Texte intégral
JEAN-MARC AYRAULT, PREMIER MINISTRE
Merci Monsieur le Monsieur le chef du gouvernement, dabord, jadmire Grâce aux problèmes techniques, jadmire à quel point vous passez dune langue à lautre, là, lisant votre discours en arabe que vous traduisez immédiatement en français.
ABDELILAH BENKIRANE, CHEF DU GOUVERNEMENT MAROCAIN
Je nai pas été 100 % fidèle.
JEAN-MARC AYRAULT
Oui, mais enfin lessentiel y est.
ABDELILAH BENKIRANE
Voilà, voilà.
JEAN-MARC AYRAULT
Et lessentiel, cest le message que vous avez adressé. Ce nest pas la première fois que je viens au Maroc, jy suis venu finalement assez souvent. Mais cest un pays que jaime comme tous les Français. Et là, jy suis venu en tant que Premier ministre et jai pu mesurer à quel point notre relation est intense et elle est profonde. Et les ministres qui maccompagnent et le compte rendu de leurs travaux, de leurs échanges ce matin a prouvé quau-delà du travail de fond, des accords qui ont même été signés, il y a des relations personnelles qui se tissent et qui font quau quotidien, les ministres sappellent ou se rencontrent régulièrement et cest la même chose avec vous, Monsieur le chef du gouvernement, cher Abdelilah BENKIRANE, parce que nous ne nous connaissions pas à part le téléphone, mais maintenant, cest fait. Et je pense que nous nous sommes vite compris pour aller à lessentiel.
ABDELILAH BENKIRANE
Très bien.
JEAN-MARC AYRAULT
Et lessentiel, cest aussi de traiter les problèmes concrets. Vous venez de les aborder très précisément. Ce que je voudrais dire, cest que la relation entre le Maroc et la France, cest aussi une relation politique, une relation, jallais dire, stratégique, pas seulement de proximité mais aussi une entente politique sur beaucoup de questions qui sont bilatérales mais aussi des questions internationales. Ce nest pas un hasard si Sa Majesté le roi Mohammed VI était le premier chef dÉtat à rendre visite au nouveau président de la République, François HOLLANDE, le 24 mai dernier. Ils se sont entretenus au téléphone il y a quelques jours et le président de la République a confirmé la visite quil rendra au Maroc à linvitation de Sa Majesté le roi Mohammed VI qui a bien voulu me recevoir avec Laurent FABIUS en audience et en votre présence, Monsieur le chef du gouvernement, hier, et très vite, nous sommes, en effet, allés à lessentiel. Je voudrais évoquer tout dabord la grande identité de vue sur les principaux dossiers de lactualité internationale. Le Maroc est aujourdhui au Conseil de sécurité pour deux ans et préside même le Conseil de sécurité pendant le mois de décembre. Et vous avez organisé à Marrakech une réunion du Groupe des Amis du Peuple syrien et à laquelle la France était représentée par son ministre des Affaires étrangères, Laurent FABIUS, qui a marqué une nouvelle avancée dans lémergence dune alternative crédible au régime actuel de Bachar ELASSAD dont la folie meurtrière na que trop duré.
ABDELILAH BENKIRANE
Voilà.
JEAN-MARC AYRAULT
Au Sahel, la France et le Maroc sont déterminés également à aider le Mali à recouvrer son intégrité territoriale
ABDELILAH BENKIRANE
Voilà
JEAN-MARC AYRAULT
Notamment en faisant en sorte que le Conseil de sécurité autorise, avant la fin de lannée, le déploiement dune opération africaine. Enfin au Proche-Orient, nos deux pays ont voté en faveur de la résolution accordant à la Palestine un statut dÉtat non membre mais observateur aux NATIONS UNIES. Il y a maintenant urgence à reprendre les négociations pour arriver enfin à une solution de paix, justice pour le peuple palestinien et qui sera la garantie de la sécurité pour Israël. Et quant au Sahara occidental, la France soutient les efforts des NATIONS UNIES pour trouver une solution politique qui soit à la fois juste mais qui soit durable et mutuellement agréée conformément aux buts et aux principes de la charte des NATIONS UNIES et aux résolutions du Conseil de sécurité. Et il existe sur la table une proposition sérieuse, cest le plan dautonomie marocain que la France soutient.
ABDELILAH BENKIRANE
Très bien.
JEAN-MARC AYRAULT
Deuxièmement, la volonté de la France daccompagner le Maroc dans son processus de modernisation et de démocratisation. Vous avez engagé, en effet, des réformes de très grande ampleur qui méritent dêtre salués et cela correspond à une aspiration profonde du peuple marocain à la démocratie mais aussi à la justice sociale. Cest, je crois, une de vos préoccupations quotidiennes, Monsieur le chef du gouvernement.
ABDELILAH BENKIRANE
Oui oui.
