Déclaration de M. Thierry Repentin, ministre de la formation professionnelle et de l'apprentissage, sur les emplois d'avenir et l'emploi des jeunes, Paris le 21 novembre 2012.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Thierry Repentin - Ministre de la formation professionnelle et de l'apprentissage

Circonstance : Signature et parrainage d'emploi d'avenir à Paris le 21 novembre 2012

Texte intégral

Le Gouvernement de Jean-Marc AYRAULT a engagé depuis six mois la bataille contre le chômage. C’est une bataille rude, exigeante mais nous la menons sans merci et avec toutes les forces vives de la Nation.
Les emplois d’avenir sont, pourrait-on dire, la première charge contre le chômage. Nous n’avons pas perdu de temps car les hommes et les femmes à la recherche d’un emploi, les familles qui peinent à boucler leur fin de mois, n’en peuvent plus d’attendre. Aussitôt la loi votée au Parlement, les décrets d’application ont été publiés, le 30 octobre dernier les premières conventions cadres avec les employeurs ont été signées à Matignon, le 2 novembre le dispositif est entré en vigueur et le 8 novembre les premiers emplois d’avenir étaient conclus en présence du Président de la République lui-même. C’était à Chelles, en Seine-et-Marne, où je l’accompagnais avec Michel SAPIN, Ministre du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social.
Si le Président de la République s’est impliqué personnellement dans les premières signatures d’emploi d’avenir, c’est tout d’abord pour montrer sa volonté d’aller au bout d’un engagement de campagne pris devant les Français et désormais mis en oeuvre. Ensuite, c’est plus largement pour signifier combien la priorité jeunesse qu’il a fixée pour le quinquennat doit être déclinée dans chacune de nos actions, dans chacun de nos territoires. Enfin, c’est parce que – je le cite - « la première exigence – une exigence morale, une exigence économique, une exigence sociale – c’est de réduire le chômage des jeunes ».
Ainsi, l’ambition du gouvernement est que les jeunes de ce pays puissent trouver leur voie, prendre leur destin en mains, accéder à l’emploi, au logement, fonder une famille, trouver les conditions d’un épanouissement personnel et collectif.
Dans de trop nombreuses situations, la jeunesse est synonyme de précarité. Trop souvent, les jeunes en recherche d’emploi se voient reprocher leur absence d’expérience… leur jeunesse en somme !
Ce n’est pas la France que nous voulons construire pour les prochaines années. Nous voulons un pays qui laisse une place à ses enfants, nous voulons des générations réconciliées les unes avec les autres et reconnues pour ce que chacune apporte, pour ses talents et pour ses désirs.
Les emplois d’avenir ont été créés pour permettre aux jeunes n’ayant pas eu la chance de réussir à l’école d’accéder à la fois à une expérience professionnelle, à un salaire et à une qualification.
Ils sont plus de 120 000 à quitter le système scolaire chaque année sans diplôme. Ce sera aussi pour eux une opportunité d’obtenir une qualification qui leur servira ensuite à enchaîner sur d’autres emplois au terme de leur emploi d’avenir.
En effet, notre objectif est de redonner confiance aux jeunes les plus en difficultés, sortis du système scolaire sans diplôme ou avec un CAP ou un BEP. Ils sont le plus durablement et le plus durement confrontés au chômage. Presque la moitié de ceux qui ont le niveau du BEPC sont aujourd’hui en demande d’emploi. Parfois ils peuvent y rester près de trois ans après la sortie du système scolaire.
A l’échelle du pays, ce seront 100 000 jeunes qui seront recrutés d’ici la fin de l’année prochaine et nous avons l’ambition de porter ce chiffre à 150 000 en 2014. Nous y consacrerons 2 milliards d’euros en 2013 et 3 milliards d’euros ensuite car l’Etat a considéré que c’était son devoir. En Midi-Pyrénées, ce sont 3600 jeunes qui seront recrutés en emplois d’avenir, 3600 jeunes qui trouveront une stabilité de l’emploi et pourront ainsi envisager plus sereinement leur avenir.
Les emplois d’avenir ne sont pas un nouveau contrat aidé qui vient s’additionner aux autres. C’est un vrai contrat de travail, qui dure au minimum un an, le plus souvent de trois ans et qui peut aller jusqu’au CDI. Les jeunes savent donc qu’ils ont le temps : le temps pour s’expérimenter et le temps pour se former.
De surcroît, nous disons aux jeunes que la société compte sur eux et a besoin d’eux pour rendre des services essentiels, contribuant à la qualité de vie. C’est notamment la raison pour laquelle les employeurs sont essentiellement issus du secteur non marchand, celui qui contribue au lien social et à l’intérêt général : les collectivités, les associations, les bailleurs sociaux, les hôpitaux, les entreprises publiques, …
Ces employeurs s’engagent à nos côtés pour réussir l’insertion professionnelle des jeunes. Ils vont définir le poste sur lequel ils recrutent le jeune – vous nous en avez donné de bons exemples à l’instant – en ayant la vision du métier vers lequel il pourra évoluer à l’issue de l’emploi d’avenir, chez eux ou chez un autre employeur. Ils désigneront un tuteur auprès du jeune qui l’accompagnera et l’aidera à prendre confiance dans sa capacité à mener à bien les tâches qui lui sont confiées. Je tiens particulièrement à cette dimension car elle est à mes yeux une autre facette du pacte générationnel que nous devons conclure.
Les employeurs, enfin, construiront avec le jeune un parcours de formation afin que l’expérience de l’emploi d’avenir soit aussi une opportunité de reconnaître officiellement et de valider les compétences acquises. De nombreuses fédérations d’employeurs et réseaux associatifs sont déjà mobilisés et travaillent avec les régions et les partenaires sociaux pour monter et financer ces formations. Ce sera l’une des clefs de réussite des emplois d’avenir, non pour le dispositif lui-même mais pour chaque jeune !
Vous l’aurez compris, avec les emplois d’avenir, l’Etat veut corriger les inégalités liées au diplôme. Il veut aussi corriger celles qui sont liées à l’adresse.

