pour la croissance, pour lavenir : léducation et la formation professionnelle, la recherche et la politique de lemploi.
Et pour réussir dans la tâche de redressement qui est la nôtre, il nous faut, en effet, vous lavez rappelé monsieur le président, il nous faut mettre tous les acteurs en mouvement. Et dès le mois de mai dernier, le gouvernement sest employé à recréer les conditions dun véritable dialogue social et à restaurer la confiance entre lEtat et les partenaires sociaux, les employeurs comme les représentants des salariés. Le dialogue social a fait ses preuves depuis longtemps dans votre pays, ici en Allemagne. Il est indispensable pour résoudre les problèmes en profondeur et forger des réformes durables.
Et dès lété, le gouvernement a rassemblé lensemble des partenaires sociaux dans une grande conférence sociale, pour réamorcer ce dialogue au service de la réforme de notre économie, dans le respect aussi de notre modèle social et de nos valeurs communes. La négociation en cours sur le marché du travail constitue un chantier essentiel, pour allier sécurité et capacité dadaptation et danticipation, pour les salariés et pour les entreprises. Jattends beaucoup de cette négociation et qui si elle aboutit, je vous le dis, pour la France, elle constituera un tournant historique dans lorganisation de notre marché du travail.
Stabilisation de la zone euro, rétablissement des comptes publics, renouveau du dialogue social, tous ces éléments constituent un socle nécessaire au redressement de notre économie.
La semaine dernière, le gouvernement a pris des décisions fortes pour restaurer notre compétitivité et remettre en route notre moteur économique. Jai demandé à monsieur Louis Gallois, qui est un industriel reconnu et expérimenté, et bien connu, pas seulement en France, mais aussi en Allemagne et en Europe, un rapport quil ma remis et qui est un diagnostic indépendant, mais sévère sur lévolution de notre économie depuis dix ans et le décrochage réel observé ces dernières années. Il a proposé une série de mesures qui sont fortes, qui sont ambitieuses, qui sont mobilisatrices, et le Gouvernement les a fait siennes et je les ai présentées dès le lendemain, comme la feuille de route, le plan daction du gouvernement.
Les mesures que jai annoncées, sont sans précédent pour la France, par leur ampleur 20 milliards deuros dallègement du coût du travail pour les entreprises soit moins 6 % de la masse salariale. Sans précédent également est le recours assumé pour leur financement à de nouvelles économies en dépenses qui seront le résultat des réformes structurelles ambitieuses qui permettront de rendre laction publique à la fois plus économe de largent des contribuables, mais aussi plus efficace, plus performante. Là réside aussi la modernité du nouveau modèle français, que je souhaite promouvoir. La définition de ces réformes dans le dialogue et dans la durée constitue le chantier de lannée à venir.
Mais la France nest pas seule ! Non, elle nest pas seule ! Aujourdhui, notre action sinscrit évidemment dans le cadre de lEurope et singulièrement dans la relation franco-allemande. 50 ans après la signature du Traité de lElysée, comment serait-il possible doublier, un seul instant, les liens fondamentaux qui relient plus que jamais nos deux pays, qui sont les moteurs de laventure européenne. Eh bien, il nous faut aujourdhui travailler autant que nécessaire au renforcement de ce lien, tant sur le plan politique que dans les domaines économique et industriel. Il nous faut par exemple porter haut lambition dune politique énergétique commune, dune politique industrielle, dune politique de défense, dune politique spatiale, au service de nos deux pays bien sûr, mais comme au service de lEurope toute entière. Car ne nous y trompons pas. LEurope est aujourdhui à un tournant. Nous sommes, nous les Français et nous les Allemands, face à une responsabilité historique, jose ce mot, dans un monde en transformation radicale.
Nous oublions parfois que lEurope est la première puissance économique et commerciale au monde. Et nous avons des responsabilités particulières, nous sommes regardés, nous sommes écoutés, nous sommes attendus, parce quil nest plus acceptable quen Asie, quen Amérique, on sinterroge sur notre propre avenir, sur notre propre destin. Nous devons revenir à un point dancrage dans le monde, nous devons redevenir un point dancrage dans le monde daujourdhui et cesser dêtre un point dinterrogation.