JEAN-MARC AYRAULT
Et la réforme constitutionnelle qui a été adoptée en 2011 avec des élections législatives dont la qualité a été reconnue par la communauté internationale ont porté une nouvelle coalition au gouvernement en 2012 et cest celle que vous dirigez. Dans le respect de la souveraineté du Maroc et des choix qui appartiennent aux seuls Marocains, la France est prête à accompagner ce mouvement, notamment en coopérant sur les chantiers majeurs, ceux de la régionalisation, de la réforme de ladministration et ceux de la réforme de la justice. Et nous avons signé des accords en ce sens. Troisièmement vous lavez rappelé , cest la jeunesse que nous voulons mettre au coeur de notre partenariat. Trente-deux mille Marocains sont étudiants en France et constituent le plus grand nombre détudiants étrangers dans notre pays. Eh bien il faut renforcer notre coopération dans ce domaine de lenseignement supérieur mais aussi de la formation professionnelle. Nous avons décidé, dans cet esprit et cétait votre souhait, Monsieur le chef du gouvernement
ABDELILAH BENKIRANE
Oui oui oui
JEAN-MARC AYRAULT
De créer prochainement au Maroc et cest vraiment nouveau des établissements denseignement supérieur français qui permettront de former des étudiants marocains mais également et vous y tenez beaucoup venant dautres pays de la région
ABDELILAH BENKIRANE
Oui
JEAN-MARC AYRAULT
Dans les domaines de lingénierie, dans le domaine des métiers dencadrement intermédiaire mais aussi nous lavons évoqué pour accompagner vos réformes dans le domaine de la gestion et de ladministration publique.
ABDELILAH BENKIRANE
Oui oui oui.
JEAN-MARC AYRAULT
Quatrième point de ce bilan de cette rencontre, cest le renforcement de notre partenariat économique. Vous le savez, la France est le premier partenaire économique du Maroc, premier client traditionnellement, premier fournisseur, mais surtout premier investisseur avec la moitié du stock dinvestissements directs étrangers et sept cent cinquante filiales dentreprises françaises qui sont installées dans votre pays. Nous avons signé à linstant, Madame BRICQ et Monsieur MONTEBOURG, une convention pour mettre en oeuvre un nouveau concept, jallais dire, gagnant-gagnant qui est celui de la colocalisation. Et donc cest effectivement une approche nouvelle qui permettra à des investissements français au Maroc dêtre non seulement bénéfiques pour léconomie et lemploi marocains, mais également aussi à léconomie française et à lemploi en France aussi bien en termes demploi que de recherche et développement ou de pénétration de nouveaux marchés émergents à partir du Maroc dans le monde arabe ou encore lAfrique subsaharienne.
ABDELILAH BENKIRANE
Oui.
JEAN-MARC AYRAULT
Enfin le souhait de favoriser la mobilité des personnes. Vous avez souligné ce point dans votre intervention. Le gouvernement français a abrogé la fameuse circulaire GUÉANT qui mettait un frein inacceptable à la mobilité des étudiants, mais nous avons accompagné cela dautres mesures pour faciliter la mobilité des forces vives des deux pays avec lexception de visa pour les titulaires de passeport de service ou des mesures de simplification de procédures ou de facilitation destinées à certaines catégories de personnes telles que les hommes daffaires, les artistes et les journalistes.
ABDELILAH BENKIRANE
Ah ! Excellent !
JEAN-MARC AYRAULT
Voilà, jai répondu à votre question. Voilà, et pour conclure, eh ben écoutez, je me réjouis à nouveau de ces discussions et en particulier de la séance de ce matin qui a montré lintensité de ce que nous faisons ensemble, qui a permis de fixer des orientations claires. Maintenant, il faut les mettre en oeuvre très concrètement ! Des engagements ont été pris et lorsque le président de la République française, François HOLLANDE, Sa Majesté le roi du Maroc Mohammed VI se rencontreront en votre présence, Monsieur le chef du gouvernement, dans quelques mois maintenant, eh bien là, on pourra juger que ce que nous avons entrepris franchira une étape nouvelle. En tout cas, cest lengagement que je prends en tant que chef du gouvernement français, mais je sais que cest aussi votre engagement, Monsieur le chef du gouvernement, et je vous en remercie.
ABDELILAH BENKIRANE
Cest sûr. Cest sûr. Cest sûr. Monsieur AYRAULT, donc je conclus en vous assurant dune chose : le Maroc est un pays fidèle.
JEAN-MARC AYRAULT
Oui.
ABDELILAH BENKIRANE
Voilà, cest tout ce que jai à dire.
JEAN-MARC AYRAULT
Oui, je le sais. Je le sais. Mais il y a peut-être des questions.
ABDELILAH BENKIRANE
Ah oui ! Il y a deux questions. Une à Monsieur AYRAULT, lautre pour moi. Mais si vous voulez donner les deux à Monsieur AYRAULT, il ny a pas de problème.
JEAN-MARC AYRAULT
Ça, cest la générosité marocaine. Je ny tiens pas particulièrement, je suis pour le partage aussi.
ABDELILAH BENKIRANE
Cest moi qui vous donne Ah ! Voilà.
JEAN-MARC AYRAULT
Le partage des questions et des réponses.
