Conférence de presse de M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, sur la communauté de vues entre la France et le Maroc à propos des principaux dossiers de l'actualité internationale, le processus de modernisation et de démocratisation au Maroc, le partenariat économique au moyen de la colocalisation et le régime des visas, à Rabat le 13 décembre 2012.

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Circonstance : Visite officielle au royaume du Maroc les 12 et 13 décembre 2012 - Conférence de presse du Premier ministre à Rabat le 13

Texte intégral

JEAN-MARC AYRAULT, PREMIER MINISTRE
Merci Monsieur le… Monsieur le chef du gouvernement, d’abord, j’admire… Grâce aux problèmes techniques, j’admire à quel point vous passez d’une langue à l’autre, là, lisant votre discours en arabe que vous traduisez immédiatement en français.
ABDELILAH BENKIRANE, CHEF DU GOUVERNEMENT MAROCAIN
Je n’ai pas été 100 % fidèle.
JEAN-MARC AYRAULT
Oui, mais enfin l’essentiel y est.
ABDELILAH BENKIRANE
Voilà, voilà.
JEAN-MARC AYRAULT
Et l’essentiel, c’est le message que vous avez adressé. Ce n’est pas la première fois que je viens au Maroc, j’y suis venu finalement assez souvent. Mais c’est un pays que j’aime comme tous les Français. Et là, j’y suis venu en tant que Premier ministre et j’ai pu mesurer à quel point notre relation est intense et elle est profonde. Et les ministres qui m’accompagnent et le compte rendu de leurs travaux, de leurs échanges ce matin a prouvé qu’au-delà du travail de fond, des accords qui ont même été signés, il y a des relations personnelles qui se tissent et qui font qu’au quotidien, les ministres s’appellent ou se rencontrent régulièrement et c’est la même chose avec vous, Monsieur le chef du gouvernement, cher Abdelilah BENKIRANE, parce que nous ne nous connaissions pas à part le téléphone, mais maintenant, c’est fait. Et je pense que nous nous sommes vite compris pour aller à l’essentiel.
ABDELILAH BENKIRANE
Très bien.
JEAN-MARC AYRAULT
Et l’essentiel, c’est aussi de traiter les problèmes concrets. Vous venez de les aborder très précisément. Ce que je voudrais dire, c’est que la relation entre le Maroc et la France, c’est aussi une relation politique, une relation, j’allais dire, stratégique, pas seulement de proximité mais aussi une entente politique sur beaucoup de questions qui sont bilatérales mais aussi des questions internationales. Ce n’est pas un hasard si Sa Majesté le roi Mohammed VI était le premier chef d’État à rendre visite au nouveau président de la République, François HOLLANDE, le 24 mai dernier. Ils se sont entretenus au téléphone il y a quelques jours et le président de la République a confirmé la visite qu’il rendra au Maroc à l’invitation de Sa Majesté le roi Mohammed VI qui a bien voulu me recevoir avec Laurent FABIUS en audience et en votre présence, Monsieur le chef du gouvernement, hier, et très vite, nous sommes, en effet, allés à l’essentiel. Je voudrais évoquer tout d’abord la grande identité de vue sur les principaux dossiers de l’actualité internationale. Le Maroc est aujourd’hui au Conseil de sécurité pour deux ans et préside même le Conseil de sécurité pendant le mois de décembre. Et vous avez organisé à Marrakech une réunion du Groupe des Amis du Peuple syrien et à laquelle la France était représentée par son ministre des Affaires étrangères, Laurent FABIUS, qui a marqué une nouvelle avancée dans l’émergence d’une alternative crédible au régime actuel de Bachar ELASSAD dont la folie meurtrière n’a que trop duré.
ABDELILAH BENKIRANE
Voilà.