La stabilisation de la situation en Grèce, le redressement rapide de lEspagne, et dans ces deux cas, je dois dire douloureux pour les peuples, il faut en prendre la mesure, mais ce redressement et cette stabilisation cest avec laide des partenaires, c'est-à-dire nous-mêmes et elle doit être une priorité. Oui, nous avons, nous la France et lAllemagne, une responsabilité particulière quant à lavenir et lintégrité de la zone euro. Et je me félicite quau-delà des différences naturelles dappréciation, lensemble des responsables politiques, en France comme en Allemagne, et pas seulement dun bord politique, mais aussi de lautre, soient unis dans la défense de notre monnaie commune et convaincus de notre intérêt à ne jamais remettre en cause son intégrité. Il y a aussi aujourdhui un consensus sur le fait quil ne saurait y avoir dEurope sans croissance, mais il ne saurait y avoir dEurope sans solidarité.
Mais en même temps, il nous faut tourner cette page, que jévoque là. Parce que nous devons aujourdhui passer de lurgence à lavenir. Et nous devons préparer létape suivante. Et létape suivante cest celle de lintégration de la zone euro. Nous devons aller vers une meilleure coordination des politiques économiques, une plus grande convergence budgétaire et fiscale. Les coopérations renforcées doivent être utilisées lorsquelles constituent la voie pour avancer, comme cest le cas pour la taxe sur les transactions financières. Car ce nest pas moins dEurope mais plus dEurope quil nous faut aujourdhui. Plus de solidarité européenne.
Plus dintégration européenne. La zone euro intégrée et solidaire que nous appelons de nos voeux impliquera de nouveaux mécanismes de contrôle démocratique qui soient adaptés, qui tiennent compte de notre histoire, qui tiennent compte de lattente aussi de chacune de nos nations pour que les citoyens de nos deux pays ne voient plus lapprofondissement de la construction européenne comme un obstacle, comme un éloignement mais comme un moyen de leur liberté démocratique. Et si nous voulons que lEurope redevienne populaire parce que malheureusement parfois elle ne lest plus, parfois même plus du tout, il faut quelle soit vécue non pas comme une contrainte, mais comme une espérance, comme un nouveau progrès dans notre histoire commune. Alors il nous faudra être créatif. Il faudra être imaginatif. Il faudra être persuasif. Il faudra être patient aussi et pédagogue. Mais soyons clair la zone euro constitue le champ naturel de cet approfondissement. Mais nous ne pouvons pas et nous ne devons pas nous éloigner pour autant de nos partenaires qui ne sont pas encore dans la zone euro, mais qui ont vocation à la rejoindre bientôt, même si tous nont pas envie de le faire, ne le décideront pas. Mais certains y sont prêts ou sy préparent. Car il existe un rapport dialectique entre le renforcement de la zone euro et lapprofondissement de lunion à 27.
Nopposons pas lun à lautre, prenons lexemple de la Pologne. La Pologne qui commence à 100 km dici. Ce pays que le président de la République française, où il va se rendre demain, constitue pour nous tous un exemple, une référence. Après la disparition du rideau de fer, ce pays a décidé, après quelques hésitations initiales, mais qui peuvent parfaitement se comprendre, daller résolument vers lavant en faisant le choix de lEurope. Et il est aujourdhui devenu lun des piliers de lUnion européenne et rejoindra bientôt, jen suis certain, la zone euro : il ny a donc pas dopposition entre lEurope à 27, la zone euro, la souveraineté nationale, bien au contraire, il y a une vraie complémentarité.
