Déclaration commune des ministres français et italien de la défense, sur la coopération militaire franco-italienne, à Lyon le 3 décembre 2012.

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Circonstance : Sommet franco-italien, à Lyon (Rhône) le 3 décembre 2012

Texte intégral

Conformément aux orientations pour la Défense définies, ce jour, par les Présidents de la République et du Conseil de nos deux pays, nous nous réjouissons de présenter une « feuille de route » donnant une nouvelle impulsion à notre relation bilatérale de défense, d’ores et déjà particulièrement dense. Ces projets permettront de renforcer les capacités de défense européennes, selon une dynamique ouverte aux autres partenaires européens partageant les mêmes objectifs.
Nous nous félicitons de la participation italienne aux travaux du livre blanc français sur la défense et la sécurité nationale, signe tangible de la qualité de la coopération stratégique et opérationnelle entre les défenses de nos deux pays.
Coopération dans le domaine de l’armement et collaborations des industries de défense :
Nous notons avec satisfaction les résultats de la revue de coopération effectuée par les deux Directeurs nationaux de l’armement (DNA), issus d’une longue et fructueuse collaboration. Nous nous félicitons des nouvelles perspectives identifiées, qui concernent des secteurs stratégiques pour l’avenir de l’Europe :
- la défense aérienne, avec, à court terme, une coopération sur les évolutions du missile Aster 30 et des systèmes associés, et, à plus long terme, la poursuite des échanges visant à développer, à partir de nos compétences technologiques respectives dans le domaine, une composante européenne pour la future défense antimissile balistique ;
- les communications tactiques du futur, pour lesquelles une coordination franco-italienne permettra de définir une approche européenne en matière de radio-logicielle ;
- le domaine spatial, puisqu’il s’agit de préparer, pour l’horizon 2020, les futures capacités de communications par satellites (sécurisées ou duales) et les nouvelles générations de satellites d’observation de la Terre (optique et radar).
Nous donnons mandat aux deux Directeurs nationaux de l’armement (DNA) de préparer, dans les trois prochains mois, des propositions pour :
- faire avancer les projets susmentionnés en recherchant, en tant que de besoin, des partenaires européens partageant les mêmes objectifs que la France et l’Italie;
- explorer les possibilités de collaboration dans le domaine des drones aériens ;
- favoriser de nouvelles formes de coopération industrielle, dans les secteurs d’excellence de nos industries de défense respectives, dans la perspective de consolider une base industrielle commune et de renforcer sa compétitivité ;
- évaluer l’opportunité de lancer de nouveaux projets de « recherche & développement technologique » (R&D) dans un cadre européen, la France et l’Italie étant parmi les plus importants contributeurs dans les projets de ce type portés par l’Agence Européenne de Défense ;
- de concert avec les Chefs d’Etat-Major des Armées respectifs, dresser un inventaire des capacités que la France et l’Italie pourraient mettre en commun, rechercher des convergences de besoins et de calendriers d’acquisition de matériels de défense en vue de proposer des programmes conjoints et afin d’en réduire le coût.
Coopération des forces armées :
Nous saluons la qualité de la coopération opérationnelle franco-italienne, nourrie par de nombreux engagements communs dans les opérations des Nations Unies, de l’Alliance atlantique et de l’Union européenne (Afghanistan, Liban, Kosovo, Corne de l’Afrique, Sahel, Libye), ainsi que par de multiples exercices bilatéraux.
Nous notons avec satisfaction les résultats des échanges entre nos états-majors, qui ont amorcé de nouveaux projets bilatéraux, destinés à renforcer l’interopérabilité entre chacune de nos trois Armées.
Ainsi, s’agissant de nos Armées de Terre, nous nous félicitons :
- des avancées de l’état-major non permanent de la brigade alpine franco-italienne (entre la brigade alpine Taurinense et la 27ème Brigade d’infanterie de montagne française), qui a vocation, au terme du cycle de validation de sa valeur opérationnelle défini jusqu’en 2014, à être projetée à partir de 2015 dans le cadre de missions sous l’égide de l’Union européenne, de l’Alliance atlantique ou des Nations Unies, sur un théâtre d’intérêt commun dans la « Méditerranée élargie » ;
- du développement d’activités conjointes autour de l’hélicoptère NH90 (entraînement, échange de personnels, activités conjointes à bord, soutien de la flotte, retours d’expériences logistiques et techniques) ;
- du projet de cursus harmonisés entre nos cours d’état-major dans la perspective d’un échange d’élèves officiers.
S’agissant de nos Marines, nous encourageons :
- l’échange d’informations d’intérêt entre nos forces sous-marines, afin d’accroître la coopération visant à réduire le risque d’activités illicites en mer, à protéger la navigation marchande et à sauvegarder les intérêts nationaux et internationaux par l’échange éventuel de données de nature technico-opérationnelle dans le domaine sous-marins;
- la coopération renforcée entre nos groupes aéronavals (pérennisation d’un exercice structurant commun selon un rythme annuel, insertion d’unités de l’autre nationalité au groupe d’escorte de nos porte-avions) ;
- la synchronisation des cycles d’entraînement de nos Marines.
S’agissant de nos Armées de l’Air, nous sommes mobilisés pour :
- renforcer la capacité de ravitaillement en vol européenne, qui pourra être utilisée dans le cadre de l’Union européenne ou dans celui de l’OTAN ;
- travailler conjointement, de concert avec les autorités civiles compétentes, sur les aspects juridiques et opérationnels de la création de couloirs aériens transfrontaliers permettant la circulation des drones militaires de surveillance entre nos deux pays sur une base de réciprocité et de communauté de vecteur ;
- poursuivre les échanges de personnels, notamment dans le domaine de la formation des pilotes de chasse.
De plus, à l’instar des projets menés conjointement pour le soutien médical en opérations, nous continuerons à donner une impulsion commune au développement de capacités mutuelles portées parallèlement par l’Union européenne et par l’OTAN, selon une logique de complémentarité entre ces deux organisations.
Mise en œuvre de la « feuille de route » :
La rencontre ministérielle prévue en avril 2013 à Rome permettra aux Chefs d’Etat-Major des Armées et aux Directeurs nationaux de l’armement (DNA) de nous présenter un point d’avancement de la feuille de route et des travaux dont nous les mandatons aujourd’hui. Le rapport final est attendu pour le CFIDS à l’été 2013.
Cette rencontre pourra également constituer l’occasion de concrétiser certains projets opérationnels bilatéraux.
Plus largement, nous sommes convaincus que la fréquence de nos rencontres bilatérales et de celles des hautes autorités de nos ministères permettra de donner à la relation franco-italienne toute la mesure de sa dimension européenne. Nous nous félicitons que notre relation bilatérale de défense ait le potentiel nécessaire pour jouer un rôle d’impulsion pour renforcer les volets capacitaire et opérationnel de la Politique de Défense et de Sécurité Commune.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 6 décembre 2012