ABDELILAH BENKIRANE
On commence par Madame. Elle est debout, elle a le micro. Après, on passe
ISABELLE MANDRAUD, JOURNALISTE AU « MONDE »
Bonjour. Isabelle MANDRAUD du journal « Le Monde ».
ABDELILAH BENKIRANE
Oui.
ISABELLE MANDRAUD
Ma question va sadresser à vous, Monsieur BENKIRANE, puisquil a été beaucoup souligné pendant ces deux jours les excellentes relations bilatérales entre la France et le Maroc sur tous les points de vue. Mais sagissant de la situation intérieure au Maroc, vous avez parlé aussi beaucoup des grandes réformes qui ont été faites. Mais comment justifiez-vous aussi les arrestations assez nombreuses des militants du Mouvement du 20 février et le retrait daccréditations de journalistes dune grande agence de presse française, lAFP ? Merci.
ABDELILAH BENKIRANE
On prend une question pour Monsieur AYRAULT comme ça, on répond aux deux questions. (Propos en arabe). Eh ben en réalité, cest à Madame que
JOURNALISTE
Cest comme vous voulez Monsieur le chef du gouvernement.
ABDELILAH BENKIRANE
(Propos en arabe).
JOURNALISTE
Comme je suis galant
ABDELILAH BENKIRANE
Voilà, voilà, cest bien dêtre galant en face des Français.
JOURNALISTE
Monsieur le Premier ministre, vous avez fait un bilan exhaustif de votre visite de travail et à la fin, vous avez dit que vous avez signé des conventions très importantes. Et il reste maintenant à mettre en oeuvre tout ça. Alors cest important package. Alors il y aura des priorités. Selon vous, quelles sont les conventions, les secteurs, les questions qui vont être, qui doivent être abordées au plus vite ?
ABDELILAH BENKIRANE
Voilà, alors vous pouvez
JEAN-MARC AYRAULT
Moi, je vais répondre très rapidement puisque je les ai évoquées dans mon intervention en définitive. Il y a une convention qui a été signée entre les ministres des Affaires étrangères, entre les deux ministres de lIntérieur donc qui porte aussi sur la mobilité. Il y a une question de justice entre les deux ministres de la Justice et puis il y a également des conventions je lai évoqué sur la colocalisation (donc développement économique et accompagnement des investissements) et également dans le domaine de lenseignement supérieur et de la formation. Donc, tous ces chantiers, nous allons les mettre en oeuvre. Donc je ne vais pas tous les détailler, je les ai évoqués dans mon introduction. Mais sachez que ce qui ma frappé lorsque jai fait connaissance au-delà du téléphone avec vous, cest que vous êtes un homme du concret, vous ne vous embarrassez pas de grands discours généraux mais vous voulez que les choses changent vraiment. Et je comprends parce que jai la même préoccupation. Et nos peuples, et en particulier ceux qui sont les plus en difficulté économique et sociale, qui sont les plus exigeants en matière de justice sociale, attendent des résultats concrets. Et donc cest ça que nous avons abordé. Par exemple, pour bien me faire comprendre, vous avez engagé des réformes et des réformes démocratiques. Par exemple, la régionalisation, le renforcement du pouvoir des collectivités locales. Eh bien nous avons abordé très concrètement, avec nos expériences respectives, comment on pouvait vous accompagner et nous avons abordé la question de la formation des cadres administratifs. Et on a évoqué lexpérience française de lÉCOLE NATIONALE DADMINSITRATION. Eh ben pourquoi pas une antenne ? Et donc nous allons y travailler. Mais vous avez aussi le souci de développer une justice indépendante, une justice qui puisse lutter contre le non-respect de la loi, contre la corruption. Et vous le savez ça nécessite aussi des magistrats bien formés. Eh bien cest lobjet des échanges entre nos deux ministres de la Justice et des engagements réciproques que nous avons signés. Et donc, vous savez, il y a une chose qui est très importante que jai dite hier au monde économique, aux chefs dentreprise qui étaient là, cest la question de la stabilité politique, du bon fonctionnement des institutions, du bon fonctionnement de la démocratie et, en même temps, de la lisibilité des politiques économiques ou fiscales. Et ce nest pas vrai quau Maroc, cest vrai aussi en France. Tout ça contribue à créer un climat de confiance et donc cest tout ça qui doit être renforcé. Mais je veux dire, Monsieur le chef du gouvernement, en réponse à cette question, que je mesure limmense chemin parcouru et que dans cette région, le Maroc est un pôle de stabilité et un pôle vraiment qui veut conforter cette stabilité et cette capacité à peser, à jouer pleinement son rôle. Et la France souhaite accompagner, soutenir ce que vous avez entrepris. Cest à la fois lintérêt du Maroc, cest à la fois aussi lintérêt de la France, mais cest aussi lintérêt de toute la région.
ABDELILAH BENKIRANE
Voilà.