JEAN-MARC AYRAULT
Au Sahel, la France et le Maroc sont déterminés également à aider le Mali à recouvrer son intégrité territoriale…
ABDELILAH BENKIRANE
Voilà…
JEAN-MARC AYRAULT
Notamment en faisant en sorte que le Conseil de sécurité autorise, avant la fin de l’année, le déploiement d’une opération africaine. Enfin au Proche-Orient, nos deux pays ont voté en faveur de la résolution accordant à la Palestine un statut d’État non membre mais observateur aux NATIONS UNIES. Il y a maintenant urgence à reprendre les négociations pour arriver enfin à une solution de paix, justice pour le peuple palestinien et qui sera la garantie de la sécurité pour Israël. Et quant au Sahara occidental, la France soutient les efforts des NATIONS UNIES pour trouver une solution politique qui soit à la fois juste mais qui soit durable et mutuellement agréée conformément aux buts et aux principes de la charte des NATIONS UNIES et aux résolutions du Conseil de sécurité. Et il existe sur la table une proposition sérieuse, c’est le plan d’autonomie marocain que la France soutient.
ABDELILAH BENKIRANE
Très bien.
JEAN-MARC AYRAULT
Deuxièmement, la volonté de la France d’accompagner le Maroc dans son processus de modernisation et de démocratisation. Vous avez engagé, en effet, des réformes de très grande ampleur qui méritent d’être salués et cela correspond à une aspiration profonde du peuple marocain à la démocratie mais aussi à la justice sociale. C’est, je crois, une de vos préoccupations quotidiennes, Monsieur le chef du gouvernement.
ABDELILAH BENKIRANE
Oui oui.
JEAN-MARC AYRAULT
Et la réforme constitutionnelle qui a été adoptée en 2011 avec des élections législatives dont la qualité a été reconnue par la communauté internationale ont porté une nouvelle coalition au gouvernement en 2012 et c’est celle que vous dirigez. Dans le respect de la souveraineté du Maroc et des choix qui appartiennent aux seuls Marocains, la France est prête à accompagner ce mouvement, notamment en coopérant sur les chantiers majeurs, ceux de la régionalisation, de la réforme de l’administration et ceux de la réforme de la justice. Et nous avons signé des accords en ce sens. Troisièmement – vous l’avez rappelé –, c’est la jeunesse que nous voulons mettre au coeur de notre partenariat. Trente-deux mille Marocains sont étudiants en France et constituent le plus grand nombre d’étudiants étrangers dans notre pays. Eh bien il faut renforcer notre coopération dans ce domaine de l’enseignement supérieur mais aussi de la formation professionnelle. Nous avons décidé, dans cet esprit – et c’était votre souhait, Monsieur le chef du gouvernement…
ABDELILAH BENKIRANE
Oui oui oui…
JEAN-MARC AYRAULT
De créer prochainement au Maroc – et c’est vraiment nouveau – des établissements d’enseignement supérieur français qui permettront de former des étudiants marocains mais également – et vous y tenez beaucoup – venant d’autres pays de la région…
ABDELILAH BENKIRANE
Oui…
JEAN-MARC AYRAULT
Dans les domaines de l’ingénierie, dans le domaine des métiers d’encadrement intermédiaire mais aussi – nous l’avons évoqué pour accompagner vos réformes – dans le domaine de la gestion et de l’administration publique.
ABDELILAH BENKIRANE
Oui oui oui.
JEAN-MARC AYRAULT
Quatrième point de ce bilan de cette rencontre, c’est le renforcement de notre partenariat économique. Vous le savez, la France est le premier partenaire économique du Maroc, premier client traditionnellement, premier fournisseur, mais surtout premier investisseur avec la moitié du stock d’investissements directs étrangers et sept cent cinquante filiales d’entreprises françaises qui sont installées dans votre pays. Nous avons signé à l’instant, Madame BRICQ et Monsieur MONTEBOURG, une convention pour mettre en oeuvre un nouveau concept, j’allais dire, gagnant-gagnant qui est celui de la colocalisation. Et donc c’est effectivement une approche nouvelle qui permettra à des investissements français au Maroc d’être non seulement bénéfiques pour l’économie et l’emploi marocains, mais également aussi à l’économie française et à l’emploi en France aussi bien en termes d’emploi que de recherche et développement ou de pénétration de nouveaux marchés émergents à partir du Maroc dans le monde arabe ou encore l’Afrique subsaharienne.
ABDELILAH BENKIRANE
Oui.
JEAN-MARC AYRAULT
Enfin le souhait de favoriser la mobilité des personnes. Vous avez souligné ce point dans votre intervention. Le gouvernement français a abrogé la fameuse circulaire GUÉANT qui mettait un frein inacceptable à la mobilité des étudiants, mais nous avons accompagné cela d’autres mesures pour faciliter la mobilité des forces vives des deux pays avec l’exception de visa pour les titulaires de passeport de service ou des mesures de simplification de procédures ou de facilitation destinées à certaines catégories de personnes telles que les hommes d’affaires, les artistes et les journalistes.
