Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
C'est pour moi un plaisir et un honneur d'être aujourd'hui à vos côtés à Tunis, à l'occasion de la 24e édition des Journées cinématographiques de Carthage. Je remercie très chaleureusement les organisateurs pour leur accueil et pour la qualité de leur programmation.
Cinéastes, réalisateurs, professionnels du secteur, vous jouez ce rôle majeur de passeurs de rêves, mais également de vigies, alors que se dessine aujourd'hui le nouveau visage de la Tunisie.
Permettez-moi de vous dire qu'en devenant ministre de la francophonie, je n'ai pas laissé mon combat de réalisatrice à la porte de mon ministère.
Pour moi, la francophonie, c'est défendre et promouvoir une langue qui a fait sa mutation. Débarrassée des oripeaux du colonialisme, elle est aujourd'hui égalitaire et elle transmet les valeurs universelles qui fondent les droits de l'Homme.
La langue française n'appartient plus à la France seulement. Elle appartient au monde francophone. C'est une langue solidaire. C'est une langue qui se parle à hauteur d'hommes. C'est une langue africaine, c'est une langue du Maghreb et c'est une langue dont je suis fière aujourd'hui de porter les couleurs devant vous.
Je voudrais commencer par saluer cet extraordinaire vivier - la section nouvellement créée «Écrans d'avenir», dédiée aux jeunes réalisateurs et aux projets innovants. Vous êtes le plus bel exemple du dynamisme du cinéma tunisien. Et on ne compte plus les festivals, les projections, les tournages - 100 productions depuis la Révolution ! - l'incroyable élan de créativité de ceux qui cherchent à tout prix à saisir la réalité, à montrer l'histoire en train de se faire, dans la liberté de parole et de ton retrouvée.
Permettez-moi également de saluer avec beaucoup d'émotion et de respect la figure et la mémoire de Tahar Cheriaa, qui fut le Directeur de la première édition des Journées cinématographiques de Carthage, le plus ancien des festivals de cinéma du Sud. L'édition 2012 est, à cet égard, particulière et symbolique puisque c'est la première édition après la Révolution. Nous avons là un devoir citoyen à l'égard de cette parole libre, conquise sur cette même avenue Bourguiba en janvier 2011. Nous avons un devoir envers ces hommes et ces femmes qui ont dit, en français aussi, «Dégage» à l'oppression et à la tyrannie.
Je n'oublie pas cela. Mais je n'oublie pas non plus l'histoire si riche d'un festival qui au fil des éditions a su préserver son identité arabo-africaine et servir utilement la promotion des cinématographies du continent africain, tout en s'ouvrant aux images du monde. Les Tanit d'or, d'argent et de bronze ont rendu justice et mis légitimement en lumière les oeuvres de Youssef Chahine, Idrissa Ouedraogo, Merzak Allouache, Souleymane Sissé - dont les JCC proposent cette année une très belle rétrospective - Nouri Bouzid, Férid Boughédir, Abdellatif ben Ammar ou encore Moufida Tlatli, Flora Gomès, Gaston Kaboré... La liste serait longue...
Des films, partie intégrante de la mémoire collective aujourd'hui, comme «Halfaouine, l'enfant des terrasses», «Dolé», «Les Silences du Palais», «L'Homme de cendres», «Le Vent», ou encore «Salut cousin» ont été découverts ici même, aux JCC.
Ces films ont presque tous bénéficié du Fonds Sud, car la politique culturelle et l'action internationale de la France ont toujours été de défendre et promouvoir, au-delà des cinéastes français, le travail et la production des cinéastes du monde. Cette année, le Fonds Sud est devenu «Aide aux Cinémas du Monde», avec un budget augmenté, 6 millions euro annuels, malgré un contexte économique que vous savez difficile, parce que nous sommes attachés par-dessus tout à cette ouverture au monde, aux cinémas du monde.
L'aide aux cinémas du monde, cogérée par le Centre national de la cinématographie et de l'image animée (CNC) et par l'Institut français est née d'une volonté politique d'offrir un point d'entrée unique aux cinéastes du monde entier. Elle vise à rendre plus ouverte, plus attrayante et plus simple aussi le travail des cinéastes de toutes nationalités et des professionnels français du cinéma, en vue de leur permettre le montage de coproductions, vecteurs de promotion d'une diversité culturelle concrète, en actes et en oeuvres.