JEAN-MARC AYRAULT
Et cest lintérêt aussi des relations très fortes entre le Maroc et lEurope et pas seulement avec la France parce que le Maroc a fait le choix, lui aussi, dun ancrage européen. Donc il y a encore des étapes à franchir pour que, notamment au niveau des échanges économiques, le Maroc se sente conforté dans le choix quil a fait. Donc tout ce qui se passe dun côté de la Méditerranée a une influence de lautre et réciproquement. Nos destins sont liés, je lai dit, et nous le démontrons à travers beaucoup dexemples concrets et dengagements concrets que nous voulons absolument mettre en oeuvre.
ABDELILAH BENKIRANE
Voilà, non, il faut que je réponde dabord. Je vais répondre et on va conclure. On sest mis daccord dès le début, il y a une seule question pour chaque Premier ministre. Bon, alors je vais commencer quelque chose qui, semble-t-il, concerne les jeunes du 20 février. Dabord, Madame Isabelle, permettez-moi de vous saluer et lobjectivité avec laquelle vous avez écrit quand jai été nommé, je crois, voilà. Le 20 février, est-ce que vous vous rappelez combien de jeunes sont descendus au 20 février ? Avons-nous arrêté tout ce monde ? Non, mais les jeunes du 20 février ne vont pas devenir des personnes sacrées ! Elles sont descendues à la rue pour des réformes. La majorité de ces réformes ont été réalisées. La preuve, le 20 février ne sort plus. Bon, il y en a quelques-uns qui veulent encore le ressusciter, on verra. Mais pour linstant, il ne sort plus. Sil ne sort plus, cest parce que les gens sont convaincus que ce pour quoi ils ont milité, quelque part, a été exaucé. Bien sûr, en politique, vous navez jamais tout ce que vous voulez. Bon, maintenant, cest vrai, il y a des gens qui sont arrêtés de temps en temps, on en entend parler, mais nous avons Bien sûr, ce nest pas le chef du gouvernement qui donne lordre darrêter mais jassume la responsabilité, je suis là pour ça. Et nous avons un ministre de la Justice pour libérer sil ny a pas lieu darrêter ou pour poursuivre les gens qui, quelque part, ont commis un délit, quelque délit que ce soit. Je ne vais pas vous dire que notre système est parfait. Ne possède la réelle justice que Dieu, mais sur cette terre où nous sommes, les choses se passent beaucoup beaucoup beaucoup mieux quil y a longtemps. Cest ça, ce quil faut remarquer ! Mais, Madame, je suis désolé, vous vous rendez bien compte ? Combien de personnes ont été arrêtées dans toute cette histoire depuis que le 20 février existe ? Regardez ce qui sest passé dans les autres pays ! Et sachez comparer le comparable ! Ici, nous sommes au Maroc. Et grâce à Dieu, au Maroc, les choses se sont très bien passées comparativement à ailleurs et continuent de bien se passer. Ça, cest très important ! Et les Européens devraient voir les choses comme ça. Nous ne sommes pas une copie de lEurope. Nous ne sommes pas une copie de la France. Cest vrai, nous sommes de très bons amis, on se donne la main, mais nous sommes le Maroc. Et sur ça, jenchaîne pour dire, vous parlant de ce retrait dautorisations si je ne me trompe pas.
JOURNALISTE
Daccréditation.
ABDELILAH BENKIRANE
Daccréditation. Eh ben laccréditation, cest une forme dautorisation, nest-ce pas Monsieur ? Voilà, eh ben je vais vous dire une chose. Il faut que les Français sachent une chose : au Maroc, nous avons des choses qui sont sacrées. Je le sais, dans notre Constitution, Sa Majesté le roi, de son plein gré, a éliminé les textes qui parlaient de sa sacralité mais les Marocains aiment beaucoup toujours le roi et le respectent beaucoup et naiment pas que son nom soit mêlé à nimporte quoi. Je suis désolé, mais les journalistes aussi devraient prendre en considération les sensibilités que nous avons. Nous naimons pas entendre parler dun parti du roi parce quil ny a pas de parti du roi. Le parti du roi, cest le Maroc et ce sont les Marocains tous entiers. Et cest pour cela que, eh bien étant donné que nous avons considéré quil y a eu un dépassement, on a été obligés de réagir. Cependant, ce nest pas la première fois quil y a eu un petit dépassement. Ce journaliste dont vous parlez, javais de très bonnes relations avec lui. Je crois quelles sont toujours peut-être aussi bonnes, en tous les cas de mon côté, mais on ne peut pas permettre tout dans notre pays. Et ça, il faut que nos amis européens le comprennent, nous avons des choses particulières. Cest comme ça que nous avons vécu depuis des siècles. Cest pour ça que nous sommes unis. Cest comme ça quon veut vous accompagner. Ne venez pas pointer du doigt à chaque fois que vous voyez quelque chose qui ne ressemble pas à ce qui se passe chez vous. Bon, maintenant, je crois quil y a une chose sur laquelle on se ressemble, Monsieur AYRAULT. Hier, vous mavez dit, je vous ai dit quon ressemble sur le fait que la presse nous attaque tous les deux ; aujourdhui, vous mavez convaincu quil y a un autre point où on se ressemble, on aime le concret tous les deux. Bon, merci.