LEurope fait aujourdhui face à de nombreux défis : le rééquilibrage de la croissance mondiale, le changement climatique, une multiplication des enjeux pour la sécurité. Et face à ces défis, nous devons nous placer à lavant garde et ne pas nous replier. Noublions jamais que nous avons mis en place dans la seconde moitié du XXe siècle la construction politique la plus innovante, ayons donc nous responsables politique, en particulier Français et Allemands le courage, le devoir de le dire à chacun de nos peuples, cest la construction, je lai dit la plus innovante, mais aussi la plus moderne qui soit, après la tragédie de la première partie du XXe siècle, cest donc que nous en avons été capables et que partout dans le monde on regarde vers nous ce que nous avons été capables de faire. Donc soyons conscients de cette force, soyons conscients aussi de nos responsabilités et de nos capacités.
Source http://www.gouvernement.fr, le 21 novembre 2012
Car notre stratégie économique repose sur un constat lucide sur la situation de la France et sur ses atouts. Elle repose aussi sur une méthode nouvelle, le dialogue et la concertation, gages de réformes consensuelles et durables. Elle repose enfin, sur une volonté sans faille de redresser notre pays qui constitue la cohérence de notre action et je voudrais vous en rappeler les principaux jalons.
Dès le 15 mai, il y a tout juste six mois, le président de la République française est venu ici, à Berlin. Il est venu marquer lengagement inébranlable de la France dans lamitié avec lAllemagne et dans la construction européenne. Dès le 15 mai, qui est aussi le jour où jai pris mes fonctions, nous avons travaillé à la stabilisation de la zone euro, qui est la condition première du retour de la croissance en Europe. Le Conseil européen des 28 et 29 juin a constitué un tournant de ce point de vue, avec ladoption du Pacte européen pour la Croissance et lEmploi et la décision de mettre rapidement en place lunion bancaire.
La situation est pour lessentiel stabilisée, mais il nous faut continuer le travail pour consolider lapaisement des tensions. Fort de cette stabilisation de la zone euro, le Parlement français a pu ratifier le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance. Le nouveau gouvernement a ainsi saisi sans attendre, pour prendre ses responsabilités et pour contribuer à la stabilité de la zone euro. Mais nous avons également pris nos responsabilités en nous attaquant résolument à nos propres déficits publics.
Le sérieux budgétaire, qui a guidé notre action depuis lété, constitue dabord un engagement présidentiel qui a été pris devant les Français pendant la campagne électorale et les Français nous ont donné un mandat clair : cesser de reporter sur les générations futures, le poids dune dette en augmentation continue et reconstituer les marges de manoeuvre indispensables à laction publique. Nous sommes conscients que ce redressement des comptes publics est aussi la condition de notre souveraineté.
Dès 2012, dès cette année, le déficit sera réduit à 4,5 % du PIB alors que si rien navait été décidé dès cet été, nous serions à plus de 5 %. Cétait la situation que nous avons trouvée. Ce travail, nous devons le poursuivre et nous respecterons lobjectif de 3% qui a été fixé pour 2013. Leffort engagé est considérable, je dirais même quil est sans précédent mais en tout cas, cest la première étape du retour à léquilibre prévu pour la fin du quinquennat. Cet effort ne peut être accepté que sil est marqué du sceau de la justice, qui est la préoccupation constante du gouvernement que je dirige. Si nous voulons que les Français, nos concitoyens acceptent, les efforts qui sont réels. Et puis en même temps, tout en décidant cette politique, qui est courageuse, nous avons aussi, nous nous sommes donnés les moyens de continuer à financer nos priorités et ces priorités, ce sont des conditions pour la croissance, pour lavenir : léducation et la formation professionnelle, la recherche et la politique de lemploi.
Et pour réussir dans la tâche de redressement qui est la nôtre, il nous faut, en effet, vous lavez rappelé monsieur le président, il nous faut mettre tous les acteurs en mouvement. Et dès le mois de mai dernier, le gouvernement sest employé à recréer les conditions dun véritable dialogue social et à restaurer la confiance entre lEtat et les partenaires sociaux, les employeurs comme les représentants des salariés. Le dialogue social a fait ses preuves depuis longtemps dans votre pays, ici en Allemagne. Il est indispensable pour résoudre les problèmes en profondeur et forger des réformes durables.