Or il y a des endroits en France où l’accès à l’emploi est nettement plus compromis qu’ailleurs :

  • Dans les quartiers urbains défavorisés, les zones urbaines sensibles. Outre les difficultés sociales, leurs habitants peuvent subir des discriminations liées à leur origine – réelle ou supposée – ce que nous combattons avec fermeté. Ils peuvent aussi subir des discriminations liées au lieu d’habitation, à leur seule adresse. Certains quartiers de Toulouse y sont hélas confrontés et nous devons, pied à pied, faire reculer ce type d’agissement.
  • Dans les zones rurales, car si la situation y est moins mise en lumière, elle est également très difficile pour la jeunesse, notamment en raison de leur isolement et du faible nombre d’emplois disponibles. C’est aussi dans ces secteurs géographiques que les jeunes ont le plus de mal à accéder aux loisirs, à la culture, qu’ils ont le plus de difficultés à se déplacer et à se qualifier. Je sais la Mission locale de Haute-Garonne particulièrement sensible à cette problématique.
  • Dans les départements d’Outre-mer, départements durement touchés par la crise, où la situation des jeunes est particulièrement mauvaise. Les emplois d’avenir seront prioritairement orientés vers les jeunes habitants dans ces territoires.

Afin de déployer efficacement les emplois d’avenir, l’Etat mobilise l’ensemble du service public de l’emploi – Pôle emploi, missions locales, Cap Emploi – parce qu’il ne s’agit pas simplement de trouver un emploi, il s’agit aussi de construire un projet professionnel et de l’ajuster tout au long du contrat. Je salue l’engagement et le travail des missions locales de Toulouse et de Haute-Garonne, présents ici à la Préfecture et qui accompagneront les jeunes pendant toute la durée de leur contrat. C’est aussi grâce à vous que les emplois d’avenir seront utiles.
A Toulouse et dans le département de la Haute-Garonne, je l’ai bien entendu dans vos témoignages, les acteurs de l’emploi, les collectivités, les associations et les jeunes croient au succès de ce qu’ils peuvent faire ensemble. Ils y croient et ils se remontent les manches pour le faire. Bravo à vous !
Ayant défendu le texte des emplois avec passion au banc du gouvernement lors du débat parlementaire de septembre, je suis heureux de voir qu’une diversité d’employeurs a répondu à l’appel du Gouvernement à reconnaître et valoriser les compétences des jeunes qui n’ont pas eu la chance de réussir à l’école.
Les recruteurs présents ce matin sont à l’image de ce qui fait notre vie et, aussi, de ce qui fait l’énergie de la démocratie : grandir : avec deux crèches ; se divertir : avec un centre de loisirs et un club de sports ; devenir citoyen : avec une association de sensibilisation aux valeurs du sport et une mission locale qui montre l’exemple en embauchant un emploi d’avenir ! Contribuer au vivre-ensemble : avec un syndicat de traitement des ordures ménagères.
Surtout, je suis heureux d’avoir rencontré Emeline, Anissa, Delphine, Nicole, Jonathan, Violette et Aurélie. Ils sont là aujourd’hui grâce à la mobilisation de la mission locale de Toulouse et de la mission locale de Haute-Garonne dont je veux saluer l’engagement. Leur rôle sera essentiel pour accompagner ces jeunes tout au long de leur contrat.

(en s’adressant aux jeunes) C’est à vous que j’ai envie de m’adresser plus particulièrement : vous avez été recrutés par des associations, par un syndicat intercommunal, par une mission locale… pour remplir des missions essentielles au bien-être de nos concitoyens : s’occuper de jeunes enfants, trier et valoriser les déchets, encadrer des activités sportives ou de loisirs, promouvoir des valeurs citoyennes…
(en s’adressant aux jeunes) Vous avez tous, à compter d’aujourd’hui, une grande responsabilité à l’égard de nos concitoyens pour qui vous remplirez des missions extrêmement utiles, j’ai envie de dire : indispensables. Ce sera un pied de nez à tous ceux qui ont cessé de croire en la jeunesse de France. Moi j’y crois ! Et c’est bien pour cela que je parrainerai chacun de vous dans quelques minutes. (en s’adressant aux jeunes) Vous avez tous également, à compter d’aujourd’hui, une opportunité : faire de cette expérience un parcours dont vous ressortirez avec une pratique professionnelle mais aussi avec une qualification. C’est la spécificité des emplois d’avenir et les missions locales – dont je veux saluer l’engagement – sont très mobilisées pour vous permettre de bénéficier de cette qualification. Anissa, forte de son expérience de sportive de haut niveau, a le projet de devenir entraîneure de boxe ; Delphine a le désir de se qualifier dans les métiers de l’animation ; Nicole préparera un CAP Petite Enfance ; Aurélie envisage de passer le diplôme d’auxiliaire de puériculture ; Emeline a le projet de se former au management et à la comptabilité associatives, Violette en bureautique ; Jonathan suivra des formations du GRETA comme « équipier 1er niveau ».
Alors à chacun de vous, je souhaite une belle réussite !
C’est avec un immense plaisir que je vous invite maintenant – employeurs et jeunes recrutés – à signer officiellement le contrat d’emploi d’avenir.

Source http://travail-emploi.gouv.fr, le 23 novembre 2012