Source http://www.ambafrance-ma.org, le 17 décembre 2012
Merci Monsieur le Monsieur le chef du gouvernement, dabord, jadmire Grâce aux problèmes techniques, jadmire à quel point vous passez dune langue à lautre, là, lisant votre discours en arabe que vous traduisez immédiatement en français.
ABDELILAH BENKIRANE, CHEF DU GOUVERNEMENT MAROCAIN
Je nai pas été 100 % fidèle.
JEAN-MARC AYRAULT
Oui, mais enfin lessentiel y est.
ABDELILAH BENKIRANE
Voilà, voilà.
JEAN-MARC AYRAULT
Et lessentiel, cest le message que vous avez adressé. Ce nest pas la première fois que je viens au Maroc, jy suis venu finalement assez souvent. Mais cest un pays que jaime comme tous les Français. Et là, jy suis venu en tant que Premier ministre et jai pu mesurer à quel point notre relation est intense et elle est profonde. Et les ministres qui maccompagnent et le compte rendu de leurs travaux, de leurs échanges ce matin a prouvé quau-delà du travail de fond, des accords qui ont même été signés, il y a des relations personnelles qui se tissent et qui font quau quotidien, les ministres sappellent ou se rencontrent régulièrement et cest la même chose avec vous, Monsieur le chef du gouvernement, cher Abdelilah BENKIRANE, parce que nous ne nous connaissions pas à part le téléphone, mais maintenant, cest fait. Et je pense que nous nous sommes vite compris pour aller à lessentiel.
ABDELILAH BENKIRANE
Très bien.
JEAN-MARC AYRAULT
Et lessentiel, cest aussi de traiter les problèmes concrets. Vous venez de les aborder très précisément. Ce que je voudrais dire, cest que la relation entre le Maroc et la France, cest aussi une relation politique, une relation, jallais dire, stratégique, pas seulement de proximité mais aussi une entente politique sur beaucoup de questions qui sont bilatérales mais aussi des questions internationales. Ce nest pas un hasard si Sa Majesté le roi Mohammed VI était le premier chef dÉtat à rendre visite au nouveau président de la République, François HOLLANDE, le 24 mai dernier. Ils se sont entretenus au téléphone il y a quelques jours et le président de la République a confirmé la visite quil rendra au Maroc à linvitation de Sa Majesté le roi Mohammed VI qui a bien voulu me recevoir avec Laurent FABIUS en audience et en votre présence, Monsieur le chef du gouvernement, hier, et très vite, nous sommes, en effet, allés à lessentiel. Je voudrais évoquer tout dabord la grande identité de vue sur les principaux dossiers de lactualité internationale. Le Maroc est aujourdhui au Conseil de sécurité pour deux ans et préside même le Conseil de sécurité pendant le mois de décembre. Et vous avez organisé à Marrakech une réunion du Groupe des Amis du Peuple syrien et à laquelle la France était représentée par son ministre des Affaires étrangères, Laurent FABIUS, qui a marqué une nouvelle avancée dans lémergence dune alternative crédible au régime actuel de Bachar ELASSAD dont la folie meurtrière na que trop duré.
ABDELILAH BENKIRANE
Voilà.
JEAN-MARC AYRAULT
Au Sahel, la France et le Maroc sont déterminés également à aider le Mali à recouvrer son intégrité territoriale
ABDELILAH BENKIRANE
Voilà
JEAN-MARC AYRAULT
Notamment en faisant en sorte que le Conseil de sécurité autorise, avant la fin de lannée, le déploiement dune opération africaine. Enfin au Proche-Orient, nos deux pays ont voté en faveur de la résolution accordant à la Palestine un statut dÉtat non membre mais observateur aux NATIONS UNIES. Il y a maintenant urgence à reprendre les négociations pour arriver enfin à une solution de paix, justice pour le peuple palestinien et qui sera la garantie de la sécurité pour Israël. Et quant au Sahara occidental, la France soutient les efforts des NATIONS UNIES pour trouver une solution politique qui soit à la fois juste mais qui soit durable et mutuellement agréée conformément aux buts et aux principes de la charte des NATIONS UNIES et aux résolutions du Conseil de sécurité. Et il existe sur la table une proposition sérieuse, cest le plan dautonomie marocain que la France soutient.
ABDELILAH BENKIRANE
Très bien.
JEAN-MARC AYRAULT
Deuxièmement, la volonté de la France daccompagner le Maroc dans son processus de modernisation et de démocratisation. Vous avez engagé, en effet, des réformes de très grande ampleur qui méritent dêtre salués et cela correspond à une aspiration profonde du peuple marocain à la démocratie mais aussi à la justice sociale. Cest, je crois, une de vos préoccupations quotidiennes, Monsieur le chef du gouvernement.
ABDELILAH BENKIRANE
Oui oui.
