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Clôture de latelier « le maire, acteur de lemploi et de linnovation sociale et solidaire » - 95e congrès des maires et présidents de communautés de France.
Je voudrais vous livrer ma vision de ministre en charge du Travail et de lEmploi, mais aussi celle du maire dArgenton-sur-Creuse que jai été, et dont jai encore limpression dêtre, ainsi que de Président de la Communauté de communes du Pays dArgenton sur Creuse.
Le maire est à lévidence un acteur de lemploi. Encore faut-il distinguer les maires des grandes villes et ceux des petites communes ; les maires ruraux de ce ceux de communes incluses dans des aires urbaines puissantes ; les maires des communes riches et jeunes et ceux des communes pauvres et vieillissantes. Dans les politiques que nous menons, il est de notre responsabilité de prendre en compte la diversité des situations, des tissus économiques, de lenvironnement ou de lhistoire des différents territoires.
Les difficultés ne sont pas les mêmes selon les territoires et les réponses doivent pouvoir être adaptées, dans le cadre dune politique qui reste nationale. Car lenjeu et cest votre demande à tous est le droit à un accompagnement vers lemploi, qui soit aussi un accompagnement de vos territoires vers lemploi.
Cest tout lenjeu de la territorialisation de la politique de lemploi.
* Dans le cadre de la nouvelle offre de services de Pôle emploi, la territorialisation va se traduire concrètement par la revue des implantations, le redéploiement éventuel de moyens entre les agences et le renforcement des partenariats avec les acteurs locaux. Les directeurs territoriaux auront ainsi plus de marges de manuvre pour adapter loffre aux besoins du territoire, des chômeurs et des entreprises, et penser en termes de bassins demploi.
* Dans le cadre des emplois davenir, votés largement au Parlement, jai souhaité que la répartition territoriale prenne en compte le fait que certaines zones présentent des difficultés particulièrement aiguës en matière demploi des jeunes, telles que les zones urbaines sensibles, les zones de revitalisation rurale et les Outre-mer qui présentent des particularités en terme de fort taux de chômage des jeunes.
Lheure est désormais à la mobilisation. Vous le savez, le chômage progresse vite. Mais il ny a aucune fatalité pour ceux qui sont convaincus que la volonté politique et la volonté humaine ne sont pas vaines. Sur le front de lemploi, nous travaillons dabord à ralentir le chômage pour pouvoir inverser ensuite sa courbe.
A ce titre, nous comptons sur vous.
Je compte sur vous comme citoyen, parce que ces jeunes sont NOS jeunes et que lon na pas le droit de les laisser sans aucune solution. Les emplois davenir sadressent dabord aux jeunes qui sont dans limpasse totale, cest-à-dire ceux qui sont sans diplôme, sans emploi ni formation. Ils sont aujourdhui 500 000, jamais la France na connu cette situation. Personne ne leur a jamais fait confiance, personne ne leur a donné leur première chance, loccasion de faire leurs preuves. Comme le disait le Président Mitterrand : « Si la jeunesse na pas toujours raison, la société a toujours tort de la maltraiter ». Ne pas soutenir nos jeunes, cest ne pas croire en nous-mêmes.
Je compte sur vous, ensuite, comme employeur. Je sais que vos situations financières ne sont pas toujours florissantes, cest bien pour cela que lEtat finance à 75% les emplois davenir en particulier pour les collectivités territoriales. Pour compléter ce financement, certaines collectivités départementales et régionales peuvent aussi vous aider. Cest une chance certaine dont je vous exhorte à vous saisir. Vous pouvez utiliser les emplois davenir pour de multiples bonnes raisons, dabord pour anticiper les départs à la retraite, pas pour les remplacer mais pour préparer cette évolution. Ensuite pour former un jeune, lintégrer progressivement dans vos services et, sil en a la capacité, le recruter. Même si vous navez pas les moyens de garder les jeunes à lissue, vous pouvez, en embauchant un emploi davenir, lui mettre le pied à létrier, et lui permettre dacquérir de nombreuses compétences. De ce point de vue, laccès à la formation est très important. Nous travaillons à ce sujet sur une convention avec le CNFPT.