ABDELILAH BENKIRANE
Ah ! Excellent !
JEAN-MARC AYRAULT
Voilà, j’ai répondu à votre question. Voilà, et pour conclure, eh ben écoutez, je me réjouis à nouveau de ces discussions et en particulier de la séance de ce matin qui a montré l’intensité de ce que nous faisons ensemble, qui a permis de fixer des orientations claires. Maintenant, il faut les mettre en oeuvre très concrètement ! Des engagements ont été pris et lorsque le président de la République française, François HOLLANDE, Sa Majesté le roi du Maroc Mohammed VI se rencontreront en votre présence, Monsieur le chef du gouvernement, dans quelques mois maintenant, eh bien là, on pourra juger que ce que nous avons entrepris franchira une étape nouvelle. En tout cas, c’est l’engagement que je prends en tant que chef du gouvernement français, mais je sais que c’est aussi votre engagement, Monsieur le chef du gouvernement, et je vous en remercie.
ABDELILAH BENKIRANE
C’est sûr. C’est sûr. C’est sûr. Monsieur AYRAULT, donc je conclus en vous assurant d’une chose : le Maroc est un pays fidèle.
JEAN-MARC AYRAULT
Oui.
ABDELILAH BENKIRANE
Voilà, c’est tout ce que j’ai à dire.
JEAN-MARC AYRAULT
Oui, je le sais. Je le sais. Mais il y a peut-être des questions.
ABDELILAH BENKIRANE
Ah oui ! Il y a deux questions. Une à Monsieur AYRAULT, l’autre pour moi. Mais si vous voulez donner les deux à Monsieur AYRAULT, il n’y a pas de problème.
JEAN-MARC AYRAULT
Ça, c’est la générosité marocaine. Je n’y tiens pas particulièrement, je suis pour le partage aussi.
ABDELILAH BENKIRANE
C’est moi qui vous donne… Ah ! Voilà.
JEAN-MARC AYRAULT
Le partage des questions et des réponses.
ABDELILAH BENKIRANE
On commence par Madame. Elle est debout, elle a le micro. Après, on passe…
ISABELLE MANDRAUD, JOURNALISTE AU « MONDE »
Bonjour. Isabelle MANDRAUD du journal « Le Monde ».
ABDELILAH BENKIRANE
Oui.
ISABELLE MANDRAUD
Ma question va s’adresser à vous, Monsieur BENKIRANE, puisqu’il a été beaucoup souligné pendant ces deux jours les excellentes relations bilatérales entre la France et le Maroc sur tous les points de vue. Mais s’agissant de la situation intérieure au Maroc, vous avez parlé aussi beaucoup des grandes réformes qui ont été faites. Mais comment justifiez-vous aussi les arrestations assez nombreuses des militants du Mouvement du 20 février et le retrait d’accréditations de journalistes d’une grande agence de presse française, l’AFP ? Merci.
ABDELILAH BENKIRANE
On prend une question pour Monsieur AYRAULT comme ça, on répond aux deux questions. (Propos en arabe). Eh ben en réalité, c’est à Madame que…
JOURNALISTE
C’est comme vous voulez Monsieur le chef du gouvernement.
ABDELILAH BENKIRANE
(Propos en arabe).
JOURNALISTE
Comme je suis galant…
ABDELILAH BENKIRANE
Voilà, voilà, c’est bien d’être galant en face des Français.
JOURNALISTE
Monsieur le Premier ministre, vous avez fait un bilan exhaustif de votre visite de travail et à la fin, vous avez dit que vous avez signé des conventions très importantes. Et il reste maintenant à mettre en oeuvre tout ça. Alors c’est important package. Alors il y aura des priorités. Selon vous, quelles sont les conventions, les secteurs, les questions qui vont être, qui doivent être abordées au plus vite ?