JEAN-MARC AYRAULT
Et la réforme constitutionnelle qui a été adoptée en 2011 avec des élections législatives dont la qualité a été reconnue par la communauté internationale ont porté une nouvelle coalition au gouvernement en 2012 et cest celle que vous dirigez. Dans le respect de la souveraineté du Maroc et des choix qui appartiennent aux seuls Marocains, la France est prête à accompagner ce mouvement, notamment en coopérant sur les chantiers majeurs, ceux de la régionalisation, de la réforme de ladministration et ceux de la réforme de la justice. Et nous avons signé des accords en ce sens. Troisièmement vous lavez rappelé , cest la jeunesse que nous voulons mettre au coeur de notre partenariat. Trente-deux mille Marocains sont étudiants en France et constituent le plus grand nombre détudiants étrangers dans notre pays. Eh bien il faut renforcer notre coopération dans ce domaine de lenseignement supérieur mais aussi de la formation professionnelle. Nous avons décidé, dans cet esprit et cétait votre souhait, Monsieur le chef du gouvernement
ABDELILAH BENKIRANE
Oui oui oui
JEAN-MARC AYRAULT
De créer prochainement au Maroc et cest vraiment nouveau des établissements denseignement supérieur français qui permettront de former des étudiants marocains mais également et vous y tenez beaucoup venant dautres pays de la région
ABDELILAH BENKIRANE
Oui
JEAN-MARC AYRAULT
Dans les domaines de lingénierie, dans le domaine des métiers dencadrement intermédiaire mais aussi nous lavons évoqué pour accompagner vos réformes dans le domaine de la gestion et de ladministration publique.
ABDELILAH BENKIRANE
Oui oui oui.
JEAN-MARC AYRAULT
Quatrième point de ce bilan de cette rencontre, cest le renforcement de notre partenariat économique. Vous le savez, la France est le premier partenaire économique du Maroc, premier client traditionnellement, premier fournisseur, mais surtout premier investisseur avec la moitié du stock dinvestissements directs étrangers et sept cent cinquante filiales dentreprises françaises qui sont installées dans votre pays. Nous avons signé à linstant, Madame BRICQ et Monsieur MONTEBOURG, une convention pour mettre en oeuvre un nouveau concept, jallais dire, gagnant-gagnant qui est celui de la colocalisation. Et donc cest effectivement une approche nouvelle qui permettra à des investissements français au Maroc dêtre non seulement bénéfiques pour léconomie et lemploi marocains, mais également aussi à léconomie française et à lemploi en France aussi bien en termes demploi que de recherche et développement ou de pénétration de nouveaux marchés émergents à partir du Maroc dans le monde arabe ou encore lAfrique subsaharienne.
ABDELILAH BENKIRANE
Oui.
JEAN-MARC AYRAULT
Enfin le souhait de favoriser la mobilité des personnes. Vous avez souligné ce point dans votre intervention. Le gouvernement français a abrogé la fameuse circulaire GUÉANT qui mettait un frein inacceptable à la mobilité des étudiants, mais nous avons accompagné cela dautres mesures pour faciliter la mobilité des forces vives des deux pays avec lexception de visa pour les titulaires de passeport de service ou des mesures de simplification de procédures ou de facilitation destinées à certaines catégories de personnes telles que les hommes daffaires, les artistes et les journalistes.
ABDELILAH BENKIRANE
Ah ! Excellent !
JEAN-MARC AYRAULT
Voilà, jai répondu à votre question. Voilà, et pour conclure, eh ben écoutez, je me réjouis à nouveau de ces discussions et en particulier de la séance de ce matin qui a montré lintensité de ce que nous faisons ensemble, qui a permis de fixer des orientations claires. Maintenant, il faut les mettre en oeuvre très concrètement ! Des engagements ont été pris et lorsque le président de la République française, François HOLLANDE, Sa Majesté le roi du Maroc Mohammed VI se rencontreront en votre présence, Monsieur le chef du gouvernement, dans quelques mois maintenant, eh bien là, on pourra juger que ce que nous avons entrepris franchira une étape nouvelle. En tout cas, cest lengagement que je prends en tant que chef du gouvernement français, mais je sais que cest aussi votre engagement, Monsieur le chef du gouvernement, et je vous en remercie.
ABDELILAH BENKIRANE
Cest sûr. Cest sûr. Cest sûr. Monsieur AYRAULT, donc je conclus en vous assurant dune chose : le Maroc est un pays fidèle.
JEAN-MARC AYRAULT
Oui.
ABDELILAH BENKIRANE
Voilà, cest tout ce que jai à dire.
JEAN-MARC AYRAULT
Oui, je le sais. Je le sais. Mais il y a peut-être des questions.
ABDELILAH BENKIRANE
Ah oui ! Il y a deux questions. Une à Monsieur AYRAULT, lautre pour moi. Mais si vous voulez donner les deux à Monsieur AYRAULT, il ny a pas de problème.
JEAN-MARC AYRAULT
Ça, cest la générosité marocaine. Je ny tiens pas particulièrement, je suis pour le partage aussi.
ABDELILAH BENKIRANE
Cest moi qui vous donne Ah ! Voilà.
JEAN-MARC AYRAULT
Le partage des questions et des réponses.
