Déclaration de Mme Aurélie Filippetti, ministre de la culture et de la communication, sur la place des instituts culturels étrangers et la coopération culturelle, Paris le 17 décembre 2012.

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Circonstance : Réception du Forum des Instituts culturels étrangers à Paris le 17 décembre 2012

Texte intégral


C’est avec une grande joie que je vous retrouve aujourd’hui, au moment des fêtes de fin d’année – c’est une manière de réunir au ministère de la culture, presque autour du sapin de Noël, la famille des cultures étrangères à Paris.
Vous êtes 46 centres culturels qui vous êtes réunis au sein du Forum des Instituts culturels étrangers à Paris, le FICEP. C’est une belle initiative – canadienne si je suis bien informée – et qui reste le seul rassemblement véritablement international de centres culturels dans le monde.
Et c’est une initiative qui enrichit le dialogue interculturel.
Car en diffusant les cultures de vos pays, vous permettez aux Parisiens comme à tous ceux qui se retrouvent à Paris d’aller à la rencontre de nouvelles pratiques culturelles, portées par vos langues, vos artistes, votre patrimoine, votre création.
De cette diversité naît un dialogue culturel qui forme un terreau pour la création. N’oublions jamais que c’est de la rencontre des cultures, de leur confrontation, que naissent les idées créatrices. Vous jouez là un rôle essentiel.
La France a beaucoup de chance – elle a avec Paris une capitale qui est un symbole de culture, et un lieu de rencontre et de convergence. Le nombre exceptionnel de centres culturels étrangers à Paris nous permet de bénéficier tout au long de l’année d’une programmation remarquable. Il contribue également à faire de Paris une capitale des cultures du monde.
Il est essentiel que nous nous placions toujours dans le dialogue et l’échange entre les cultures.
Je pense aux saisons culturelles, auxquelles le ministère de la culture apporte régulièrement son soutien, et qui sont depuis plus de 25 ans l’un des piliers de la coopération culturelle de la France avec ses partenaires. Nous avons en ce moment le Festival « Croatie la voici » qui nous permet d’admirer de superbe Apoxiomène au Louvre ; nous venons d’ouvrir aux Archives Nationales l’exposition de clôture du « Voyage en Lituanie » avec de somptueuses cartes. Nous accueillerons l’Afrique du Sud en 2013, puis le Vietnam.
Votre « Semaine des cultures étrangères » est un moment fort de ce dialogue interculturel.
Je suis heureuse que le ministère de la Culture et de la Communication ait soutenu le FICEP depuis sa création. Ce soutien a permis le développement de nombreux projets.
Ainsi, le « Passeport pour les langues », qui permet chaque année à un public plus nombreux de découvrir la langue de l’un de vos pays membres.
Mais je pense aussi à la série de conférences-débats « Cultures Croisées » que ce ministère a lancée avec l’Institut Goethe, à l’occasion des 50 ans du Traité de l’Elysée, et qui propose une mise en discussion de quelques grands sujets concernant nos politiques culturelles de part et d’autre du Rhin.
Au-delà du dialogue interculturel, ces échanges sont d’autant plus précieux que les problématiques auxquelles nous sommes confrontés ne connaissent plus de réponses purement nationales.
Qu’il s’agisse de la place de nos langues dans le marché de la traduction, de la promotion du cinéma ou du financement de la presse écrite, les réponses aux défis ne se trouvent plus uniquement dans nos capitales respectives. Elles sont largement à Bruxelles, et dans le reste du monde, et elles appellent de notre part une plus grande écoute, une discussion plus approfondie et plus systématique avec les partenaires.
Le bouleversement du monde et des pratiques culturelles est devenu une évidence. Cette révolution des comportements liée à la mutation numérique dans un espace mondialisé nous demande plus que jamais de nous unir, d’échanger, afin de faire en sorte que ce qui est un formidable progrès ne se transforme pas en un instrument d’uniformisation et de destruction des cultures.
L’enjeu n’est pas uniquement celui, économique, de la diffusion des industries culturelles d’un pays. C’est la création d’oeuvres artistiques et culturelles qui représente l’enjeu majeur. Il ne s'agit pas seulement de protéger des politiques existantes mais de s'accorder sur la nécessité de rendre possibles d'ambitieuses politiques de la création. Ce défi de la création à l’ère numérique, nous devons le relever ensemble, à la fois au niveau européen et au niveau mondial.
C’est dans cet esprit qu’il y a trois semaines, une douzaine de ministres de la culture de l’Union européenne ont décidé, à mon initiative, de s’adresser aux trois commissaires européens les plus concernés afin de plaider en faveur d’une meilleure prise en compte des questions culturelles dans la construction européenne, et de défendre en particulier un droit d'auteur moderne et ambitieux, conçu comme la garantie d'une rémunération pour les créateurs et donc comme un gage de la diversité culturelle.
J’ai également pu m’entretenir en ce sens la semaine dernière avec plusieurs parlementaires européens.
C’est aussi pour discuter de ces enjeux que j’ai eu à coeur de rencontrer plusieurs de vos ministres de la culture depuis ma nomination en juin dernier. Ces échanges ont donné naissance à de nombreux projets de coopération culturelle. Ils ont également permis de nous rapprocher autour des enjeux liés à la spécificité de la culture dans un monde où les frontières – au moins matérielles – tendent à s’estomper.
Je constate que, vous aussi, vous travaillez dans un esprit d’échange et d’ouverture. Nous comptons ainsi aujourd’hui parmi nous plusieurs acteurs culturels étrangers, notamment des conseillers culturels de pays qui ne sont pas membres du FICEP. Soyez les bienvenus dans cette réception qui est également la vôtre.
Et puis, et c’est peut-être au fond le plus important, de nombreux artistes se sont joints à nous qui sont issus de vos différents pays. Je suis heureux de les accueillir ici dans ce lieu d’échange et de partage.
C’est en travaillant tous ensemble que nous parviendrons à donner à la culture la place qui lui revient.
Je vous remercie.
Source http://www.culturecommunication.gouv.fr, le 18 décembre 2012