ABDELILAH BENKIRANE
Voilà, alors vous pouvez…
JEAN-MARC AYRAULT
Moi, je vais répondre très rapidement puisque je les ai évoquées dans mon intervention en définitive. Il y a une convention qui a été signée entre les ministres des Affaires étrangères, entre les deux ministres de l’Intérieur donc qui porte aussi sur la mobilité. Il y a une question de justice entre les deux ministres de la Justice et puis il y a également des conventions – je l’ai évoqué – sur la colocalisation (donc développement économique et accompagnement… des investissements) et également dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la formation. Donc, tous ces chantiers, nous allons les mettre en oeuvre. Donc je ne vais pas tous les détailler, je les ai évoqués dans mon introduction. Mais sachez que ce qui m’a frappé lorsque j’ai fait connaissance – au-delà du téléphone – avec vous, c’est que vous êtes un homme du concret, vous ne vous embarrassez pas de grands discours généraux mais vous voulez que les choses changent vraiment. Et je comprends parce que j’ai la même préoccupation. Et nos peuples, et en particulier ceux qui sont les plus en difficulté économique et sociale, qui sont les plus exigeants en matière de justice sociale, attendent des résultats concrets. Et donc c’est ça que nous avons abordé. Par exemple, pour bien me faire comprendre, vous avez engagé des réformes et des réformes démocratiques. Par exemple, la régionalisation, le renforcement du pouvoir des collectivités locales. Eh bien nous avons abordé très concrètement, avec nos expériences respectives, comment on pouvait vous accompagner et nous avons abordé la question de la formation des cadres administratifs. Et on a évoqué l’expérience française de l’ÉCOLE NATIONALE D’ADMINSITRATION. Eh ben pourquoi pas une antenne ? Et donc nous allons y travailler. Mais vous avez aussi le souci de développer une justice indépendante, une justice qui puisse lutter contre le non-respect de la loi, contre la corruption. Et – vous le savez – ça nécessite aussi des magistrats bien formés. Eh bien c’est l’objet des échanges entre nos deux ministres de la Justice et des engagements réciproques que nous avons signés. Et donc, vous savez, il y a une chose qui est très importante que j’ai dite hier au monde économique, aux chefs d’entreprise qui étaient là, c’est la question de la stabilité politique, du bon fonctionnement des institutions, du bon fonctionnement de la démocratie et, en même temps, de la lisibilité des politiques économiques ou fiscales. Et ce n’est pas vrai qu’au Maroc, c’est vrai aussi en France. Tout ça contribue à créer un climat de confiance et donc c’est tout ça qui doit être renforcé. Mais je veux dire, Monsieur le chef du gouvernement, en réponse à cette question, que je mesure l’immense chemin parcouru et que dans cette région, le Maroc est un pôle de stabilité et un pôle vraiment qui veut conforter cette stabilité et cette capacité à peser, à jouer pleinement son rôle. Et la France souhaite accompagner, soutenir ce que vous avez entrepris. C’est à la fois l’intérêt du Maroc, c’est à la fois aussi l’intérêt de la France, mais c’est aussi l’intérêt de toute la région.
ABDELILAH BENKIRANE
Voilà.
JEAN-MARC AYRAULT
Et c’est l’intérêt aussi des relations très fortes entre le Maroc et l’Europe et pas seulement avec la France parce que le Maroc a fait le choix, lui aussi, d’un ancrage européen. Donc il y a encore des étapes à franchir pour que, notamment au niveau des échanges économiques, le Maroc se sente conforté dans le choix qu’il a fait. Donc tout ce qui se passe d’un côté de la Méditerranée a une influence de l’autre et réciproquement. Nos destins sont liés, je l’ai dit, et nous le démontrons à travers beaucoup d’exemples concrets et d’engagements concrets que nous voulons absolument mettre en oeuvre.
