Texte intégral
A mon tour je souhaite vous dire combien je suis heureux d’être parmi vous pour célébrer le trentième anniversaire des missions locales.
Il y a 30 ans, jeune député élu en juin 1981, je me souviens du souffle nouveau qui s’est levé, des grands changements engagés alors. Ils sont nombreux nous avons célébré il y a peu les 30 ans des lois Auroux, que Martine connait bien- mais parmi eux la création des missions locales a marqué une véritable innovation.
Je me souviens de l’audace des propositions d’un certain Bertrand Schwartz, sans qui nous ne serions pas réunis ici aujourd’hui. Comme vous, j’ai une pensée amicale pour lui, l’inspirateur, le bâtisseur et le défenseur inlassable de cette grande idée des Missions Locales. J’ai pu le vérifier encore lorsqu’il est venu, à peine quelques semaines après ma nomination, plaider au ministère cette grande cause.
30 ans après leur fondation, les missions locales apparaissent comme une invention incroyablement moderne, qui ne cesse de démontrer son actualité.
Tout le monde en est d’accord : les améliorations de l’action publique dont nous avons besoin aujourd’hui reposent sur une double logique territoriale et partenariale. Les missions locales font déjà cela depuis 30 ans : réunir les acteurs du territoire et fédérer les énergies dans un même objectif, répondre aux besoins des jeunes.
Le modèle d’accompagnement global des jeunes, véritable fondement des missions locales, a largement fait ses preuves. Si les missions locales ne peuvent pas tout résoudre à elles seules, leur capacité à mettre en mouvement les bons interlocuteurs pour répondre à telle ou telle difficulté des jeunes est un formidable atout pour le succès de l’insertion sociale et professionnelle. C’est leur ancrage territorial et le lien organique avec les collectivités locales, comme leur place au sein du service public de l’emploi, qui permet cette efficacité.
30 ans, c’est l’âge de la maturité et des responsabilités. Hélas d’une certaine façon, nous avons plus que jamais besoin des Missions Locales. Je dis hélas parce que la situation des jeunes, en particulier leur accès à l’emploi, ne s’est pas améliorée depuis le rapport Schwartz. Au contraire elle s’est encore dégradée, singulièrement ces dernières années. Les jeunes d’aujourd’hui sont les enfants de la crise, du chômage de masse, de la précarité et des stages, quand d’autres générations avant elles furent celles de la conquête, du plein emploi et de la croissance.
Je sais que vous n’en doutiez pas, mais je vous le redis avec force : la jeunesse a besoin des missions locales, la jeunesse a besoin de vous qui faites vivre chaque jour ces missions !
Vous êtes depuis 30 ans des artisans, et même de plus en plus des ingénieurs, de l’insertion des jeunes. C’est un savoir-faire précieux que vous avez su cultiver. Mais artisans ou ingénieurs, il vous faut de bons outils. L’un des rôles du Ministre que je suis, du Gouvernement et du Parlement, des collectivités territoriales, c’est de vous fournir de bons outils.
Je vais en évoquer deux : les emplois d’avenir, et la future « garantie jeune » basée sur le CIVIS.
Les emplois d’avenir ont été mis en place en un temps record, pour répondre à une véritable urgence sociale : apporter des solutions à ceux qui n’ont pas de diplôme, ou une faible qualification, et qui ne trouvent pas d’emploi ou alors des successions de petits CDD ou d’intérim qui ne permettent pas de construire une qualification. Nous faisons confiance aux missions locales pour porter ce dispositif, car nous savons que vous êtes capables de réaliser l’accompagnement nécessaire pour que l’emploi d’avenir soit un tremplin vers un parcours professionnel réussi.
Nous en sommes au début. Les partenaires sociaux s’engagent, via les OPCA et le fonds paritaire de sécurisation des parcours, et près de 100 M sont disponibles pour financer la formation des jeunes en emploi d’avenir. Les conventions-cadres signées avec les grands réseaux d’employeurs représentent déjà près de 20 000 postes. En quelques semaines, environ 1 200 emplois d’avenir ont été signés sur tout le territoire - y compris ici à Lille chère Martine, avec le soutien de la région.
C’est maintenant, dans les premiers mois de 2013, qu’il faut monter en puissance.