Entrer sur le marché du travail, cest la plus grande marche à franchir, la plus haute, la plus difficile pour un jeune. Les jeunes ont besoin de nous, ont besoin de vous pour se lancer. Nous savons que le travail bien fait ne se mesure pas au nombre de diplômes ou dannées détudes. Nous savons que lon peut avoir envie dautre chose que de longues études, sans pour autant être dispensé de talent, denvie ou de courage. Le monde est plein dhommes et de femmes qui ont appris tout seul, qui ont forgé « sur le tas » ce quils sont devenus. Pourquoi les jeunes concernés par les emplois davenir ne seraient pas de ceux-ci ? Et pour cela, il faut franchir la première marche, réussir à entrer dans lemploi. La balle est désormais aussi dans votre camp, celui des collectivités territoriales, des associations et de léconomie sociale et solidaire dont il a été fait allusion ce matin.
Je compte sur vous, enfin, comme relais. Vous êtes les meilleurs praticiens du territoire. Vous connaissez, dans vos communes, les jeunes qui cherchent un emploi depuis longtemps, qui sont désuvrés parfois désespérés, ce qui peut les mener à la marginalisation. Et vous connaissez aussi les employeurs qui peinent à recruter. Il ne sagit pas de vous dire quil suffit de les mettre en contact, car ce nest pas le cas. Il sagit de reconnaître que tous viennent vous voir, nous voir et vous sollicitent. Vous devez être en mesure de les orienter vers les bons interlocuteurs, que ce soit vers pôle emploi, que ce soit vers lUT de la DIRECCTE, que ce soit vers la mission locale.
Combien de fois vous êtes vous sentis désemparés devant la situation de tel ou tel chômeur ou entrepreneur, que vous auriez aimé aider, mais dont la situation est complexe. Pour régler cette situation, il faut connaître la bonne porte à laquelle frapper. Il nous appartient de définir ces portes. Je sais que vous jouez le rôle dintermédiaire de celui qui cherche des solutions et fait le lien. Je crois que cest un rôle décisif et quil faut le renforcer.
* Il importe que vous puissiez travailler avec le service public de lemploi local pour que, chaque fois quun demandeur demploi, frappe à votre porte, vous puissiez lorienter vers les interlocuteurs les plus pertinents et lui faire connaître les aides auxquelles il peut prétendre. Le maire, cest comme un aiguilleur du ciel, il faut lui expliquer où se trouve la piste datterrissage.
* Chaque acteur pris séparément se sent bien démuni. Ensemble nous avons une palette de solutions, à condition dêtre mieux organisés. Nous avons un devoir de cohérence pour permettre à chacun de sinscrire dans un parcours adapté à sa situation et à son projet.
Je tiens aussi à dire que les maires sont, pour tout un tas de raisons, « acteurs de lemploi », parce quen lien avec les entreprises, les acteurs économiques et les chômeurs. Le Gouvernement engage un chantier sur les progrès de la responsabilité sociale ; vous pouvez sensibiliser les employeurs à cette question, qui inclut aussi la responsabilité territoriale. Une entreprise, cest un résultat économique, mais cest aussi un territoire et ceux qui y habitent. Je sais que vous vous battez pour vos territoires et à ce titre, je ne peux que vous encourager à inciter les entreprises qui connaissent des difficultés à se rapprocher également des services de lEtat, sans attendre dêtre prises à la gorge. En mobilisant des soutiens en amont, on peut beaucoup plus efficacement prévenir fermetures de sites et licenciements. Laction publique à besoin déclaireurs, je reprends votre terme de « capteurs », et vous êtes de ceux-ci.
Je veux vous passer un message : vous nêtes pas seuls, vous ne devez pas être seuls. Dans ces conditions, vous pouvez porter vos propres messages auprès de vos administrés que vous connaissez si bien :
* Inciter les entreprises à faire confiance à des personnes quelles nauraient pas recrutées spontanément ;
* Soutenir celles qui font des efforts de qualification pour les jeunes.
* Porter auprès des entreprises les messages contenus dans le contrat de génération qui a reçu un accord unanime des partenaires sociaux : faire de deux problèmes (lemploi des jeunes et celui des seniors) une seule et même solution.
* Développer des clauses sociales dans les marchés publics pour faire vivre un tissu économique de proximité.
Vous êtes le premier relais démocratique et nous sommes, lEtat, garant de léquité sur le territoire. Vous avez besoin des services de lEtat pour vos administrés et nous avons besoin de votre regard et de votre connaissance du territoire, de votre expertise. Ma conclusion est simple. Mobilisons-nous ensemble pour mener et gagner la grande bataille de lemploi ! Je vous remercie.
Source http://travail-emploi.gouv.fr, le 23 novembre 2012