ABDELILAH BENKIRANE
On commence par Madame. Elle est debout, elle a le micro. Après, on passe
ISABELLE MANDRAUD, JOURNALISTE AU « MONDE »
Bonjour. Isabelle MANDRAUD du journal « Le Monde ».
ABDELILAH BENKIRANE
Oui.
ISABELLE MANDRAUD
Ma question va sadresser à vous, Monsieur BENKIRANE, puisquil a été beaucoup souligné pendant ces deux jours les excellentes relations bilatérales entre la France et le Maroc sur tous les points de vue. Mais sagissant de la situation intérieure au Maroc, vous avez parlé aussi beaucoup des grandes réformes qui ont été faites. Mais comment justifiez-vous aussi les arrestations assez nombreuses des militants du Mouvement du 20 février et le retrait daccréditations de journalistes dune grande agence de presse française, lAFP ? Merci.
ABDELILAH BENKIRANE
On prend une question pour Monsieur AYRAULT comme ça, on répond aux deux questions. (Propos en arabe). Eh ben en réalité, cest à Madame que
JOURNALISTE
Cest comme vous voulez Monsieur le chef du gouvernement.
ABDELILAH BENKIRANE
(Propos en arabe).
JOURNALISTE
Comme je suis galant
ABDELILAH BENKIRANE
Voilà, voilà, cest bien dêtre galant en face des Français.
JOURNALISTE
Monsieur le Premier ministre, vous avez fait un bilan exhaustif de votre visite de travail et à la fin, vous avez dit que vous avez signé des conventions très importantes. Et il reste maintenant à mettre en oeuvre tout ça. Alors cest important package. Alors il y aura des priorités. Selon vous, quelles sont les conventions, les secteurs, les questions qui vont être, qui doivent être abordées au plus vite ?
ABDELILAH BENKIRANE
Voilà, alors vous pouvez
JEAN-MARC AYRAULT
Moi, je vais répondre très rapidement puisque je les ai évoquées dans mon intervention en définitive. Il y a une convention qui a été signée entre les ministres des Affaires étrangères, entre les deux ministres de lIntérieur donc qui porte aussi sur la mobilité. Il y a une question de justice entre les deux ministres de la Justice et puis il y a également des conventions je lai évoqué sur la colocalisation (donc développement économique et accompagnement des investissements) et également dans le domaine de lenseignement supérieur et de la formation. Donc, tous ces chantiers, nous allons les mettre en oeuvre. Donc je ne vais pas tous les détailler, je les ai évoqués dans mon introduction. Mais sachez que ce qui ma frappé lorsque jai fait connaissance au-delà du téléphone avec vous, cest que vous êtes un homme du concret, vous ne vous embarrassez pas de grands discours généraux mais vous voulez que les choses changent vraiment. Et je comprends parce que jai la même préoccupation. Et nos peuples, et en particulier ceux qui sont les plus en difficulté économique et sociale, qui sont les plus exigeants en matière de justice sociale, attendent des résultats concrets. Et donc cest ça que nous avons abordé. Par exemple, pour bien me faire comprendre, vous avez engagé des réformes et des réformes démocratiques. Par exemple, la régionalisation, le renforcement du pouvoir des collectivités locales. Eh bien nous avons abordé très concrètement, avec nos expériences respectives, comment on pouvait vous accompagner et nous avons abordé la question de la formation des cadres administratifs. Et on a évoqué lexpérience française de lÉCOLE NATIONALE DADMINSITRATION. Eh ben pourquoi pas une antenne ? Et donc nous allons y travailler. Mais vous avez aussi le souci de développer une justice indépendante, une justice qui puisse lutter contre le non-respect de la loi, contre la corruption. Et vous le savez ça nécessite aussi des magistrats bien formés. Eh bien cest lobjet des échanges entre nos deux ministres de la Justice et des engagements réciproques que nous avons signés. Et donc, vous savez, il y a une chose qui est très importante que jai dite hier au monde économique, aux chefs dentreprise qui étaient là, cest la question de la stabilité politique, du bon fonctionnement des institutions, du bon fonctionnement de la démocratie et, en même temps, de la lisibilité des politiques économiques ou fiscales. Et ce nest pas vrai quau Maroc, cest vrai aussi en France. Tout ça contribue à créer un climat de confiance et donc cest tout ça qui doit être renforcé. Mais je veux dire, Monsieur le chef du gouvernement, en réponse à cette question, que je mesure limmense chemin parcouru et que dans cette région, le Maroc est un pôle de stabilité et un pôle vraiment qui veut conforter cette stabilité et cette capacité à peser, à jouer pleinement son rôle. Et la France souhaite accompagner, soutenir ce que vous avez entrepris. Cest à la fois lintérêt du Maroc, cest à la fois aussi lintérêt de la France, mais cest aussi lintérêt de toute la région.
ABDELILAH BENKIRANE
Voilà.