Ce nouveau dispositif tient bien évidemment compte des mutations du secteur cinématographique et s'est appuyé sur l'ensemble des remarques et suggestions que vous avez pu faire. En effet, il s'agit désormais d'un véritable fonds de coproduction, qui engage le coproducteur français à porter vos films le plus loin possible.
Des dispositions ont également été prises pour préserver les intérêts des pays aux cinématographies les plus fragiles, leur permettant ainsi de bénéficier d'un soutien destiné à leur affirmation et leur développement, comme vous le confirmera tout à l'heure sa présidente, Dora Bouchoucha, que vous connaissez bien et que je salue avec amitiés.
Je ne peux prendre la parole devant vous sans vous exprimer toute ma joie de savoir que la Tunisie a créé son centre du cinéma et de l'Image et pour vous assurer que la France, à travers son CNC apportera toute l'expertise qui lui sera demandée. Autre sujet de grande satisfaction, le choix de la Tunisie d'accueillir le siège du Fonds panafricain pour le cinéma et l'audiovisuel, et j'invite tous les États africains à concrétiser leur participation à ce fonds.
Enfin, je forme le voeu de pouvoir découvrir toujours plus de films tunisiens sur les écrans du monde, et en particulier du monde francophone, mais aussi dans des salles tunisiennes que j'espère voir rapidement équipées en numérique. Je serais par exemple très heureuse de voir le premier long métrage Walid Tayaa, qui a, dès cette année bénéficié de l'aide aux cinémas du monde pour son projet «Fataria, Sommet arabe», produit par Propaganda Productions.
Je laisse à Dora Bouchoucha, présidente de l'aide aux cinémas du monde, et à Valérie Mouroux, directrice du département cinéma de l'Institut français, le soin de vous présenter ce fonds de manière opératoire et détaillée. Je vous remercie pour votre accueil.
Vive les cinémas du monde.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 novembre 2012
C'est pour moi un plaisir et un honneur d'être aujourd'hui à vos côtés à Tunis, à l'occasion de la 24e édition des Journées cinématographiques de Carthage. Je remercie très chaleureusement les organisateurs pour leur accueil et pour la qualité de leur programmation.
Cinéastes, réalisateurs, professionnels du secteur, vous jouez ce rôle majeur de passeurs de rêves, mais également de vigies, alors que se dessine aujourd'hui le nouveau visage de la Tunisie.
Permettez-moi de vous dire qu'en devenant ministre de la francophonie, je n'ai pas laissé mon combat de réalisatrice à la porte de mon ministère.
Pour moi, la francophonie, c'est défendre et promouvoir une langue qui a fait sa mutation. Débarrassée des oripeaux du colonialisme, elle est aujourd'hui égalitaire et elle transmet les valeurs universelles qui fondent les droits de l'Homme.
La langue française n'appartient plus à la France seulement. Elle appartient au monde francophone. C'est une langue solidaire. C'est une langue qui se parle à hauteur d'hommes. C'est une langue africaine, c'est une langue du Maghreb et c'est une langue dont je suis fière aujourd'hui de porter les couleurs devant vous.
Je voudrais commencer par saluer cet extraordinaire vivier - la section nouvellement créée «Écrans d'avenir», dédiée aux jeunes réalisateurs et aux projets innovants. Vous êtes le plus bel exemple du dynamisme du cinéma tunisien. Et on ne compte plus les festivals, les projections, les tournages - 100 productions depuis la Révolution ! - l'incroyable élan de créativité de ceux qui cherchent à tout prix à saisir la réalité, à montrer l'histoire en train de se faire, dans la liberté de parole et de ton retrouvée.
Permettez-moi également de saluer avec beaucoup d'émotion et de respect la figure et la mémoire de Tahar Cheriaa, qui fut le Directeur de la première édition des Journées cinématographiques de Carthage, le plus ancien des festivals de cinéma du Sud. L'édition 2012 est, à cet égard, particulière et symbolique puisque c'est la première édition après la Révolution. Nous avons là un devoir citoyen à l'égard de cette parole libre, conquise sur cette même avenue Bourguiba en janvier 2011. Nous avons un devoir envers ces hommes et ces femmes qui ont dit, en français aussi, «Dégage» à l'oppression et à la tyrannie.