Et dès lété, le gouvernement a rassemblé lensemble des partenaires sociaux dans une grande conférence sociale, pour réamorcer ce dialogue au service de la réforme de notre économie, dans le respect aussi de notre modèle social et de nos valeurs communes. La négociation en cours sur le marché du travail constitue un chantier essentiel, pour allier sécurité et capacité dadaptation et danticipation, pour les salariés et pour les entreprises. Jattends beaucoup de cette négociation et qui si elle aboutit, je vous le dis, pour la France, elle constituera un tournant historique dans lorganisation de notre marché du travail.
Stabilisation de la zone euro, rétablissement des comptes publics, renouveau du dialogue social, tous ces éléments constituent un socle nécessaire au redressement de notre économie.
La semaine dernière, le gouvernement a pris des décisions fortes pour restaurer notre compétitivité et remettre en route notre moteur économique. Jai demandé à monsieur Louis Gallois, qui est un industriel reconnu et expérimenté, et bien connu, pas seulement en France, mais aussi en Allemagne et en Europe, un rapport quil ma remis et qui est un diagnostic indépendant, mais sévère sur lévolution de notre économie depuis dix ans et le décrochage réel observé ces dernières années. Il a proposé une série de mesures qui sont fortes, qui sont ambitieuses, qui sont mobilisatrices, et le Gouvernement les a fait siennes et je les ai présentées dès le lendemain, comme la feuille de route, le plan daction du gouvernement.
Les mesures que jai annoncées, sont sans précédent pour la France, par leur ampleur 20 milliards deuros dallègement du coût du travail pour les entreprises soit moins 6 % de la masse salariale. Sans précédent également est le recours assumé pour leur financement à de nouvelles économies en dépenses qui seront le résultat des réformes structurelles ambitieuses qui permettront de rendre laction publique à la fois plus économe de largent des contribuables, mais aussi plus efficace, plus performante. Là réside aussi la modernité du nouveau modèle français, que je souhaite promouvoir. La définition de ces réformes dans le dialogue et dans la durée constitue le chantier de lannée à venir.
Mais la France nest pas seule ! Non, elle nest pas seule ! Aujourdhui, notre action sinscrit évidemment dans le cadre de lEurope et singulièrement dans la relation franco-allemande. 50 ans après la signature du Traité de lElysée, comment serait-il possible doublier, un seul instant, les liens fondamentaux qui relient plus que jamais nos deux pays, qui sont les moteurs de laventure européenne. Eh bien, il nous faut aujourdhui travailler autant que nécessaire au renforcement de ce lien, tant sur le plan politique que dans les domaines économique et industriel. Il nous faut par exemple porter haut lambition dune politique énergétique commune, dune politique industrielle, dune politique de défense, dune politique spatiale, au service de nos deux pays bien sûr, mais comme au service de lEurope toute entière. Car ne nous y trompons pas. LEurope est aujourdhui à un tournant. Nous sommes, nous les Français et nous les Allemands, face à une responsabilité historique, jose ce mot, dans un monde en transformation radicale.
Nous oublions parfois que lEurope est la première puissance économique et commerciale au monde. Et nous avons des responsabilités particulières, nous sommes regardés, nous sommes écoutés, nous sommes attendus, parce quil nest plus acceptable quen Asie, quen Amérique, on sinterroge sur notre propre avenir, sur notre propre destin. Nous devons revenir à un point dancrage dans le monde, nous devons redevenir un point dancrage dans le monde daujourdhui et cesser dêtre un point dinterrogation.