JEAN-MARC AYRAULT
Et cest lintérêt aussi des relations très fortes entre le Maroc et lEurope et pas seulement avec la France parce que le Maroc a fait le choix, lui aussi, dun ancrage européen. Donc il y a encore des étapes à franchir pour que, notamment au niveau des échanges économiques, le Maroc se sente conforté dans le choix quil a fait. Donc tout ce qui se passe dun côté de la Méditerranée a une influence de lautre et réciproquement. Nos destins sont liés, je lai dit, et nous le démontrons à travers beaucoup dexemples concrets et dengagements concrets que nous voulons absolument mettre en oeuvre.
ABDELILAH BENKIRANE
Voilà, non, il faut que je réponde dabord. Je vais répondre et on va conclure. On sest mis daccord dès le début, il y a une seule question pour chaque Premier ministre. Bon, alors je vais commencer quelque chose qui, semble-t-il, concerne les jeunes du 20 février. Dabord, Madame Isabelle, permettez-moi de vous saluer et lobjectivité avec laquelle vous avez écrit quand jai été nommé, je crois, voilà. Le 20 février, est-ce que vous vous rappelez combien de jeunes sont descendus au 20 février ? Avons-nous arrêté tout ce monde ? Non, mais les jeunes du 20 février ne vont pas devenir des personnes sacrées ! Elles sont descendues à la rue pour des réformes. La majorité de ces réformes ont été réalisées. La preuve, le 20 février ne sort plus. Bon, il y en a quelques-uns qui veulent encore le ressusciter, on verra. Mais pour linstant, il ne sort plus. Sil ne sort plus, cest parce que les gens sont convaincus que ce pour quoi ils ont milité, quelque part, a été exaucé. Bien sûr, en politique, vous navez jamais tout ce que vous voulez. Bon, maintenant, cest vrai, il y a des gens qui sont arrêtés de temps en temps, on en entend parler, mais nous avons Bien sûr, ce nest pas le chef du gouvernement qui donne lordre darrêter mais jassume la responsabilité, je suis là pour ça. Et nous avons un ministre de la Justice pour libérer sil ny a pas lieu darrêter ou pour poursuivre les gens qui, quelque part, ont commis un délit, quelque délit que ce soit. Je ne vais pas vous dire que notre système est parfait. Ne possède la réelle justice que Dieu, mais sur cette terre où nous sommes, les choses se passent beaucoup beaucoup beaucoup mieux quil y a longtemps. Cest ça, ce quil faut remarquer ! Mais, Madame, je suis désolé, vous vous rendez bien compte ? Combien de personnes ont été arrêtées dans toute cette histoire depuis que le 20 février existe ? Regardez ce qui sest passé dans les autres pays ! Et sachez comparer le comparable ! Ici, nous sommes au Maroc. Et grâce à Dieu, au Maroc, les choses se sont très bien passées comparativement à ailleurs et continuent de bien se passer. Ça, cest très important ! Et les Européens devraient voir les choses comme ça. Nous ne sommes pas une copie de lEurope. Nous ne sommes pas une copie de la France. Cest vrai, nous sommes de très bons amis, on se donne la main, mais nous sommes le Maroc. Et sur ça, jenchaîne pour dire, vous parlant de ce retrait dautorisations si je ne me trompe pas.
JOURNALISTE
Daccréditation.
ABDELILAH BENKIRANE
Daccréditation. Eh ben laccréditation, cest une forme dautorisation, nest-ce pas Monsieur ? Voilà, eh ben je vais vous dire une chose. Il faut que les Français sachent une chose : au Maroc, nous avons des choses qui sont sacrées. Je le sais, dans notre Constitution, Sa Majesté le roi, de son plein gré, a éliminé les textes qui parlaient de sa sacralité mais les Marocains aiment beaucoup toujours le roi et le respectent beaucoup et naiment pas que son nom soit mêlé à nimporte quoi. Je suis désolé, mais les journalistes aussi devraient prendre en considération les sensibilités que nous avons. Nous naimons pas entendre parler dun parti du roi parce quil ny a pas de parti du roi. Le parti du roi, cest le Maroc et ce sont les Marocains tous entiers. Et cest pour cela que, eh bien étant donné que nous avons considéré quil y a eu un dépassement, on a été obligés de réagir. Cependant, ce nest pas la première fois quil y a eu un petit dépassement. Ce journaliste dont vous parlez, javais de très bonnes relations avec lui. Je crois quelles sont toujours peut-être aussi bonnes, en tous les cas de mon côté, mais on ne peut pas permettre tout dans notre pays. Et ça, il faut que nos amis européens le comprennent, nous avons des choses particulières. Cest comme ça que nous avons vécu depuis des siècles. Cest pour ça que nous sommes unis. Cest comme ça quon veut vous accompagner. Ne venez pas pointer du doigt à chaque fois que vous voyez quelque chose qui ne ressemble pas à ce qui se passe chez vous. Bon, maintenant, je crois quil y a une chose sur laquelle on se ressemble, Monsieur AYRAULT. Hier, vous mavez dit, je vous ai dit quon ressemble sur le fait que la presse nous attaque tous les deux ; aujourdhui, vous mavez convaincu quil y a un autre point où on se ressemble, on aime le concret tous les deux. Bon, merci.
Source http://www.ambafrance-ma.org, le 17 décembre 2012