Je sais que ce ne sera pas facile, parce que ces jeunes sont ceux à qui on ne fait pas d’habitude confiance, parce que les collectivités locales et les associations ont aussi leurs tensions financières. Mais je sais que vous êtes mobilisés et déterminés à mener ce combat ! C’est un combat de justice ! Ces jeunes méritent une deuxième chance, et tous les acteurs doivent répondre présent. Bertrand Schwartz nous a assez enseigné qu’il est des économies qui coûtent cher. Celles faites en renonçant à offrir à ces jeunes un espoir, un avenir, nous couteraient cher collectivement, c’est une certitude !
Vous serez soutenus dans cette action, vous le savez, par une enveloppe spécifique de 30 M pour l’accompagnement des jeunes.
Votre coopération et votre bonne articulation avec Pôle emploi doivent être recherchées en toute circonstance, mais elles seront dans les emplois d’avenir tout à fait déterminantes pour identifier les jeunes, mener des actions de prospection communes et finaliser la conclusion des emplois d’avenir qu’aura identifiés Pôle emploi.
Nous comptons sur vous pour travailler aussi avec les employeurs et avec le jeune : jouer si besoin le rôle de médiateur, en particulier dans les premières semaines, quand des incompréhensions peuvent être à l’origine d’une rupture précoce. Et puis tout au long du parcours, pour aider le jeune à tirer parti de son expérience et à mûrir son projet professionnel, et le préparer à la suite.
Ce rôle d’accompagnement, autant avant qu’après l’embauche, sera le gage du succès. Nous ne visons pas avec les emplois d’avenir une politique du chiffre mais une politique de qualité, où chacun -employeur et jeune- trouve son compte, qui donne au jeune confiance en lui, envie de progresser, de se rendre indispensable à son entreprise. Un travail qui fera d’eux des citoyens et des citoyennes bien dans leurs vies, libres et émancipés, aptes à faire des projets. C’est cela notre ambition.
Autre outil, la « garantie jeunes ».
Depuis 2005, vous mettez en oeuvre le CIVIS dont vous avez su faire un outil d’accompagnement souple et intéressant. Mais le CIVIS ne permet pas de répondre à la situation des jeunes qui, en rupture familiale, se trouvent parfois en véritable détresse matérielle. Pour ces jeunes, l’incertitude du lendemain est telle qu’il leur est impossible de se concentrer sur leur projet professionnel, ou leur formation. Et vous êtes nombreux, dans les missions locales, à nous alerter sur cette difficulté.
Pour ceux là il faut trouver une solution, sans tomber dans le risque de la désincitation. Comme la plupart d’entre vous, j’ai la conviction que l’accès à une véritable autonomie passe par l’accès à l’emploi et qu’il ne faut surtout pas risquer d’enfermer les jeunes dans l’inactivité.
C’est pourquoi le Premier ministre a décidé, à l’issue de la conférence de lutte contre la pauvreté, la mise en place d’une « garantie jeunes », pour apporter une garantie de ressources aux jeunes les plus en difficultés, qui devront en contrepartie s’engager dans un accompagnement renforcé et accepter les propositions d’offres d’emploi ou de formation qui leur seront faites.
Une expérimentation débutera en septembre 2013 sur 10 territoires, avant une généralisation progressive, et vous serez, réseau des missions locales, là encore, au centre de ce nouveau dispositif.
D’autres outils viendront appuyer vos efforts, vous fournir des leviers utiles. Le contrat de génération créera des opportunités d’embauches en CDI pour tous les jeunes suivis par les missions locales. Il entrera en vigueur avant la fin du premier trimestre 2013, et peut être même avant si les parlementaires je me tourne vers Jean Patrick Gille et Jean Paul Dupré- le souhaitent.
« L’outil n’est pas l’oeuvre », et tous ces outils n’ont de sens que par rapport à leur finalité : la confiance en la jeunesse et en ses talents, quels que soient les diplômes ou le quartier d’origine, l’urgence sociale à laquelle il faut répondre, la responsabilité de toute la société vis-à-vis de ses jeunes.
Vous êtes, depuis 30 ans, aux avant-postes de ce combat. Vous portez, chaque jour, cette responsabilité, parfois avec le sentiment de n’être pas assez armés, pas assez entendus, pas assez soutenus.
Le Premier Ministre vous le dira demain au nom de tout le Gouvernement, mais sachez que le Ministre du Travail que je suis est avec vous, qu’il compte sur vous, et que vous pouvez compter sur lui !
Source http://travail-emploi.gouv.fr, le 18 décembre 2012