La stabilisation de la situation en Grèce, le redressement rapide de lEspagne, et dans ces deux cas, je dois dire douloureux pour les peuples, il faut en prendre la mesure, mais ce redressement et cette stabilisation cest avec laide des partenaires, c'est-à-dire nous-mêmes et elle doit être une priorité. Oui, nous avons, nous la France et lAllemagne, une responsabilité particulière quant à lavenir et lintégrité de la zone euro. Et je me félicite quau-delà des différences naturelles dappréciation, lensemble des responsables politiques, en France comme en Allemagne, et pas seulement dun bord politique, mais aussi de lautre, soient unis dans la défense de notre monnaie commune et convaincus de notre intérêt à ne jamais remettre en cause son intégrité. Il y a aussi aujourdhui un consensus sur le fait quil ne saurait y avoir dEurope sans croissance, mais il ne saurait y avoir dEurope sans solidarité.
Mais en même temps, il nous faut tourner cette page, que jévoque là. Parce que nous devons aujourdhui passer de lurgence à lavenir. Et nous devons préparer létape suivante. Et létape suivante cest celle de lintégration de la zone euro. Nous devons aller vers une meilleure coordination des politiques économiques, une plus grande convergence budgétaire et fiscale. Les coopérations renforcées doivent être utilisées lorsquelles constituent la voie pour avancer, comme cest le cas pour la taxe sur les transactions financières. Car ce nest pas moins dEurope mais plus dEurope quil nous faut aujourdhui. Plus de solidarité européenne.
Plus dintégration européenne. La zone euro intégrée et solidaire que nous appelons de nos voeux impliquera de nouveaux mécanismes de contrôle démocratique qui soient adaptés, qui tiennent compte de notre histoire, qui tiennent compte de lattente aussi de chacune de nos nations pour que les citoyens de nos deux pays ne voient plus lapprofondissement de la construction européenne comme un obstacle, comme un éloignement mais comme un moyen de leur liberté démocratique. Et si nous voulons que lEurope redevienne populaire parce que malheureusement parfois elle ne lest plus, parfois même plus du tout, il faut quelle soit vécue non pas comme une contrainte, mais comme une espérance, comme un nouveau progrès dans notre histoire commune. Alors il nous faudra être créatif. Il faudra être imaginatif. Il faudra être persuasif. Il faudra être patient aussi et pédagogue. Mais soyons clair la zone euro constitue le champ naturel de cet approfondissement. Mais nous ne pouvons pas et nous ne devons pas nous éloigner pour autant de nos partenaires qui ne sont pas encore dans la zone euro, mais qui ont vocation à la rejoindre bientôt, même si tous nont pas envie de le faire, ne le décideront pas. Mais certains y sont prêts ou sy préparent. Car il existe un rapport dialectique entre le renforcement de la zone euro et lapprofondissement de lunion à 27.
Nopposons pas lun à lautre, prenons lexemple de la Pologne. La Pologne qui commence à 100 km dici. Ce pays que le président de la République française, où il va se rendre demain, constitue pour nous tous un exemple, une référence. Après la disparition du rideau de fer, ce pays a décidé, après quelques hésitations initiales, mais qui peuvent parfaitement se comprendre, daller résolument vers lavant en faisant le choix de lEurope. Et il est aujourdhui devenu lun des piliers de lUnion européenne et rejoindra bientôt, jen suis certain, la zone euro : il ny a donc pas dopposition entre lEurope à 27, la zone euro, la souveraineté nationale, bien au contraire, il y a une vraie complémentarité.
LEurope fait aujourdhui face à de nombreux défis : le rééquilibrage de la croissance mondiale, le changement climatique, une multiplication des enjeux pour la sécurité. Et face à ces défis, nous devons nous placer à lavant garde et ne pas nous replier. Noublions jamais que nous avons mis en place dans la seconde moitié du XXe siècle la construction politique la plus innovante, ayons donc nous responsables politique, en particulier Français et Allemands le courage, le devoir de le dire à chacun de nos peuples, cest la construction, je lai dit la plus innovante, mais aussi la plus moderne qui soit, après la tragédie de la première partie du XXe siècle, cest donc que nous en avons été capables et que partout dans le monde on regarde vers nous ce que nous avons été capables de faire. Donc soyons conscients de cette force, soyons conscients aussi de nos responsabilités et de nos capacités.
Source http://www.gouvernement.fr, le 21 novembre 2012