Texte intégral
Monsieur le Président, mon cher Alain,
Mesdames, Messieurs,
Je viens de passer ici, en Aquitaine, une après-midi remarquable.
La visite d'Actéon, cette Entreprise de Taille Intermédiaire qui réalise 80% de son chiffres d'affaires à l'export, la découverte de ce
premier salon Aquitaine Export, auquel je peux, sans grand risque d'erreur, prédire un bel avenir vu son succès, la rencontre et le débat, franc, direct, avec les entreprises…sont autant d'initiatives qui nourrissent mon action. Je vous en remercie, Monsieur le Président, cher Alain.
Le contact avec les élus, les entreprises, les chefs d'entreprises et les salariés est vital pour le Gouvernement. Je m'attache à visiter régulièrement les Régions de France, à rencontrer les entrepreneurs. Je me méfie des politiques désincarnées ; bien souvent, elles se heurtent aux faits, aux besoins du terrain, au réel.
Je suis venue ici confronter ma stratégie pour l'export français à celle des acteurs qui, au quotidien, le réalisent.
Chaque rencontre me permet, alors que je présenterai le 3 décembre mes priorités d'action et les couples offres commerciales françaises / cibles pays que nous avons identifiés (47 pays prioritaires), d'améliorer, de peaufiner les dispositifs que j'entends mettre en oeuvre.
L'export se joue et se gagne ici, en France.
1/ C'est pour cela que je m'appuie sur les Régions.
Pourquoi ? Parce qu'elles sont les collectivités idoines, celles auxquelles leurs compétences, leur proximité avec le tissu productif, la part active qu'elles prennent dans les pôles de compétitivité permettent d'endosser ce rôle.
L'Etat, l'Etat moderne, l'Etat décentralisé que nous prétendons incarner entend occuper une position de stratège. C'est mon rôle de piloter l'action de la France, de fixer le cap, c'est aussi mon rôle de confier à ceux qui ont la compétence en matière d'économie, d'aménagement et d'innovation, la mise en oeuvre des grandes orientations que nous arrêtons.
J'ai proposé aux Présidents de Régions le rôle de pilotes. Ils ont accepté cette responsabilité. Ensemble, à l'Elysée, nous avons pris deux engagements :
- faire progresser de 10 000 le nombre de PME et ETI exportatrices en trois ans et oeuvrer à l'accroissement du CA export des entreprises déjà présentes à l'international;
- installer l'export dans la durée avec l'adoption, dans chaque Région, d'un Plan Régional d'Internationalisation des Entreprises.
Je tiens à souligner la qualité de la relation de travail qui nous unit, avec les Présidents de Région. L'Acte III de la décentralisation devra confirmer leur rôle en matière de développement économique mais déjà, les Régions jouent, à mes côtés, le jeu d'une meilleure organisation de l'export français.
Nous travaillons ensemble à l'élaboration de la politique de l'internationalisation des entreprises françaises dans les territoires.
Le comité de liaison que nous avons mis en oeuvre se réunit et travaille activement.
Je souhaite qu'Ubifrance soit positionnée comme un partenaire opérationnel des Régions. Là où les Présidents de Région le souhaitent et accueillent favorablement le rôle d'Ubifrance dans l'accompagnement des sociétés repérées localement, des équipes de l'Agence pourraient être accueillies au sein des services régionaux.
Si la Région organise l'export sur son territoire, elle doit pouvoir oeuvrer avec tous ses partenaires et utiliser toutes les compétences.
2 / le rôle de la BPI
Cette nécessité de travailler ensemble, je la retrouve aussi dans l'organisation future des guichets régionaux de la BPI et la nécessité pour la Banque d'oeuvrer en étroite liaison avec les Régions.
Je souhaite que les Régions et la BPI travaillent à la création des plates-formes d'accueil communes des entreprises. Les modalités de constitution de ces réseaux régionaux d'accueil des PME et des ETI seront définies avec souplesse, au choix des Régions, à l'issue de leurs discussions avec le Gouvernement et les dirigeants de la BPI.
Prochainement, je rencontrerai Monsieur DUFOURCQ, préfigurateur de la Banque Publique d'Investissement et je lui indiquerai qu'il est nécessaire de démocratiser les financements à l'export pour qu'ils soient accessibles aux PME innovantes et aux ETI indépendantes.
Je lui indiquerai aussi qu'il est nécessaire de mobiliser des financements en capital pour assurer des fonds propres solides aux entreprises.
Le rôle d'orientation et de mobilisation des entreprises à l'export, que j'entends confier aux Régions, est pour moi essentiel, tout comme l'est le conseil à l'export des entreprises que j'entends mettre en place au travers des développeurs à l'international issus d'Ubifrance et placés au sein des guichets uniques afin de conforter les synergies.
Je souhaite que nous allions vite quitte à démarrer par quelques Régions et à étendre ensuite notre réseau.
Cela est cohérent avec le Pacte national pour la croissance et l'emploi qui prévoit l'accompagnement personnalisé à l'international de 1000 ETI indépendantes et PME de croissance dans le cadre de la BPI.
J'ai demandé à Ubifrance de proposer des plans d'action triennaux aux entreprises. C'est une nouvelle approche de l'internationalisation des entreprises.