ABDELILAH BENKIRANE
Voilà, non, il faut que je réponde d’abord. Je vais répondre et on va conclure. On s’est mis d’accord dès le début, il y a une seule question pour chaque Premier ministre. Bon, alors je vais commencer quelque chose qui, semble-t-il, concerne les jeunes du 20 février. D’abord, Madame Isabelle, permettez-moi de vous saluer et l’objectivité avec laquelle vous avez écrit quand j’ai été nommé, je crois, voilà. Le 20 février, est-ce que vous vous rappelez combien de jeunes sont descendus au 20 février ? Avons-nous arrêté tout ce monde ? Non, mais les jeunes du 20 février ne vont pas devenir des personnes sacrées ! Elles sont descendues à la rue pour des réformes. La majorité de ces réformes ont été réalisées. La preuve, le 20 février ne sort plus. Bon, il y en a quelques-uns qui veulent encore le ressusciter, on verra. Mais pour l’instant, il ne sort plus. S’il ne sort plus, c’est parce que les gens sont convaincus que ce pour quoi ils ont milité, quelque part, a été exaucé. Bien sûr, en politique, vous n’avez jamais tout ce que vous voulez. Bon, maintenant, c’est vrai, il y a des gens qui sont arrêtés de temps en temps, on en entend parler, mais nous avons… Bien sûr, ce n’est pas le chef du gouvernement qui donne l’ordre d’arrêter mais j’assume la responsabilité, je suis là pour ça. Et nous avons un ministre de la Justice pour libérer s’il n’y a pas lieu d’arrêter ou pour poursuivre les gens qui, quelque part, ont commis un délit, quelque délit que ce soit. Je ne vais pas vous dire que notre système est parfait. Ne possède la réelle justice que Dieu, mais sur cette terre où nous sommes, les choses se passent beaucoup beaucoup beaucoup mieux qu’il y a longtemps. C’est ça, ce qu’il faut remarquer ! Mais, Madame, je suis désolé, vous vous rendez bien compte ? Combien de personnes ont été arrêtées dans toute cette histoire depuis que le 20 février existe ? Regardez ce qui s’est passé dans les autres pays ! Et sachez comparer le comparable ! Ici, nous sommes au Maroc. Et grâce à Dieu, au Maroc, les choses se sont très bien passées comparativement à ailleurs et continuent de bien se passer. Ça, c’est très important ! Et les Européens devraient voir les choses comme ça. Nous ne sommes pas une copie de l’Europe. Nous ne sommes pas une copie de la France. C’est vrai, nous sommes de très bons amis, on se donne la main, mais nous sommes le Maroc. Et sur ça, j’enchaîne pour dire, vous parlant de ce retrait d’autorisations si je ne me trompe pas.
JOURNALISTE
D’accréditation.
ABDELILAH BENKIRANE
D’accréditation. Eh ben l’accréditation, c’est une forme d’autorisation, n’est-ce pas Monsieur ? Voilà, eh ben je vais vous dire une chose. Il faut que les Français sachent une chose : au Maroc, nous avons des choses qui sont sacrées. Je le sais, dans notre Constitution, Sa Majesté le roi, de son plein gré, a éliminé les textes qui parlaient de sa sacralité mais les Marocains aiment beaucoup toujours le roi et le respectent beaucoup et n’aiment pas que son nom soit mêlé à n’importe quoi. Je suis désolé, mais les journalistes aussi devraient prendre en considération les sensibilités que nous avons. Nous n’aimons pas entendre parler d’un parti du roi parce qu’il n’y a pas de parti du roi. Le parti du roi, c’est le Maroc et ce sont les Marocains tous entiers. Et c’est pour cela que, eh bien étant donné que nous avons considéré qu’il y a eu un dépassement, on a été obligés de réagir. Cependant, ce n’est pas la première fois qu’il y a eu un petit dépassement. Ce journaliste dont vous parlez, j’avais de très bonnes relations avec lui. Je crois qu’elles sont toujours peut-être aussi bonnes, en tous les cas de mon côté, mais on ne peut pas permettre tout dans notre pays. Et ça, il faut que nos amis européens le comprennent, nous avons des choses particulières. C’est comme ça que nous avons vécu depuis des siècles. C’est pour ça que nous sommes unis. C’est comme ça qu’on veut vous accompagner. Ne venez pas pointer du doigt à chaque fois que vous voyez quelque chose qui ne ressemble pas à ce qui se passe chez vous. Bon, maintenant, je crois qu’il y a une chose sur laquelle on se ressemble, Monsieur AYRAULT. Hier, vous m’avez dit, je vous ai dit qu’on ressemble sur le fait que la presse nous attaque tous les deux ; aujourd’hui, vous m’avez convaincu qu’il y a un autre point où on se ressemble, on aime le concret tous les deux. Bon, merci.
Source http://www.ambafrance-ma.org, le 17 décembre 2012