Je n'oublie pas cela. Mais je n'oublie pas non plus l'histoire si riche d'un festival qui au fil des éditions a su préserver son identité arabo-africaine et servir utilement la promotion des cinématographies du continent africain, tout en s'ouvrant aux images du monde. Les Tanit d'or, d'argent et de bronze ont rendu justice et mis légitimement en lumière les oeuvres de Youssef Chahine, Idrissa Ouedraogo, Merzak Allouache, Souleymane Sissé - dont les JCC proposent cette année une très belle rétrospective - Nouri Bouzid, Férid Boughédir, Abdellatif ben Ammar ou encore Moufida Tlatli, Flora Gomès, Gaston Kaboré... La liste serait longue...
Des films, partie intégrante de la mémoire collective aujourd'hui, comme «Halfaouine, l'enfant des terrasses», «Dolé», «Les Silences du Palais», «L'Homme de cendres», «Le Vent», ou encore «Salut cousin» ont été découverts ici même, aux JCC.
Ces films ont presque tous bénéficié du Fonds Sud, car la politique culturelle et l'action internationale de la France ont toujours été de défendre et promouvoir, au-delà des cinéastes français, le travail et la production des cinéastes du monde. Cette année, le Fonds Sud est devenu «Aide aux Cinémas du Monde», avec un budget augmenté, 6 millions euro annuels, malgré un contexte économique que vous savez difficile, parce que nous sommes attachés par-dessus tout à cette ouverture au monde, aux cinémas du monde.
L'aide aux cinémas du monde, cogérée par le Centre national de la cinématographie et de l'image animée (CNC) et par l'Institut français est née d'une volonté politique d'offrir un point d'entrée unique aux cinéastes du monde entier. Elle vise à rendre plus ouverte, plus attrayante et plus simple aussi le travail des cinéastes de toutes nationalités et des professionnels français du cinéma, en vue de leur permettre le montage de coproductions, vecteurs de promotion d'une diversité culturelle concrète, en actes et en oeuvres.
Ce nouveau dispositif tient bien évidemment compte des mutations du secteur cinématographique et s'est appuyé sur l'ensemble des remarques et suggestions que vous avez pu faire. En effet, il s'agit désormais d'un véritable fonds de coproduction, qui engage le coproducteur français à porter vos films le plus loin possible.
Des dispositions ont également été prises pour préserver les intérêts des pays aux cinématographies les plus fragiles, leur permettant ainsi de bénéficier d'un soutien destiné à leur affirmation et leur développement, comme vous le confirmera tout à l'heure sa présidente, Dora Bouchoucha, que vous connaissez bien et que je salue avec amitiés.
Je ne peux prendre la parole devant vous sans vous exprimer toute ma joie de savoir que la Tunisie a créé son centre du cinéma et de l'Image et pour vous assurer que la France, à travers son CNC apportera toute l'expertise qui lui sera demandée. Autre sujet de grande satisfaction, le choix de la Tunisie d'accueillir le siège du Fonds panafricain pour le cinéma et l'audiovisuel, et j'invite tous les États africains à concrétiser leur participation à ce fonds.
Enfin, je forme le voeu de pouvoir découvrir toujours plus de films tunisiens sur les écrans du monde, et en particulier du monde francophone, mais aussi dans des salles tunisiennes que j'espère voir rapidement équipées en numérique. Je serais par exemple très heureuse de voir le premier long métrage Walid Tayaa, qui a, dès cette année bénéficié de l'aide aux cinémas du monde pour son projet «Fataria, Sommet arabe», produit par Propaganda Productions.
Je laisse à Dora Bouchoucha, présidente de l'aide aux cinémas du monde, et à Valérie Mouroux, directrice du département cinéma de l'Institut français, le soin de vous présenter ce fonds de manière opératoire et détaillée. Je vous remercie pour votre accueil.
Vive les cinémas du monde.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 novembre 2012