Ubifrance ira au devant de 1000 entreprises stratégiques pour proposer des services non plus génériques mais adaptés aux entreprises, à leurs secteurs, à leurs besoins, du sur mesure en quelque sorte. L'agence s'inscrira dans le moyen terme pour permettre aux entreprises de s'installer dans les pays et d'y prospérer.
3 / les couples pays/produits et les filièresOrganiser l'export depuis les territoires ne fait pas sens si nous nous avérons incapables d'organiser notre déploiement dans les pays étrangers.
J'ai évoqué l'étude qui couple les priorités filières et pays. Quatre grandes familles de produits et services (l'agroalimentaire, la santé et le bien être, la ville durable, le numérique) sont identifiées et nous permettent de reconquérir et de conquérir des parts de marché. Dans les 47 pays identifiés, nous saurons les produits qui sont nécessaires sur des marchés où émergent, de plus en plus nombreuses, des classes moyennes.
4 / l'accompagnement à l'étranger
Ce choix de priorités géographiques et sectorielles n'a de sens que si nous décidons d'implanter et de développer, dans ces pays porteurs, des courants d'affaires durables. Nous avons trop longtemps focalisé notre attention sur l'exportation seule, négligeant cette triste réalité : 7 entreprises sur 10 qui exportent en année N ne le font plus trois années plus tard.
L'une des avancées essentielles du travail que nous avons entamé avec les Présidents de Région et l'Association des Régions de France, c'est l'inscription dans la durée des entreprises exportatrices. Il faut, pour conquérir durablement un marché, compter avec le temps et être accompagné sur le moyen terme.
5 / l'action internationale
Car nos entreprises peuvent gagner dans la mondialisation, et la France y trouver sa place. Pour cela, il faut qu'elles jouent à armes égales avec leurs concurrentes d'autres pays.
C'est le sens de l'action que je mène pour la réciprocité effective des échanges L'Europe a été trop souvent pour le moins naïve. Elle a ouvert ses marchés sans exiger de contreparties pour nos entreprises.
Un Conseil européen des Ministres du Commerce Extérieur très important se tient le 29 novembre. J'y défendrai la position de notre pays qui motivera sa signature des futurs Accords de Libre-Echange.
Nous fixons 4 conditions sine qua non : la réciprocité effective de l'accès aux marchés, et aux marchés publics, un haut niveau de responsabilité sociale et environnementale, des perspectives positives pour l'emploi et une possibilité réelle de restreindre temporairement l'ouverture de marchés stratégiques qui subiraient un brutal déséquilibre.
6 / Pacte pour la compétitivité et l'emploi
Ces négociations commerciales sont d'autant plus essentielles que le Gouvernement vient, avec le Pacte pour la compétitivité et l'emploi, de livrer aux entreprises françaises, en particulier aux PME et aux ETI, des armes pour affronter la concurrence.
D'abord, par la baisse des coûts du travail. Le Crédit d'Impôt pour la Compétitivité et l'Emploi sera effectif en 2014. Il permettra une baisse de 6% des coûts salariaux pour près de 85 % des salariés français. Ce sont 300 000 emplois qui seront ainsi créés.
Au-delà, le Gouvernement a pris l'engagement de stabiliser, pour cinq ans, cinq dispositifs fiscaux clés pour l'investissement et la vie des entreprises, dont le Crédit Impôt Recherche, que nous avons décidé d'étendre à l'innovation. Dans le même temps, nous engageons la simplification dès 2013 de cinq démarches administratives essentielles.
Le Pacte fixe aussi un objectif de mobilisation de la jeunesse à l'international. Il renforce le dispositif des Volontaires Internationaux dans les Entreprises. Ils sont aujourd'hui 7 400, ils seront 9 000.
La BPI, je l'évoquais tout à l'heure, permettra l'amélioration du financement des entreprises. Elle comprendra un volet export dès sa mise en oeuvre, qui gèrera les financements pour l'export et leur simplification pour les PME.
Dès la loi de finances rectificatives du mois de décembre, ces financements export connaitront un début de réforme, avec notamment la mise en place d'un mécanisme de refinancement des crédits à l'export.
J'irai plus loin : nous instaurerons un mécanisme de refinancement direct des entreprises à l'exportation dès lors qu'elles seront en concurrence avec des entreprises dont les pays se sont dotés de cet atout compétitif (Allemagne, Italie, Suède, Finlande en Europe).
L'épargne des Français, nous la dirigerons vers l'économie productive et mettrons en place une nouvelle bourse pour les PME en 2013.
Ce Pacte a été bien accueilli par les acteurs de l'économie, organisations patronales et des salariés qui, ensemble, créent la richesse de ce pays.
Ce que nous proposons aux Français, c'est une voie moderne qui permette d'inscrire la France dans la mondialisation tout en renouvelant le modèle social français. Une nouvelle alliance.
L'Aquitaine, sixième Région française à en termes de PIB, 12ème à l'export mais forte d'un solde commercial positif, a tout son rôle à jouer pour que la France renoue avec son dynamisme et retrouve son rang. Je sais combien vous êtes, Monsieur le Président, mon cher Alain, mobilisé aux côtés du Gouvernement pour que la Région Aquitaine, et l'ensemble des Régions, prennent toute leur place dans le relèvement de notre économie.
C'est un pari audacieux. Partageons-le ensemble pour le bien de la France et des Français.
Source http://www.commerce-exterieur.gouv.fr, le 21 novembre 2012